GRANDE MOSQUÉE

La mosquée de Djenné est la plus grande structure en terre du monde. Elle est aussi nommée la mosquée de Komboro, en hommage au vingt-sixième monarque de la ville, Koy Komboro qui, après s’être converti à l’islam au XIII^e siècle, rasa son palais pour construire ce qui allait être la première Grande Mosquée de Djenné. Elle fut détruite une première fois vers 1830 par l’empereur peul du Macina, le fondamentaliste Cheikou Amadou. Ce dernier vouait en effet à la ville, depuis l’époque où il y avait été étudiant, une sombre rancœur. Il lui reprochait certaines de ses coutumes, dont sa pratique du chant, de la danse et la consommation bruyante de la bière de mil devant la mosquée. Jugeant l’édifice souillé, et la loi du Coran interdisant à tout fidèle de mettre bas une mosquée, il décida de l’abandonner et laissa la pluie faire son ouvrage (le banco doit être crépi tous les ans), jusqu’à ce qu’elle tombe en ruine. En 1834, il inaugura une nouvelle mosquée sur un site un peu plus à l’est de l’ancienne. La Grande Mosquée actuelle a été reconstruite en 1907 d’après le modèle de celle de Komboro, sur ordre de William Ponty, à l’endroit exact où s’élevait l’ancienne mosquée. Pour réduire encore plus sûrement l’œuvre de Cheikou Amadou, on détruisit la mosquée qu’il avait bâtie et l’on construisit à la place une medersa (école coranique).

Cet imposant édifice de style soudanais, de près de 60 m de côté, peut accueillir jusqu’à cinquante mille fidèles. La façade principale est composée de trois minarets, séparés l’un de l’autre par cinq colonnes. Les murs sont hérissés de piquets en bois de rônier (palmier). Cette armature, bien qu’elle ait une fonction décorative, sert en fait d’échafaudage lorsque, tous les ans au mois d’avril, la célèbre corporation des maçons de Djenné (bari) recrépit la façade de banco. La mosquée a deux entrées, l’une au sud qui fait face à la place du marché, moins utilisée, et l’autre au nord, quotidiennement empruntée. Les six marches qui permettent d’y accéder, construites à trois mètres au-dessus du niveau du sol, symbolisent la transition du profane vers le sacré. Il faut déplorer le fait que la mosquée ne se visite pas (à moins de payer le prix fort !), car elle est interdite aux non-musulmans depuis que, dit-on, des Italiens auraient filmé un défilé de mode à l’intérieur de l’édifice.