La famille au sens large
L’ohana, ou la famille en hawaïen, est une valeur fondamentale dans la culture locale. Du temps des premiers Polynésiens et jusqu’à l’abolition de la religion hawaïenne en 1819, les enfants étaient très rarement élevés par leurs parents. Dès leur plus jeune âge, ils étaient confiés à des amis ou des cousins de leurs parents ou encore à leur grand-mère, une pratique qui se retrouve sur plusieurs îles du Pacifique. S’ils étaient élevés par d’autres personnes, c’était souvent pour améliorer leur statut social. Les parents des futurs monarques confiaient généralement leur progéniture à une personne de pouvoir et cette tradition s’est poursuivie jusqu’à la fin de la monarchie. Les parents eux-mêmes étaient donc réduits à leur fonction de géniteurs et, tout au plus, devenaient-ils amis de leurs propres enfants une fois qu’ils avaient grandi. Sans oublier que la polygamie, habituelle à l’époque, agrandissait encore plus les familles ainsi que le nombre d’enfants, demi-frères et demi-sœurs… On comprend pourquoi les Hawaïens disent souvent qu’ils sont cousins avec presque tous les habitants de l’archipel, qui font donc tous partie de leur ohana ! Bien qu’empreint du mode de vie américain et occidental dans son sens large, le fonctionnement des hawaiiens reste donc beaucoup plus communautaire qu’individualiste. Il n’est pas rare de voir plusieurs générations cohabiter sous le même toit, pratique renforcée par la vie chère qui oblige bien souvent les jeunes couples à élever leur premier enfant depuis le domicile de leurs parents.
Des prénoms aux reflets identitaires
La grande mode de ces dernières années, c’est de donner un prénom polynésien en plus à son enfant, soit c’est l'équivalent du nom anglais en hawaïen, soit c’est un nom avec un sens plutôt flatteur en rapport avec la nature en général. Quelques exemples de prénoms : Malia (Marie), Kanani ou Nani (la belle), Kapua ou Pua (la fleur), Keoki (Georges), Kimo (James)… C’est une façon de mieux intégrer son enfant dans la société hawaïenne. Cette nouvelle tendance est dans la droite continuité du retour aux sources amorcé par les activistes lors de la renaissance culturelle hawaïenne des années 1970. Pour l’anecdote, les mauvaises langues racontent que plus les prénoms polynésiens des participantes au célèbre « Merrie Monarch Festival » (Festival de hula d'Hawaï) sont longs, plus elles ont de chances de gagner ! Et pour preuve, Miss Aloha Hula 2016 s’appelait (respirez avant !) : Kayli Ka’iulani Carr of Halau Hi‘iakainamakalehua.
Une éducation de qualité
Le système éducatif hawaïen est le même que celui des États-Unis et très différent de celui de la France. De la « preschool » (école maternelle) à la « high school » (lycée), l’enseignement est gratuit dans les établissements publics. Les établissements privés, notamment religieux, sont payants et l’enseignement y est souvent de meilleure qualité. À Hawaï, la « Punahou School » située à Honolulu et fondée par les missionnaires protestants en 1841, est l’établissement scolaire le plus prestigieux d'Hawaï et l'un des meilleurs des États-Unis. Il accueille les élèves de la maternelle au bac. Plusieurs membres de la famille royale y ont étudié au XIXe siècle et, plus récemment, Barack Obama y a effectué sa scolarité de 10 à 18 ans ! Enfin, l’Etat d'Hawaï compte quatre universités mais elles ne se classent pas parmi les meilleures des Etats-Unis malgré leurs prix qui obligent bien des étudiants à s’endetter pour financer leurs études. En parallèle du système « classique » se sont développées depuis 1887, les Kamehameha schools. Ce sont des établissements privés mais dont la scolarité est gratuite. On en compte trois à Hawaï : une dans la région de Honolulu, à Kapalama (Oahu), une à Pukalani (Maui) et une à Keaau (île d'Hawai'i). Ces écoles accueillent 6 500 élèves au total, de la maternelle au bac. C’est Bernice Pauahi Bishop (1831-1884), philanthrope et dernière descendante vivante de la dynastie Kamehameha, qui a souhaité leur création dans son testament. Elles sont entièrement financées par l’argent que rapportent les terres dont elle était propriétaire. Cependant, seuls y sont admis des élèves étant, au moins en partie, Hawaïens natifs. Voyant la lignée Kamehameha s’éteindre avec elle et les Hawaïens natifs de moins en moins nombreux sur l’archipel, Bernice a voulu faire un ultime geste pour protéger les générations futures de son peuple. Grâce à elle, des centaines de milliers d'Hawaïens natifs – souvent de milieu très modeste – ont pu avoir accès à un enseignement de qualité et faire de brillantes études supérieures. La langue hawaïenne et la civilisation polynésienne étant largement enseignées dans ces écoles, les Kamehameha schools ont formé de nombreux intellectuels engagés. La plupart des penseurs et militants de la renaissance culturelle hawaïenne des années 1970 y ont étudié.
