Histoire

À l’origine, Manille était occupée par une petite colonie tribale implantée sur les rives de sa baie. Son nom (en tagalog Lungsod ng Maynila) vient du mot may, qui veut dire « il y a », et de la plante aux fleurs blanches appelée nilad, qui pousse sur les berges de la rivière Pasig. Quand les premières communautés marchandes s’y installent, le commerce prend son essor à partir du XIIe siècle. Des négociants originaires de différentes péninsules et des pays environnants, comme les pays arabes, la Chine, l’Inde, le Japon, Bornéo, Java ou Sumatra, sont attirés par la situation de Manille, qui offre un superbe port naturel. La ville devient alors un lieu d’échanges et de trafics en tout genre (dépôts de soie, porcelaines, perles, fer, plomb, cuivre). C’est à la jonction de deux régions favorables à l’agriculture – la plaine alluviale et marécageuse, au nord, et les terres volcaniques, au sud-ouest – que Manille prospère. L’agglomération s’agrandit peu à peu, à la suite d’invasions successives. En raison de sa situation stratégique, elle est proclamée capitale du pays le 24 juin 1571 par le premier gouverneur général des Philippines, Miguel López de Legazpi (1565-1572), au service de l’Espagne. Les colons prennent la place et fortifient la ville sur les ruines de la colonie musulmane du prince Rajah Soliman, à la suite de la bataille de Bangkusay. Elle prend le nom d’Intramuros. Quelques années après sa création, la ville fortifiée de Manille, El insigne y siempre leal ciudad (la belle cité à jamais fidèle) comme l’appellent les Espagnols, est menacée car très convoitée. Les pirates chinois, les navires de guerre portugais et hollandais cherchent à déstabiliser ses occupants. Manille est occupée par les troupes britanniques de 1762 à 1764. Les révoltes se multiplient. À la fin du XIXe siècle, elle devient le refuge des célèbres combattants pour la liberté, comme José Rizal, Andres Bonifacio, les prêtres Gómez et Burgos.

En 1898, les Espagnols quittent définitivement Manille, mais l’année suivante éclate la guerre américano-philippine qui va durer jusqu’en 1901. Manille devient alors le siège du gouvernement civil américain. En 1935, le gouvernement autonome de Manuel Quezon s’y établit. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais bombardent la ville, l’église Santo Domingo et d’autres sites historiques. Leurs troupes d’occupation font régner la terreur de 1942 à 1945. Le général Douglas MacArthur tient finalement la célèbre promesse « Je reviendrai » qu’il avait prononcée avant de quitter le pays. Il revient pour le libérer en 1945, au prix de sanglants combats. À la fin de la guerre, la ville est en majeure partie détruite. Sa reconstruction va se faire sans trop de planification, comme on pourra en juger aujourd'hui. La tentative de décentralisation en 1948 avec le déplacement officiel de la capitale à Quezon City (à 15 km de Manille) fut un échec. Manille fut menacée de perdre son titre de capitale administrative, jusqu’en 1976. Cette même année, elle reprit sa place de première ville du pays et la grande région métropolitaine fut proclamée capitale.

Intramuros

Intramuros est le quartier central et historique de la ville, le seul témoignage de son passé. C’est souvent la partie de Manille que les voyageurs retiennent car elle possède ce charme et cette quiétude qui manquent tant au reste de la ville. On peut s’y cultiver, s’y promener à pied et à vélo, y boire un verre et faire du shopping dans les nombreuses boutiques d’artisanat. Si l’on ne doit faire qu’une seule visite à Manille, c’est sans hésitation celle-là.

À l'origine, il a été construit par les colons espagnols, et les murs délimitent la ville telle qu’elle était à l’époque. Fondée en 1571 par Miguel López de Legazpi, Manille (Intramuros) fut rapidement fortifiée et demeura inviolée jusqu'à l'arrivée des Japonais et des combats. En effet, la Seconde Guerre mondiale ne l’épargna pas et la laissa en ruines. À l’intérieur des enceintes, on peut se promener entre ces vestiges de l’époque coloniale, de belles églises, des remparts, des donjons et des rues pavées. On peut aussi faire une halte devant quelques demeures bourgeoises de style espagnol restaurées, telles que Casa Manila ou Casa Blanca situées toutes deux dans les charmants passages du San Luis Complex. Ces demeures ont été transformées en hôtels, en petits magasins d’artisanat ou en cafés. Flâner dans leurs cours pavées ou s’asseoir autour de leurs fontaines, loin du bruit de Manille, est reposant et permet de replonger dans l’histoire de la ville. Aujourd’hui, Intramuros vit au gré des allées et venues des touristes mais aussi des quelque 2 500 étudiants qui côtoient les écoles et universités situées à l’intérieur.

Binondo

Un brin plus excentré, mais assez intéressant, c’est le Chinatown de Manille. Séparé d’Intramuros par la rivière Pasig, Binondo est un authentique quartier chinois. On y mange de la soupe de serpent, des nouilles et l’on y trouve toute sorte d’encens. Les bijoutiers vendent des pierres de jade, des montres en or et des bracelets en argent. Le commerce sous toutes ses formes est très présent. Les magasins d’herbes médicinales sont nombreux. Les petits restaurants et les maisons de thé abondent. On peut aussi contempler les temples bouddhistes et de vieilles bâtisses à l’architecture très originale. Encore plus au nord, l’étonnant cimetière chinois, véritable ville dans la ville.

