Guide du Mali : Histoire

Le Mali tire son nom du prestigieux empire fondé par Soundjata Keita au Moyen Age. Le pays a connu un peuplement ancien et une vie culturelle intense dès le Ve millénaire avant notre ère. Les gravures rupestres de l'Adrar des Ifoghas attestent l'ancienneté de ce peuplement. L'homme est quasiment présent sur toute l'étendue du territoire du Mali dès la fin du paléolithique inférieur (outils, bifaces...). La vallée du Tilemsi a vu naître l'homme d'Asselar (4 500 avant J.-C.). Le Mali a connu aussi la révolution du néolithique et le développement des premiers foyers de la céramique. Au IIIe millénaire avant notre ère, on assiste au peuplement du delta intérieur du Niger. C'est au cours de ce millénaire que naît et se développe la ville de Djenné.
Situé au coeur de la partie occidentale du continent africain, trait d'union entre l'Afrique noire et le monde arabe, ce pays a vu naître un grand nombre de royaumes et d'empires prodigieux. Il connaît son apogée vers les XIVe et XVe siècles. Il est alors le berceau d'une des plus brillantes civilisations d'Afrique. Mais son développement est arrêté, notamment en raison du déplacement des populations causé par la traite du " bois d'ébène ", par le déplacement du trafic saharien au profit du trafic côtier initié par les Européens, puis par le traumatisme de la colonisation.
Il faut noter que le Mali, dans ses frontières actuelles, ne correspond pas aux aires qu'a pu occuper le Mali historique : c'est tout l'art du colonisateur d'avoir su dépecer les Etats afin de mieux pouvoir les contrôler. Ainsi, le Soudan français comptait 1 515 000 km2 contre 1 240 000 km2 pour le Mali moderne.

Chronologie

Les empires

750-1240 > empire du Ghana.

XIIIe siècle > début de l'empire de Mali qui comprend les actuels Mali, Sénégal, Mauritanie, Guinée, Gambie.

1325 > un architecte, originaire de Grenade, construit la mosquée de Djingareiber à Tombouctou.

1464-1591 > l'empire de Songhaï règne en maître sur le territoire.

Epoque moderne

XVIe - XIXe > une mosaïque de petits Etats se succèdent (les royaumes Bambara de Ségou et du Kaarta, l'Empire peul du Macina, l'Empire toucouleur...). La pratique de l'esclavage se développe. Les Bambara comme les Dogon sont victimes de la guerre sainte menée par le chef musulman El Hadj Oumar Tall.

La colonisation

1857 > siège du fort de Médine. Le colonel Faidherbe progresse dans la vallée du Sénégal et rencontre la résistance menée par El Hadj Oumar Tall.

1890 > création du Soudan français.

1892 > Kayes devient la capitale du Soudan français.

1895 > la colonie est intégrée à l'Afrique occidentale française.

1er mai 1898 > l'armée coloniale française prend Sikasso.

Septembre 1898 > capture par l'armée française de Samory Touré, figure de la résistance africaine.

1900 > fin de la pénétration coloniale au Mali.

1904 > le Soudan français est intégré à la colonie du Haut Sénégal-Niger. Inauguration de la ligne de chemin de fer Dakar-Niger destinée à transporter les marchandises vers le port de Dakar.

1920 > création de la Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso). Le territoire restant prend le nom de Soudan français avec Bamako pour capitale.

1945 > Fily Dabo Sissoko est élu député au parlement français.

1946 > création à Bamako du Rassemblement démocratique africain. La section soudanaise est dirigée par Modibo Keita.

De l'indépendance à nos jours

1958 > la République soudanaise est créée au sein de la Communauté française à l'issue d'un référendum approuvé à 97 % par les électeurs du Soudan.

17 janvier 1959 > création de la Fédération du Mali formée du Sénégal et de la République soudanaise.

20 juin 1960 > la Fédération du Mali obtient son indépendance.

22 septembre 1960 > la Fédération du Mali éclate. Modibo Keita proclame l'indépendance de la République soudanaise sous le nom de République du Mali. Modibo Keita est nommé président du pays. Adoption d'une constitution.

30 juin 1962 > le Mali quitte la Zone franc. Création du franc malien.

13 mai 1964 > réélection de Modibo Keita.

19 novembre 1968 > coup d'Etat militaire. Modibo Keita est renversé par le lieutenant Moussa Traoré.

6 décembre 1968 > la Constitution est abrogée, remplacée par une loi fondamentale.

19 septembre 1969 > Moussa Traoré devient président du gouvernement provisoire.

1974-1975 > premier conflit frontalier avec le Burkina Faso.

2 juin 1974 > référendum pour une nouvelle Constitution.

19 juin 1979 > élections présidentielle et législatives. Moussa Traoré devient président de la République.

8 mars 1980 > les étudiants manifestent.

1er juin 1984 > intégration dans l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Le franc CFA remplace le franc malien.

9 juin 1985 > élections présidentielles et législatives. Moussa Traoré est réélu président.

Décembre 1985 > second conflit frontalier avec le Burkina Faso.

Octobre-décembre 1990 > affrontements avec les Touareg.

6 janvier 1990 > un accord de paix est signé avec les Touareg.

26 mars 1991 > coup d'Etat militaire. Les forces armées créent un conseil de réconciliation nationale sous la conduite du lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré.

12 janvier 1992 > le multipartisme et le système présidentiel sont instaurés par référendum.

26 avril 1992 > élections présidentielles. Alpha Oumar Konaré devient président de la République.

1994-1995 > les affrontements avec les Touareg reprennent.

26 mars 1996 > cérémonie des " flammes de la paix ". 3 000 armes de rebelles touareg sont brûlées.

17 mai 1997 > élections présidentielles. Alpha Oumar Konaré est réélu.

2 mai 1999 > élections communales dans quatre régions du Mali.

21 novembre 2000 > le président lance la politique de décentralisation.

2 décembre 2000 > création d'un Haut-Conseil de lutte contre le sida dont le président est Alpha Oumar Konaré.

16 janvier 2002 > création d'un Haut Conseil islamique du Mali destiné à représenter les musulmans maliens face aux autorités.

12 mai 2002 > élections présidentielles. Amadou Toumani Touré, candidat de l'opposition, devient président du Mali.

14 et 28 juillet 2002 > élections législatives. Le RPM (Rassemblement pour le Mali) l'emporte.

16 octobre 2002 > après de longues tractations, un gouvernement d'union nationale est formé.

18 au 22 avril 2005 > la 9e session de l'Assemblée paritaire européenne - pays ACP se tient à Bamako. Les pays africains demandent l'annulation de la dette.

Décembre 2005 > le 23e sommet Afrique-France se tient à Bamako. Jacques Chirac se rend au Mali pour y rencontrer les chefs d'Etat africains. Le président français s'adresse à la jeunesse en mal d'avenir, évoque le problème de l'immigration et les difficultés qu'entraîne la mondialisation en Afrique, mais surtout la délicate question de la crise en Côte d'Ivoire.

19 au 23 janvier 2006 > Forum social mondial de Bamako, rassemblement altermondialiste. Une première en Afrique.

26 mai 2006 > la région de Kidal est occupée par l'est.

4 juillet 2006 > signature des accords d'Alger qui mettent fin à la situation insurrectionnelle qui règne au nord du Mali.

2007 > Amadou Toumani Touré est réélu président au premier tour avec 71,2 % des suffrages exprimés.

15 avril 2008 > le " plan d'opération riz ", d'un coût de 45 milliards FCFA, est lancé par le gouvernement suite à la forte hausse des prix des céréales.

22 septembre 2010 > fête du cinquantenaire de l'Indépendance du Mali.

2012 > élections présidentielles.