Aloha spirit et Ho’oponopono
On ne le répétera jamais assez, les Hawaïens sont particulièrement chaleureux et accueillants. Faites comme eux, souriez, intéressez-vous à eux, posez-leur des questions… Ils sont un bel exemple de cohabitation de multiples communautés sur un même espace, chacun pratiquant sa culture tout en respectant une harmonie générale que les locaux appellent l’Aloha Spirit. L’esprit général est « à la cool », comme il fait souvent chaud et que la plage n’est jamais très loin, les Hawaïens sont souvent habillés de façon très décontractée. Shorts, T-shirts et tongs composent l’essentiel des tenues. Mais vous n’êtes pas non plus obligé de porter une de ces chemises hawaïennes aux fameux motifs fleuris ! Gardez-la pour votre retour en France. En cas de problème ou de désagrément, inutile de vous énerver, demandez simplement et poliment pour pratiquer l’Ho’oponopono, cette philosophie ancestrale hawaïenne qui se base (entre autres) sur l’acceptation, le pardon et la gratitude. Une douceur qui permet d’éviter bien des conflits, pas étonnant que les coachs de vie et pratiquants d’activités de bien-être aient diffusé cette pratique dans le monde entier. Conséquence directe de cette acceptation de l’autre et du respect de la personne, il n’existe pas de discriminations contre la communauté homosexuelle, envers qui la société hawaïenne se montre au contraire très tolérante. C’est à Oahu, l’île de la capitale d’État, que se trouve la plus importante communauté gay d'Hawaï. Le site www.gogayhawaii.com donne toutes les bonnes adresses de la communauté LGBT à Hawaï.
Des habitants en quête d’identité
Lors de la renaissance culturelle hawaïenne, dans les années 1970, il apparut urgent de mieux gérer les intérêts des Hawaïens natifs afin de réparer les torts qu’ils avaient subis par le passé et les aider à mieux s’intégrer dans la société. C’est dans ce but qu’a été créé, en 1978, l’OHA (Office of Hawaiian Affairs), un organe politique et consultatif qui vise à améliorer les conditions de vie des citoyens hawaïens natifs (un seul ancêtre suffit). Il dispose d’un fonds relativement important qui permet de financer écoles, hôpitaux, centres culturels… L’OHA étant un véritable acteur au niveau local et ses membres ne pouvant être élus que par des citoyens d’origine native, la machine semblait rodée pour améliorer leur vie. Mais ces « avantages » ne concernant pas tous les Hawaïens, qui ne pouvaient notamment pas élire les membres de l’OHA, les mécontents n’ont pas tardé à se faire entendre et la Cour Suprême a tranché en 2000 pour autoriser tous les citoyens à élire les membres de l’OHA sans condition d’origine. Au niveau national, dans les années 1990, de nombreux efforts politiques sont faits envers les Hawaïens natifs afin de réparer les injustices du passé, notamment en 1992, la fermeture de la compagnie Dole, la gigantesque exploitation d’ananas de Lanai, puis, en 1995, celle de la dernière industrie sucrière en activité, située sur l'île d'Hawai'i. Ces actions contribuent grandement à calmer les esprits et marquent la fin de près d’un siècle d’exploitation de la population locale par les propriétaires terriens. En 1993, est votée l’Apology Resolution (littéralement, le décret des excuses). À travers cette résolution, les États-Unis présentent leurs excuses aux Hawaïens natifs pour avoir renversé leur monarchie en 1893 et pour les avoir privés de leur droit à l’autodétermination. Aujourd’hui la quête d’identité se poursuit à Hawaï. Si les mouvements indépendantistes restent minoritaires, la spécificité culturelle est désormais valorisée, notamment par l’école où sont transmis la langue, les danses et chants traditionnels. Le tourisme est également le premier moyen de diffusion de la culture ancestrale hawaïenne. La plupart des hôtels proposent des soirées luaus qui mêlent chants et danses en tenues traditionnelles retraçant l’histoire de l’archipel même si cela reste des shows très touristiques.
Des hobbies chargés d’histoire
Les loisirs des Hawaïens sont très attachés aux traditions polynésiennes. Au-delà du divertissement ils sont l’occasion de se réunir, d’œuvrer en communauté et de transmettre des savoirs ancestraux. Beaucoup pratiquent régulièrement le surf, sport des rois, le canoë en club ou dansent le hula dans l’une des nombreuses écoles de l’archipel (cours assez chers). La mer étant omniprésente dans la vie des Hawaiiens, en mai 2014 une pirogue polynésienne a largué les amarres direction le monde ! Pendant trois ans elle a fait le tour du globe pour diffuser un message de paix et promouvoir le développement durable. Appelée Hôkûle’a elle a construit sa renommée autour de son aller-retour à Tahiti en 1976. A l’époque les Hawaiiens avaient voulu partir à la recherche de leurs origines en effectuant le même voyage que leurs ancêtres et en réapprenant les techniques de navigation traditionnelles basées sur les étoiles. Après trois ans de voyage dans le monde, Hôkûle’a est revenue à Hawaï en 2017 et a effectué huit mois de voyage à travers l’archipel pour partager l’expérience et relancer la pratique. Il n’est depuis pas rare de voir les jeunes s’entrainer à la pirogue en club en fin de journée. Un sport qui nécessite entraide et coordination, des valeurs fondamentales de la culture hawaiienne. Autre loisir atypique très répandu à Hawaï mais inspirée d’une époque plus proche : le rodéo. C'est une discipline qui remonte au XIXe siècle et qui a été répandue par les premiers paniolos de l'archipel, à savoir les cow-boys hawaïens formés par les cow boys mexicains, venus leur enseigner le guidage de troupeau. Le terme « paniolo » vient de la déformation du mot « espnolo ». Le rodéo est très prisé par bon nombre de locaux qui en font régulièrement, surtout à Maui et sur l'île d'Hawai'i, il est même enseigné dans certains établissements scolaires et donne lieu à de grandes fêtes très appréciées du public.