Découvrez la Hongrie : Religions

Christianisée tardivement, la Hongrie n'en reste pas moins un pays où la religion a profondément marqué l'histoire, la culture et l'architecture. Toutefois, la société hongroise connaît une forte sécularisation. Le dernier recensement de 2022 révèle une chute importante de l'identification religieuse : près de 40 % des Hongrois n'ont pas donné de réponse sur leur appartenance religieuse ou se déclarent sans confession. Le catholicisme reste néanmoins la première confession du pays, suivi du protestantisme réformé, tandis que les communautés orthodoxe, juive et musulmane demeurent marginales. Malgré ce recul de la pratique, la religion conserve un poids symbolique dans les traditions et parfois dans les discours politiques. L'alliance entre FIDESZ (le parti de Viktor Orbán) et les partis démocrates-chrétiens contribue ainsi à maintenir la visibilité des valeurs religieuses dans la sphère publique, même si leur ancrage social tend à s'éroder.

Le catholicisme : un pilier historique, en déclin

Le catholicisme hongrois, introduit sous le règne du roi saint Étienne, fondateur de l'État chrétien en l'an 1000, structure encore la culture religieuse du pays. En 2022, 29,2 % de la population s'en réclame. La basilique Saint-Étienne de Budapest incarne ce patrimoine, tout comme par exemple la basilique Saint-Étienne de Székesfehérvár. La dernière visite en Hongrie du pape François en avril 2023 a marqué les esprits : accueilli chaleureusement, il a néanmoins formulé des critiques implicites à l'égard du gouvernement, notamment sur l'accueil des migrants.

Le protestantisme

Issu de la Réforme du XVIe siècle, le protestantisme hongrois est principalement représenté par les réformés calvinistes (9,8 %) et les luthériens (1,8 %). Il reste solidement implanté dans l'est et le sud-est du pays, en particulier autour de Debrecen, surnommée « la Rome calviniste ». La Grande Église réformée de Debrecen, sobre et monumentale, en est le symbole national.

Malgré la baisse de la pratique, les Églises protestantes conservent une influence locale et jouent parfois un rôle social et éducatif important, notamment à travers leurs écoles ou universités confessionnelles.

Le judaïsme

Avant la Seconde Guerre mondiale, les juifs représentaient 5 % de la population hongroise et jusqu'à un quart de celle de Budapest. La Shoah a tragiquement réduit cette communauté : près de 600 000 Juifs hongrois furent exterminés entre 1944 et 1945. Aujourd'hui, les juifs représentent environ 1 % de la population, répartis entre Hongrois d'origine juive et une minorité d'Israéliens installés à Budapest.

La Grande Synagogue de la rue Dohány, plus vaste d'Europe, témoigne de ce riche héritage. Malgré un renouveau culturel modeste, les tensions antisémites persistent, bien que l'État affiche une volonté de reconnaissance mémorielle.

Orthodoxie : une minorité liée aux voisins

Les orthodoxes, principalement roumains, serbes et ukrainiens, représentent environ 0,2 % de la population. Leur présence reflète la diversité frontalière et historique du pays. Les églises orthodoxes hongroises sont souvent de petite taille, mais d'une grande richesse artistique. À Szentendre, l'église de Belgrade conserve de remarquables fresques et une liturgie vivante.

Islam

La communauté musulmane en Hongrie est extrêmement minoritaire, représentant moins de 0,1 % de la population. Elle se compose principalement d'étudiants étrangers, de diplomates, de commerçants et de quelques convertis hongrois. La visibilité publique de l'islam est très faible : les mosquées officielles sont rares, et la pratique religieuse se déroule souvent dans la discrétion.

L'islam est toléré mais non reconnu comme religion officielle en Hongrie depuis l'entrée en vigueur de la loi sur les Églises de 2011 (modifiée en 2012 puis en 2019). Cette loi a réduit le nombre de confessions bénéficiant du statut d'« Église établie » par l'État, passant d'une centaine à quatorze. L'islam n'en fait pas partie, ce qui signifie que les communautés musulmanes ne peuvent prétendre à certaines aides publiques, ni à une représentation officielle dans les instances nationales. Cela limite aussi leur capacité à gérer des écoles, des hôpitaux ou à bénéficier d'exemptions fiscales au même titre que les religions reconnues.

En effet, bien que la Hongrie soit officiellement un État laïque depuis la fin du régime communiste, sa laïcité repose sur un modèle dit « coopératif ». L'État y reconnaît certaines religions, parmi lesquelles figurent le catholicisme, le calvinisme, le luthéranisme ou le judaïsme, et collabore activement avec elles. En revanche, les groupes religieux non reconnus, comme l'islam ou certaines communautés évangéliques ou néo-protestantes, sont relégués au statut d'associations privées. Ils peuvent pratiquer leur culte, mais sans bénéficier du même cadre juridique ni du soutien public réservé aux religions établies. Cette distinction est régulièrement dénoncée comme discriminatoire, car elle crée une hiérarchie entre les cultes, en contradiction avec les principes d'égalité et de liberté religieuse. Ce système reflète une conception de la laïcité différente de celle appliquée en France, où l'État se veut neutre et ne finance aucun culte.

Plusieurs siècles d'occupation ottomane ont laissé à la Hongrie quelques beaux exemples de l'architecture islamique, comme la mosquée de Pecs, indissociable de la place principale de la ville.

Croyances populaires et traditions vivantes

Même si la pratique religieuse a nettement reculé, les traditions populaires restent bien ancrées dans la culture hongroise. Les fêtes des prénoms, célébrées chaque jour selon un calendrier liturgique ou historique, donnent lieu à des attentions simples mais chaleureuses : petits cadeaux, fleurs et repas en famille ou entre amis. À Pâques, certaines régions perpétuent encore le rituel ancestral où les garçons arrosent les filles d'eau ou de parfum le lundi, un geste symbolique de fertilité aujourd'hui plutôt perçu comme folklorique, voire désuet. Le village de Hollókő, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, se distingue par la préservation de coutumes pascales spectaculaires : les habitants y revêtent des costumes traditionnels et organisent chants, danses et défilés qui attirent de nombreux visiteurs chaque année, curieux de découvrir ce pan vivant du folklore magyar.

Parmi les autres célébrations emblématiques, le Busójárás de Mohács, carnaval masqué païen, met en scène des hommes masqués et vêtus de peaux de bêtes qui chassent symboliquement l'hiver et les mauvais esprits. Cette fête bruyante et spectaculaire trouve ses origines dans les traditions slaves et balkaniques, et mêle musique, feu et rites anciens. Enfin, certaines croyances rurales subsistent encore, comme la peur du mauvais œil, la foi dans les tündérek - les fées du folklore hongrois - ou l'usage des eaux thermales, considérées comme purificatrices et guérisseuses depuis des siècles.

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