Découvrez la Hongrie : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

La Hongrie a vu naître des figures majeures de l'art moderne et contemporain. Photographes et peintres de renom ont fait bouger les lignes au gré de leurs séjours européens. Les regards novateurs de Brassaï, Kertész, Capa ont modifié notre compréhension de l'art photographique. De même, le maître de l'Op Art Victor Vasarely a réussi à insuffler ses effets visuels dans notre quotidien. La capitale enchanteresse abrite des musées de qualité, couvrant tous les domaines d'expression. Art religieux ou urbain, Budapest comblera tous ses visiteurs. Dans le reste du pays, chaque cité possède un charme unique. Appréciée pour ses jolies rues pavées et ses bâtiments historiques, Pécs mérite le titre de destination culturelle incontournable. Entre le musée Victor Vasarely, ses édifices religieux et la Káptalan utca ou rue des musées, leurs attractions sont variées. Parcourir la Hongrie, c'est vivre des expériences esthétiques d'une richesse inouïe.

Art médiéval

En raison des destructions survenues sur le territoire, l'art médiéval hongrois reste méconnu. Au Moyen Âge, la Hongrie est l'un des royaumes les plus opulents d'Europe. Les cultures européennes s'entrecroisent en Europe centrale. Le style gothique se développe en Hongrie dès la fin du XIVe siècle, en architecture, peinture et sculpture. Très populaires, les fresques illustrent la légende de Saint Ladislas dans de nombreuses églises.

Le Musée d'art chrétien (Keresztény múzeum) d'Esztergom abrite des panneaux peints gothiques et Renaissance. Le plus connu, le Retable du Calvaire de Thomas de Coloswar est peint en 1427 (tempera et or sur bois). Peintre du gothique tardif, Thomas de Coloswar crée un langage pictural inspiré des miniatures. L'importance accordée à la perspective est évidente dans la Crucifixion du panneau central. De part et d'autre du retable à ailes, les visages dans les scènes de la Passion du Christ sont peints avec minutie.

La Galerie nationale hongroise (Magyar Nemzeti Galéria) de Budapest offre l'une des plus grandes collections de peintures du gothique tardif (XIVe et XVe siècles). Le deuxième étage se consacre à la peinture Renaissance et baroque.

Renaissance

Matthias Ier de Hongrie règne entre 1458 et 1490. Considéré comme l'un des plus grands rois de l'histoire de la Hongrie, ce fin diplomate se rapproche de l'Italie. Féru de culture humaniste, il s'intéresse à la Renaissance et devient le mécène d'artistes en Italie et en Europe centrale. Sa bibliotheca Corviniana rassemble un nombre exceptionnel de traités couvrant tous les domaines. Après son mariage avec Béatrice d'Aragon, il commande des œuvres à des maîtres de la Botte. Dès lors, l'influence italienne se ressent fortement dans les arts hongrois.

Après l'expulsion des Ottomans en 1686, le style baroque s'impose, particulièrement en architecture.

La peinture hongroise, au cœur de l’histoire européenne

La peinture hongroise éclot véritablement au moment où la Hongrie acquiert son autonomie par rapport à Vienne, même si la plupart de ses peintres ont été paradoxalement formés à Vienne comme à l'étranger, notamment en France, à l'Académie Julian, à l'Académie Humbert ou à l'École des beaux-arts. Ainsi, l'âge d'or de la peinture hongroise correspond à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Au fil des XIXe et XXe siècles, les mouvements artistiques hongrois suivent globalement les grandes tendances occidentales. L'essentiel de l'activité artistique se concentre alors dans la capitale, en lien avec les autres grandes villes européennes, mais des colonies d'artistes se mettent en place dans d'autres villes du pays. Pour ne citer que les plus importantes, on pense à celle de Szolnok, créée au lendemain du soulèvement réprimé par les Habsbourg en 1849, dont les travaux sont engagés dans une critique sociale, celle de Nagybánya, créée en 1896 à Baia Mare (actuelle Roumanie), tournée vers le réalisme et le naturalisme avec Károly Ferenczy ou István Réti - avant de prendre des accents fauves sous l'impulsion de Béla Czóbel qui inspire le mouvement de la nouvelle génération (neós) de Nagybánya -, ou encore, quelques décennies plus tard, en 1928, celle de Szentendre, tournée vers le folklore, l'abstraction et le surréalisme.

