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L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Pointe-à-Pitre. shutterstock - Filip Fuxa.jpg

Une chrétienté très marquée

La religion chrétienne est pratiquement omniprésente. Lors de leur découverte de l’archipel, les Européens ont converti au catholicisme les esclaves venus d’Afrique. Cette religion a, au fil des décennies, évolué. Les esclaves y ont en effet intégré des éléments issus de leur culture africaine, donnant lieu à l’intégration de nombreuses croyances populaires dans la religion.

Le grand nombre d’églises témoigne de la place occupée par la religion catholique et de la foi des Guadeloupéens. On compte une église dans chaque commune et également deux cathédrales, l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Pointe-à-Pitre et Notre-Dame-de-Guadeloupe à Basse-Terre. La messe dominicale est fréquentée et donne l’occasion de sortir bijoux et beaux vêtements.

Chaque enterrement rassemble toute la commune. Les avis d'obsèques sont diffusés sur des radios locales quotidiennement. Lors de la disparition d'un proche, une veillée funèbre est organisée dans la maison du défunt. Chacun peut venir lui rendre hommage autour d'un verre et d’un en-cas. À la Toussaint, tous les cimetières sont illuminés. Toute fête patronale fait l’objet d’une célébration avec pèlerinages et processions.

La diversité du culte ne se limite pas au catholicisme, aux pratiques vaudou ou à l'animisme : les Témoins de Jéhovah, les évangélistes, les adventistes du septième jour, les rastas et d’autres encore disposent de belles audiences. Les hindous ont, quant à eux, conservé leurs rites.

La mort en fête

Une semaine avant la Toussaint, les tombes sont nettoyées, repeintes et fleuries. Les cimetières sont tous illuminés dès la tombée de la nuit. Celui de Morne-à-l'Eau, implanté en escalier et en carrelage à damier noir et blanc et celui de Port-Louis aux sépultures de terre battue décorées de lambis en forme de baignoire, sont les plus pittoresques. Il faut faire la fête avec les aïeux et tenir toute la nuit avec l'aide du Saint-Esprit, sans oublier le pique-nique et le rhum. L'ambiance n'est pas du tout morose comme dans l'hexagone. Le 2 novembre, fête des Morts, est un jour férié aux Antilles. Le soir venu, toutes ces petites bougies attirent bien sûr des photographes. Demandez l’autorisation avant de faire des photos ! La mort se fête avec les conteurs pour les familles traditionnelles. Ils sont de véritables « marqueurs de parole », exorciseurs de la dualité païenne et chrétienne. La tradition de la veillée funèbre à la maison est toujours d'actualité en Guadeloupe même si les entreprises de service funèbre sont bien présentes. À l’intérieur de la maison, le défunt est entouré de sa famille et des voisins ; à l’extérieur, les amis arrivent les uns après les autres pour accompagner l’âme du mort en buvant un verre. Lorsqu'il est présent, le conteur récite des fables, seulement interrompues par des chants accompagnés par le gro ka ou gwo ka (tambour africain). Compère Lapin y côtoie bœufs, cochons et éléphants. La vie se reconstruit ainsi, avec des histoires gaies, des gestes excessifs et même des rires.

Croyances et traditions

Reflets de l’histoire et des composantes diverses de la population, les croyances et superstitions guadeloupéennes sont teintées de l'esprit haïtien, et notamment influencées par le rite vaudou. Ce ne sont pas des choses dont on parle facilement, mais elles existent. Les Antillais disent souvent qu’ils ne sont pas au courant, ou écartent les questions embarrassantes en parlant d’histoire ancienne. C'est finalement dans la littérature de l'île que l'on trouve le plus de révélations. Ernest Pépin, célèbre auteur, évoque souvent dans ces livres l'univers des soucougnans, êtres humains capables de voler (Toxic Island), dorlis, des malins qui abusent des femmes pendant leur sommeil (L'homme au bâton), bêtes à Bon Dieu et autres diablesses (L'Envers du décor), tous mus de pouvoirs spirituels qui font chavirer le commun des mortels. Les maisons hantées, la nature luxuriante et la nuit précoce participent à ces forces surnaturelles. Beaucoup croient à l'existence d'esprits bienveillants ou malveillants, que l'on peut convoquer avec l'intention de faire le bien ou de nuire.

Les quimboiseurs

Très populaires aux Antilles, ce sont des personnages que l'on consulte comme une voyante ou un marabout, et qui interviennent dans la vie sociale. Encore aujourd'hui, on va voir le gadèd zafé, ou diseur de bonne aventure, pour comprendre et déjouer les mauvaises fortunes, chasser la maladie, et attirer l'amour, l'argent ou la réussite. L'usage du quimbois est plus trouble puisqu'il peut s'agir d'ingurgiter un philtre à base de végétaux et de rhum (coud'zeb), un breuvage censé agir sur la réalité. Les quimbois sont le plus souvent des petits paquets composés d'objets divers portant des inscriptions, d'ingrédients, d'animaux morts qui sont censés envoûter celui ou celle à qui il est destiné.

Les guérisseurs

Si les z’esprits et les zombis influencent la société antillaise, ce sont bien les guérisseurs qui ont le pouvoir. Ils connaissent le maniement des plantes curatives, raclent l'écorce des arbres tropicaux, concoctent des poudres médicinales avec les feuilles de corossol... Certains utilisent les techniques des rebouteux, pratiquent les massages, replacent les os. Ils n'ont pas pignon sur rue, et vous n'aurez pas leurs adresses si facilement, mais cette pratique des soins naturels est bien ancrée dans la mentalité antillaise.

Les traditions festives et les commémorations

Ces croyances multiples induisent une philosophie du temps présent, sorte de carpe diem local qui consiste à profiter de l’instant puisque le bonheur, éphémère par essence, peut être interrompu de mille façons. Il faut donc vivre intensément et célébrer les occasions de se réunir. Et elles ne manquent pas : veillées mortuaires ou culturelles, soirées lewoz et gwoka, Carnaval, fêtes de Noël, Mardi gras, Pâques, mais aussi combats de coqs, boeufs-tirants, fêtes patronales, événements associatifs comme les déjeuners champêtres le dimanche...

Le mouvement rastafari

Ce mouvement, né dans les années 1920 en Jamaïque, très développé dans les îles anglophones, a atteint la Guadeloupe à partir des années 1970. Il induit un mode de vie et une philosophie basés sur des croyances religieuses fortes : végétarisme, autosuffisance, vie en harmonie avec la nature… Cette communauté est présente par petits groupes en Guadeloupe.