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Une natalité en chute constante

Avec moins d’un enfant par femme (0,8), l’archipel canarien se situe dans le peloton de queue de la fécondité espagnole, selon une étude publiée par l’INE en 2023. Un résultat qui traduit une modification profonde de la démographie des Canaries qui, en seulement vingt ans, sont passées d’un statut de région plutôt nataliste affichant des résultats comparables aux chiffres européens à celui d’une communauté affichant ses pires données depuis le début des statistiques dans ce domaine, en 1941.

Selon les spécialistes, cette baisse de la natalité serait en grande partie due à de bas salaires et à un fort taux de chômage.

Et les chiffres concernant les décès et l’espérance de vie ne contribuent pas à améliorer le tableau. Enclenché en 2018, ce mouvement s’est poursuivi depuis. Avec un solde négatif entre naissances et décès s’élevant à près de 4 500 sur les années suivantes et atteignant près de 6 000 en 2023. Par ailleurs, son espérance de vie situe les Canaries dans le bas de l’échelle espagnole, seulement dépassés par les mauvais résultats de  Melilla et Ceuta. En 2022, les Canaries affichaient une espérance de vie maximale de 81,8 ans pour ceux qui naissaient en 2022, soit près de trois années de moins que dans la Communauté de Madrid et près de deux pour la Rioja, les deux communautés espagnoles ayant la plus grande espérance de vie. Pour analyser ce résultat, les spécialistes pointent sa situation sanitaire, l’une des moins bonnes d’Espagne, et son très fort taux de pauvreté. En 2023, l’indicateur européen (Arope, personne en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale) atteignait 33,8 %, en recul par rapport à 2022 (36,2 %) mais en hausse par rapport au chiffre évalué par Caritas en 2019 (29 %). Un élément continue toutefois à faire progresser la population canarienne, l’immigration qui contrebalance parfois la chute de la natalité. C’est le cas, par exemple, du sud de l’île de Tenerife qui présente de meilleures perspectives démographiques du fait de son activité économique. La population qui vient y travailler y est plus jeune, donc plus en âge de procréer et souvent issue de populations continuant à avoir plus d’enfants. Suivant la logique de cette donnée économique, c’est El Hierro qui est l’île la plus « vieille », suivie par La Palma et La Gomera. Les plus « jeunes » étant Lanzarote et Fuerteventura, plus prospères.

Femmes et jeunes en situation encore précaire

Si la présence des femmes sur le marché du travail a progressé de manière générale en Espagne en 2023, avec un taux d’emploi de  64, 1 % (contre 53,1 % en 2013 – Source Eurostat), ce pays reste le 2e européen en ce qui concerne l'importance du taux de chômage des femmes, avec un chiffre de 14,8 %, mais qui s’élève à 18,6 % pour les Canaries (2022). Au plan politique, le gouvernement de Pedro Sánchez a affiché un signal fort en comprenant plus de femmes que d’hommes (11 contre 6). Malheureusement, dans le même temps, l’Espagne a déploré de nombreux assassinats de femmes : 39 à la mi-octobre 2018 et près de 1 000, depuis que l’on a commencé à les comptabiliser en 2003. C’est pourquoi la Journée des femmes du 8 mars 2018 a été marquée par des manifestations sans précédent dans toute l’Espagne et auxquelles ont participé près de 30 000 personnes aux Canaries. Pour une journée qui s’est aussi voulue l’occasion de la première grève féministe. Cette colère s’est de nouveau manifestée en avril 2018, après la décision jugée laxiste du tribunal de Pampelune ne retenant pas l’accusation de viol, mais celle d’abus de faiblesse, après l’agression d’une jeune femme lors des Sanfermines de Pampelune. Aux Canaries, les femmes continuent aussi à manifester régulièrement lorsque des meurtres de femmes viennent endeuiller l’actualité.

S’agissant de la situation des jeunes, une étude publiée en 2018 par le Centre Reina Sofia pour les adolescents met en lumière une situation très préoccupante. Avec la Castille-la Manche et l’Estrémadure, l’archipel est l’une des communautés espagnoles qui se situent le plus loin des résultats moyens obtenus au niveau européen en matière de premier emploi et d’émancipation de la famille. Une situation qui pour les Canaries a empiré au cours des dernières années. Et qui comme dans le reste de l’Espagne a contribué à alimenter les mouvements successifs des milleuristas, jeunes diplômés déplorant de ne gagner que 1 000 € pour leur premier travail et des nimilleuristas, qui dans les années de crise ont signalé ne même pas les gagner.

Lorsque le 30 juin 2005, l’Espagne adopte la loi relative au mariage homosexuel, elle est alors le quatrième pays au monde à disposer d’une législation de ce type, après la Hollande, la Belgique et le Canada, mais le premier en ce qui concerne la possibilité d’adopter, également retenue dans la loi. En 2018, les mariages entre couples du même sexe se sont élevés à 4 726, soit 2,9 % des mariages. Sans connaître la même affluence que MADO (Madrid Orgullo), la marche des fiertés qui rassemble chaque année plus d’un million de personnes, la Gay Pride de Maspalomas en Grande Canarie s’est constitué une certaine notoriété en réunissant depuis 2004 plus de 100 000 personnes lors de sa parade de mai. Et en juin 2019, la 18e manifestation LGBTQ de Las Palmas de Grande Canaries a signifié aux divers partis politiques son souhait qu’aucune régression ne survienne dans ce domaine.

6e communauté pour les Erasmus

Forte décentralisation et importance de l’enseignement privé confessionnel sont les deux principales caractéristiques du système scolaire espagnol. Il repose sur 3 strates : l’éducation préscolaire, l’éducation scolaire et l’éducation universitaire. En conformité avec l’Espace européen d’éducation supérieure, le système d’enseignement supérieur espagnol est composé depuis 2007 de 3 niveaux, licence, master et doctorat. Comme dans le reste de l’Espagne, c’est la communauté qui est compétente en matière d’éducation jusqu’au supérieur. Ce dernier relevant de l’État. Les Canaries comptent deux universités, la plus ancienne, créée en 1927, est celle de La Laguna (ULL) à Tenerife et celle de Las Palmas de Grande Canarie (ULPGC), créée en 1989. 2012 a vu s’ouvrir la première institution privée d’éducation supérieure des Canaries, à La Orotava, Tenerife. Et pour l’anecdote, les Canaries ont été la première communauté à introduire l’éducation émotionnelle dans les collèges depuis 2014. Une matière qui aurait fait chuter l’abandon scolaire, fréquent aux Canaries.