L’Empire du Ghana

L'histoire de l'Empire soninké commence en Egypte, il y a cinq mille ans. Dinga Khoré, descendant des premiers pharaons, se voyant interdire l'accès au trône, décide de se rebeller. Mais son armée est défaite à la bataille de Souan (Assouan). Il est alors contraint de s'exiler. Son voyage l'amènera jusqu'en Afrique de l'Ouest. Il y lève une nouvelle armée et repart à la conquête du trône perdu, tandis que six de ses enfants seraient retournés s'établir en Afrique occidentale. L'un d'eux, Diabé Cissé est le fondateur du premier royaume du Wagadou. Après une terrible guerre qui l'oppose au Kakolo, établis de longue date, il en fait ses alliés militaires. Il fonde alors le premier empire connu en Afrique de l'Ouest, le Ghana, connu aussi sous le nom de " Bled es-Soudan " (Pays des Noirs), ou Ghanata (Pays des héros de guerre), situé entre le Sénégal et le Niger. Il est ensuite gouverné par ceux qu'on désigne comme les " Tounka " (empereurs), dont les plus célèbres sont Tounka Ménin et Tounka Bessi. La capitale de l'empire du Ghana était Koumbi Saleh, située actuellement dans les sables du sud mauritanien. Sa force militaire est fondée sur une cavalerie d'une puissance redoutable qui assure la sécurité des hommes et des biens ainsi que celle des routes commerciales et du transport fluvial. Sa principale richesse, l'or, est très tôt à l'origine d'une intense activité commerciale entre les métropoles Koumbi, Oualata, Aoudaghost, Sidjilmassa et le bassin de la mer Méditerranée. L'or est en effet échangé contre la laine, la soie, les bijoux de cuivre et de perles, les dattes, les figues et les barres de sel.
Les monarques du Ghana sont d'abord animistes. La capitale est protégée par un totem, un grand serpent, le Ouagadou-Bida, ancêtre de l'empereur et génie protecteur des Soninké, qui exigeait chaque année le sacrifice d'une jeune femme. Mais ils demeurent réceptifs à l'islam qui est la religion de la majorité des commerçants avec qui ils traitent.
Au cours de l'année de la fondation de Kairouan, en Tunisie (vers 670), Ibn ben Nafi, chef du Djihad, dépêche auprès de Mami Khoré l'Ancien, empereur du Ghana, une délégation chargée de l'enjoindre de se convertir à l'Islam. Mami refuse, mais envoie en signe d'amitié plusieurs milliers de fantassins et de cavaliers qui vont grossir les rangs de l'armée islamique.
Ces guerriers accompagneront l'avancée musulmane jusqu'à Poitiers où Charles Martel arrête leur conquête en 732. Leur séjour dans cette région est attesté par la présence, dans la région du Poitou, de patronymes authentiquement soninké et wolof (Berthé, Cissé, Faye, Guissé, Koné, Sacko).
A la suite de cette défaite, le chef des Omeyyades siégeant à Damas, capitale de l'Empire islamique, lancera une expédition pour rafler l'or du Ghana. C'est la première guerre sainte que le Wagadou repoussa. Sous la pression musulmane et compte tenu du nombre de conversions, l'empereur, le kayamaga, permet aux membres des grandes familles du pays d'embrasser la nouvelle religion (ceux-ci perdaient néanmoins en même temps toute chance d'accéder à des fonctions politiques importantes). Face à l'arrogance et à l'intolérance des premiers musulmans de l'empire, l'empereur ordonne la traduction du Coran en soninké, afin, dit-il, d'éviter toute acculturation de la jeunesse. Il se déclare dans le même temps le chef de tous les cultes (animiste et musulman).
Les animistes soninké et les arabo-berbères musulmans cohabitent ainsi pacifiquement, jusqu'à ce que, en dépit des signes d'ouverture de l'empereur, vers 950, éclate la révolte des princes, musulmans exclus de l'exercice du pouvoir, suivie vers 1040 par la deuxième guerre sainte affectant le Ghana : la guerre des Almoravides (peuple berbère et musulman) qui bénéficie du soutien des princes rebelles (dont un certain nombre sont des métis nés de mariages entre Soninké, Berbères, Peuls, Songhaï et Arabes). Les Almoravides s'emparent de la capitale en 1076. Il résulte de cette instabilité un exode massif de populations soninké, peules et kakolo vers d'autres régions. Après trente ans de massacres et de pillages, les Almoravides qui avaient comme objectif l'islamisation du Ghana, sont rejetés.
Le pays connaît alors un nouvel essor. Il s'étend de l'Atlantique, à l'actuel Nigéria et du nord de la Côte d'Ivoire jusqu'au Sahara. Des écrits d'historiens et de géographes arabes datant du XIe siècle font état de l'immense richesse et de la qualité de l'organisation de l'empire malgré son étendue ; c'est un empire centralisé qui s'appuie sur de petits Etats (vassaux) stables. Grâce au contrôle qu'il maintient sur les mines d'or de Bambouk et de Buré, il est un acteur essentiel du commerce de l'or ce qui lui permettra de maintenir sa domination jusqu'à la fin du XIIe siècle. Selon la tradition orale, le meurtre du Ouagadou-Bida par le fiancé d'une jeune fille destinée au sacrifice aurait provoqué le déclin de l'empire. Le jeune homme dut trancher sept fois la tête du serpent avant de le tuer, chaque tête tombant dans des régions éloignées où devrait désormais se trouver l'or. Privé de sa principale ressource, l'empire du Ghana aurait alors décliné. Les historiens expliquent plutôt la décadence de l'empire du Wagadou, non pas par l'assèchement du Sahara, bien réel, mais par l'extension de l'esclavage, corollaire des progrès de l'islam. Progrès qui constituent l'indiscutable victoire des Almoravides sur les Soninké.

L’Empire du Mali

Le Mali (Malel ou Malal pour les voyageurs et écrivains arabes du Moyen Age) est le nom sous lequel les Peuls désignent le Mandé ou Manden. Sa fondation remonte au XIe siècle. Ce petit Etat malinké comprend à l'origine, deux provinces, le Do et le Kri, sises au coeur des montagnes mandingues : de Bamako à Kayes au Mali et de Sigui à Tamba en Guinée-Conakry. Il accueille, lors des grandes sécheresses, de nombreux clans (Kamara, Konaté, Traoré, Doumbia... ancêtres des Malinké) émigrés du Wagadou voisin. Très attachés à leur culture et à leur religion, les Malinké ont longtemps vécu de chasse et d'agriculture. Mais avec l'extension de l'esclavage, ils deviennent pour les musulmans des bêtes de chasse. Ce qui provoque des exodes très importants de populations, dont celui des premiers ancêtres des Dogon, " émigrés du Do ". Soumaworo Kanté, roi de Sosso, descendant de la famille des forgerons impériaux du Wagadou, propose alors aux Malinké de l'aider à livrer la chasse aux esclavagistes. Les Malinké rejettent son offre en raison de la condition sociale de forgeron de Soumaworo.
Pour se venger, ce dernier ravagera le Manden à neuf reprises. " Soumaworo Kanté est entré au Manden vêtu d'un grand boubou et d'un pantalon en peau humaine " chantent encore les griots. Au même moment, le jeune Maghan Soundjata, fils du chef de la puissante confrérie des chasseurs et d'une princesse du Sankaran (Guinée), commence à faire parler de lui alors qu'il vit en exil au Wagadou.
On raconte à son propos qu'un marabout aurait prédit à la mère de Soundjata qu'elle accoucherait d'une très laide princesse qu'elle appellerait Sogolan et qui donnerait naissance au plus grand roi que le monde ait vu. Quand naquit un garçon dont les jambes étaient paralysées, tout le monde trouva la prophétie ridicule. Mais, à neuf ans, Soundjata, récupéra miraculeusement l'usage de ses jambes et devint rapidement fort, maîtrisant aussi bien les arts de la sorcellerie que ceux de la chasse. Devenu chasseur émérite, il rassembla ses confrères au sein de la confrérie " Donso ton ". Il y prêcha la fraternité universelle, la protection des faibles, la lutte contre l'arbitraire. Ses parents et les riches négociants du pays dotèrent son armée d'une grande et belle cavalerie, dans le but de libérer le Manden. Il unifia les principales provinces du Mandé en les libérant de la domination de Soumangourou Kanté, à la bataille de Kirina en 1235. Ce dernier disparut dans les grottes de Koulikoro où on lui voue depuis un culte. Soundjata devint le héros légendaire chanté par les griots malinké. Ceux-ci racontent qu'il aurait déclaré après la bataille de Kirina : " L'animal le plus puissant, aussi bien dans l'eau que sur la terre, semble bien être l'hippopotame, le mali. Nous formerons une mosaïque de peuples, aussi puissante que l'hippopotame. Notre empire s'appellera désormais Mali. " Soundjata fut élevé par ses pairs au rang de Manden Mansa, " roi du Manden ". Il regroupa dans un grand-conseil les représentants de trente-quatre clans de base du pays, organisa des brigades anti-esclavagistes, et réduisit par la force les roitelets qui avaient saigné à blanc le Manden.
Il étendit son empire par la conquête et ordonna des prospections aurifères. Enfin, il créa dans chaque région des garnisons militaires afin de faire régner l'ordre, la sécurité et la justice. D'un " champs de capture " privilégié pour les esclavagistes, le Manden devint un pays respecté de tous.
En 1222, fut proclamée la charte du Manden, Donsolu kali kan, " le serment des chasseurs " dont le premier chant fait état, à une époque où l'esclavage est considéré comme un fait banal, d'une extraordinaire foi en l'homme : " Toute vie [humaine] est une vie. C'est dire qu'une vie n'est pas plus respectable qu'une autre vie. " Sounjata meurt en 1257.
Le delta intérieur du Niger, Tombouctou et Gao sont conquis entre 1285 et 1300. L'empire occupe alors une zone comprise entre l'Atlantique et la boucle du Niger. Douze empereurs se succèdent jusqu'en 1400. Les plus célèbres sont Niani Mansa Mamourou l'Ancien, Mansa Bogori - dit Aboubakar II - qui entreprend en 1312 la traversée de l'Atlantique, et Mansa Kankou Moussa (1312-1337). Certains chercheurs avancent aujourd'hui la thèse selon laquelle Aboubakar II, empereur du Mali après sa prise du pouvoir en 1303, a organisé une mission exploratoire par-delà les océans. Il pensait qu'au-delà des mers se trouvaient de vastes et riches territoires à conquérir. Aboubakar II prépara alors une flotte de deux mille navires et prit la direction de l'ouest en 1311. Aucun des navires ne revint. De nombreux chercheurs émettent l'hypothèse que l'empereur mandingue n'a pas péri en mer et a découvert l'Amérique près de deux siècles avant Christophe Colomb. Certaines terres conquises auraient, paraît-il, un nom d'origine malinké. Niagara signifierait 
 " surnaturel, magique ou turbulent ", Patagonie veut dire " terre de feu " et Cuba proviendrait du mot kouba (grande queue, en rapport avec la forme de l'île). C'est sous le règne de Moussa Keita dit Kankou Moussa, qui monta sur le trône de l'empire du Mali en 1312, que le Mali atteint son apogée. Lors de son célèbre pèlerinage à La Mecque en 1324, accompagné de soixante mille serviteurs, il apporta une telle quantité d'or (10 200 kg), qu'il fit baisser le cours mondial du précieux métal pendant douze ans.
De nombreuses personnes ont bénéficié de la générosité du Mansa, si bien qu'après avoir dilapidé tout son argent, il dut en emprunter au Caire pour pouvoir rentrer dans son pays, ce qui permit aux marchands égyptiens de faire des bénéfices fabuleux. Kankou Moussa ramena de son pèlerinage un architecte espagnol, Abou Ishaq es-Sahéli, qui construisit la célèbre mosquée de Djingereber à Tombouctou.
Très pieux, Kankou Moussa fit bâtir de nombreuses mosquées à travers l'empire. Le royaume songhaï fut soumis sous son règne. Lors de son retour de La Mecque, l'empire connut son apogée. Renommé dans le monde entier, l'empire noir, qui s'étendait du désert jusqu'à la forêt guinéenne et à l'océan, jouissait d'une prospérité qui fit la gloire de l'Afrique de l'Ouest.
Le commerce transsaharien connut un essor prodigieux sous son règne ; ainsi s'épanouit une civilisation négro-arabo-berbère, dont Niani (la capitale), Tombouctou, Oualata, Djenné et Gao furent les centres de diffusion les plus importants. Au cours du XIVe siècle, plusieurs mauvais monarques encouragèrent les rivalités internes, mettant à mal la suprématie de l'empire. Des révoltes éclatèrent un peu partout, tant au coeur de l'empire qu'à ses confins, préfigurant le déclin. La chute de l'empire ne survint que vers 1750, avec le sac de Niani par les troupes de Biton Coulibaly, fondateur du royaume Bambara de Ségou.

