Gourmandises
Si le supermarché semble répondre à tous les besoins du consommateur sibérien d’aujourd’hui (on y trouve de l’épicerie de très bonne qualité, notamment le thé), il n’a pas (encore) supplanté le marché central ou de quartier. Lors de vos pérégrinations, expérimentez les spécialités locales ! En commençant par la siska, cette étonnante (et très populaire) confiture de pommes de pin que l’on déguste telle quelle, à la cuiller. Amusez la galerie en rapportant un spécimen de churchkhela, cette confiserie d’origine géorgienne, très répandue en Sibérie : une grappe de cerneaux de noix mise à mariner dans un mélange de jus de raisin et de fécule de maïs. La Churchkhela ressemble… à une saucisse, à cela près qu’elle est sucrée ! Rapportez également l’or de l’Altaï, le miel. Pensez aussi aux bubliks, ces gros biscuits en forme d’anneaux, traditionnellement accrochés en guirlande autour du samovar en signe de bienvenue. De passage en Bouriatie et Transbaïkalie ? Ne repartez pas sans un sachet de poudre de baies de merisier. Les populations de Vieux-Croyants la produisent artisanalement pour agrémenter douceurs et autres pâtisseries d’un agréable arôme similaire à celui de l’amande. La baie de merisier est également consommée en confiture. Sur tout le territoire, vous trouvez montagnes de pignons et de pommes de pin – si la saison a été bonne – récoltés en Sibérie et vendus à des prix défiant toute concurrence (la meilleure période : fin août à fin septembre). Un conseil : faites le plein ! Les fruits sont rares (et chers) dans ces contrées du froid, aussi un bon épicier s’enorgueillit-il de son catalogue de fruits secs (dont la noix de macadamia, généralement vendue dans sa coque) et d’épices venues d’Ouzbékistan. Chaque grande ville de Sibérie dispose de sa fabrique de chocolats (héritée de l’époque soviétique), friandises vendues sur les marchés ou dans les boutiques officielles : visitez celle de la marque Kraskon à Krasnoïarsk (prospect Mira 19) ou Angara à Irkoutsk, à l’intérieur du marché. Ces chocolatiers proposent d’infinies variétés de saveurs et tout autant de packagings, résolument… rétro ! Ne considérez pas ces boutiques comme des pièges à touristes : elles sont très fréquentées par les locaux, qui s’y fournissent pour les grandes et petites occasions. Le sucre d’orge est lui aussi indissociable du patrimoine culturel sibérien, traditionnellement présenté sous la forme d’un coq. Fleurs, berlingots (dits monpas’ier, en référence à Madame de Montpensier) sapins de Noël, cœurs, lapins et autres figurines rigolotes : on le décline aujourd’hui à l’infini ! À Krasnoïarsk, Tamara vend ses créations et vous apprend à réaliser les vôtres (café Karamel, Lénina 122). Amateurs de chewing-gum, vous découvrez la gomme 100 % naturelle sibérienne, le sera, obtenue par distillation de l’écorce de mélèze et consommé depuis plus de 1 000 ans. Bon à savoir : il soulage les troubles de la digestion et certaines infections de la bouche. Il existe en version artisanale et en version industrielle (dans les supermarchés).