Ermita

Ermita est le quartier immédiatement attenant à Malate, et où l’on trouve le parc Rizal, qui comme Intramuros, fait lui aussi la part belle aux rappels historiques en plus d’être une halte verte dans cette ville très polluée. Ici, les grands malls ont toute leur place. Et c’est un peu le cœur de la ceinture touristique, avec de nombreux restaurants, des bars, des magasins de souvenirs, des galeries d’art et des infrastructures hôtelières de qualité variable. Toutefois, cette partie de la ville n’est pas particulièrement agréable mais a l’avantage de permettre au voyageur de trouver ses repères et d’être proche de sites d’intérêt comme Intramuros. En outre, la promenade au bord de la baie de Manille en fin de journée permet d’apprécier les très beaux couchers de soleil.

Malate

Malate est le prolongement d’Ermita. Il est prisé pour sa longue promenade le long de la baie où l’on retrouve le centre culturel des Philippines (CCP) et Metropolitan Museum of Manila, ainsi que son enfilade d’hôtels et de malls. On notera que la grande place Remedios Circle à Malate est le point de rencontre de tous les touristes et de la jeunesse de Manille. Malate c'est le Thamel (à Katmandou) ou la Khao San Road (à Bangkok) de Manille : soit le quartier des backpackers et des jeunes de manière général. Là vous trouverez tout : des bars, des supermarchés, des agences de voyages, des hôtels pour petits budgets, des restaurants et encore des bars et des boîtes de nuit. Malate dort peu, car tous ces établissements sont ouverts 24h/24. Ajoutez à cela sa position proche des principaux points d'intérêts de la ville et vous obtiendrez un cocktail détonant.

Makati

On ne se rend pas à Makati pour admirer les vestiges historiques de la ville, mais bien plus pour apercevoir son nouveau visage. On vous conseille de vous promener autour de l'Ayala Center, notamment vers la Greenbelt. Il y a comme une douce impression hong-kongaise qui s'échappe de ses nombreux passages piétons suspendus. Allez faire un tour également vers P. Burgos et ses ruelles avoisinantes comme Don Pedro où l’on voit ses dernières années fleurir des bars, restos et boîtes de nuit branchés. Makati c’est tout à la fois le centre d’affaires de Manille, un haut lieu de la vie nocturne et l’un des quartiers privilégiés par les expatriés. C’est la partie très dynamique de la ville, reflet de la modernité en marche aux Philippines. C’est le quartier branché, avec ses gratte-ciel prétentieux, ses boutiques de luxe et ses alléchantes galeries marchandes. Les immenses centres commerciaux, très modernes, sont bondés à longueur de journée. Businessmen et jeunesse dorée s’y côtoient. Ce quartier bon chic bon genre est le fief des plus beaux immeubles résidentiels du pays. En résumé, on y passe pour tâter le pouls du futur de Manille.

Pasay

Pasay est le quartier entre Makati et Parañaque, plutôt calme et agréable. Situé à la fois près de l'aéroport domestique, à la fois pas très loin du quartier Intramuros. Il n’y a pas grand-chose à faire, mais on y trouve restaurants et magasins dont le MOA, le Mall of Asia, le plus grand du pays.

Parañaque

Parañaque est en réalité une municipalité entre Pasay et Las Pinas, le long de la baie, à l’ouest. Elle est davantage considérée comme un quartier de Manille. Elle abrite l'aéroport et nombre de gares routières (le transport aux Philippines est assez chaotique).

La ville aujourd’hui

Aujourd’hui, la ville de Manille appartient donc au Grand Manille, aussi appelé Région de la capitale nationale (NCR) ou Metro Manila en anglais. Cette région métropolitaine de la capitale est composée de 17 municipalités – dont Quezon City qui, avec 3,3 millions de personnes, est la ville la plus peuplée des Philippines – et compte plus de 14 millions d’habitants (chiffre qui peut presque doubler selon les méthodes de calculs et les zones prises en compte). Metro Manila est aujourd’hui une métropole en pleine croissance et c'est l'une des agglomérations urbaines les plus densément peuplées au monde. Si, comme le reste du pays, elle comprend un taux de lettrés de plus de 99 %, cela n’empêche pas un taux de chômage important. Pourtant, la capitale est indéniablement le centre économique, politique et culturel du pays. Et sa situation favorable, à l’embouchure d’un port naturel (le plus important de l’archipel), en fait un point de rencontre sur le plan international. La ville est par ailleurs coupée en deux par le fleuve Pasig, qui permet au Laguna de Bay, grand lac situé au sud-est, de déverser ses eaux dans la baie. La capitale, qui se relève doucement après des années Covid qui ont mis à mal son économie, est confrontée à de nombreux défis de taille (pauvreté, pollution, urbanisme, etc.).