Soumangourou Kanté : le roi magicien Sosso

Les griots racontent que les trois femmes du père de Soumangourou Kanté ont été enceintes à tour de rôle du même enfant. Celui-ci aurait en effet été porté dans le sein de ses autres mères après chaque trimestre et les trois femmes auraient éprouvé au même moment les douleurs de l'accouchement. Né dans de telles conditions, Soumangourou Kanté ne pouvait devenir qu'un grand conquérant et magicien. Le roi magicien Sosso rêvait de reconstituer l'empire du Ghana. Il s'attela à la tâche et ce fut quasiment établi. Seul le Mandé ne put être conquis. Protégé par de nombreux totems et par ses talents de magicien, Soumangourou Kanté était invincible. Pourtant, il avait une seule faiblesse : les femmes. La légende raconte qu'il en avait au moins trois cents. L'une d'entre elles, la belle Nana Triban, soeur du roi du Mandé, que celui-ci avait donné en mariage pour se prémunir des attaques du féroce conquérant, contribua à la perte du grand Soumangourou Kanté. La jeune femme découvrit le talon d'Achille du roi magicien : l'ergot d'un coq blanc pouvait détruire ses pouvoirs magiques. Protégé par l'amour qui unissait les mariés, ce secret ne fut dévoilé par Nana Triban que pour sauver son Mandé natal. Le Mandé fut soumis rapidement par Soumangourou, qui disposait ainsi de la richesse des mines d'or. Le roi Sosso disposait alors d'un territoire aussi vaste que celui de l'empire du Ghana. Pourtant, face au grand magicien surgit le légendaire Soundjata Keita. Ce prince du Mandé, d'abord infirme, entreprit de libérer le Mandé du joug de son ennemi. Soumangourou affronta Soundjata à la célèbre bataille de Kirina. Soundjata bénéficia du secret que lui dévoila sa demi-soeur sur le point faible de Soumangourou. Un ergot de coq fixé à une flèche toucha le magicien Sosso qui perdit immédiatement tous ses pouvoirs et qui s'enfuit alors, poursuivi par le prince du Mandé, dans les grottes de Koulikoro, à proximité de Bamako, où il se transforma en aigle. Aujourd'hui encore, l'oiseau hanterait les collines de Koulikoro.

Soundjata Keita : l’empire du Mali

Le père de Soundjata, roi du Mandé, Naré Maghan, ne pouvait avoir d'enfants de sa première femme. Les sorciers lui conseillèrent alors d'épouser une femme qui, malgré un physique repoussant, était dotée de pouvoirs magiques. Elle devait donner au roi un fils qui rendrait le Mandé célèbre. En 1202, le roi féconda ses deux femmes en même temps. De sa première femme naquit Dankaran Touman et de sa deuxième femme naquit Soundjata. Ce dernier, né infirme, ne pouvait marcher. Le héros du Mali fut d'abord la risée du Mandé. Les sorciers essayèrent de rassurer le roi. Son fils abritait trois forces, celles du buffle, de la panthère et du lion et tant d'énergie ne pouvait être rapidement assimilée par l'organisme. Le roi mourut sans voir marcher son fils Soundjata ; son autre fils monta sur le trône. Raillés et ridiculisés, Soundjata et sa mère furent marginalisés par la cour. La vieille femme, affaiblie par la honte, n'eut plus le courage de cueillir les feuilles de baobab nécessaires à la préparation du repas. Soundjata décida alors de se lever et de marcher.
Ce jour est chanté par tous les griots du Mali. Ils racontent comment Soundjata se leva alors, et comment, au lieu de cueillir quelques feuilles de baobab, il arracha l'arbre entier pour le planter dans le jardin de sa mère. Soundjata apprit alors très vite et devint rapidement un grand chasseur-guerrier. Sa force et son intelligence furent reconnues dans tout le Mandé. Il ne s'entendait pas avec son frère qui régnait sur le Mandé et partit en exil quand celui-ci donna sa soeur en mariage au conquérant Soumangourou Kanté. Il ne revint que lorsque le Mandé, sous le joug du roi Sosso, lui demanda de venir le libérer. Soundjata affronta Soumangourou à la légendaire bataille de Kirina, qu'il remporta grâce au secret, dévoilé par sa demi-soeur, concernant le point faible de son ennemi. Les vainqueurs se rassemblèrent à Kangaba, où douze rois prêtèrent allégeance à Soundjata. Ils conservèrent leur royaume et se fédérèrent autour de Niani, la capitale du nouvel empire du Mali créé en 1235 et dénommé ainsi en l'honneur de la puissance de l'hippopotame, mali en bambara. Soundjata consolida ensuite son empire, qui couvrait à sa mort un immense territoire s'étendant de la mer jusqu'aux sables du désert. A cette époque, le commerce transsaharien était florissant et l'empire du Mali constituait un exemple de tolérance religieuse et de paix. Soundjata disparut en 1255. Il se serait noyé dans le fleuve et se serait réincarné en hippopotame.