On pourra admirer de beaux tableaux de cette époque à la Galerie nationale hongroise (Magyar Nemzeti Galéria), ou dans la ville de Szentendre au musée Czobel et au musée Ferenczy.

Le peintre Mihály Munkácsy (1844-1900) représente en Hongrie le courant réaliste romantique. Il rencontre un immense succès à la fin du XIXe siècle. Ses peintures, souvent gigantesques, sont frappantes de réalisme. Ce peintre académique étudie à Budapest avant de se rendre à Munich, comme de nombreux artistes hongrois à la fin des années 1860. En 1867, il découvre les toiles de Gustave Courbet. Il obtient une médaille d'or au Salon de Paris de 1870. Après cela, ses scènes champêtres sont admirées dans le monde entier. Ses tableaux bibliques surdimensionnés participent à sa renommée. Parmi ses toiles les plus emblématiques, L'installation des Magyars en Hongrie orne une salle du Parlement. Le Munkácsy Mihály Emlékház est un petit musée qui a ouvert ses portes dans sa maison d'enfance à Békéscsaba, dans le sud-est de la Hongrie.

Opposé à l'impressionnisme, Munkácsy a cependant peu d'influence sur l'art hongrois. Seuls les « peintres de l'Alföld » marchent sur ses traces. Ces artistes, dont Béla Endre, prônent une peinture de plein air, imprégnée de traditions populaires, perçue comme véritablement hongroise.

Impressionnisme. Contemporain de Munkácsy, Pál Szinyei Merse (1845-1920) développe un style impressionniste, séparément du courant français. Engagé en politique, il défend l'enseignement artistique au Parlement. Après une formation à l'École des beaux-arts de Munich, il décompose les formes et altère les couleurs à l'aide de la lumière. Un style à découvrir dans ses toiles Pique-Nique en mai (1873) et Champ avec des coquelicots (1902) à la Galerie nationale hongroise (Magyar Nemzeti Galéria) à Budapest.

L'impressionnisme s'incarne aussi avec Tivadar Kosztka Csontváry (1853-1919), figure de l'avant-garde, souvent comparé à Van Gogh pour son utilisation des couleurs, comme dans Tempête sur Hortobágy (1903) ou encore Le Cèdre solitaire (1907).

Au tournant du XXe siècle, l'avant-garde hongroise rassemble des artistes novateurs, influents sur la scène internationale. Les liens avec la scène française sont très prolifiques. József Rippl-Rónai introduit le symbolisme à son retour en Hongrie. Autour des années 1900, de nombreuses expositions à Budapest font découvrir les peintres contemporains tels que Manet, Van Gogh, Degas, Seurat, Matisse, Cézanne ou Gauguin. Les artistes hongrois multiplient les séjours à Paris, participant aux expositions d'avant-garde.

József Rippl-Rónai (1861-1927), assistant de Munkácsy, est l'un des grands représentants en Hongrie de la période Sécession, voire du pointillisme, et aussi utilisateur de pastel. Il étudie à Paris après un passage à l'École des beaux-arts de Munich. On peut visiter sa maison de Kaposvár, transformée en musée, la Róma Villa Rippl-Rónai.

Influencés par les œuvres de Cézanne et par le fauvisme, le groupe « Les Huit » (Nyolcak) met Budapest au diapason des révolutions picturales qui agitent Paris. Certaines de leurs toiles sont d'ailleurs accrochées aux cimaises parisiennes de la galerie d'Ambroise Vollard, du salon de Gertrude Stein, du Salon d'automne ou du Salon des indépendants. Le groupe se compose de Dezső Czigány, Lajos Tihanyi, Róbert Berény, Béla Czóbel, Károly Kernstok, Ödön Márffy, Dezső Orbán et Bertalan Pór. Au contact des Fauves, Béla Czóbel forme le groupe des Néos, en référence au néoimpressionnisme. Il réunit entre autres Vilmos Perlrott Csaba, élève de Matisse, Sándor Ziffer et Lajos Tihanyi. Leur palette colorée viendra révolutionner la production de la jeune génération de la colonie d'artistes de Nagybánya, créée en 1896 à Baia Mare (actuelle Roumanie).

