Coup d’œil sur le système politique

Du côté autrichien. L'Autriche est une république fédérale de type parlementaire qui regroupe 9 Länder (provinces), dont le Land du Tyrol composé du Nord-Tyrol (Nordtirol en allemand) et du Tyrol oriental (Osttirol). Le président de l'Autriche, Alexander Van der Bellen, soutenu par les écologistes, est en fonction depuis sa réélection en octobre 2022 pour un second mandat de six ans, s'étendant jusqu'en 2028. En tant que chef de l'État, il joue un rôle significatif dans la diplomatie et la nomination des membres du gouvernement, bien que ses pouvoirs soient moins étendus comparativement à ceux du président français. La voix politique principale est celle du chancelier. Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, dirige le gouvernement fédéral qui comprend deux chambres : le Conseil national (qui vote les lois) et le Conseil fédéral (la Chambre des provinces, avec un droit de veto sur les lois). Après la démission de Sebastian Kurz en octobre 2021 suite à une affaire de corruption, Nehammer a pris la tête du parti ÖVP et du gouvernement. L'Autriche continue de s'attacher à des politiques centrées sur la protection de l'environnement et la gestion de l'immigration, notamment en renforçant la surveillance de ses frontières de l'est et du sud.

Du côté italien. Les provinces du Sud-Tyrol et du Trentin, où se trouvent respectivement Bolzano et Trente, continuent de bénéficier d'un statut spécial d'autonomie au sein de la région du Trentin-Haut-Adige. Ce statut d'autonomie est aussi partagé avec d'autres régions italiennes telles que la Sicile, la Sardaigne, le Frioul-Vénétie Julienne et le Val d'Aoste. Les provinces de Bolzano et de Trente jouissent depuis 1972 de la quasi-totalité des compétences administratives, législatives et fiscales de la région. La province de Bolzano est particulièrement notée pour avoir le statut d'autonomie le plus étendu d'Europe. Politiquement, le Sud-Tyrol est majoritairement sous l'influence du SVP (Parti populaire sud-tyrolien), tandis que dans le Trentin, c'est la Lega, dirigée par Matteo Salvini, qui domine suite aux élections de 2018. Maurizio Fugatti, soutenu par un accord entre le SVP et la Lega, reste président de la région Trentin-Haut-Adige. Au niveau national, depuis 2021, l'Italie est dirigée par le président du Conseil des ministres, Giorgia Meloni. Le président de la République, Sergio Mattarella, élu par le Parlement tous les sept ans, occupe une position essentiellement représentative avec peu d'influence directe sur la politique quotidienne. Toutefois, il détient le pouvoir de dissolution des chambres du Parlement après consultation de leurs présidents.

Coup d’œil sur l’économie

Le Tyrol, historiquement florissant, affiche une remarquable reprise économique post-pandémique. En 2023, l'Italie montre une nette progression avec un PIB par habitant de 41 061 $, en hausse depuis les 35 451 $ de 2020. L'Autriche n'est pas en reste, avec un PIB qui grimpe à 70 889 $, contre 49 215 $ auparavant. Ces chiffres, largement supérieurs à la moyenne européenne de 47 063 $, témoignent de la robustesse économique de la région. Sur le front du chômage, bien que les données spécifiques pour le Tyrol en 2023 soient absentes, la stabilisation du taux à 6,0 % dans l'UE fin 2022 laisse présager une amélioration similaire. (Source : Statistiques OCDE)

Place des industries. Grâce à sa situation centrale en Europe, le Tyrol est un carrefour commercial entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest. Cela fait maintenant quelques décennies que la crise du secteur industriel impacte durablement l'Italie du Nord et tout particulièrement le secteur automobile. On trouvera néanmoins les grosses entreprises concentrées le long des artères principales : il s'agit de la vallée de l'Inn pour la partie autrichienne (Innsbruck, Schwaz, Kufstein), des vallées de l'Isarco et de l'Adige pour la partie italienne (Trento, Bolzano, Vipiteno). La mécanique, l'industrie du bois ainsi que les filières alimentaires font partie des secteurs industriels les plus représentés. Il faut enfin évoquer les industries liées aux sports d'hiver et à la montagne, à l'instar de Leitner, l'une des principales sociétés spécialisées dans le transport par câble et dont le siège social se trouve à Vipiteno. On pourrait également citer Salewa, basée à Bolzano, qui conçoit des habits de montagne et de l'équipement d'alpinisme.

Place du tourisme. Le tourisme est devenu au fil des années l'un des piliers majeurs de l'économie tyrolienne. Pas moins de 10 millions de touristes visitent le Tyrol autrichien chaque année et près de 6 millions uniquement pour le Tyrol italien. Les voyageurs séduits par les activités liées à la montagne sont à la recherche de nature, d'authenticité et d'activités sportives : domaines skiables sublimes, sentiers de randonnée entretenus et clairement balisés, nombreux refuges bien équipés, vias ferratas, alpinisme, VTT... sans oublier le tourisme lié au vin, l'œnotourisme, qui s'est largement développé le long de la Strada del Vino au sud de Bolzano et dans le Trentin.

Place de l'agriculture. Dans le Tyrol, les fermes et les structures agricoles de type familiale ou organisées en PME sont nombreuses encore aujourd'hui, même si beaucoup ont réorienté ou simplement diversifié leurs activités vers le tourisme. Le Tyrol autrichien est réputé pour la qualité de ses élevages bovins, ovins et porcins (viande et produits laitiers). L'agriculture dans le Tyrol autrichien reste toutefois un secteur mineur, les zones agricoles autrichiennes se concentrant le long du Danube et dans l'est du pays. Dans le Tyrol italien, la culture de la pomme est assez impressionnante : dans certains endroits, on peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à côté de champs de pommiers ! Pour se donner une idée, il faut savoir qu'environ une pomme sur dix consommée dans l'Union européenne provient du Sud-Tyrol, ce qui représente près de 2 % de la production mondiale. La culture de la vigne tient également une bonne place, avec environ 14 000 hectares cultivés rien que sur le territoire du Tyrol italien. Dans le Trentin-Haut-Adige, au cœur des Dolomites, plusieurs vallées produisent ainsi de nombreux crus réputés. La région est aussi grande productrice de laitages (goûtez donc les yaourts de Merano !) ainsi que des produits de l'aviculture. Rappelons par ailleurs que l'Italie occupe la première place européenne en matière de productions sous signes de qualité (AOP, IGP ou STG). Elle est également l'un des leaders de l'agriculture biologique dans l'UE et le premier producteur de vins à haute valeur ajoutée. Le prix du foncier reste comme souvent un frein au développement du secteur agricole et à l'installation de jeunes agriculteurs notamment. Autres freins : les coûts des structures à moderniser mais aussi l'exposition aux risques naturels : rappelons que la tempête Vaia avait ravagé en 2018 des milliers d'hectares de forêt et beaucoup de fermes, en particulier dans les Dolomites. Et ce n'est pas le dérèglement climatique qui risque d'améliorer cela !

Ressources naturelles. Du côté des ressources naturelles, on trouve principalement dans les sous-sols du Tyrol de la magnésite, du graphite et du minerai de fer. Le secteur de l'énergie renouvelable est relativement bien développé : d'immenses réserves d'eau fournissent à la région une énergie hydraulique couvrant pas moins des deux tiers de son électricité. L'exploitation des sols fertiles en agriculture traditionnelle, raisonnée mais également biologique est une autre source de revenus pour le Tyrol et l'exploitation forestière contribue à la bonne santé de l'industrie papetière.