A peine débarquée à Porquerolles, me voilà en immersion totale dans une atmosphère jazzy rythmée par les cigales avec cette hâte que le festival commence. Après un délicieux dîner léger à l'Oustaou, juste ce qu'il faut pour pouvoir swinguer sans s'endormir grâce une formule adaptée, la formation de musiciens Krakens débarque en fanfare dans les rues du village et se met à jouer des mélodies entraînantes en diable pour guider la foule vers le Fort Sainte-Agathe, signe que le premier concert va bientôt commencer... Alors, on les suit, on tape des mains, on danse, au milieu d'inconnus et on s'amuse déjà. Ensuite, après une petite montée sur la rocaille provençale et sous les pins parasol, on arrive enfin au Fort Sainte Agathe, superbe vestige du 16ème siècle, où une scène trône, sous un arbre immense, le tout éclairé par des lumières douces et colorées. Les cigales se sont tues. C'est le crépuscule. Les spectateurs sont déjà là en nombre, il faut se trouver une place. Ce sera au fond, tant pis, mais on voit bien et les notes arrivent sans peine jusqu'à nous, le lieu est si intime et la qualité sonore de haut niveau. Première partie: Sibongile Mbambo, une chanteuse sud-africaine originaire de Cape-Town. C'est son premier festival. Curiosité. Voix suave, tenue et maquillage typique de son ethnie xhosa, chansons dans son langage dialectal. Nul doute, on est en Afrique du Sud et la voilà qui nous emmène en chansons dans ce ce pays lointain dont elle dénonce la "xenophobia", une xenophobie dont on ignorait tout, celle des Noirs d'Afrique du Sud vis-à-vis des immigrés des pays africains voisins, puis, elle se fait porte-drapeau des mineurs qui travaillent très dur pour extraire de l'or dans son pays natal contre un salaire de misère. Au final, c'est une résussite, Bravo Sibongilé. Entracte. Pause rosé, détente. Retour au spectacle. Jacky Terrasson, le pianiste virtuose, prend place accompagné de ses musiciens. Il joue dos au public, ce qui oblige le spectateur à se concentrer seulement sur le son de son piano.Que d'univers se succèdent alors, de reprise en reprise, entre rythmes jazzy et caribéens, il nous surprend à chaque morceau. Inattendu, drôle, malicieux. Il n'en loupe pas une pour le bonheur de nos oreilles. Quand soudain arrive une danseuse contemporaine, qui se fond dans les notes grâce à des mouvements rythmés, saccadés, telle une poupée désarticulée, on atteint un niveau supérieur artistique. Une sorte d'hypnose musicale. Et puis, c'est déjà fini, il faut repartir et ne pas rater la dernière navette pour Hyères. Porquerolles n'a plus un seul lit disponible. Dommage, on serait bien resté pour l'after. Une autre fois.

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Restaurant l'Oustaou