L’Empire songhaï

L'histoire de l'Empire songhaï se confond parfois avec celles des empires du Wagadou-Ghana (jusque vers 1200) et du Mali (à partir de 1270) qui l'assujettissent. Le petit royaume songhaï naît au VIIe siècle, non loin de Gao, plus à l'est. Ses fondateurs sont les légendaires Za ou Dia el-Yamin, originaires du Yémen. Sa capitale est Koubia, une île du Niger, puis, à partir de 1009, Gao qui devient le lieu de rencontre des caravanes venant du Maghreb, d'Espagne et du Proche-Orient.
Constamment rebelle vis-à-vis de son suzerain, l'empire du Mali, l'Empire songhaï éclipse enfin celui-ci au XVIe siècle pour devenir la plus grande puissance de l'Ouest africain. Loin du Mandé, Gao, capitale du royaume songhaï, n'est conquise par l'empire du Mali qu'en 1325, sous le règne de Kankou Moussa qui fait prisonniers deux princes de Gao. Ali Kolen et Selman Nar, tous les deux fils de Dia Assibaï, leur reprirent la cité, la plaçant sous le règne de la dynastie des Si, ou Sonni. Parmi les seize Sonni qui régnèrent, le plus important fut sans conteste Sonni Ali Ber dit Si Ali le Cavalier, " toujours vainqueur, jamais vaincu ". Sonni Ali Ber, descendant de cette dynastie fut le véritable fondateur de l'Empire songhaï, le dernier grand empire africain. Son règne (1464-1492) dura près de trente ans. Profitant de la décadence de l'empire du Mali, Sonni Ali Ber devient maître d'un territoire plus vaste que les empires précédents, car il y ajoute le royaume songhaï originel et les régions de Hombori et d'Agades. Ses conquêtes, d'une extrême violence, sont réalisées grâce à une cavalerie très mobile. Surnommé le " dali ", (le très haut), Sonni Ali Ber est avant tout un grand guerrier animiste doté d'un puissant pouvoir magique. La religion musulmane est plus pour lui une couverture politique qu'une conviction. Libertin, païen et anticlérical, il a de nombreux ennemis parmi la communauté musulmane et les ulémas de Tombouctou. On dit même que pour choquer les musulmans, Sonni Ali Ber ne prie qu'une seule fois par jour.
L'Empire songhaï profite alors du fait que les principaux champs aurifères ne sont plus Bambouk et Buré (au sein de l'empire du Mali) mais les mines Akan, dont la production rejoint naturellement Tombouctou et Gao pour s'échanger contre le sel des mines du désert et les autres denrées.
Les deux principales villes du Songhaï deviennent alors les hauts lieux du commerce transsaharien. Sonni Ali disparaît mystérieusement en 1492 dans les eaux du Koni. Ennemi juré des Touareg, des Peuls et des Mossi, qu'il tient pour des pillards, des marabouts auxquels il reproche leur allégeance " spirituelle " au roi du Maroc, il aura étendu son empire de Ségou à Oualata, en Mauritanie, et de Gao au Kanta-Kebbi, au Niger. En 1493 naît la dynastie des Askia, à la suite du renversement de Sonni Bakary par le général d'armée Mohamed Sylla, neveu de Sonni Ali. Il s'intronise sous le titre d'Askia Mohamed Touré. Grand organisateur, il administre avec succès son empire dont il étend encore les limites. Gao, la capitale, compte alors plus de 70 000 habitants. C'est sous le règne des Askia que l'empire connaît sa plus grande expansion. Mohamed Askia, à la différence de Soni Ali Ber, est un vrai musulman. En 1496, il va en pèlerinage à La Mecque. Protecteur des intellectuels, c'est sous son règne que Tombouctou devient un important centre spirituel, avec des universités et des écoles coraniques où affluent les savants du monde musulman. Il est aussi un grand administrateur et un grand bâtisseur : il fait construire la ville de Tindirma, ainsi que plusieurs grands édifices du Songhaï, dont le fameux tombeau pyramidal des Askia. En 1528, Askia Mohamed Touré, âgé de 90 ans, est renversé par son fils, l'Askia Daoûd (1549-1582). L'Empire songhaï atteint son apogée sous son règne. A sa mort, les conflits internes réduisent la puissance de l'Etat. La puissante armée des Songhaï, de trente mille cavaliers et fantassins, est défaite en 1591 par quelques milliers de mercenaires espagnols commandés par pacha Djouder du Maroc, qui deviendra le premier pacha de Tombouctou (ils disposent d'armes à feu). Tous sont envoyés par le sultan du Maroc. L'empire le plus vaste d'Afrique (ses frontières s'étendent de l'Atlantique au Sahara et de la Guinée au Niger) va se morceler. Aucun des Etats qui émergera à la suite de l'Empire songhaï ne parviendra à dominer complètement la région. Si certains parviendront à s'étendre au-delà de leurs frontières naturelles, leur puissance restera inférieure à celles des grands empires précédents. Toutefois, le plus important d'entre eux sera l'Empire toucouleur d'El Hadj Omar Tall qui, durant la seconde moitié du XIXe siècle, s'imposera, dans le contexte de l'avancée des troupes françaises, comme le plus puissant de l'Afrique de l'Ouest.

Le royaume de Ségou

Les Bambara constituent une branche importante du peuple malinké. Leur irruption dans l'histoire du Mali commence au début du XVIIe, dans le Toron, une région à cheval sur la Côte d'Ivoire et la Guinée. A l'époque, l'esclavage sévit. Les chasseurs qui ont à leur tête deux frères Coulibaly, Nyan N'Golo et Baraman N'Golo, livrent une guérilla anti-esclavagiste qui les emmènera, loin de chez eux, jeter la base de ce qui deviendra le royaume bambara du Kaarta et de celui de Ségou.
Contre l'occupant marocain, comme les Peuls du Macina, qui résistent farouchement depuis 1558, les Bambara du centre du Mali se soulèvent ; ils saccagent et pillent Djenné en 1645.
Le royaume bambara de premier plan dans l'histoire du Mali est incontestablement celui de Ségou, entre 1730 et 1890. Ségou a été fondée par la première dynastie bambara régnante, celle des Coulibaly, vers 1660, mais c'est sous le règne de Biton Mamari Coulibaly, de 1712 à 1755, que le royaume bambara et sa capitale, Ségou, atteignent leur apogée. Biton Coulibaly assoit son pouvoir sur les fraternités d'âge, les " tons ", des jeunes gens et des jeunes filles qu'il rassemble en une armée disciplinée où prévaut une certaine démocratie. Il est le bâtisseur d'un Etat fortement militarisé. Pour arriver à unir ainsi les siens, il aura d'abord fallu qu'il écrase les clans de la faction rivale : tous seront tués ou déportés. Seuls les Massassi s'en sortiront en fuyant vers le Kaarta où ils créeront le deuxième royaume bambara, celui du Kaarta. Les membres de cette armée étendent en moins de vingt ans leur pouvoir tout au long du fleuve Niger, entre Bamako et Tombouctou. A la mort de Biton Coulibaly en 1755, l'empire qui a profité du déclin de l'empire du Mali et de l'Empire songhaï est au plus haut, mais des querelles de succession voient le jour ; c'est le début de la chute de la dynastie. Un de ses frères, jugé trop musulman, est assassiné pour avoir voulu bannir l'animisme et interdire la bière de mil.
A partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les tondjons (esclaves) s'emparent du pouvoir et fondent la dynastie des Diarra. En 1766, ils mettent Ngolo Diarra (qui est l'un de leurs leaders et aussi le mari d'une des filles de Biton) sur le trône. Grand guerrier et bon politique, il assure l'expansion du royaume au nord jusqu'au désert, au sud jusqu'à Tengrela (Côte d'Ivoire), à l'ouest jusqu'à la Guinée et à l'est jusqu'au lac Débo. N'Golo meurt en 1787. Son premier fils Nianankoro règne peu de temps (1787-1792). Monzon Diarra, un autre de ses fils, lui succède. Il est le plus célèbre esclave de la dynastie des Diarra, issue des " ton " dyon, anciens esclaves qui étranglèrent le fils de Biton Coulibaly lors de l'une de leurs célèbres orgies. Le royaume bambara puisait alors ses ressources des guerres et des pillages. Les prisonniers étaient emmenés sur la côte pour être vendus aux navires négriers. Le commerce transsaharien était délaissé au profit de ce commerce humain plus florissant. C'est ainsi que des dizaines de milliers de Bambara, de Khassonké et de Malinké partirent enchaînés pour les Amériques. La honte entache cette partie de l'histoire du Mali.
Sept des enfants de Monzon Diarra règnent ensuite successivement. Ils arrivent globalement, victoire après victoire, à étendre le royaume bambara, lequel devient l'empire qui s'étend du " pied de la Grande Mosquée de Tombouctou au pied du fromager sacré de Kouroussa ", en Guinée. Néanmoins, ils éprouveront au fil du temps de plus en plus de mal à administrer le royaume. En 1828, la paix est faite avec les Bambara Coulibaly Massassi du Kaarta, ennemis de toujours de la dynastie de Ségou.
Profondément animiste, ce royaume belliqueux a toujours rejeté l'islam. Cette période est caractérisée par l'animisme, ses orgies, la consommation abusive de bière de mil (un alcool traditionnel), le dolo, les parties de chasse et les razzias. Le commerce transsaharien est délaissé au profit du commerce d'esclaves, avec les négriers des comptoirs côtiers, alimenté par la prise des prisonniers de guerre. Les Bambara doivent ensuite lutter contre des adversaires de plus en plus puissants. Ils doivent tout d'abord affronter l'empire théocratique des Peuls du Macina venant de l'est, puis les troupes toucouleur d'El Hadj Omar Tall. En 1861, l'empire s'écroule devant la puissance toucouleur, et Segoukoro devient la capitale de l'Empire toucouleur de Ségou. Son souverain, Bina Ali, trouve refuge à Hamdallaye. El Hadj Omar Tall meurt en 1864, laissant à son fils Amadou la tâche de contenir les indomptables Bambara. Ces derniers se soulèveront à plusieurs reprises, en particulier en avril 1880 à l'approche des colonnes militaires françaises. Les Français, conduits par le commandant Archinard, entrent le même mois à Ségou. En 1892, la ville est sous administration militaire. Les troupes coloniales décident d'investir cette région pour en faire ce qui sera le grenier (céréalier) de l'Afrique occidentale. L'Office du Niger est créé en 1932 ; le barrage de Markala est bâti en 1947.

L’Empire peul du Macina

Les historiens s'accordent à dire que c'est par accident que les premiers Peuls arrivèrent dans cette partie du Mali au XIVe siècle, attirés par des terres riches en eau et en pâturages. Peuple nomade, ils se déplaçaient tout autour du delta en compagnie de leurs troupeaux et vivaient en clan.
La religion islamique déjà présente était cependant peu influente. Les choses changent au XIXe siècle avec l'arrivée de Sékou Amadou. Jeune lettré nationaliste, il est le chef de file d'un nouveau mouvement basé sur les principes de l'islam. En 1818, âgé seulement de 22 ans, il prend la tête d'une armée et renverse les Ardo, chefs païens des clans de cette région. L'année suivante, la ville de Djenné est prise et sa mosquée détruite afin d'en faire construire une nouvelle qui marque symboliquement la création de ce nouvel empire. A partir de ce moment-là, la région est remodelée tant au niveau religieux qu'administratif et économique. C'est la naissance de l'Empire peul et la création du royaume de Macina. Les réformes métamorphosent la région. Une capitale est créée, elle s'appelle Hamdallaye. Au même moment, l'Empire libère Ségou du pouvoir bambara. Rapidement la région prospère, de grandes métropoles se créent comme Djenné ou Dia. Amadou meurt en 1845 mais cela n'arrête par l'Empire qui s'étend de Tombouctou au nord à Djenné au sud. C'est désormais son fils puis son petit-fils qui dirige l'Empire. Un revirement de situation se produit pourtant en 1862 lorsque l'Empire succombe sous les armes des guerriers toucouleur commandés par El Hadj Oumar Tall, qui, au nom de la guerre sainte, envahit le royaume. Aujourd'hui encore, les ruines de Hamdallaye témoignent de la puissance et de l'organisation de cet Empire.

