Centro histórico et ses alentours
Déclaré patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco en 1987, le centre historique est le fruit de la rencontre des cultures aztèque et espagnole. Il s'étale sur près de 10 km² (668 pâtés de maison, ou cuadras en espagnol) et compte 1 500 édifices classés. Même si aujourd’hui c’est surtout la richesse du passé colonial espagnol qui saute aux yeux lorsque l’on se promène dans les rues du centre, personne au Mexique n’a oublié que la plupart des immeubles coloniaux ont été édifiés sur les ruines des anciens palais aztèques, dont les pierres ont été recyclées. Les ruines du Templo Mayor, qui ont été mises au jour du côté droit de la cathédrale, sont là pour rappeler aux visiteurs la grandeur des anciennes constructions.Mais au-delà de la richesse de son patrimoine architectural (également composé des tendances néoclassiques de la fin du XIXe et d'édifices Art déco), le centre historique de Mexico est avant tout le cœur du commerce populaire, avant d'être un lieu de promenade en famille pour les Chilangos (habitants de la ville de México). Ici, la ségrégation économique existe moins qu’ailleurs et vous rencontrerez aussi bien des femmes indiennes qui viennent d’arriver du sud du pays, que des riches politiques en voitures blindées, ou des touristes étrangers. C’est surtout cet aspect qui fait la richesse du centre historique, ainsi que son intense vie politique : marchas (manifestations) et plantones (occupations des places publiques) rythment la vie du quartier.
Depuis une vingtaine d'années, le centre historique est en pleine restructuration, certaines artères ayant été fermées à la circulation (la calle Madero et la calle Regina). Bref, les rues sont plus belles et plus éclairées. Mais ces aménagements, issus d'accords d'investissements publics/privés, ont une contrepartie : la tendance à une certaine acculturation due à l'implantation d'enseignes internationales de restauration ou de prêt-à-porter. Car ce qui fait traditionnellement le charme du centre historique, ce sont surtout ses petites rues commerçantes thématiques, bondées de stands et noires de monde. Une vraie fourmilière.
Accès : le centre historique est accessible par plusieurs métros. Hidalgo (sortie face au jardin de l’Alameda), Bellas Artes (sortie face au Palacio de Bellas Artes et la tour Latinoamericana), Allende (sortie rue Allende), Zócalo (sortie face à la cathédrale et au palais du Gouvernement), Isabel la Católica et Pino Suárez. Le métro Revolución débouche sur le monument du même nom ; la jolie et populaire colonia Tabacalera se trouve juste à côté. En passant l'avenue Insurgentes, vous arriverez dans la colonie San Rafael, qui est en passe de devenir une alternative à la colonia Roma, de même que la colonia Santa María la Ribera, un peu plus au nord. S'y rendre à pied depuis les quartiers alentour (Bosque de Chapultepec, Zona Rosa, Roma ou Condesa) est un must qu'il faut vous autoriser.
Zona Rosa et l'ouest
La Zona Rosa (dans la colonia Juarez) désigne le quartier de México compris entre le Paseo de la Reforma, l’Avenida Insurgentes, l’Avenida Chapultépec et la calle Florencia. Le triangle enserre deux rues importantes, Hamburgo et Londres. La colonia, dans sa physionomie actuelle, date des années 1950. Lorsque la Zona Rosa est créée à la fin du XIXe siècle, elle est conçue comme un quartier très chic, réservé à l'élite mexicaine et aux diplomates étrangers. En raison de son caractère exclusif, le quartier est même déclaré zone neutre durant la Révolution mexicaine. Mais à partir des années 1950, l'apparition de nouvelles zones résidentielles pour les classes aisées et la présence du métro Insurgentes contribuent à rendre le quartier plus populaire. Aujourd'hui, la Zona Rosa est aussi réputée pour ses boîtes de nuit et bars gay. Les commerces sont moins élégants qu’avant, mais la zone est encore touristique.
La colonia Juarez s'étire également de l'autre côté de l'avenue Insurgentes, servant de zone tampon avec le centre historique. Restée longtemps plus besogneuse et populaire (voire à l'abandon), elle subit actuellement, comme nombre de colonias aux alentours des quartiers les plus emblématiques de la ville, une politique de réhabilitation (bâtiments anciens et voies de communication) et gentrification. L'avenue Bucarelli, l'une des plus belles zones résidentielles de la ville au XIXe siècle avant d'être laissée à l'abandon est actuellement en cours de réhabilitation.
