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Toujours rêvé d'aller en Polynésie ? Vous y êtes !

Avant de zoomer sur le territoire en lui-même, précisons que la Nouvelle-Zélande est culturellement rattachée à un « territoire » plus vaste : la Polynésie. La Polynésie se compose de toutes les îles comprises dans ce qu'on appelle le « triangle polynésien », délimité par la Nouvelle-Zélande au sud, Hawaii au nord, et Rapa Nui (l'île de Pâques) à l'est.
Ce regroupement est contesté par les géographes depuis les années 1970 mais est toujours largement utilisé du fait de sa cohérence historique et culturelle. Il existe en effet de nombreux points communs dans les langues, les légendes, et les traditions des différents peuples polynésiens, et pour cause : il s'agit d'un seul et même peuple qui a, au fil de migrations dont les premières partirent visiblement de l'Asie du Sud-Est, colonisé l'ensemble des îles du triangle polynésien. Cette colonisation s'étant faite sur de longues périodes de temps, l'unité culturelle s'est fissurée au fil des migrations, chaque île ou archipel développant peu à peu les spécificités culturelles et linguistiques qu'on leur connaît aujourd'hui.

Le mythe des origines

D'une superficie totale de 268 680 km² - soit la superficie du Royaume-Uni ou la moitié de celle de la France, la Nouvelle-Zélande est composée de deux îles principales séparées par le détroit de Cook, et d'une myriade de petites îles.

Selon les légendes māori, l'île du Nord et l'île du Sud seraient respectivement « Te ika-a-Maui », « Le poisson de Maui » et « Te-waka-a-Maui », « Le waka de Maui ».

Maui est une figure centrale de la culture polynésienne. Dans la culture māori, c'est un demi-dieu (le même qu'on peut voir dans le dessin animé Vaiana, inspiré de légendes polynésiennes), et parmi les hauts faits qu'on lui attribue figure celui d'avoir un jour hissé un gigantesque poisson hors des eaux depuis son « waka » (embarcations traditionnelles polynésiennes). L'île du Nord est ainsi appelée « Te ika-a-Maui » en māori, « Le poisson de Maui » ; et l'île du Sud est « Te waka-a-Maui », « Le waka de Maui ». Maui était en mer avec deux de ses frères lors de sa pêche miraculeuse, et ceux-ci s'empressèrent de prélever des morceaux de chair du poisson, taillant les reliefs et vallées qu'on connaît aujourd'hui.

L'île du Sud est aussi communément appelée « Te Waipounamu », assemblage des mots « wai », « eau » et « pounamu », la pierre de jade, « Te Waipounamu » signifie « Les eaux de jade ».

30 kilomètres au sud de l'île du Sud, Steward Island serait, elle, « Te Punga-o-te-waka-a-Maui », la pierre d'ancre du waka de Maui. Un autre nom couramment utilisé est « Rakiura », habituellement traduit par « Les ciels étincelants », en référence aux aurores australes que l'on peut parfois y observer.

Les mystères du 8e continent

La véritable histoire des origines de la Nouvelle-Zélande est cependant un peu plus complexe. Mais surtout, encore mal connue.

Aotearoa fait partie d'un mystérieux huitième continent, immergé à 94 %, répondant au nom de Zealandia. Découvert en 2017, Zealandia fait à peu près la moitié de la taille de l'Australie, ses terres émergées principales sont la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. Les recherches à ce sujet sont récentes et toutes les questions n'ont pas encore trouvé leurs réponses.
Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est que Zealandia faisait partie du supercontinent Gondwana, unique continent de l'hémisphère Sud après la séparation de la Pangée. Zealandia commence à se séparer de Gondwana il y a environ 85 millions d'années, et il semblerait qu'à cette époque, le continent était majoritairement hors de l'eau. Mais les phénomènes géologiques amenant sa séparation de l'Australie vont provoquer un étirement et un amincissement considérable de sa croûte continentale.
Devenu trop frêle et trop léger pour supporter le poids de la mer de Tasman, tout nouvellement ouverte, Zealandia sombre. Totalement ? Pas sûr. Ce point fait débat dans la communauté scientifique. Si l'on pensait que le développement de la faune et de la flore si particulières de Nouvelle-Zélande datait d'une réémergence des terres au fil des 15 millions d'années suivant l'ouverture de la mer de Tasman, l'étude de fossiles couplée à celle de certaines espèces endémiques (dont l'emblématique kiwi) indique une évolution progressive et constante de ces espèces depuis les temps reculés de Gondwana, ce qui suggère qu'il y a toujours eu des zones émergées où ces espèces ont pu vivre et évoluer.
Il est possible que le continent ait été presque totalement submergé, à l'exception de petits îlots de vie où ces espèces auraient pu survivre pour ensuite recoloniser les grandes terres à leur sortie des eaux, et ce au même moment où une faune et une flore nouvelles se développaient. Ceci rentre cependant en contradiction avec l'absence totale de mammifères terrestres quand les humains sont arrivés : s'il y a toujours eu des terres hors de l'eau, pourquoi les mammifères n'ont-ils pas survécu ?

Zealandia recèle encore de nombreux mystères et ses secrets sont pour le moment bien gardés.

