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La géologie du Kenya en bref

Le Kenya, comme tous ses voisins d’Afrique orientale, se trouve situé sur l’une des grandes fractures de l’écorce terrestre. Le lent ballet des plaques tectoniques à la surface de la Terre produit des zones de frottement, lieux privilégiés d’une intense activité sismique. Ces nombreux séismes engendrent des failles. Il en existe trois types : les failles inverses (ou chevauchement), qui créent des chaînes de montagnes, les failles horizontales (ou décrochement), qui déplacent des reliefs existants, et, enfin, les failles dites normales qui créent des fossés d’effondrement également appelés rifts.
Le relief spectaculaire qui caractérise le Kenya est issu de sa situation spécifique au cœur de l’activité tectonique : le pays se situe en effet sur la ligne de rencontre entre la plaque africaine et la plaque dite somalienne, qui couvre l’ouest de l’océan Indien. La zone de fissure entre ces deux plaques constitue un rift (une faille) important, la vallée du Rift, une zone endoréique. Outre cette dernière, qui s’étend sur plus de 6 500 km entre la mer Rouge au nord et le Mozambique au sud, les mouvements tectoniques répétés ont été la source d’un relief tourmenté et d’un important volcanisme.
La formation des hautes terres orientales du pays, où se trouve la capitale, Nairobi, et des hautes terres occidentales, qui descendent vers le lac Victoria, tire son origine des chocs des plaques, qui ont provoqué des écoulements de lave (essentiellement du basalte). Ces derniers ont peu à peu formé de vastes plateaux, dominés par des escarpements vertigineux. De nombreux cônes volcaniques se sont édifiés et sont encore visibles aujourd’hui : le mont Elgon, le Menengai, le Longonot ou encore le mont Kenya et le célèbre Kilimandjaro, emblématique de la région.
Le fond du Rift, constitue une zone de paliers, qui s’élèvent du lac Turkana (qui s’étire au nord sur 250 km de long et 40 km de large, jusqu’à la frontière éthiopienne) au lac Naivasha (région centrale), en passant par les lacs Bogoria, Baringo, Nakuru, et Elementaita, avant de redescendre vers les lacs Magadi et Natron, à la frontière tanzanienne. De récents volcans y ont fait leur apparition (Suswa, Longonot, Menengai).
C’est cette histoire géomorphologique qui a façonné le relief actuel du Kenya et, indirectement, son climat. Le relief a en effet une influence considérable sur les précipitations. Cela explique en grande partie que cette région, située en pleine zone tropicale, soit moins chaude, plus sèche et donc moins boisée que les autres régions situées aux mêmes latitudes, notamment en Afrique occidentale.

Une faille qui divise

Et si l’Afrique était en train de se diviser en deux ? C’est ce qui est évoqué en 2018, lorsqu’une faille impressionnante de 20 km de long, jusqu'à 20 mètres de large et 50 mètres de profondeur, surgit à Mai Mahiu, au sud-ouest du Kenya. Cette plaie continentale soudainement apparue divise alors la communauté scientifique. Certains évoquant les prémisses de la séparation du continent. L’Afrique ne serait-elle pas en train de se fractionner, entre la plaque nubienne et la plaque somalienne, à l'est du continent ? Cette interprétation immédiate est vite balayée. La faille n’est alors pas d’origine tectonique et n’a rien à voir avec la faille est-africaine.Il s’agit finalement d’un affaissement du sol érodé par de fortes pluies, dans un contexte de nombreuses secousses sismiques et glissements de terrain. L’activité volcanique de la région n’en reste pas moins surveillée par les géologues du monde entier, car au niveau de la vallée du Grand Rift, inexorablement, la plaque tectonique africaine continue doucement de se séparer de la plaque somalienne. Un phénomène géologique qui s'étend de la mer Rouge au Zambèze, sur plus de 6 000 km et 40 à 60 km de largeur. La vallée kényane du Grand Rift pourrait alors devenir, dans 50 millions d’années, un vaste océan.

Ensembles géographiques

On peut distinguer cinq grandes zones géographiques au Kenya. Chacune ayant des paysages, une végétation et un climat qui lui sont propres : la ceinture côtière, les hautes terres centrales coupées en deux par la vallée du Rift, l’ouest et, enfin, le nord et l’est du pays.

La ceinture côtière. Sur environ 500 km, entre la Somalie et la Tanzanie s’étendent des plages de sable fin, protégées par leurs récifs de corail. A l’extrême nord, un chapelet d’îles borde la côte, les principales sont Manda, Pate et Lamu. La plaine côtière, interrompue par les estuaires de la Tana (principal cours d’eau du pays) et de la Galana, est une zone assez fertile, surplombée par le plateau central qui s’élève rapidement, laissant la place au désert et à la savane arborée.

Les habitants, en majorité des Swahili, cultivent le manioc, le bananier, le sisal, la canne à sucre ainsi que le cocotier ou des arbres fruitiers. Cette étroite bande de terre bénéficie d’un climat relativement chaud et humide, assez loin tout de même d’un véritable climat équatorial, puisque les précipitations (concentrées entre mars et mai) dépassent rarement les 1 000 mm par an. La chaleur atténuée par les alizés de l’océan Indien permet à la ceinture côtière de bénéficier de températures agréables tout au long de l’année.

