C'est là, sur le tertre surplombant la Méditerranée que commence la fabuleuse histoire de Byblos. Celle d'un village de pêcheurs au néolithique qui devint à l'époque romaine l'un des centres religieux, culturels et commerciaux les plus importants du monde méditerranéen. Connu sous le nom de Gebal (Jbeil) dans l'Ancien Testament, les Grecs lui donneront celui de Byblos, terme désignant le papyrus.La première installation humaine à Byblos remonte à la période néolithique (5250-3800 av. J.-C.). Regroupés dans des cabanes rondes, les habitants cultivaient des céréales et élevaient de nombreux animaux. Au IVe millénaire av. J.-C., à l'époque chalcolithique (3500-3100 av. J.-C.), Byblos est envahie par une nouvelle peuplade. Techniquement plus avancée, celle-ci travaille déjà le cuivre. Grâce aux connaissances de leurs conquérants, les hommes de Byblos perfectionnent leurs armes et outillages, développent l'art de la céramique et enterrent leurs cadavres en position fœtale dans de grandes jarres placées à l'intérieur même du village.A la fin de cette période, une transformation s'opère dans le mode de construction. Les installations proto-urbaines (3100-2900 av. J.-C.) sont de solides maisons rectangulaires regroupées derrière une enceinte. Au sein du village, les artisans affinent leurs poteries façonnées au tour et cuites au four. L'utilisation du métal se généralise et les rites funéraires sont modifiés : les morts sont dorénavant enterrés à l'extérieur des enceintes.Pendant la période dite du bronze ancien (2900-2300 av. J.-C.), Byblos passe au stade de l'organisation urbaine. La cité se développe alors derrière un rempart. Les maisons, constituées de plusieurs pièces, se collent les unes aux autres pour créer un réseau de rues étroites qui relient les différents quartiers, et un ingénieux système de canalisations assure l'écoulement des eaux. A cette époque, Byblos établit des relations commerciales privilégiées avec la Mésopotamie et l'Egypte. L'apparition de l'écriture, dans ces deux contrées, accélérera l'évolution culturelle des cités phéniciennes. Dans la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C., des résidences monumentales vont émerger, attestant la présence d'une bourgeoisie opulente. Les temples se multiplient et celui de la déesse Hathor ou Baalat-Gebal, Dame de Byblos, s'enrichit grâce aux offrandes envoyées par les pharaons. Les relations économiques avec l'Egypte vont en effet permettre à la cité de prospérer. En échange du bois de cèdre nécessaire à la construction des bateaux et des temples, Byblos reçoit de multiples matériaux tels du lin, des cordages ou de l'or.A la fin de ce millénaire (2150-2000 av. J.-C.), les Amorrites, originaires du désert de Syrie, envahissent la Phénicie, détruisant au passage toutes les cités du littoral. Cette période de troubles interrompt pendant 200 ans les échanges commerciaux avec l'Egypte. Byblos va très vite se reconstruire, modifiant au passage la structure de ses temples. Elle renoue alors avec l'Egypte dont elle s'inspire pour créer une écriture pseudo-hiéroglyphique.Moins de trois siècles plus tard, des conquérants venus d'Asie prennent le pouvoir en Egypte (1725 av. J.-C.). Les Hyksôs introduisent de nouveaux types d'armement (poignards, lances…). On retrouvera d'ailleurs de très belles armes datant de cette époque dans les tombeaux de Byblos.Le roi de Thèbes chasse finalement les Hyksôs d'Egypte, en 1580 av. J.-C., et les poursuit jusqu'en Palestine. Ses successeurs entreprennent d'étendre leur domination vers les rives de l'Euphrate et la chaîne du Taurus, établissant une sorte de protectorat sur la Syrie et la Palestine. Pourtant, malgré l'appel au secours lancé par le roi de Byblos, Rib Addi, aux pharaons Amenhotep III et Akhenaton (tablettes de Tell el-Amarna, XIVe siècle av. J.-C.), l'Egypte abandonne son vassal à l'emprise des Hittites qui contrôlent alors une bonne partie du territoire syrien. Il faudra attendre l'arrivée au pouvoir de Ramsès II (1290-1224 av. J.-C.) pour stopper l'avancée hittite et conclure un traité de paix. C'est à cette période qu'apparaissent à Byblos les premiers documents utilisant l'écriture alphabétique proprement phénicienne, dotée de vingt-deux signes.Un siècle plus tard, les peuples de la mer, repoussés des îles et des rivages de l'Europe du Sud-Est, investissent la Phénicie. Les tribus installées au sud prennent le nom de Philistins, les autres – appelées Tjekers – se livrent à la piraterie dans la région de Tyr. L'assimilation des peuples de la mer aux populations des villes de la côte entraîne un formidable essor de la navigation. Ces marins que les Grecs nomment « Phéniciens » naviguent jusqu'aux confins de la Méditerranée occidentale et ouvrent en Algérie et en Espagne leurs premiers comptoirs.Du XIe au XIIe s. av. J.-C., Tyr et Aradus (Syrie) dominent le commerce maritime. L'Egypte a perdu sa suprématie et ne maintient plus qu'une simple emprise religieuse sur les cités phéniciennes. Aussi a-t-on retrouvé des statues de pharaons dans le temple de Baalat-Gebal (la Dame de Byblos) datant de cette époque.Cependant, à partir du IXe siècle av. J.