Le Paseo de la Reforma, l'avenue qui borde la Zona Rosa au nord, remonte au XIXe siècle ; elle marque la limite entre les colonias Juarez (au sud) et Cuauhtémoc (au nord). L’empereur Maximilien de Habsbourg la fait ouvrir pour relier le Palacio Nacional à sa résidence aristocratique d’El Castillo de Chapultépec. Tous les ronds-points sont ornés de statues et sculptures en bronze qui relatent divers épisodes historiques. Ne ratez pas El Angel qui est le symbole de la ville. Le Paseo de la Reforma est aussi un important couloir financier et économique. De nombreuses corporations internationales y ont installé leur siège. Des tours de verre modernes et anciennes résidences avec jardins se succèdent.
Polanco est le quartier marchand le plus chic de Mexico, aussi appelé la Zona Dorada (« la zone dorée »). Vous y trouverez toutes les boutiques des marques les plus prestigieuses. La rue Presidente Masaryk est à Mexico ce que sont les Champs-Elysées à Paris. La rue parallèle, Horacio, possède aussi plusieurs restaurants chics. Beaucoup se trouvent autour du joli parc Lincoln, cœur du quartier.
Le Bosque de Chapultepec, le plus grand espace vert de Mexico, sépare le quartier Polanco de celui de la Condesa. D'une superficie de près de 600 hectares, ce parc comprend de nombreux musées et attractions touristiques, parmi lesquelles le Musée d'Art moderne, un centre culturel très actif (La Casa del Lago), un jardin botanique et plusieurs lacs où l'on peut se promener en barque ou en pédalo. Ce bois a par ailleurs une histoire intéressante. A l'époque préhispanique, l'empereur Moctezuma construisit à cet endroit un ingénieux système hydraulique qui acheminait l'eau qui descendait de la montagne jusqu'à une espèce de piscine en pierre où il prenait son bain. Les vestiges des Baños de Moctezuma perdurent encore aujourd'hui. C'est aussi à cet endroit qu'au XVIIIe siècle les gouverneurs de la Nouvelle-Espagne firent construire sur une élévation un imposant château qui devait leur servir de résidence de repos. Mais vint l'indépendance du Mexique, et le château fut converti en collège militaire. Lors du Second Empire, le Castillo de Chapultepec devint la résidence de l'empereur Maximilien de Hasbourg et, par la suite, il continua à servir comme résidence officielle du chef de l'Etat mexicain jusqu'en 1939, date où le président Lázaro Cárdenas décida de s'installer à la résidence de Los Pinos, avant qu'elle-même soit abandonnée par le président Andrès Manuel Lopez Obrador en 2019, afin d'être transformée en centre culturel ouvert à tous. Longeant le Bosque de Chapultepec, l'avenue Reforma accueille ici deux musées de premier plan, el Museo Nacional de Antropologia et le Museo Tamayo (art contemporain).
Accès : le quartier est accessible par la ligne de métro qui longe l'avenue Chapultepec (Chapultepec, Sevilla, Glorieta Insurgentes et Cuauhtémoc) ou par le métrobus qui parcourt l'avenue Insurgentes (Glorieta de Insurgentes, Hamburgo, Reforma). À pied, il est aisé de rejoindre le Bosque de Chapultepec par l'avenue du même nom et le quartier de Polanco en remontant l'avenue Reforma. Pour vous rendre dans le centre-ville, rien de plus facile que de traverser la colonia Juarez et de découvrir ce quartier par la même occasion. Depuis l'avenue Insurgentes, les rues Londres, Liverpool et Hamburgo débouchent sur la rue Versalles qui remonte vers Reforma juste avant de déboucher sur la Alameda. Depuis l'avenue Chapultepec, remonter l'avenue Bucarelli permet de découvrir tout un pan de l'architecture résidentielle méconnu de la ville, pour déboucher sur l'avenue Reforma, à quelques dizaines de mètres de la Alameda. Quant aux quartiers de Polanco et au bois de Chapultepec, ils sont accessibles par 3 métros. Auditorio et Polanco sur la ligne 7 et Chapultepec sur la ligne 1 (à une extrémité du quartier de La Condesa). Si vous pensez visiter d'abord le bois et les musées alentour, descendre de préférence aux stations Chapultepec ou Auditorio ; si vous voulez d'abord découvrir les boutiques de Polanco et ses restaurants, descendre à la station Auditorio ou Polanco.