Les forces de la Terre

Une autre des particularités de Zealandia est d'être située à cheval entre deux plaques tectoniques : la plaque australienne et la plaque pacifique. La Nouvelle-Zélande se situe précisément à cette intersection, et c'est probablement ça qui l'a fait émerger des eaux. La surface du globe est composée de 15 grandes plaques tectoniques, constamment en mouvement. Deux plaques voisines sont soit divergentes (elles s'éloignent l'une de l'autre), soit convergentes (elles se rapprochent). Dans le cas de plaques convergentes, les plaques se rapprochent petit à petit jusqu'à entrer en collision. Dépendant de l'angle selon lequel les deux plaques se rencontrent, elles peuvent soit glisser l'une contre l'autre le long de ce que l'on appelle une faille transformante, ou entrer en collision frontale, auquel cas se produit alors ce qu'on appelle un phénomène de subduction, au cours duquel la plus dense des deux plaques plonge sous la seconde.

En Nouvelle-Zélande les deux phénomènes se produisent : sur l'île du Sud, le long de la faille alpine, les deux plaques glissent l'une contre l'autre, tandis que, à l'est de l'île du Nord, la collision est plus frontale et la plaque pacifique plonge sous la plaque australienne (l'une des théories avancées aujourd'hui est que c'est la naissance de cette zone de subduction qui aurait poussé la Nouvelle-Zélande hors des eaux).

Les zones de rencontre de deux plaques tectoniques sont le théâtre de manifestations géologiques intenses, et la bordure de la plaque pacifique en est un excellent exemple : semée de zones sismiques et volcaniques extrêmement actives, on la surnomme « the Pacific Ring of Fire », la « ceinture de feu du Pacifique ». Un autre « ring » auquel Aotearoa doit son identité somme toute, tant les paysages montagneux, volcaniques et géo-thermiques liés à cette activité tectonique sont légion.

Les conséquences en surface

Sur l'île du Nord, la proximité de la zone de subduction provoque une activité volcanique et géothermique intense. La plaque pacifique, en s'enfonçant sous la plaque australienne, rejoint le manteau de la Terre où elle se fond en magma qui remonte ensuite vers la surface via des fêlures ou faiblesses dans la croûte qui le surplombe. C'est ainsi que des volcans se créent et restent actifs tant que du magma se forme dans leurs profondeurs.

Le plateau central est dominé par le mont Ruapehu, un volcan actif culminant à 2 797 m d'altitude. Légèrement plus au nord, le lac Taupo est en fait un supervolcan – toujours actif – dont les dernières éruptions il y a 26 500 ans et 1 800 ans ont créé puis agrandi une caldeira (vaste dépression circulaire résultant d'une éruption qui vide la chambre magmatique) qui s'est peu à peu remplie d'eau pour former le lac que l'on connaît aujourd'hui. Au nord-est de Taupo, la ville de Rotorua est célèbre pour son odeur de soufre, ses fumerolles, ses geysers et ses sources chaudes, témoins plus pacifiques de l'activité volcanique. A l'ouest, le mont Taranaki, isolé au milieu des plaines, est un volcan, lui aussi toujours actif.
Au sud, la région de Wellington, traversée par deux failles sismiques majeures (la faille Wairarapa et la faille Wellington) est régulièrement secouée par des séismes : environ 300 par an. La plupart sont cependant si petits que nos sens humains ne nous permettent pas de les sentir.

Au nord, Auckland et la région de Northland sont moins touchées par ces phénomènes et le « far North », ou « winterless north » (le « nord lointain » ou « nord sans hiver »), est plutôt connu pour ses forêts primaires, son caractère paisible et son climat subtropical.

Sur l'île du Sud, la friction des deux plaques le long de la faille alpine a donné naissance aux Alpes du Sud où logent 18 sommets de plus de 3 000 m dont Aoraki (Mont Cook), le plus haut, culmine à 3 724 m d'altitude. Cette chaîne de montagnes parcourt l'île en son centre sur presque toute sa longueur, créant un genre de frontière naturelle entre l'est et l'ouest qu'on ne peut traverser qu'à certains endroits stratégiques.
A l'est, les plaines du Canterbury et les terres agricoles de l'Otago, dont Christchurch et Dunedin sont les villes principales.
A l'ouest, une côte rugueuse réputée pour ses fortes pluies, ses forêts primaires où se promènent d'importantes populations de kiwi, et ses glaciers dont les plus connus sont Fox et Franz Joseph.
Au sud, la région de Southland abrite le célèbre parc national de Fjordland, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

Si l'île du Sud est géologiquement moins active dû à des mouvements tectoniques moins violents, le risque de tremblements de terre lié aux pressions qui s'accumulent le long de la faille alpine reste bien présent, comme l'a douloureusement montré le séisme de Christchurch en 2011.

Plus récemment, l'éruption de Whakaari/White island (à l'est d'Auckland) en décembre 2019 nous rappelle qu'il convient de ne pas prendre à la légère les recommandations et appels à la prudence que les guides et centres d'informations vous prodigueront sur place.

Si l'on passe de l'autre côté du détroit de Foveaux, on arrive à Steward Island, « la 3e île de Nouvelle-Zélande ». D'une superficie de 1 746 m² , elle n'est habitée que par 400 personnes. Très populaire pour la randonnée et l'observation des oiseaux endémiques, moins menacés ici dû au faible nombre de prédateurs.

Si l'on sent un séisme dans cette région, il est probable que ce soit de nouveau lié à un phénomène de subduction ! En effet, dans cette zone les plaques australienne et pacifique entrent de nouveau en contact de manière plus conflictuelle, mais cette fois, c'est la plaque australienne qui passe sous la plaque pacifique. L'absence d'activité volcanique dans cette région semble cependant indiquer que cette zone de subduction est plus jeune que sa consœur sur l'île du Nord.