Art du thé
En Sibérie, grignoter ne s’entend pas sans un thé. Vous le verrez : à n’importe quelle heure de la journée ou de la soirée, à peine aurez-vous poussé la porte d’un restaurant ou d’une habitation qu’on vous proposera a minima un verre du chaleureux breuvage. Il est le symbole de la légendaire hospitalité russe ; la fierté d’une maîtresse de maison ou la signature d’un restaurateur ! C’est en été et à l’automne qu’on en profite le plus : à base de thé noir ou vert, on l’agrémente d’herbes sauvages (thym, feuilles de framboisiers…), d’agrumes et de baies forestières fraîches, telles que l’argousier (à Krasnoïarsk, le restaurant Mon Plaisir propose un extraordinaire thé à l’argousier). S’il est (peut-être) compliqué de vous offrir un samovar (quoiqu’il existe différents formats), ne lésinez pas sur l’ivan-chai (épilobe, en français), que vous trouvez sous plusieurs formes (feuilles et fleurs fraîches, séchées ou fermentées), en vrac ou conditionné (souvent moins cher sur les marchés, par exemple à Oulan-Oude). Le sagan-dalya (Rhododendron adamsii), à l’odeur entêtante, est considéré comme le ginseng sibérien : il vous donne un coup de fouet alors que l’hiver fait rage ! Ces morceaux marron qui ressemblent à du bois n’en sont pas : il s’agit de rochers de chaga (prononcez « tchaga »), un champignon médicinal qui pousse sur le bouleau, très apprécié pour ses qualités antioxydantes (découvrez son goût et ses vertus à Chaynaya Yurta, la yourte du thé, à Krasnoïarsk). Tant que vous y êtes, testez l’extrait naturel de sapin, que les Russes incluent à leurs recettes. À la maison, à l’heure du goûter, cette petite note sylvestre vous ramènera en Sibérie !
Qui dit thé, dit tasse. Vous empruntez le Transsibérien ? Ne quittez pas le train sans vous être offert THE souvenir de la légendaire ligne de chemin de fer : le podstakannik. Composé d’un verre et d’un support en métal (autrefois en argent), il permet de boire un thé très chaud sans se brûler. Très répandu en Russie à l’époque soviétique, ce contenant, tout aussi pratique que déco, n’est guère utilisé que dans le train (stabilité avérée), dont il est devenu le symbole. Vous pouvez l’acquérir au cours d’un trajet moyennant 1 300 RUB environ : demandez à votre provodnitsa, votre chef(fe) de voiture. Autre perle rare à traquer : le mug Vladimir Poutine. Attendez-vous à des modèles collector, car le président russe, doté d’un sacré sens de l’humour, aime se mettre en scène. Dans un autre registre, si vous êtes à Kyzyl, partez à la recherche de tos-karak, la cuiller à neuf yeux (associée au rituel du thé noir au lait salé, boisson traditionnelle touva).
Artisanat
Le bouleau, arbre endémique de la taïga, particulièrement vénéré en Bouriatie, est une ressource inépuisable : pour se chauffer, se soigner, mais pas seulement. C’est à partir de son bois que certaines communautés bouriates fabriquent les serge, ces poteaux recouverts de rubans que vous observez par exemple dans l’île d’Olkhon, au cap Burkhan. Résistant à l’eau, on l’utilise pour fabriquer de la vaisselle : bols, cuillers et autres ustensiles bruts ou laqués, vendus un peu partout, jusque dans les souterrains du métro. L’écorce, enfin, outre un formidable allume-feu, est aussi un matériau propice à l’artisanat. Par exemple à la réalisation des tuyesok, ces jolies boîtes (ou huches) qu’on utilisait autrefois pour conserver du pain, des baies et certains liquides. Vous admirez et achetez un modèle élaboré dans le curieux musée de l’Écorce de bouleau de Sibérie (à Novossibirsk). Un tuyesok vous permettra de stocker un mélange pour infusion, par exemple.