Vasarely et l’Op Art

Né à Pécs en 1906 et mort à Paris en 1997, le plasticien Victor Vasarely est le fondateur et le principal membre de l'Op Art (ou art optique). Créée en 1937, son œuvre Zèbres est l'une des premières incluant des effets optiques. Déclinée en série, elle représente deux zèbres entrelacés. Le mouvement dynamique est obtenu par l'absence de contours, et l'ondulation des rayures noires et blanches. Célébré de son vivant, Vasarely produit une œuvre d'une rare homogénéité stylistique. Méthodique, il conçoit des illusions visuelles destinées à devenir un art social, accessible à tous.

Émigré à Paris en 1930, il expérimente le cinétisme en superposant des calques pour créer du relief. En 1960, son atelier emploie des assistants chargés d'effectuer des programmes d'œuvre encodés. Son alphabet pictural si reconnaissable envahit le quotidien et l'espace public. Dans les grands magasins, la mode, la télévision, le cinéma, l'Op Art est partout. À New York, la rétrospective « The Responsive Eye » (« l'œil qui réagit ») consacre Vasarely en tant que maître de l'Op Art, avec Josef Albers. L'étape suivante, il lance son projet de Fondation en France : La Fondation Vasarely sera inaugurée à Aix-en-Provence en 1976.

Dans le centre de Pécs, le Victor Vasarely Múzeum abrite des centaines d'œuvres illustrant les différentes périodes de l'artiste ainsi que sa collection personnelle, comprenant des créations de François Morellet, Hans Arp ou Jesús Rafael Soto. Budapest lui a aussi dédié un excellent musée, le musée Vasarely, un incontournable pour les passionnés d'art moderne.

Après la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie passe sous influence soviétique, ce qui freine considérablement la création, de nombreux artistes, notamment abstraits, n'ayant plus le droit d'exposer. Une avant-garde se développe néanmoins en marge, voire en cachette, avec des groupes comme le cercle de Zugló (Sándor Molnár, Imre Bak, Pál Deim ou István Nádler) ou Ipartev (Gyula Konkoly, Ilona Keserü, Krisztián Frey, László Lakner ou Ludmil Siskov), qui tentent de rejoindre les courants internationaux (expressionnisme abstrait, surnaturalisme, pop-art, etc.).

Art contemporain

Le Musée Ludwig à Budapest est le premier musée d'art contemporain de Hongrie.

Parmi les grandes figures de l'art contemporain, Simon Hantaï (1922-2008) expérimente plusieurs voies artistiques : peinture surréaliste, gestuelle, all-over, peinture pliage, écriture. Singulier dans tous les genres qu'il aborde, il est associé à l'art abstrait. Pour autant, avant de quitter la Hongrie en 1948, son art figuratif mêle le geste à l'influence de Matisse. Plus tard, il fusionne l'automatisme surréaliste et l'expressionnisme abstrait. Dans ses toiles « pliage », il plie ou noue la toile selon différentes formes, la peint et la déplie de façon à juxtaposer les zones peintes et vierges.

Plasticienne conceptuelle et performeuse, Dóra Maurer combine tous les médias artistiques. Née en 1937 à Budapest, où elle vit toujours, l'artiste s'exprime en photographie, cinéma, peinture, performance et sculpture. Dans les années 1970, elle élabore le concept des « quasi-images » (Quasi-Bilder), selon des théories de la perception et de la couleur. Ses photographies distordues répondent à un besoin de fluidité du mouvement.