L’Empire toucouleur

Sa création est intimement liée à son chef El Hadj Oumar Tall (1797-1864). Ce Sénégalais est initié par sa famille à la culture coranique. A 23 ans, il entreprend le pèlerinage à La Mecque, voyage qui durera 13 ans. Il en revient notamment avec le titre de khalife de la Tidjanya (confrérie musulmane). A son retour au Sénégal son ambition est de conquérir certains territoires. Lancé à l'assaut de différentes villes, il se trouve vite confronté à la domination française alors présente. Après plusieurs affrontements, ses conquêtes sont infructueuses et il doit se résigner à signer un traité de paix avec les Français en 1860. Déçu, il se tourne alors vers le royaume de Macina, reprochant aux Peuls de ne pas lui avoir prêté main forte durant cette guerre pour la foi. En 1864, après de nombreux affrontements (trois batailles et plus de soixante-dix mille morts), il prend enfin la capitale Hamdallaye. Voulant faire d'une pierre deux coups, il envoie dans la foulée son armée à Tombouctou qui se trouve vite anéantie.
Ce revers de situation le bloque dans son avancée guerrière et rapidement la situation s'inverse. L'armée est défaite sur le plateau de Bandiagara. Réfugié dans des grottes, on perd sa trace. On suppose qu'il périt là-bas. Son fils Ahmadou Tall entreprend de continuer son oeuvre. Mais il n'a pas la même carrure. Rapidement il se trouve contraint de faire face à des mouvements rebelles de la part des Bambara qui n'acceptent plus d'être gouvernés par les Toucouleur. Face à ces pressions d'un côté et aux affronts français de l'autre, Ahmadou se retrouve dépassé. En 1890 Ségou, la capitale de l'Empire, tombe aux mains des Français.

Influences arabes et européennes

Dès le IXe siècle, le Sahel entretient des relations étroites avec le Maghreb. Aux VIIe et XIIIe siècles, les Arabes lancent des raids chameliers. Ils mentionnent dans leurs textes " Bilad as-Sudan ", le pays des Noirs. Un grand nombre de commerçants arabes assurent les échanges en traversant régulièrement le désert. Nombre s'y installent pour y établir des comptoirs. Quand l'empire des Askia commence à montrer des signes de dissensions, Ahmed El Mansur, le sultan du Maroc, profite de l'occasion pour envoyer plus de quatre mille hommes, principalement des mercenaires espagnols, armés de mousquets et de pistolets. Après la traversée du désert, ils défont à Tondibi en 1591 l'armée du Songhaï. Les soldats à la solde des Marocains entrent à Tombouctou le 30 mai 1591. Les maisons sont pillées ; les intellectuels massacrés ou déportés. La présence marocaine, si elle dure jusqu'à la colonisation française, soit environ trois cents ans, est moins effective que celle des Songhaï. Les Pasha et leurs descendants, les Arma, se révéleront incapables de protéger les villes du nord contre leurs ennemis. Aussi le commerce transsaharien tend à se réduire alors même que les routes côtières des navigateurs européens s'amplifient au détriment des villes situées sur les axes des caravanes. Mais tout cela a permis la pénétration durable de l'islam en Afrique noire. Les Portugais débarquent en 1444 à l'embouchure du fleuve Sénégal. Quant aux autres Européens, ils restent longtemps sur les côtes. Ainsi, le Mali demeure longtemps hors d'atteinte de ces explorateurs. Néanmoins, au fur et à mesure, l'influence du Maghreb par les échanges transsahariens déclinera au profit de celle des Européens depuis la côte. A partir du XVIIe siècle, la traite des Noirs prend son essor. Il faut des bras pour travailler sur les plantations des Européens situées dans les Amériques et les Caraïbes. Ce négoce a représenté une telle diminution de la population d'Afrique en général et du Mali en particulier que les conséquences ont été désastreuses pour sa société et son économie. Les Européens ne se déplaçaient pas à l'intérieur du territoire pour trouver leur " marchandise ", mais achetaient sur les côtes, à de petits Etats africains, des esclaves razziés ou capturés lors de batailles contre d'autres petits Etats. Cette situation contribuera d'ailleurs encore à l'essor de l'islam en réaction à cette influence " chrétienne ".

Figures historiques

Les explorateurs

Mungo Park : le cours du Niger. A la fin du XVIIIe siècle, de nombreux géographes s'interrogent sur le cours du Niger. Où se trouve sa source, son embouchure ? Est-il un affluent du Nil ? Se jette-t-il dans un lac intérieur ? En 1795, l'African Association, émanation de la Royal Geographic Society, envoie le médecin écossais Mungo Park avec mission de découvrir le cours du Niger et la ville de Tombouctou. Débarqué en Gambie, Mungo Park s'initie au mandingue et monte une petite caravane. Il a un interprète, un serviteur et quelques ânes pour transporter les marchandises qui lui serviront à payer les droits de passage. A l'époque, les royaumes bambara de Ségou et du Kaarta engagent des combats. Mungo Park les contourne par le nord. En territoire maure, il est capturé et humilié. Les Maures l'enferment avec un cochon, le déshabillent, l'observent sous tous les angles et l'obligent à coucher avec une grosse femme. Il arrive toutefois à s'échapper vers l'est. Fuyant les Maures, Mungo Park, assoiffé dans le désert, s'évanouit d'épuisement ; une vieille femme, apitoyée par son sort, l'héberge et le nourrit. Le récit de cette rencontre inespérée est sans doute un des plus beaux hommages que la littérature du XVIIIe siècle ait rendu à la femme africaine. Mungo Park gagne enfin le fleuve Niger le 20 juillet 1796 à Ségou, et constate alors que le fleuve s'écoule vers l'est. Il réussit à rentrer en Angleterre. En avril 1805, avec cette fois une équipe de quatre-vingts personnes, dont trente-cinq soldats armés, Mungo Park repart à la découverte du Niger. Ils arrivent à Bamako, mais six soldats - seulement - ont survécu aux terribles fièvres. L'explorateur descend le fleuve sur plusieurs centaines de kilomètres et passe à côté de Tombouctou sans s'en apercevoir. A quelques centaines de kilomètres de l'embouchure, dans le golfe de Guinée, toute l'équipe, à l'exception d'un esclave, périt noyée dans les rapides du fleuve, certainement attaquée par les riverains.

Major Gordon Laing : le premier Européen à Tombouctou. Gordon Laing est le premier Européen à être entré à Tombouctou, mais, à la différence de René Caillié, il voyagea à découvert et désira représenter la Grande-Bretagne. Laing fut pris pour un espion et assassiné par les Touareg après avoir quitté la ville.

René Caillié : le premier Européen revenu vivant 
de Tombouctou. Né à Meauzé, dans les Deux-Sèvres (France) en 1800, René Caillié, cordonnier de profession, se passionne pour la géographie. Les territoires inconnus sur les cartes d'Afrique attirent particulièrement son attention. Avant de s'embarquer pour ce continent, René Caillié déclare : " Ma résolution fut prise d'atteindre Tombouctou ou de mourir. " Il n'obtient aucune aide financière ; en avril 1827, il quitte la Guinée avec pour seul bagage un petit chargement d'étoffes, de verroterie et de tabac. Il se fait passer pour un Egyptien qui a passé son enfance au Sénégal et qui souhaite retrouver son pays et sa religion. René Caillié traverse ainsi à pied la Guinée et le pays Bambara. Il gagne Djenné, d'où il est aisé d'atteindre Kabara, le port de Tombouctou, par le fleuve. René Caillié entre à Tombouctou le 20 avril 1828. Il est déçu par cette ville, (dans son ouvrage, il ne consacre qu'un chapitre à Tombouctou sur les vingt-sept). Là, il apprend qu'il a été précédé par l'Anglais Laing, assassiné par les Touareg après avoir quitté la ville. René Caillié demeure deux semaines à Tombouctou et quitte la ville mythique en compagnie d'une caravane de chameliers. Il traverse le Sahara et atteint le port de Tanger au Maroc d'où il s'embarque pour la France. L'oeuvre de René Caillié a été tardivement reconnue. Dix ans après sa découverte de Tombouctou, il meurt à 39 ans d'une tuberculose contractée en Afrique. On peut visiter aujourd'hui à Tombouctou la maison où il séjourna.