Qui dit artisanat, dit travaux d’aiguille. Vous le savez, l’hiver sibérien se veut rude ! Aussi a-t-on à cœur d’ajouter beaucoup de douceur au quotidien. Sur n’importe quel marché, vous dénichez grosses chaussettes, pantoufles mongoles et autres accessoires en laine. En avançant vers des régions plus asiatiques, vous craquez pour la laine de yak, qui déborde des étals. Achetez aux plus petits ces amusantes valenki en feutre de laine ; pour les plus grands ces bottes de trappeur, en peau et poil de renne. Sans oublier la chapka (ou ouchanka) apparue au sein de l’Armée blanche vers 1918 et devenue la pièce maîtresse des uniformes militaires et policiers, beaucoup plus célèbre que sa version cosaque, la papakha (ou koubanka) : chapeau droit et plat en astrakan pour les hommes, en fourrure à poil long (renard, en général) pour les femmes. Deux basiques très en vogue en URSS, que, avec de la chance, vous trouverez au marché aux puces, entre autres antiquités soviets (par exemple à celui d’Irkoutsk, peu fréquenté par les touristes, ouvert le week-end). Une précision à propos du marché : souvent, l’intérieur de la halle est réservé aux commerçants pros. Un peu à l’écart ou à l’extérieur se trouvent les babouchkis (grands-mères) : leurs produits maraîchers (fruits, légumes, champignons, herbes médicinales, racines de raifort cultivés au jardin ou ramassés en forêt) sont souvent considérés comme plus qualitatifs par les citadines (voire bio). Elles y présentent également leurs travaux d’aiguille (chaussettes, ceintures tricotées) : si la laine n’est pas garantie 100 % naturelle, le point et le motif, eux, sont 100 % locaux !
Qui dit artisanat dit aussi… alcool. Et pas seulement de la vodka ! De n’importe quelle foire (à Bichura, village de Vieux-Croyants, rendez-vous à la fête de la rue Kommunistitcheskaya, longue de 17 km, chaque année en octobre), vous rapportez le samogon, alcool blanc fait maison (40-60°), à base de blé et de sucre fermentés puis distillés. En Bouriatie, préférez l’arkhi, alcool (fort) à base de lait de jument fermenté.
Art du banya
En Sibérie, le banya, le « bain », est une institution ! De votre passage au banya, rapportez un rushnichok, ce couvre-chef en feutre qui protège la tête des fortes chaleurs. Il existe beaucoup de modèles, notamment en forme de chapka, aux couleurs de l’Armée rouge. Un venik, s’il est encombrant, peut décorer votre salle de bains. Vous l’achetez aux bains, aux marchés ou, dans sa version faite main, auprès des vendeurs à la sauvette souvent installés en bord de route. Qui dit banya, dit aussi cosmétiques : vous vous y procurez quantité de brosses, gants de crin, savons artisanaux, soins pour le corps et les cheveux (hommes et femmes) à réutiliser à la maison. Peau de bébé assurée ! Toujours en matière de bien-être, ces dernières années, la Sibérie a développé sa conscience écologique. D’innombrables produits cosmétiques bio sont distribués un peu partout : shampoings solides, savons au lait de yak, gommage à base de bois de renne, crèmes pour les mains (n’importe quel conducteur sibérien s’hydrate les mains avant de prendre le volant). Rendez-vous par exemple à Kyzyl, dans la boutique Eco-Kyzyl/Vaviol (produits naturels et artisanaux sibériens made in Khakassie, Touva et Krasnoïarsk).
Arts spirituels
En Sibérie, la religion orthodoxe est omniprésente. Les églises sont richement décorées et surtout vivantes : elles sont visitées chaque jour par de nombreux fidèles. À l’intérieur, une multitude d’icônes devant lesquelles on prie, selon la spécificité des saints qui y sont représentés. Il est par ailleurs de mise d’allumer une ou plusieurs bougies à l’intention des morts, des vivants et de l’Église : c’est pourquoi chaque édifice dispose de sa petite boutique (à but non lucratif) où le fidèle acquiert ses offrandes, représentations des saints, cartes, bougies et autres objets de prière. Attention : il ne s’agit pas d’un magasin de souvenirs. Si le cœur vous en dit, réservez quelques roubles à l’achat de bougies que vous allumerez et laisserez en offrande. Un équivalent existe dans les monastères bouddhistes, par exemple au datsan Ivolginsky, situé à une trentaine de kilomètres d’Oulan-Oude.