-C., l'Assyrie va menacer les villes phéniciennes. En échange de leur indépendance et de leur sécurité, celles-ci doivent envoyer de lourds tributs au monarque assyrien. Pour éviter toute rébellion contre le pouvoir en place, les souverains assyriens puis babyloniens entament une politique de déportation. Le peuple d'Israël est ainsi envoyé en captivité à l'autre bout de l'empire à la suite de la prise de Jérusalem par l'armée de Nabuchodonosor (587 av. J.-C.). Durant cette période assyro-babylonienne, l'araméen devient la langue commune à tous les peuples d'Orient qui connaissent de ce fait un formidable essor culturel.C'est alors que Cyrus, roi des Perses, conquiert l'ensemble de l'Empire babylonien (539). La Phénicie fera partie de l'une de ses provinces (5e satrapie). La volonté de dominer l'Egypte et le bassin méditerranéen pousse Cyrus à autoriser le retour des Juifs sur leur terre d'origine (édit d'Ecbatane, 538 av. J.-C.). Une ère de grande prospérité succède, assurée par le développement de l'agriculture et du commerce. Byblos en profite pour s'agrandir et frapper une série de monnaies au nom de ses monarques. Une forteresse achéménide est édifiée et le temple de Baalat-Gebal est reconstruit par le roi Yehawmilk. Les Perses choisissent de s'allier aux Phéniciens pour construire une flotte puissante et s'engagent dans de rudes combats avec les Grecs.La défaite de Darius III, en 333, oblige l'armée perse à se retirer jusqu'aux rives de l'Euphrate. Cette situation permet à Alexandre le Grand de déployer ses troupes le long de la côte phénicienne, à l'exception de Tyr qui résistera pendant treize ans. De nombreuses colonies grecques s'implantent sur le territoire. Byblos adopte très vite les coutumes et la langue de ses nouveaux maîtres. On a d'ailleurs retrouvé, lors de fouilles, des documents mentionnant l'existence d'un gymnase. Cette institution spécifiquement grecque assurait l'éducation des éphèbes et prônait les vertus de la culture physique. Après des années de lutte avec leur voisin égyptien, les Séleucides (Grecs) s'affaiblissent et le roi d'Arménie, Tigrane, sera amené à régner sur la Phénicie (83-69 av. J.-C.).L'arrivée de Pompée au Proche-Orient, en 63 av. J.-C., coupe court à la période hellénistique et la Phénicie se voit intégrée à la province romaine de Syrie. L'empereur ramène calme et sécurité dans un pays menacé par des brigands venus du désert arabique.Profitant des nouvelles voies qui s'ouvrent à eux, les Phéniciens développent leur réseau commercial sur l'ensemble de l'Empire romain. Cette prospérité permet à Byblos de s'étendre jusqu'au pied de la montagne. Des voies, bordées de colonnades, amènent les chars à l'intérieur de la ville qui, au fil des jours, s'embellit de temples et de nouveaux édifices publics (théâtre, bains, etc.). La cité demeure également le centre incontesté des cultes d'Adonis et d'Osiris célébrant le triomphe de la vie.Pourtant, l'ère romaine va bientôt sombrer. Le déferlement de hordes barbares sur l'Europe, la conversion de Constantin le Grand à la religion chrétienne et le transfert de sa capitale à Byzance (330) précipitent la chute de Rome. Le christianisme réussit malgré tout à rétablir l'unité du nouvel Empire byzantin, et un évêché voit même le jour à Byblos. Les fouilles, entreprises sur le site, n'ont cependant pas pu apporter d'éléments très précis sur cette période du fait de la mauvaise conservation des bâtiments.Le christianisme ne pourra pas longtemps tenir tête à la conquête musulmane qui, à partir de 636, étendra son empire des Pyrénées jusqu'à l'Inde centrale. De 661 à 750, le Proche-Orient sera gouverné par les califes omeyyades siégeant à Damas. Par la suite, les Abbassides établissent leur capitale à Bagdad. L'époque des Omeyyades – et des Abbassides – ne laissera que peu de traces sur le tertre de Byblos.L'arrivée des croisés (1098) venus reconquérir Jérusalem, permet au commerce oriental de retrouver son élan en s'ouvrant à l'Europe. Dès 1108, les croisés occupent Byblos qu'ils appellent « Gibelet ». Ils construisent un château et élèvent des remparts autour de la ville. Byblos est reprise et démantelée par Saladin en 1187, puis, après quelques années d'une nouvelle domination croisée, elle tombera en 1266 aux mains du sultan Baïbars.Après le départ des croisés, le pays passe sous la domination des mamelouks (1289-1515) et Byblos sombre dans l'oubli.En 1515, le Proche-Orient est envahi par les Ottomans. Le Liban vivra alors sous la coupe de seigneurs locaux régissant leurs domaines de manière féodale.En 1860, suite à l'intervention de l'armée française au Liban, Napoléon III demande à Ernest Renan de faire une étude sur les sites phéniciens. Grâce à des écrits datant du Ier siècle apr. J.-C., Renan repère le site de l'antique Byblos, alors recouvert par la végétation et quelques habitations. Cette première étape sera suivie, dès 1919, par des fouilles plus approfondies de deux archéologues français : Pierre Montet et Maurice Dunand. Au gré des explorations, le tertre sur lequel s'étend la ville antique va progressivement livrer les richesses de civilisations aujourd'hui disparues.

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