Heinrich Barth : 
l'explorateur modèle. En 1850, une expédition britannique part de Tripoli dans le but d'étudier le pourtour du lac Tchad. Au sein de cette équipe se trouvent deux scientifiques allemands, dont Heinrich Barth. Comme René Caillié, il se fait passer pour un musulman. Après avoir traversé le Soudan central, il atteint les abords du Niger et entre dans Tombouctou le 7 septembre 1853. Il y réside six mois. En cinq années d'expédition, Barth parcourt plus de 20 000 km. Son oeuvre est considérée comme une des plus savantes consacrées à l'Afrique. Heinrich Barth a longtemps été un modèle pour de nombreux explorateurs.

Personnages historiques 
de la période coloniale

Joseph Gallieni. De Médine, où Faidherbe édifia le fort en 1855, Gallieni arrive à Bafoulabé le 12 octobre 1878. Alors simple capitaine, il est chargé de construire un fort et une route pour joindre Médine. Le 30 janvier 1880, le gouverneur Brière de L'Isle lui demande de négocier une alliance avec Ahmadou, roi toucouleur, fils d'El Hadj Omar Tall. Ahmadou ne tient pas à recevoir Gallieni à Ségou, car celui-ci a la réputation d'être doté de pouvoirs magiques qui se manifestent à travers son regard et ses poignées de main. Le 11 mai, Gallieni est attaqué par l'armée d'Ahmadou et perd trente-huit hommes. Le roi le garde prisonnier de juin 1880 à mars 1881. Il est libéré lorsque les troupes françaises atteignent Kita et signent un traité avec Ahmadou, stipulant que les Français n'ont pas l'intention de conquérir les territoires toucouleur. Le traité n'est pas respecté par les Français. Gallieni, sous la protection d'une canonnière fraîchement arrivée du Sénégal, essaie d'obtenir sans combat la capitulation des souverains locaux. Ahmadou refuse de se rendre. Gallieni quitte le Soudan en 1888, après avoir été nommé commandant supérieur du Soudan français. A Nango, une stèle est élevée à la mémoire de Gallieni et de ses compagnons. Gallieni part ensuite au Tonkin et à Madagascar, qu'il pacifie et administre jusqu'en 1905. Nommé gouverneur de Paris en 1905, il participe à la victoire de la Marne et est ministre de la Guerre en 1915 et en 1916. Il est nommé maréchal à titre posthume en 1921.

Louis Archinard. A la différence des tentatives de médiation de Gallieni, Louis Archinard utilise la force pour faciliter la pénétration française au Soudan. Grâce à sa puissance de feu, l'avantage revient rapidement à l'armée conquérante. Archinard attaque Koundian le 18 février 1889, Ségou le 1er avril 1890 et Ouessébougou le 23 avril de la même année. Lors de sa deuxième phase de conquête, il déloge Ahmadou de Nioro et s'empare de Djenné, de Bandiagara et de Tombouctou en 1893. Archinard est considéré aujourd'hui comme le conquérant du Soudan français.

Gustave Borgnis-Desbordes. En octobre 1880, les Français mettent sur pied une colonne, dirigée par le colonel Borgnis-Desbordes, chargée de prendre possession de la région comprise entre Bafoulabé et Kita. La plaine de Kita est occupée le 7 février 1881 et Borgnis-Desbordes commence la construction du fort de cette localité. Il progresse ensuite à l'intérieur du pays dans les contrées bambara. Le 1er février 1883, il campe près d'un village nommé Bamako, situé au bord du fleuve et aux contreforts des monts Mandingues. Il s'empare de Bamako, alors peuplé de 600 habitants et décide de bâtir un fort malgré les menaces de l'almamy Samory. Ce dernier attaque rapidement les Français et est battu à la célèbre bataille de Woyowayanko. Bamako est aujourd'hui la capitale du Mali et compte plus d'un million d'habitants.

Samory. Le pays Sénoufo (région de Sikasso, au sud de l'actuel Mali) a longuement résisté à la pénétration française. Samory Touré, après s'être rendu compte qu'il ne pouvait faire le poids contre les Français en les attaquant de front, organisa en 1890 une guérilla, multipliant les offensives éclairs contre les troupes françaises. Violent et expéditif, Samory fut craint tant par ses adversaires que par ses propres troupes. En 1898, Samory, encerclé par les troupes françaises, se battit vaillamment. L'almamy (chef spirituel) Samory fut capturé le 29 septembre 1898 et fut déporté dans une île au large du Gabon, où il mourut en 1900.

Ba Bemba. A la mort de Tiéba, Ba Bemba prit la tête du royaume de Kénédougou, fondé au XIXe siècle. A la différence de son frère Tiéba, Ba Bemba chercha le rapprochement avec Samory et se méfia des Français, avec lesquels il entretint des relations tendues. Cette attitude entraîna l'attaque de Sikasso par les troupes du colonel Audéoud le 1er mai 1898. Après une farouche résistance, Ba Bemba préféra se donner la mort plutôt que de se rendre, formulant cette phrase célèbre : " Plutôt la mort que la honte ".

Firhoun. La ville de Tombouctou fut conquise par les Français en 1893. En 1900, un peloton de méharistes fut créé pour mater la résistance des Touareg Ouelleminden à Ménaka. En septembre 1914, Firhoun, le chef des Ouelliminden, prépara le soulèvement général des nomades contre l'occupant français. Arrêté, Firhoun fut emprisonné à Gao. Il réussit à s'évader le 14 février 1916 et proclama la révolte générale. Il attaqua toutes les garnisons françaises. Celles-ci furent pillées et incendiées. Firhoun fut tué le 25 juin 1916. La loi française s'appliqua alors dans le pays Touareg comme ailleurs au Soudan. Aujourd'hui, les petits-enfants de Firhoun ne paieraient pas, paraît-il, leurs billets d'avion pour se rendre en France.

Les artisans de l'indépendance

Modibo Keita. Président du gouvernement fédéral de l'éphémère fédération du Mali (20 juillet-19 août 1960), Modibo Keita restera dans l'histoire comme le père de l'indépendance. Le 22 septembre 1960, Modibo Keita est porté à la tête du pays qui adopte désormais le nom de république du Mali. Il croit en une voie africaine du socialisme et renforce les liens avec les pays marxistes. Modibo Keita rompt avec la France. Le Mali sort de la Zone franc pour créer le franc malien. Les banques sont nationalisées et les entreprises d'Etat se multiplient. La situation économique s'aggrave et, en novembre 1968, Modibo Keita est renversé par l'armée ralliée au lieutenant Moussa Traoré.

Fily Dabo Sissoko. Né en 1900 à Horokoto, dans l'actuel cercle de Bafoulabé (région de Kayes). Diplômé de l'école normale William-Ponty de Dakar, il devient instituteur et parcourt le Soudan, la Haute-Volta, le Sénégal et la Guinée. En 1933, il retourne dans son pays où il occupe la place de chef de canton. En 1945, il est élu député du Soudan-Niger. En 1946, il est réélu député à la seconde assemblée constituante française et crée son parti, le Parti progressiste soudanais (PPS). En 1948, il participe comme secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères dirigé par Robert Schuman. Réélu en 1956, il siège à l'Assemblée nationale jusqu'en 1958, date de l'accession à l'autonomie interne des territoires africains francophones. Opposé à la sortie du Mali de la Zone franc, Fily Dabo Sissoko est arrêté par les partisans de Modibo Keita. Il meurt en prison en 1964 dans des circonstances mystérieuses. Homme politique, il était avant tout un homme de culture. Il laisse une importante oeuvre littéraire faite d'articles scientifiques, de notes politiques, de romans, de portraits et de poèmes.

Hammadoun Dicko. Né en 1924 à Diona, dans l'actuel cercle de Douentza, d'une famille de chefferie peule, Hammadoun Dicko effectue ses études à l'école normale William Ponty de Dakar, d'où il sort instituteur. Il est élu député du Soudan en 1951 sur la liste du PSP et devient le plus jeune député du Palais-Bourbon. En 1956, il participe à plusieurs cabinets ministériels. Après la défaite de son parti en mars 1959, il reprend des études d'économie politique à Paris. Il travaille ensuite à l'ONU et à l'Institut francophone d'Afrique noire. Comme Fily Dabo Sissoko, il est arrêté par les partisans de Modibo Keita et meurt en prison en 1964.

Moussa Traoré. Moussa est né à Kayes en 1936. Il effectue ses études à l'école militaire de Fréjus en France, d'où il sort sous-officier de l'armée française. En 1960, il rejoint son pays pour participer à la création de la nouvelle armée. Nommé lieutenant en 1964, il est chargé de la formation de nouveaux officiers maliens à l'Ecole interarmes de Kati. En 1968, il renverse le régime de Modibo Keita et dirige le Comité militaire de libération nationale (CMLN), instance suprême du pays. La venue au pouvoir d'un régime militaire aurait dû modifier les structures mises en place avant 1968. Cependant, malgré les discours d'ouverture et la réintégration du Mali dans la Zone Franc, le système d'économie dirigée s'est maintenu et le poids des entreprises d'Etat a augmenté. Dès mars 1980, Moussa Traoré doit faire face à des manifestations estudiantines, réclamant plus de liberté et de démocratie.

Le 17 mars 1980, Abdoul Karim Camara, un étudiant surnommé Cabral, meurt sous la torture. Dix ans plus tard, avec le vent de liberté qui souffle sur les pays dirigés par un parti unique et le discours de François Mitterrand à La Baule sur la démocratie en Afrique, les manifestations réclamant le multipartisme sont de plus en plus nombreuses au Mali.
Celle du 22 mars 1991 est réprimée dans le sang. Les militaires et les blindés tirent sur la foule qui se dirige vers le palais présidentiel. Après vingt-trois années de pouvoir, Moussa Traoré, devenu général, est déposé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré dans la nuit du 26 mars 1991. Il a été gracié et remis en liberté.

