Découvrez la Hongrie : Architecture (et design)

Lorsque l'on a pour capitale « la perle du Danube », on ne peut qu'être une terre d'authentiques trésors architecturaux ! Cités antiques et nécropoles paléochrétiennes témoignent de l'histoire millénaire de la Hongrie. Abbayes et forteresses, elles, portent la marque d'un Moyen Âge florissant, qui fera ensuite place à d'élégantes réalisations Renaissance. Les Ottomans y développeront une superbe architecture de l'eau. Viendra ensuite le flamboyant baroque suivi d'un classicisme plus sobre, avant le tourbillon créatif qui fera passer le pays des exubérants styles néo, à la Sécession Hongroise aux accents Art Nouveau. Si, aujourd'hui, on continue à réécrire le passé à travers de grandes campagnes de rénovation et de reconstructions, cela n'empêche pas les créateurs contemporains d'imaginer une nouvelle architecture tournée vers toujours plus de durabilité. Et n'oublions pas les trésors de la Hongrie rurale.

Trésors des origines

Aquincum, capitale de l'ancienne Pannonie romaine (et future Budapest), conserve les vestiges des attributs de sa puissance passée : grand amphithéâtre circulaire avec sa Porta Pompea en arc de triomphe ; ses nombreux sanctuaires dédiés à la déesse Mithra dont le Mithraeum II aux vastes dimensions (15 m x 7 m) ; ou bien encore son aqueduc voûté et fortifié, composé de tuyaux en céramique et d'un canal en pierre. Le long du Danube, s'étend la Ripa Pannonica, symbole de l'architecture défensive romaine. Cet ensemble porte le nom de ripa et non de limes car les Romains usèrent d'obstacles naturels et non artificiels pour établir leurs forts et tours de garde. Au IVe siècle, les riches marchands de Sopianae (Pécs), récemment convertis au christianisme, donnent naissance à la plus grande nécropole paléochrétienne du pays. Construits sous terre, leurs tombeaux y sont surmontés de chapelles commémoratives à plan tréflé et décorées de peintures murales illustrant la vie quotidienne de l'époque. L'architecture chrétienne va connaître un nouvel essor au Moyen Âge. Au XIIe siècle, le roi bâtisseur Béla III lance de grandes campagnes de travaux entre reconstruction de la Cathédrale Saint-Adalbert à Esztergom et édification de nouvelles églises et abbayes. C'est l'avènement d'un style roman au carrefour d'influences normandes et bourguignonnes qui se lisent dans les plans basilicaux à trois nefs des édifices construits en brique et pierre ; d'influences germaniques qui se devinent dans les arcs triomphaux, les tribunes occidentales et les grandes tours ; et d'influences méditerranéennes comme en attestent les églises rurales de plan circulaire et multilobé. Puis progressivement, le gothique tout en voûtes élevées et flamboyant décor fait son apparition, notamment dans l'architecture monastique comme le montrent les nombreux monastères bénédictins et abbayes cisterciennes à travers le pays. Parmi les plus beaux représentants de cette architecture religieuse, notons : l'Abbaye de Pannonhalma, bénédictine, classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco, et dont on admire la Porta Speciosa toute en marbre blanc et rouge ; ou bien encore la Cathédrale de Kalocsa aux chapelles rayonnantes. Le Moyen Âge est aussi le temps des châteaux construits au sommet de collines ou d'éperons rocheux. Les Château de Višegrad, Sümeg, Kőszeg et Esztergom en sont de beaux exemples avec leurs cours et corridors créant des labyrinthes fortifiés, leurs arches défensives et leurs tours d'angle. Ne manquez pas non plus les châteaux en pierre locale veillant à la sécurité des bords du Lac Balaton, tels ceux de Szigliget et Hegyesd. Et n'oublions pas bien sûr la légendaire colline du Château de Buda qui porte encore la marque d'un urbanisme médiéval fait de ruelles pavées et escarpées bordées de maisons aux façades colorées et ornées de petites alcôves.