De nos jours, le centre de la capitale fourmille d'art urbain. Sur le mur de graffiti légal de Filatorigát (rue Ladik), chacun est libre de s'exprimer. Cet espace dynamique se déploie sur plus de 400 mètres. Dans le 7ème arrondissement, parmi les peintures murales iconiques, la couverture du Time de janvier 1957 est reproduite en façade du 42 rue Wesselényi. Pourquoi ? Le magazine avait élu un révolutionnaire hongrois personnalité de l'année !

Photographie

La Hongrie est le berceau de photographes exceptionnels.

André Kertész révolutionne la composition photographique. Né en 1894 en Hongrie et mort en 1985 à New York, Kertész mène une carrière foisonnante sur sept décennies. Son art poétique s'enracine dans la culture hongroise. Dès 1912, il expérimente des angles non conventionnels sans se soucier de la précision technique. Kertész est aussi un réaliste marqué par les avant-gardes européennes. Installé à Paris dans les années 1920, il publie ses clichés dans des revues. En 1928, il réalise La Fourchette, une photo en noir et blanc d'une fourchette posée au bord d'une assiette. Simple mais dramatisée par les ombres, cette image du quotidien prend une dimension abstraite. En 1932-1933, il présente sa fameuse série « Distorsions », montrant des corps nus face à un miroir déformant. Installé à New York en 1936, il collabore à des magazines comme Vogue. Il doit attendre les années 1960 pour que son talent soit reconnu. Il expose alors à la Biennale de Venise puis au MoMA. Toute sa vie, il revient souvent à Paris, ville qui restera l'un de ses sujets de prédilection. Il fait don de ses négatifs et de ses archives à la France.

Capa, le soldat de l'image. Robert Capa, photographe de guerre et photojournaliste, s'équipait d'un petit appareil photo pour aller au plus près des combats. Né en 1913 à Budapest, il raconte des histoires à travers ses photographies de guerre bourrées d'émotions. À 22 ans, il part en 1936 en Espagne. C'est dans les tranchées qu'il a l'idée de poser son appareil sur sa tête. Il capture ainsi la photo de guerre la plus célèbre du genre. « Mort d'un Soldat républicain » saisit sur le vif un soldat touché par une balle qui bascule en arrière en lâchant son fusil. La composition est souvent comparée au tableau de Goya Fusillade du 3 mai 1808. Capa couvre tous les grands conflits jusqu'à la Guerre d'Indochine, participe au Débarquement de Normandie. Le 25 mai 1954, en prenant une photo de groupe en Indochine, il perd la vie en posant le pied sur une mine antipersonnel.

Le Centre Robert Capa à Budapest soutient la photographie hongroise de qualité. À visiter.

De Moholy-Nagy à Brassaï. De grands noms de la photographie hongroise sont aussi peintres comme László Moholy-Nagy (1895-1946). Professeur à l'école du Bauhaus, ses créations mêlent dadaïsme, constructivisme, De Stijl et suprématisme. Il expérimente la lumière, l'espace, réinventant l'art abstrait. Sa photographie se fait expérimentale, parfois dans des photomontages et des films. Moholy-Nagy alimente le dynamisme de l'entre-deux-guerres. Toute sa vie, il glorifie la photographie qui l'aide à capturer des visions inaccessibles à l'œil humain. Pour cela, il teste les angles de vue et manipule les négatifs.

Brassaï (1899-1984) est aussi sculpteur, écrivain, journaliste et cinéaste. Mais ce sont ses instantanés de la vie nocturne parisienne, compilés dans le livre Paris de Nuit en 1932, qui le rendent célèbre. Ami de Prévert, il photographie ses contemporains Dalí, Picasso, Matisse, Giacometti et Henri Michaux. Malgré cela, il préfère photographier la rue, en soulignant ses touches surréalistes. Son film Tant qu'il y aura des bêtes est primé à Cannes en 1957. En 1960, son ouvrage Graffiti évoque pour la première fois de l'histoire le graffiti comme un art. Avec la participation de Picasso.

Les amateurs de photographie apprécieront la Maison Manó Mai à Budapest. Un musée installé dans l'hôtel particulier du photographe de la cour des Habsbourg, Mai Manó.

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