La période coloniale

Entre 1863 et 1880, des missions françaises de reconnaissance au Soudan se succèdent, au cours desquelles des traités de " protectorat " avec les chefs locaux sont établis. La conquête coloniale commence à la fin du XIXe siècle. De 1881 à 1884, la pénétration pacifique devient une entreprise de destruction systématique des grandes agglomérations : Gustave Borgnis-Desbordes, le premier commandant des forces chargées de conquérir les territoires de l'Afrique occidentale, construit un premier poste à Kita en 1881 avant d'atteindre le fleuve Niger à Bamako en 1883.
Entre novembre 1884 et février 1885 a lieu la conférence de Berlin durant laquelle s'effectue le partage de l'Afrique entre les principales puissances européennes. La conquête du Mali et sa pacification sont longues et difficiles en raison de la résistance armée rencontrée. Les Français sont d'abord obligés de pactiser avec l'Empire toucouleur de Ségou, la puissance indigène la plus importante. Les traités signés permettent aux envahisseurs d'exploiter en toute sécurité, à travers tout le pays, la principale ressource du pays depuis l'abolition de l'esclavage, la gomme arabique. En 1887, l'Empire toucouleur devient un protectorat français.

La situation bascule définitivement avec la nomination du commandant Archinard en 1888. Ce dernier prend Ségou en 1890. En septembre, alors que la conquête est loin d'être achevée, la partie ouest du Mali est renommée " Haut Sénégal ". Kayes est désignée comme la capitale de ce territoire. En 1890, le Soudan français est créé. C'est une agrégation des actuels Sénégal, Guinée, Côte d'Ivoire et Dahomey (Bénin). A partir du 27 août 1892, le Mali est une colonie. Une grande partie du Mali actuel échappe encore à la domination française. En 1893, Macina, Bandiagara et Tombouctou sont prises par les Français. En 1894, la colonne Bonnier est anéantie à Takoubao par les troupes targuies de Chéboun. Le royaume Kénédougou tombe en 1898 avec la prise de Sikasso et la mort de Ba Bemba. Samory Touré est déporté le 29 septembre 1898.
La conquête du Sahel s'achève définitivement en 1900. En 1902, la colonie est rattachée au Sénégal, puis à la Sénégambie. En 1904, le Haut Sénégal-Niger, avec Kayes comme capitale, est créé. En 1908, la capitale du Niger est transférée de Kayes à Bamako. Entre 1911 et 1916, suite à une série de grandes sécheresses et de famines, et dans le contexte de levées d'hommes pour les fronts européens, une vague d'insurrections secoue le pays : les Bambara du Bélédougou, les Bwa, les Minianka, les Touareg loullimiden. En 1917, le recrutement des tirailleurs s'accentue.
Démembrements et remembrements du Soudan continueront régulièrement jusqu'en 1947. En 1912, le Haut Sénégal-Niger s'agrandit pour donner naissance au Soudan français, qui s'enrichira des cercles d'Ouahigouya, d'Arbinda et de Dédougou en 1932 (dans l'actuel Burkina Faso). En 1920, le nom de Soudan français est repris. En 1944, le Soudan français est amputé de Néma, rattachée à la Mauritanie. En 1947, Ouahigouya et Tougan sont rattachées à la Haute-Volta (Burkina Faso). Le Soudan français demeurera membre de l'Afrique occidentale française (AOF) jusqu'à la loi-cadre de 1956, qui marque une étape importante vers l'indépendance en affirmant l'autonomie interne. En 1932 est créé l'Office du Niger.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le recrutement de tirailleurs, choisis parmi les populations les plus guerrières, est encore très important. En 1940, la France occupée cachera à Medine une partie de son stock d'or. Le système colonial français est fortement centralisé. Le territoire est divisé en cercles. Chaque cercle est commandé par un commandant de cercle, placé directement sous l'autorité du gouverneur des colonies, qui lui-même dépend du gouverneur général des colonies de l'AOF basé à Dakar. La nature de son système colonial initialement orienté en faveur d'une politique d'assimilation, c'est-à-dire qui vise à éduquer les Africains pour qu'ils absorbent la culture française, est tardivement abandonnée au profit d'une politique encourageant les Africains à associer leur propre culture à la culture française, afin qu'ils puissent évoluer à l'égard de l'idée européenne de la civilisation. Mais l'administration coloniale accordera globalement assez peu d'intérêt au Mali, pays déshérité. A titre d'exemple on ne compte que 5 % d'enfants scolarisés au moment de l'indépendance en 1960. La France a tout de même laissé son empreinte. Le Mali a gardé sa langue et sa monnaie, deux éléments clés pour une nation.

La décolonisation

Un esprit " soudanais " relativement homogène a germé dans l'entre-deux-guerres. C'est sur ce terreau que l'opposition au colonisateur va pouvoir croître. A partir de 1930, elle est le fait d'organisations de volontaires : associations sportives et culturelles au sein desquelles l'élite noire se rencontre pour discuter. En 1937, le premier syndicat est créé. C'est le syndicat des enseignants, fondé par Mamadou Konaté. D'autres suivront ayant tous la particularité d'intégrer des membres de tous horizons sociaux et ethniques. En parallèle, le retour des tirailleurs ayant survécu à la guerre en Europe remet en cause la toute puissance de la France, qui s'est vue battue et occupée. En 1946 a lieu le congrès constitutif du " Rassemblement démocratique africain " (RDA), à Bamako.
Mais en août 1945, les premiers partis politiques apparaissent déjà au Mali. En 1946, les Africains des colonies sont invités pour la première fois à s'exprimer en participant à la désignation de la première assemblée constituante de la IVe République, projet dont l'objectif est d'associer les colonies aux décisions. C'était une promesse du général de Gaulle, destinée à récompenser les sacrifices endurés durant la Seconde Guerre mondiale par ces pays. Le parti soutenu par l'administration coloniale, le Parti progressiste soudanais (PPS), mené par Fily Dabo Sissoko, est concurrencé par un certain nombre d'autres partis, mais remporte la victoire. Fily Dabo Sissoko est le premier député du Soudan à siéger à l'Assemblée nationale à Paris. En 1956, lors de l'élection de l'Assemblée nationale au suffrage universel, c'est l'Union soudanaise, affiliée au parti panafricain, le Rassemblement démocratique africain (RDA), lui-même associé au Parti communiste français qui remporte la victoire avec à sa tête Modibo Keita. Ce dernier sera réélu député l'année suivante, siégeant à l'Assemblée nationale à Paris. L'US-RDA perd son leader, Mamadou Konaté, qui décède d'un cancer la même année. Le 21 mai 1957, en application de la loi Defferre, dite loi-cadre, votée en décembre 1956, un gouvernement semi-autonome est mis en place au Soudan français. C'est le cofondateur de l'Union soudanaise, Modibo Keita, qui est chargé de conduire le pays à son indépendance.
Le 24 novembre 1958 est proclamée la République soudanaise, conçue comme autonome et vassale de la France. En 1959, le Soudan s'unit avec le Sénégal dans le cadre de la Fédération du Mali (en souvenir de l'empire de Soundjata Keita) qui, malheureusement, tournera court le 20 août 1960. Le 22 septembre, le Soudan proclame son indépendance sous l'appellation de république du Mali et sous la direction du président Modibo Keita.

