Jeune femme de l'éthnie Borona © hadynyah - iStockphoto.com.jpg
Enfants de l'ethnie Karo © hadynyah - iStockphoto.com.jpg

Une densité de population très élevée

Avec un taux de fécondité de 4,5 enfants par femme et un taux de croissance démographique de 2,5 %, l’Éthiopie est l’un des pays qui connaît la plus forte augmentation de population. C’est le second pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigeria, avec une haute densité de population de 110 habitants par kilomètre carré. La capitale, Addis-Abeba, héberge, selon une estimation mais sans que personne n’en soit sûr, environ 5,4 millions d’habitants, soit le triple de la population des années 1990. Elle s’est construite comme une ville champignon de manière anarchique et continue de déployer de nouveaux quartiers tentaculaires. Le taux de fécondité dans le pays est d’environ 4 enfants par femme, l’espérance de vie de 68 ans. La population est très jeune, l’âge médian est de 19 ans, mais aussi très pauvre (environ un tiers vit sous le seuil de pauvreté). Chez les jeunes de 15 à 24 ans, 63 % des garçons savent lire et écrire contre seulement 47 % des filles.

Des langues aussi multiples que les ethnies

La majeure partie des langues et des multiples dialectes parlés sur le territoire appartient à l’une de ces trois branches de la famille linguistique afro-asiatique : sémitique, couchitique et omotique. Les Éthiopiens actuels s’apparentent à la famille couchitique et ethio-sémitiques en majorité. Ils s’appellent « Habesha », dérivant de « al-Habasha, qui signifie Abyssinie en arabe. Une très petite minorité est d’origine nilotique dans l’ouest vers Gambela, à la frontière du Sud-Soudan. La langue éthiopienne classique, le guèze, est une langue purement sémitique apparentée à l’arabe, à l’hébreu et à l’araméen. Elle a disparu de l’usage parlé aux alentours du Xe siècle (entre 900 et 1200, selon les spécialistes), mais s’est maintenue comme langue savante et littéraire jusqu’au XIXe siècle et demeure encore aujourd’hui la langue liturgique de l’Église éthiopienne.

Un alphabet propre au pays

L’Éthiopie a subi des influences sémitiques extrêmement profondes. C’est en conséquence le seul pays africain disposant d’un alphabet propre, base de l’amharique moderne. D’abord empruntée à l’alphabet arabique qui notait seulement les consonnes sans les voyelles, l’écriture éthiopienne se modifia pour devenir un syllabaire. Il existe trente-quatre caractères de base (vingt-six classiques, plus six apparus avec l’évolution de la langue), dont chacun représente une syllabe. Il n’y a pas de voyelles, mais des modifications dans la forme des caractères marquent les vocalisations. Chaque caractère possédant sept vocalisations, l’apprentissage de l’amharique nécessite, pour la lecture et l’écriture, la mémorisation de deux cent trente-huit signes, sans compter quelques combinaisons supplémentaires pour les diphtongues comme le « wa »… Si l’on ajoute que notre écriture est incapable de traduire correctement les sons de l’éthiopien, que de nombreuses sonorités sont extrêmement proches et que certaines autres semblent au premier abord imprononçables, la tâche s’annonce ardue. Pourtant, la maîtrise par un étranger de quelques mots et phrases basiques est vivement appréciée par les Éthiopiens. Les contacts spontanés se multiplient, et l’accueil s’en trouve d’autant plus souriant et chaleureux.

Les ethnies sémitiques

Le tigrinya, parlé dans le nord du pays et en Érythrée, est la langue sémitique la plus pure, tandis que l’amharique, qui s’est imposé comme langue officielle, est fortement teinté de couchitique. Il en est de même pour les idiomes guragé et harari, enclaves sémitiques en pays oromo, qui ont absorbé au fil du temps nombre de traits couchitiques. Les Amhara sont environ 20 millions en Éthiopie, mais comptent une grande diaspora aux États-Unis d’environ 200 000 personnes. Ils habitent dans les région nord et centre de l’Éthiopie, à Addis-Abeba, autour de Lalibela, Gondar, Bahar Dar, mais on en compte aussi beaucoup en Érythrée voisine, car historiquement ils ont fondé la dynastie des rois Salomon de l’Empire éthiopien qui était centré à Axoum tout au nord à la frontière des deux pays. C’est un groupe éthio-sémitique.
Les Tigréens habitent dans la région éponyme. Comme leur voisin, ils sont religieux et leur mode de vie suit les préceptes du christianisme orthodoxe. La famine des années 1983-1985 a causé près de 1,2 million de morts surtout dans cette région. La guerre récente au Tigré (2021-2023) a causé près de 600 000 morts mais la famine qui a suivi n’a pas encore fini de faire des victimes et les chiffres ne sont pas établis à ce jour.

Les ethnies couchitiques

Les Oromo, majoritaires en Éthiopie, sont environ 40 millions, un vrai pays dans le pays ! C’est l’une des ethnies couchitiques les plus anciennes de la Corne d’Afrique. Ils sont installés vers le lac Chamo et les montagnes du Balé depuis plus de sept mille ans. La région oromia est située au centre du pays, mais on recense aussi des Oromo dans les régions du Wollo et du Tigré, ainsi qu’au Kenya. L’oromifa, utilisant l’alphabet latin, est la langue couchitique dominante. Outre les Oromo, les Afar, les Sidamo et les Somali représentent les groupes couchitiques les plus larges. Ces derniers forment un peuple couchitique qui pratique un islam sunnite principalement en Somalie (9 millions) dans le Somaliland (5,7 millions) et en Éthiopie (4,6 millions). Ils ont migré de la péninsule arabique et sont présents dans la Corne de l’Afrique depuis près de sept mille ans.
Les Borana, Konso, Dizi, Dassanetch, Arboré, Hamer et Tsamay dans le Sud, mais aussi les Agaw, isolés au Nord en pays sémitique, sont aussi des ethnies d’origine couchitique.

Les ethnies omotiques

Affiliées au groupe couchitique, les ethnies omotiques, probablement répandues sur un plus vaste territoire avant l’expansion oromo, se concentrent aujourd’hui le long de la vallée de l’Omo, comme l’indique leur nom. Elles regroupent une multitude de peuples parlant des idiomes et dialectes distincts, parmi lesquels les Bana, Ari, Muguji et Karo, qui ne comptent aujourd’hui que quelque 1 500 individus.

Le groupe nilotique

Les groupes des Anuak, Nuer et Surma, principalement concentrés le long de la frontière soudanaise, parlent des langues nilotiques qui se rattachent à l’ensemble linguistique nilo-saharien. Dans la vallée de l’Omo, on peut citer les Nyagatom, Bodi et Tishana et la tribu Mursi, qui ne compte par exemple que 15 000 membres.