De la Renaissance au Baroque

Considéré comme l'un des plus grands souverains du pays, Mathias Ier Corvin, secondé par son épouse Béatrice d'Aragon, ouvre le pays aux idéaux humanistes de la Renaissance et finance d'importantes rénovations, comme dans le Château de Višegrad qu'il transforme en un somptueux palais y ajoutant d'élégantes loggias, des balustrades sculptées et des cours ornées de superbes fontaines, œuvres de grands artistes italiens tels que Giovanni Dalmata. En conquérant une partie du pays, les Ottomans ont, certes, entrepris d'importantes campagnes de destruction ou de détérioration (on raconte qu'ils peignaient en noir le nez des statues afin d'asphyxier symboliquement ces représentations humaines interdites par l'Islam), mais ils construisirent également de très beaux édifices, à l'image du minaret qui surplombe la ville d'Eger du haut de ses 40 m, de la Mosquée du Pacha Hassan Jakovali de Pécs dont on admire le minaret, les chaires en bois ciselé et les sgraffites de la salle de prière (technique consistant à appliquer, sur un fond de mortier sombre, un enduit clair qu'on gratte de manière à laisser apparaître des motifs décoratifs), sans oublier le Tombeau octogonal de Gül Baba, « le père des roses ». Mais c'est l'architecture de l'eau ottomane qui a le plus marqué le pays. Dômes percés de délicates ouvertures en verre coloré, multiples bassins et hammams caractérisent ces thermes devenus emblématiques, à l'image des célèbres Bains Király. Une fois leur autorité restaurée sur l'ensemble du pays, les Habsbourg, eux, vont faire souffler un vent baroque. C'est le règne des formes convexes et concaves créant une distorsion de l'espace, des marbres et dorures, des reliefs en trompe-l'œil, des façades colorées, des clochers à bulbes… L'Église de l'Université de Budapest, avec ses innombrables putti, éléments décoratifs sculptés représentant des angelots nus et ailés, est considérée comme le chef-d'œuvre d'Andras Mayerhoffer, chef de file du baroque-rococo hongrois. Le Palais Esterházy, lui, fut surnommé le « Versailles Hongrois ». Son plan en U organisé autour d'une cour arborée est un incontournable de la période baroque, tout comme ses sublimes jardins qui illustrent l'intérêt croissant pour l'architecture paysagère. Au cœur des villes, notamment Sopron et Szentendre, apparaissent de somptueux hôtels particuliers aux façades pastel ornées de balcons à encorbellement et de fenêtres ouvragées bordant d'élégants réseaux de rues et passages. Mais cette période de réforme et contre-réforme religieuse pousse également de nombreuses congrégations à se réfugier dans la région de la Haute-Tisza et à y établir de nouvelles églises. Peu cher et présent en abondance, le bois est privilégié et devient le symbole d'une rébellion contre le pouvoir qui en réglemente l'emploi de manière drastique. Rappelant les tours de garde médiévales, les tours-clochers de ces églises se caractérisent par leurs impressionnantes charpentes, en chêne le plus souvent, leurs galeries à colonnes et arcades, et leurs toits en bardeaux de bois surmontés d'une flèche supportant un globe en métal. Le Clocher de Nyírbátor, datant de 1640, est l'un des plus anciens du pays.