L’histoire récente

En se séparant du Sénégal, le Mali perd du même coup un précieux accès à la mer et se retrouve tout à fait enclavé, ce qui aura de fâcheuses conséquences sur l'économie du pays. Conseillé par les communistes français, Modibo Keita rompt avec la France et noue des relations privilégiées avec les pays communistes (URSS, Chine, Corée du Nord...). Les entreprises sont nationalisées ; le Mali sort de la Zone franc pour créer le franc malien. Les investisseurs se détournent du pays. La situation économique est désastreuse. Modibo Keita est obligé pour faire face à la dépréciation du franc malien de signer des accords de coopération monétaires avec la France. Mais la situation est trop mauvaise. Un coup d'Etat renverse Modibo Keita en 1968 et porte au pouvoir le jeune lieutenant Moussa Traoré. Comme son prédécesseur, il instaure le parti unique mais il reprend les relations avec la France et l'Occident. Il conserve néanmoins de bons contacts avec les pays amis de Modibo Keita. Il libéralise un peu l'économie, dont l'état de santé demeure relativement mauvais. La situation dramatique des Touareg et des Maures amène la communauté internationale à faire pression sur le Mali, qui autorise la création de camps de réfugiés en 1974. Cette année-là, le Mali adopte une nouvelle Constitution. Cet élément majeur du Mali moderne n'entrera en vigueur qu'en 1979. La transition démocratique se met en place à partir de 1976, année qui voit la création de l'Union démocratique du peuple malien (UDPM), dirigée par... Moussa Traoré. Déjouant un coup d'Etat fomenté par des officiers de son armée, en l'absence de véritable contestation organisée, son parti, composé majoritairement de militaires, remporte les élections législatives le 
19 juin 1978. Il est alors désigné président. La situation économique se dégrade au cours des années 1980. Le poids de l'administration devient trop important et la corruption qui la gangrène ruine le pays. En mars 1980, une manifestation étudiante est réprimée dans le sang. En 1984, le Mali retourne dans la Zone franc. Un programme de privatisations et de lutte contre la corruption est mis en oeuvre.
En 1990, le discours de La Baule et la volonté de la part du président français François Mitterrand de lier l'aide aux efforts entrepris dans les domaines du respect des libertés et des droits de l'homme concourent également à déstabiliser le régime qui doit faire face à l'émergence de mouvements d'opposition pro-démocratiques. 30 000 personnes manifestent dans les rues de Bamako à l'appel du principal syndicat du pays en faveur du multipartisme. C'est l'association des étudiants du Mali qui est le fer de lance de la contestation. Le 22 mars 1991, la répression est à son paroxysme : des dizaines de milliers de femmes, d'étudiants et de travailleurs marchent vers le palais présidentiel. L'armée tire sur la foule, faisant de très nombreuses victimes. Après vingt-trois ans de pouvoir, Moussa Traoré est à son tour renversé par un militaire : le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Celui-ci met en place un Comité de transition pour le salut public qui assurera une période de transition de quatorze mois, pendant laquelle on assiste à l'émergence d'un très grand nombre de partis politiques et à la signature du Pacte national de réconciliation entre le gouvernement de transition et les rebelles touareg, entrés en rébellion en 1990.
A l'été 1991, se tient une conférence nationale qui réunit toutes les parties de la société civile afin de jeter les bases du futur Etat démocratique. Une nouvelle Constitution est adoptée le 12 janvier 1992. Des élections démocratiques sont organisées. C'est l'Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) qui remporte les élections municipales en janvier et les législatives en mars. Le 8 juin 1992, Alpha Oumar Konaré, à la tête de l'ADEMA, est le premier président élu démocratiquement. Quand il prête serment pour un mandat de cinq ans, il inaugure la troisième République. Amadou Toumani Touré, nommé général, se retire en héros de la démocratie.
Alpha Konaré, doit faire face à de nombreux problèmes, d'où de nombreux remaniements ministériels jusqu'en 1995. Le Mali est confronté à une dette extérieure énorme, à une administration surdimensionnée avec un secteur privé embryonnaire, à des syndicats très revendicatifs (en particulier les syndicats étudiants qui sont largement responsables de la chute du dictateur) et au problème touareg. Il faudra attendre mars 1996 pour voir réellement la paix s'installer au nord avec la réalisation du processus de désarmement, mis en oeuvre en 1995, qui s'achève quand les Touareg brûlent collectivement leurs armes. En février 1994 a lieu la dévaluation du franc CFA, qui perd 50 % de sa valeur. C'est un dur coup pour la population malienne, car le pays est un gros importateur.
Les groupes de pression étudiants, qui ont des revendications croissantes, provoquent des émeutes. Néanmoins, à terme, la dévaluation au coup social élevé est plutôt bénéfique au pays dont les productions (essentiellement issues d'une agriculture de rente) retrouvent une nouvelle compétitivité, favorable à l'économie du pays. Alpha Oumar Konaré est réélu avec 83 % des voix en juin 1997 pour un second mandat. Mais le contexte politique est difficile : les élections sont boycottées par l'opposition qui dénoncent les conditions de l'organisation du scrutin. Les élections législatives un mois plus tard sont, elles aussi, boycottées. Le débat contradictoire qui fonde la légitimité de l'Assemblée nationale ne pouvant avoir lieu en son sein en l'absence de réels opposants, le pouvoir parlementaire devient accessoire.
Dans le même temps, la libéralisation de l'économie s'accélère et le Mali enregistre de bonnes performances économiques. La bonne gestion du pays est saluée par les bailleurs de fonds et les instances internationales. Il s'est fait le champion de la lutte contre la corruption (qui reste malgré tout importante) allant même jusqu'à mettre derrière les barreaux d'anciens ministres et des patrons de sociétés nationales. Du jamais vu ! Néanmoins les problèmes subsistent, nombreux. L'opposition, regroupée au sein d'un Collectif des partis d'opposition (Coppo), assemblage hétéroclite composé d'au moins dix partis, ne manque pas une occasion de se faire le porte-voix des mouvements de mécontentement comme ceux provoqués par les graves coupures d'électricité durant l'année 1999. La constitution interdisant au président sortant de briguer un troisième mandat, se précise, au fur et à mesure que l'échéance se rapproche, le problème de la succession à la tête de l'Etat. Des pressions amicales demandent à Alpha Oumar Konaré de modifier la Constitution et de se représenter afin d'assurer la stabilité du pays, car au sein même de l'ADEMA, plusieurs personnalités s'affrontent pour être le candidat du parti au pouvoir.
A la veille des élections de 2002, 24 candidats sont en lice. Le scrutin se déroule relativement bien, malgré un certain nombre d'irrégularités. Surtout, cette fois, l'opposition ne boycotte pas les élections et joue son rôle. Le 12 mai 2002, l'ex-général, Amadou Toumani Touré est élu, au deuxième tour, président de la république avec 64,35 % des suffrages contre 35,65 % pour son challenger Soumaïla Cissé, le candidat de l'ADEMA. Il a 53 ans. En dépit d'un taux de participation assez faible, 38 % au premier tour et à peine plus de 30 % au second, les élections sont un succès dont le Mali tire un certain prestige. Les élections législatives qui suivent, un peu plus d'un mois après, ne voient aucun parti obtenir la majorité absolue. Deux coalitions s'affirment néanmoins : le rassemblement pour le Mali (RPM) de l'ancien Premier ministre IBK, à la tête de la coalition Espoir 2002, est majoritaire tandis que l'ADEMA, le parti du président sortant présidé par Soumaïla Cissé, à la tête de l'Alliance pour la république et la démocratie (ARD), voit son nombre de sièges s'effondrer à la suite des trop nombreuses querelles qui l'ont déchirée. Cette tendance est renforcée par la décision de la Cour constitutionnelle d'invalider un certain nombre de résultats d'élections (favorables à l'ADEMA) en raison d'irrégularités avérées. Pour ATT, le président qui ne se revendique d'aucun parti, cela n'est pas un problème. Il avait déjà déclaré qu'il gouvernerait avec la majorité issue des votes. Le Mali bénéficie, en dépit de ces irrégularités, d'un des plus exemplaires systèmes démocratiques que connaisse l'Afrique actuellement. Reste que les problèmes auxquels doit faire face le locataire de Koulouba (le palais présidentiel), et son gouvernement, sont nombreux. La principale action du chef du gouvernement porte sur le désenclavement du pays pour lutter contre la paupérisation, l'emploi, les logements sociaux, et l'aménagement du territoire. En avril 2005, les pays africains, réunis à Bamako pour la 9e session de l'Assemblée paritaire européenne demandent l'annulation de la dette. Demande qui sera réitérée par les altermondialistes en janvier 2006, à l'occasion du premier Forum social mondial de Bamako.
Le 11 mai 2006, un an avant les élections présidentielles, ATT entame une tournée nationale par le nord du pays, la région la plus frondeuse où vivent les populations les plus exposées aux crises alimentaires. L'accueil qu'il reçoit à Tombouctou est contrasté : la population et les notables semblent lui renouveler leur confiance tandis que le colonel Hassan Fagaga et ses partisans menacent de sédition. Le président profite d'échanges avec la population pour réaffirmer que la région de Kidal ne sera pas autonome, comme le revendiquait le colonel Fagaga. Le 23 mai, la révolte sanglante éclate dans le pays, menée par le colonel dissident. Deux casernes de l'armée malienne sont attaquées à Kidal, une troisième à Ménaka. Des magasins d'armement et des véhicules militaires sont pillés et quatre soldats de l'armée malienne sont tués. La population du nord se terre chez elle, mais l'armée nationale parvient rapidement à un cessez-le-feu, avec la signature des accords d'Alger le 4 juillet 2006, qui prévoit une diminution de la présence de l'armée malienne sur le territoire de Kidal et l'intégration des anciens rebelles dans l'institution militaire. En avril 2007, ATT est réélu au premier tour de l'élection présidentielle avec 71,2 % des suffrages exprimés. La situation au Nord reste tendue. L'un des leaders de l'opposition touareg, Ibrahim Ag Bahanga, ne soutient pas les accords et ne semble pas décidé à s'engager dans un processus de paix. Les Touareg reprennent le maquis au mois d'août 2007 : l'insécurité est de nouveau palpable dans la région. On croit les choses sur le point de s'apaiser, grâce à une médiation libyenne le 8 avril 2008, mais l'assassinat de Touareg, imputé à l'armée malienne, met de nouveau le feu aux poudres. En mai 2008, les attaques menées à Diabaly, Ansongo puis Abeïbara par de petits groupes armés fait une trentaine de morts.

Le 22 septembre 2010, le Mali fêtait le cinquantième anniversaire de son indépendance en présence de nombreux chefs d'Etat mais aussi avec Mouammar Kadhafi comme invité d'honneur. Un anniversaire qui tend vers des promesses de développement social, éducatif et économique. Un pari important pour les cinquante prochaines années. Le printemps 2012 annoncera certainement un tournant pour le pays avec l'élection d'un nouveau président.

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