La religion des origines

Peu après leur arrivée à Hawaï, vers l’an 1000, les Tahitiens instaurent leur propre système social, basé sur une organisation féodale de la société et de nombreux «  kapu  », ou interdits.
Ils instaurent également une religion polythéiste où la nature est omniprésente. Ils croient en différents dieux qui sont tous intrinsèquement liés à des éléments de la nature et qui peuvent à tout moment en revêtir l’apparence. C’est ainsi que la déesse des volcans, Pele, apparaît sous forme de lave ou de feu. Afin de se prémunir contre les calamités naturelles dont Hawaï est coutumière (éruptions volcaniques, tsunamis, tempêtes, sécheresse..), les Hawaïens honorent leurs dieux par des prières constantes. C’est le «  kahuna  » (prêtre) qui régit la vie cultuelle et organise les cérémonies religieuses dans les «  heiau  » (temples). C’est seulement dans les temples dédiés à Ku, le dieu de la guerre, que l’on procédait à des sacrifices humains. En plus de Pele et de Ku, les Hawaïens vénéraient également Lono (dieu de la moisson, du vent, de la pluie et de la paix), Kane (dieu de la création) et Kanaloa (dieu des océans). Cependant, la reine Kaahumanu, convertie au christianisme par les premiers missionnaires protestants arrivés dans l’archipel, va décider, en 1819, d’abolir l’ancestrale religion hawaïenne.

La religion aujourd’hui

Au XIXe siècle, suite à l’introduction du christianisme à Hawaï par les missionnaires, la population était majoritairement protestante ou catholique. Mais la ferveur s’en est allée et les Hawaïens sont beaucoup moins pratiquants aujourd’hui ! Parmi les Hawaïens d'origine asiatique, beaucoup sont restés attachés au bouddhisme de leurs ancêtres, même s’ils sont chrétiens par ailleurs, et ils se recueillent régulièrement dans les différents temples de l’archipel (une douzaine sur l’île d’Oahu mais quelques-uns aussi à Maui). L’archipel abrite également une faible minorité de musulmans, juifs et chrétiens orthodoxes. Les sectes sont aussi présentes, notamment les mormons au nord d’Oahu. Malgré la disparition de la religion hawaïenne ancestrale, de nombreuses croyances persistent et bon nombre de locaux font encore des offrandes aux autels des « heiau » (temples historiques mais généralement en ruine) afin que la divinité vénérée leur porte chance, une sorte de superstition. De même, tous les Hawaïens connaissent de nos jours les nombreux mythes et légendes transmis oralement depuis des générations.

Les interdits

Vous verrez souvent le mot « Kapu » sur des panneaux au bord de la route ou à l’entrée de certains sentiers dans les parcs naturels nationaux. Ce mot hawaïen signifie « interdit ». Cette idée d’interdit qu’on retrouve sur tout le triangle polynésien – on dit « tabu » en tahitien d’où le mot français « tabou » –, est d’origine religieuse. Jusqu’à l’abolition de la religion hawaïenne, en 1819, les kapu régissaient véritablement la société. Entre autres kapu célèbres, on sait que les hommes et les femmes ne pouvaient pas manger ensemble et que les pauvres ne pouvaient pas approcher les nobles, ou « alii ». Ne pas respecter un kapu, c’était briser l’ordre établi par les dieux. Les coupables d’un tel acte étaient mis à mort par strangulation afin que la communauté ne subisse pas de vengeance des dieux par la faute du pécheur (tsunamis, éruption volcanique, tremblement de terre, etc.). Certains parvenaient cependant à prendre la fuite, échappant ainsi à la condamnation sans appel de leurs semblables, mais ils étaient alors bannis de leur village à tout jamais.

Des déesses guerrières

Deux femmes fortes se disputent les phénomènes naturels dans les légendes hawaiiennes : Poliahu la déesse de la neige qui a établi son camp au Mauna Kea, le plus haut sommet d’Hawaï et Pelé la déesse de la lave qui siège à Kilauea, le volcan le plus actif au monde. Poliahu a pour habitude de prendre forme humaine pour se mesurer aux hommes, et sa neige est source d’eau pour les futures récoltes ; tandis que Pelé, à l’humeur plus impétueuse crée la terre et les reliefs. Malheur à celui qui réveillerait la colère de Pelé (en emportant des pierres de lave dans son sac par exemple) sous peine d’être recouvert des flammes du volcan. A l’inverse, lors des éruptions massives, il n’est pas rare de voir certains hawaiiens dont les maisons sont sur la trajectoire de la lave refuser de quitter leur domicile, invoquant la protection de Pelé. A l’international, Pelé est connue de tous les volcanologues et scientifiques. Elle a notamment donné son nom aux « cheveux de Pelé », ces filaments de lave dorés qui s’échappent parfois des éruptions et recouvrent les sols environnants.