Tourbillon de styles

Vác est l'une des villes hongroises qui portent le plus la marque d'un retour à la pureté antique prônée par le classicisme. La cathédrale de la ville servira d'ailleurs de modèle à la Basilique d'Esztergom dont on admire la coupole haute de 70 m reposant sur un monumental édifice monoptère, structure circulaire composée d'une seule rangée de colonnes, ici 24. Ces influences perdureront au XIXe siècle avec le style néoclassique dont le Musée National Hongrois est un grand représentant. Les grandes inondations de l'époque offrent à Budapest et à Szeged l'occasion de se réinventer. Les nouveaux plans d'urbanisme suivent un schéma en étoile avec des rues coupant des boulevards et avenues bordés d'édifices néoclassiques, et de grands espaces verts, le tout donnant à ces deux villes des airs de Paris Haussmannien. À la pureté antique fait ensuite place une effervescence historicisante. Le plus célèbre des représentants de cette tendance est le Parlement, édifice de tous les superlatifs. Sa façade s'étend sur plus de 260 m de long, tandis que sa coupole s'élève à près de 27 m de haut, le tout dans un mélange de styles gothique, byzantin, Renaissance et baroque. Cet historicisme est aussi très employé dans l'architecture touristique qui se développe notamment aux alentours du Lac Balaton. Ocre, vieux rose et vert ont la faveur de ces nouveaux édifices d'un Greek Revival un rien grandiloquent. En parallèle des festivités du millième anniversaire de la conquête du pays par les Magyars, Budapest continue de se moderniser avec, notamment, la construction du premier métro d'Europe Continentale. Les ponts sont un autre symbole de cette modernité qui associe architecture et ingénierie. Avec ses 380 m de long, le Pont des Chaînes est l'un des plus célèbres de Budapest. Ponts, halles, gares et même synagogues, nombreux sont les édifices de l'époque à se voir doter d'ingénieuses structures métalliques, dont beaucoup furent réalisées dans les ateliers de Gustave Eiffel. C'est le cas notamment de la gare Budapest-Nyugati et de la Grande Synagogue de la rue Rumbach. Dans ce tourbillon de styles, il est un courant qui va profondément marquer le pays, c'est la Sécession hongroise, l'Art Nouveau local, portée par son plus célèbre représentant, Ödön Lechner. Ce dernier imagine un art unique qui fait dialoguer héritage vernaculaire, styles passés, motifs orientaux et innovations techniques. Les édifices de la Sécession hongroise se caractérisent par des formes mouvantes, organiques et asymétriques, et de nombreux éléments décoratifs : balcons sculptés en fer forgé, vitraux lumineux et colorés, tuiles des toits en céramique de Zsolnay. Depuis 1865, la famille Zsolnay s'attache à créer de somptueuses céramiques architecturales à l'aide de procédés innovants, tels l'éosine, enduit métallisé qui donne un éclat particulier à la céramique, ou le Pyrogranite, créé pour résister au gel et donc utilisé pour les décorations de toits notamment.Parmi les grandes réalisations d'Ödön Lechner, notons : le Musée des Arts Décoratifs avec ses influences mauresques ; et la Caisse d'Épargne de la Poste Royale avec ses arabesques, motifs floraux et ses têtes d'anges et de dragons festonnant le toit. Parmi les autres superbes représentants de cette Sécession hongroise, ne manquez pas : les Bains Gellért de Budapest aux murs couverts de majolique et de céramique ; ou bien encore la Nouvelle Synagogue de Szeged dont les plans furent conçus par Lipot Baumhorn, disciple d'Ödön Lechner, et dont on admire la coupole byzantino-baroque, la voûte étoilée gothique et les motifs floraux Art Nouveau.