Roma et Condesa
Séparées par l’avenue Insurgentes, les colonias Roma et Condesa sont très appréciées des jeunes Mexicains. Ce sont des quartiers arborés où l'on trouve de belles maisons et immeubles du début du XXe siècle, plusieurs jardins, de nombreuses boutiques, des bars et restaurants. Bien que la Roma et la Condesa possèdent peu de musées, ces deux colonias valent le détour pour s'y promener, manger ou prendre un verre. L’ambiance est bohème et branchée. Alors que la Condesa surfe sur le style et la fête (que de bars le long de l'avenue Nuevo León !) le quartier de la Roma se veut plus intellectuel ; de nombreuses galeries d'art y ont ouvert leurs portes au cours des dix dernières années.
Le quartier de la Condesa est créé vers 1902 sur une partie des terrains de l'hacienda de la Condesa de Miravalle. L'idée du gouvernement était d'y installer plusieurs grands équipements sportifs, dont deux hippodromes et une arène de taureaux. Dans les années 1920, confronté à la demande croissante de logements, le gouvernement décide de convertir la zone en un quartier résidentiel : suite à la guerre civile d’Espagne, de nombreux réfugiés espagnols s'y installent, et aussi des juifs venant d’Europe de l’Est. Du fait de ce mélange culturel, le quartier n’a jamais cessé d’accueillir les étrangers venant vivre à Mexico. Aujourd'hui encore, la Condesa est conçue comme un quartier très européen et la superficie des espaces verts est la plus grande de Mexico. Après le tremblement de terre de 1985, sa physionomie se transforme. Beaucoup d’habitants fuient cette zone à risque (danger maximal en cas de tremblement de terre). Les propriétés se vendent à bas prix, et des intellectuels, des écrivains et des artistes investissent ce quartier auparavant populaire de la ville de Mexico ; c'est désormais un des plus chers de la ville, très prisé des étrangers qui y vivent.
La colonia Roma date aussi du début du siècle dernier. C'est la compagnie immobilière Compañía de Terrenos de la Calzada de Chapultepec SA qui commença à fractionner et urbaniser cette zone en 1903. L'un des membres du conseil d'administration était Walter Orrin, qui était propriétaire du cirque Orrin, très célèbre au Mexique à l'époque. Il décida de baptiser les rues de ce nouveau quartier du nom des villes où le cirque avait remporté le plus de succès : Durango, Orizaba, Chihuahua, Coahuila… L'un des autres dirigeants de la compagnie était l'architecte Lewis Lamm. S'inspirant des styles architecturaux qui étaient en vogue en Europe, il construisit de magnifiques demeures pour attirer les classes aisées de la société, dont la Casa Lamm, qui était destinée à devenir sa résidence particulière. Cette maison qui abrite aujourd'hui un centre culturel est considérée comme l'un des édifices les plus emblématiques de la Colonia Roma. Le quartier est divisé en deux zones, Roma Norte et Roma Sur, cette dernière conservant encore son caractère plus populaire que sa voisine, nettement plus branchée.
Accès : pour se rendre à la Condesa, descendre au métro Chilpancingo ou aux stations de métrobus Sonora ou Campeche. Pour se rendre à la Roma, descendre au métro Insurgentes ou aux stations de métrobus situées entre Chilpancingo et Insurgentes. Il est très facile de se déplacer à pied entre ces deux quartiers, de même que de rejoindre la Avenida et Reforma et le centre historique en transport, taxi ou même à pied.
Coyoacán et le sud
C'est à Coyoacán qu'Hernán Cortés établit sa demeure après la chute de Tenochtitlán et c'est aussi ici que, le 7 mars 1524, la première mairie de la Nouvelle-Espagne est installée. Au début du XXe siècle, le village de Coyoacán était encore séparé du centre de Mexico, à 12 km, par des champs de pâture. Dans les années 1950, il est absorbé par l'urbanisation galopante, alors qu'il était auparavant devenu le lieu de résidence de Frida Kahlo et Leon Trotsky. Coyoacán est un quartier vivant et arboré. Il a conservé son caractère colonial, notamment dans la rue Francisco Sosa où les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles offrent de magnifiques façades colorées aux proportions harmonieuses. Les rues étroites et pavées, les petites places ombragées, contribuent à faire de ce quartier un havre à échelle humaine. Situé non loin de la UNAM, la plus grande université du pays, c'est un quartier reconnu pour son effervescence intellectuelle, bien différente de l'ambiance arty et branchée des quartiers de la Roma et Condesa.