Les hautes terres centrales. Elles se situent de part et d’autre de la grande fosse du Rift. C’est une région très montagneuse qui inclut le mont Kenya (5 199 m) et le massif des Aberdares (4 000 m) du côté est et l’escarpement de Mau (3 100 m) et les Cherangana Hills (3 500 m) du côté ouest. Les hautes terres bénéficient de précipitations importantes et sont cultivées intensément par les Kikuyu ainsi que par les Meru et les Embu. Elles connaissent un climat subtropical d’altitude, caractérisé par deux saisons des pluies bien marquées (en novembre et de mai à août) et des températures agréables, parfois même fraîches en altitude (autour de 0 °C à 3 000 m d’altitude en soirée).

La vallée du Rift. La vallée du Rift, immense fosse installée dans la jonction des plaques tectoniques africaine et somalienne, et qui s’étire de la mer Rouge au Zambèze, passe au Kenya au milieu des hautes terres et s’étend sur toute la longueur du pays, depuis le lac Magadi au sud jusqu’au lac Turkana au nord. Le fond de cette vaste dépression est occupé par une série de lacs peu profonds qui attirent des centaines d’espèces d’oiseaux et offrent un spectacle ornithologique unique au monde.

L’activité volcanique, toujours latente (nombreux geysers et sources chaudes), a couvert le sol de cendres volcaniques riches en soude qui, peu à peu, ont été entraînées dans certains lacs. Ainsi, les lacs Magadi, Bogoria, Elmenteita et Nakuru ont des eaux particulièrement alcalines favorisant le développement d’algues dont se nourrissent des milliers de flamants roses. Au contraire, les lacs Baringo, Naïvasha et Turkana contiennent une eau fraîche et donc riche en poissons. La vallée du Rift, trop protégée et en contrebas des reliefs, souffre d’un effet de fœhn, ou effet de föhn : les saisons sèches y sont plus marquées et les précipitations (novembre, d’avril à mai) plus faibles. Cela explique le caractère semi-désertique, voire désertique, des zones les plus au sud et au nord, dans lesquelles vivent des peuples semi-nomades et pasteurs tels que les Turkana.

L’ouest. Cette région est constituée d’un plateau vallonné qui s’étend le long de la frontière avec l’Ouganda (interrompu seulement par la masse énorme du mont Elgon, 4 321 m) et s’achève sur les rives du lac Victoria. Pays des Luo (troisième ethnie du Kenya), cette région est bien irriguée et très fertile : on y pratique une agriculture intensive (thé, canne à sucre...). Le lac Victoria s’introduit par la faille de Kano sur une profondeur de 80 km formant ainsi le golfe de Winam, au fond duquel se trouve la ville de Kisumu. La partie plus au sud vers la Tanzanie souffre régulièrement de sécheresse et les collines verdoyantes cèdent la place à la savane. Le plateau de l’Ouest est chaud et humide. Il recueille les bénéfices du flux ouest équatorial humide du Congo, de la présence de l’énorme masse d’eau du lac Victoria et de l’altitude. Cela lui permet d’être la région recevant les précipitations les plus importantes (partout plus de 1 000 mm par an) et les plus régulières (il pleut tout au long de l’année, le plus souvent le soir). L'Ouest est le domaine des cultures du thé, du café et de l'horticulture.

Le nord et l’est. Le nord du Kenya est occupé par de vastes plaines intérieures arides. Leur monotonie est rompue par le lac Turkana (6 405 km²), au nord de la vallée du Rift, et par de nombreux cônes volcaniques. Seul le massif de Marsabit bénéficie d’une humidité importante. La partie Est du pays consiste en un plateau sec et ingrat qui descend de 1 300 m à 300 m et se prolonge au sud-est jusqu’à la plaine côtière. Il est parsemé d’inselbergs (collines isolées au milieu de plaines) dont les étonnantes Taïta Hills (2 208 m) et Chyulu Hills. Ces deux régions couvrent près des deux tiers du pays avec, en alternance, la brousse et le désert (le désert de Chalbi tout au nord est la zone la plus aride du Kenya). Seul l’élevage de quelques espèces, comme les dromadaires ou les chèvres, y est possible. Cette zone souffre en fait de phénomènes de subsidence et de divergence des vents qui limitent les précipitations (pas plus de 250 mm ou 300 mm par an). Les pluies sont donc rares mais très violentes (novembre est le mois le plus humide). Après un gros orage, les nombreux luggas (lits de rivières asséchés) se transforment en véritables torrents de boue et de sable. Les tribus vivant dans ces contrées (les Samburu, les Turkana, les Rendille, les Gabbra, les El Molo et les Boran) sont pour la plupart des pasteurs nomades. La limitation des contacts avec le monde moderne leur a permis de conserver jusqu’à aujourd’hui une grande part de leurs traditions et de leur mode de vie séculaire.

Une nature grandiose et variée

Le Kenya offre à peu près toute la gamme de paysages que l’on pourrait attendre d’un pays africain : savanes, forêts équatoriales, hauts plateaux, déserts et semi-déserts, immenses plages de sable fin aux eaux turquoise, cocoteraies... Des montagnes à l’immense dépression de la vallée du Rift, en passant par la silhouette charismatique du Kilimandjaro et la côte de l’océan Indien, les voyageurs seront fascinés par quantité de paysages grandioses et saisissants. Comme l’habitat humain est d’une densité relativement faible et que cette nature bénéficie encore d’une vie sauvage riche, diversifiée, et pleine de surprises, le Kenya est définitivement une destination pour les amateurs de grands espaces. Nous avons mentionné le relief, mais les couleurs et les lumières qui s’y étalent sont tout aussi étonnantes, de même que la flore qui varie fortement d’une région à l’autre, ainsi que la profondeur des ciels, dont nos yeux ne se lassent pas.