Hongrie contemporaine

Grâce aux photographies de l'artiste Katharina Roters, les Hongrois ont pu redécouvrir les étonnants Cubes de Kadar, du nom du président communiste János Kadar, habitations standardisées développées dans les années 1920. Mais comme un pied de nez à la normalisation de l'époque, nombreux sont les habitants à avoir personnalisé ces cubes, les peignant de motifs géométriques ou abstraits. Plus tard, la Hongrie soviétique a vu se développer une architecture brutaliste, explorant toutes les potentialités du béton dans des formes souvent audacieuses, à l'image du Siège de l'Organisation Nationale des Coopératives Industrielles avec sa structure à degrés. Architecte aux Bâtiments Nationaux durant cette période, Imre Makovecz est rapidement mis à l'écart du fait des libertés qu'il ose prendre lors de la construction de barres HLM. En réaction à cette standardisation de la pensée, il conçoit alors une architecture-sculpture en lien étroit avec son environnement, d'où le nom d'architecture organique qu'on lui donne souvent. La Maison de la Culture de Sarospatak et le Centre des Sports et des Conférences de Felcsut, avec leurs structures mêlant bois, béton et ardoise naturelle, comptent parmi ses grandes réalisations. Depuis 2010, Viktor Orbán a fait de l'architecture un des vecteurs de ses ambitions politiques. Il s'agit de retrouver la grandeur du pays en lançant de grandes campagnes de restauration qui empruntent aux styles passés. La colline du château de Budapest est un gigantesque chantier, où l'on voit réapparaître des bâtiments qui avaient disparu avec la Seconde Guerre mondiale : le palais de l'archiduc Joseph, le manège royal, etc. Dans le même temps, Viktor Orbán promeut aussi la modernité, notamment dans le nouveau quartier des musées au cœur du Varosliget. C'est là que se déploie la Maison de la Musique de Sou Fujimoto avec les formes ondulées de son toit qui semblent comme suspendues aux arbres. À Budapest, ne manquez pas non plus le centre commercial baptisé CET, dont les formes arrondies et fluides rappellent la silhouette d'une baleine. Les stations de la ligne M4 du métro ouvrent, elles, sur un fascinant monde souterrain fait d'un enchevêtrement futuriste de béton, de verre et d'acier. Mais c'est bien partout dans le pays que naissent des formes architecturales étonnantes, telles celles de la Haute Cour de Justice de Pecs, puissant monolithe double en pierre locale. L'architecte Tamas Nagy, lui, a repensé l'architecture religieuse comme le montrent son église à Gödöllő dont les volumes mêlant bois et béton d'une blancheur immaculée sont éclairés par d'élégants claustras, ou son travail au Monastère de Matraverebély dont il a doté le centre d'accueil d'un toit végétalisé. Une architecture qui illustre le tournant pris par de nombreux architectes soucieux de créer des projets toujours plus durables. C'est d'ailleurs l'agence du célèbre architecte danois Bjark Ingels qui réalisera le prochain Musée d'Histoire Naturelle de Hongrie située à Debrecen. Un projet qui s'inscrit dans la volonté du gouvernement de faire de la ville un pôle régional d'éducation et de culture d'ici à 2030. Les 23 000 m2 du musée prendront la forme de trois volumes paysagers entrelacés dont les structures seront en bois massif et les toits plantés d'espèces locales.

Richesses vernaculaires

Fière de ses traditions, la Hongrie possède un incroyable réseau de collections ethnographiques en plein air soutenu et protégé par l'UNESCO. Ces musées offrent un condensé de cette riche architecture rurale, vous faisant notamment découvrir les traditionnelles maisons de plans rectangulaires aux larges toits de chaume à quatre pans, ou bien encore d'étonnantes maisons semi-enterrées aux toits végétalisés et autres maisons en rondins de bois. Le musée de Szentendre est sans aucun doute l'un des plus célèbres. Classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco, ne manquez pas le village d'Hollokö, symbole de la culture des Palocs. Il s'agit là d'un exemple typique de village-rue. Placées sur des fondations de pierre, les maisons sont à colombage avec des murs en torchis blanchis à la chaux, une galerie à colonnes protégée par un large avant-toit se trouvant le plus souvent sur la façade principale. À Salföld, c'est une autre forme de beauté rustique qui s'exprime à travers des maisons aux murs blanchis à la chaux et ornés de motifs géométriques ou floraux inspirés des cultures locales, aux grandes fenêtres en bois flanquées de volets colorés et aux toits de tuile ou de chaume. De plain-pied et conçues en enfilade, ces maisons sont un modèle de simplicité et de fonctionnalité. Dans la région du lac Balaton, l'ensemble des constructions (maisons, chapelles, caves, murs de soutènement, calvaires) est réalisé en pierre de basalte locale. La région viticole du Tokaj, elle, est célèbre pour ses labyrinthes de caves voûtées ingénieusement creusées dans la roche volcanique. Enfin, si vos pas vous mènent vers le lac Bokodi, vous y découvrirez d'étonnants petits chalets sur pilotis reliés par des trottoirs flottants.

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