Guide de voyage Presqu'île De Taïmyr

Elle se trouve sur la côte nord de la région du territoire de Krasnoïarsk, entre la dépression de Khantanga et l’archipel de Terre-Neuve, ou la Severnaïa Zemlia en russe. Sa surface est de 400 000 km2. A l’ouest, elle est baignée par la mer de Kara, à l’est, par la mer des Laptev. Au nord, elle se termine par le cap Tcheluskine. Elle comprend l’okroug (district) de Taïmyr (ou district Dolgano-Nenets), formé le 10 décembre 1930 et dont la population atteint presque 60 000 individus (65 % de citadins). Les indigènes sont les Nenets (1 000 hab.), dont la langue appartient au groupe samoyède et dont on suppose qu’ils tirent leur origine des tribus du Saïan déplacées au Ier siècle apr. J.-C ; les Dolganes (4 000 hab.), d’origine toungouse mais qui parlent un dialecte iakoute ; les Nganassanes (1 000 hab.) ; les Entsy (du groupe des Samoyèdes) ; et les Iakoutes. Toutes ces ethnies sont bilingues et parlent le russe. Vivant de la chasse et de l’élevage de rennes, elles mènent une existence nomade, habitant sous des tentes transportables (les tchoum). L’okroug de Taïmyr, dont le centre est Doudinka, est une région de désert polaire. Des vents très violents y soufflent souvent en tempête (pourga). Au sud se trouvent les monts érodés de Byrranga (hauts de 200 à 1 000 m), la toundra nue ou pierreuse où la végétation n’apparaît que par placage, la toundra marécageuse et des glaciers de 50 km de longueur. La température moyenne de janvier y est de - 30 °C, celle de juillet de + 2 °C à + 13 °C.Taïmyr possède de nombreux lacs parmi lesquels le plus grand est le lac Taïmyr. Profond de 26 m, long de 200 km, large de 20 km, c’est le second lac sibérien par ses dimensions après le Baïkal. Il est riche en poissons rares, de même que les rivières qui regorgent de lavarets, de saumons et d’ombres. La luminosité exceptionnelle de la région entretient une intense floraison planctonique dont les poissons profitent. L’été s’accompagne, pour les hommes, d’une brève période de pêche traditionnelle et industrielle, et, pour la nature, d’un renouveau de la végétation qui favorise la reprise des migrations animales : oies et canards reviennent peupler le lac.Taïmyr est riche en gisements de minerais polymétalliques, de houille et de gaz. L’industrie poissonnière est bien développée à Doudinka, Khatanga, Oust’-Porte. La centrale Oust’-Krasnoïarskaïa, construite en 1970-1973 avec un réservoir d’eau de 1 561 km2, fonctionne à proximité du gazoduc Messoïakha (région de Tioumen) -Norilsk. La navigation est assurée par le fameux passage du Nord-Est, sur le Ienisseï et sur la rivière Khantaïka.Au sud de la péninsule, s’étend la plus grande réserve nationale (1 348 316 ha) dont le centre est à Khatanga. Les agriculteurs vivent de la production laitière ainsi que de l’élevage des bêtes à fourrure (renards argentés et bleus) et des rennes. Les rennes se déplacent au rythme des saisons, cherchant les lichens sous la neige. Quand ce rythme est troublé, la faim menace les troupeaux. Ainsi, lors de l’hiver doux de 1996, les rivières ne se couvrirent que d’une fine couche de glace dans le Grand Nord, ce qui les rendit infranchissables. Les troupeaux, bloqués dans leur migration, connurent la famine.Au XVIIe siècle encore, les explorateurs russes contournaient Taïmyr en gagnant la mer des Laptev. En 1875, la région fut étudiée par l’expédition de Nordenskiöld, en 1876 par celle de Sibiriakov. En 1877, le capitaine russe D. Schwanenber emporta de Taïmyr, par la voie maritime, des marchandises sibériennes : fourrures, poisson, graphite. Les explorateurs polaires Edouard von Toll, Fridtjof Nansen et Roald Amundsen, qui ont parcouru des milliers de kilomètres à travers l’Arctique, ont nommé ce pays « le domaine de l’obscurité polaire et de l’horreur glaciale ».