Le quartier de San Angel (Tenanitla à l'époque préhispanique), conserve aujourd'hui encore un air provincial comparable à celui de Coyoacán (en nettement plus petit), de belles rues pavées et de magnifiques demeures coloniales. La colonia est très prisée pour son marché d'art et d’artisanat le samedi (plaza del Carmen). Les premiers à s'installer à Tenanitla sont les dominicains, qui y construisent un petit ermitage. Puis les moines carmélites commencent en 1615 la construction d'un couvent et collège religieux dédié a San Angel. Cet ordre religieux partageait son temps entre la pénitence, la prière et le travail, et pour faciliter le recueillement spirituel de ses membres, avait coutume de construire de grands jardins autour des couvents. Les fleurs et les fruits qu'ils récoltaient se vendaient à Mexico, à 15 km de là. Les riches Espagnols commencent alors à y construire de belles maisons de campagne pour passer le week-end ou la saison d'été. Aujourd'hui encore, la plupart des fêtes du village de San Angel tirent son origine des activités horticoles des moines carmélites, comme la Feria de Las Flores qui se célèbre chaque année au mois de juillet.
Tlalpan était autrefois un village situé hors de la ville de Mexico, de la même façon que Coyoacán et San Angel. Situé à une vingtaine de kilomètres du centre historique, il a été englouti par la ville dans les années 1950. Le village se développe au XVIIe siècle, lorsque l'aristocratie de la Nouvelle-Espagne commence à construire dans la région de magnifiques demeures pour passer la saison d'été. Le village se nomme alors Villa de San Agustin de Las Cuevas. Lorsque le Mexique conquiert son indépendance au début du XIXe siècle, le village est désigné capitale de l'Etat de Mexico, ce qui entraîne la construction d'imposants édifices publics. Mais Tlalpan ne conserve ce titre que très peu de temps et redevient rapidement un petit village de campagne. On déambule dans ses petites rues pavées pour tomber sur sa place ombragée et son kiosque.
Le quartier de Xochimilco, qui en langue náhuatl signifie « lieu où poussent les fleurs », est absolument à voir. Surnommé « La Venise mexicaine », c'est l'un des seuls endroits de la ville de Mexico où a survécu le lac qui s'étendait autrefois dans la vallée de Mexico, et avec lui les chinampas, ces îlots flottants artificiels que les civilisations mexica et xochimilca construisaient pour cultiver. Même si les chinampas conservent aujourd'hui encore une vocation agricole, les canaux de Xochimilco sont avant tout devenus l’une des principales attractions touristiques de la ville. Tous les jours, des milliers de bateaux multicolores, appelés « trajineras », attendent la venue des touristes pour réaliser une agréable promenade sur les canaux. La balade est rythmée par les nombreux groupes de musique qui attendent dans leur barque que quelqu'un leur fasse signe de jouer un morceau, et les cris des vendeurs ambulants qui proposent toute une gamme de produits : aliments, artisanats, fleurs… Un endroit tout à fait surréaliste à découvrir et en danger de disparition du fait de la réduction hydraulique et de la pollution générale de la zone lacustre de Xochimilco-Tlahuac-Milpa Alta.
Accès : Coyoacán est entouré de trois stations de métro : Coyoacán, Viveros, Miguel Angel de Quevedo (ligne 3). Si vous voulez visiter le joli parc Viveros, descendez à la station de métro du même nom ; de là, rejoignez le centre par la rue Francisco Sosa et la jolie place Santa Catarina. Idem depuis la station de métro Miguel Angel de Quevedo ; une autre balade est possible en descendant à pied l'avenue Miguel Angel de Quevedo puis en prenant sur votre gauche la rue Tres Cruces ou Carrillo Puerto (ou prenez un des bus qui indiquent Tasqueña et dites au chauffeur qu’il vous descende à l’angle de l'une d'entre elles). Pour aller à San Angel, descendre au métro Miguel Angel de Quevedo et marcher jusqu'à l'avenue Insurgentes, puis prendre la rue La Paz. Après avoir traversé l'avenue Revolución, vous rencontrerez la Plaza del Carmen et la Plaza San Jacinto. Sinon, prendre la ligne de Metrobus qui descend l'avenue Insurgentes et descendre à la station Bombilla. San Angel est assez proche de Coyoacán. On peut très bien prévoir de visiter les deux quartiers dans la même journée. Pour les quartiers plus au sud, il faut prendre le tramway qui part de la station de métro Taxqueña (ligne 2). Pour les jardins flottants de Xochimilco les plus visités, descendre à la station Xochimilco. Des racoleurs vous guideront jusqu'aux embarcadères. Pour le centre de Tlalpan, descendre à la station Huipulco puis prendre un taxi ou bien s'y rendre en empruntant la ligne de métrobus qui parcourt l'avenue Insurgentes jusqu'au sud de la ville (station Fuentes Brotantes).