La culture de la fleur

Tourrettes-sur-Loup et la violette

Tourrettes-sur-Loup est le seul endroit en France où la violette est la principale culture... d'où son nom de Cité de la Violette ! C’est à la fin du XIXe siècle que la commune s’est spécialisée dans cette activité. De nos jours, seule la variété Victoria est cultivée à Tourrettes-sur-Loup. Les fleurs sont cueillies entre mi-octobre et mi-mars, tandis que les feuilles sont fauchées entre début mai et fin juillet.

 

Le premier week-end de mars, le village se pare aux couleurs de sa fleur vedette pour « La Fête de la Violette ». Au programme : corsos fleuris, ateliers d’art floral, composition de bouquets, ateliers parfum et cuisine des fleurs, le tout dans une ambiance provençale. Cette fête a été créée en 1952 par Victor Linton, un artiste d’origine écossaise installé à Tourrettes-sur-Loup, qui voulait mettre à l’honneur les horticulteurs de la commune et leur savoir-faire. Toute l’année, vous pouvez également visiter la Bastide aux Violettes, un musée consacré à la fleur emblématique de Tourrettes-sur-Loup, à partir de laquelle sont créées des fleurs cristallisées, savons et sirops.

 

La fleur d’oranger dans les gorges du Loup

Si la culture de la violette est encore d’actualité, il n’en va pas de même pour celle de la fleur d’oranger. Alors, remontons dans le temps. À l’origine, ce sont les Arabes qui, dès le IXe siècle, introduisirent l’oranger bigaradier dans la région. Au XVIe siècle, la fleur d’oranger était distillée pour une production d'huiles et d’eaux parfumées. Au XVIIe siècle, la princesse Anne-Marie de La Trémoille, surnommée « Néroli » par ses amis en raison de son mariage avec le prince de Nérola, Flavio Orsini, donna son nom aux extraits de fleur d’oranger. C’est elle qui introduisit cette essence à la cour de France.

 

À partir de 1880, la culture des bigaradiers pour la fleur d’oranger était à la base de l’économie de la commune de Bar-sur-Loup et du hameau du Pont-du-Loup, situé entre Gourdon et Tourrettes-sur-Loup. Les orangers poussaient sur les restanques, la cueillette de leur fleur avait lieu dès la mi-avril. Deux produits en étaient alors extraits : l’essence de Néroli, après distillation dans les alambics en cuivre, notamment pour la composition de parfums. Et l’eau de fleur d’oranger, servant à parfumer les pâtisseries ou créer des remèdes pour la digestion, la migraine ou la toux. Elle était stockée dans des bouteilles de verre bleu foncé, afin qu’elle ne soit pas altérée par la lumière. Les champs d’orangers ont disparu à la fin du XXe siècle, mais le souvenir de cette époque est perpétué chaque année à Pâques, avec la Fête de l’Oranger au Bar-sur-Loup. Une démonstration de distillation à l’alambic est proposée, un concours de vin d’orange et de confiture d’oranges amères est organisé.

 

Le jasmin et la rose Centifolia à Opio

Le jasmin est un arbuste originaire d’Inde. Il s’est bien adapté à la région méditerranéenne, à tel point que de toutes les cultures de plantes à parfum de la Côte d’Azur, celle du jasmin fut pendant longtemps la plus importante. Dans notre région, c’est Opio qui cultivait le plus cette petite fleur blanche très odorante. La cueillette de la fleur de jasmin s’effectuait à l’aube et à la main, entre août et octobre. Il fallait ensuite livrer les fleurs à l’usine dans les 24 heures. Pour obtenir un kilo d’essence absolue de jasmin, environ 7 millions de fleurs étaient nécessaires ! Autant dire que le jasmin naturel est cher et réservé aux parfums de luxe.

 

La rose Centifolia, ou Rose de Mai, était largement cultivée dans la région, là encore surtout à Opio. Le développement urbain et l’essor du tourisme eurent raison de cette activité, qui périclita à partir de 1980.

Cette rose « cent feuilles », en référence à son grand nombre de pétales, était déjà connue à l’époque romaine. La cueillette avait lieu au printemps, d’avril à juin, avec la rosée, donc tôt le matin. Les fleurs étaient emballées dans des sacs et servaient, sans surprise, à l’industrie de la parfumerie grassoise.

Oléiculture et viticulture

La culture de l’olivier
Au XVIIIe siècle, l’oléiculture était l’une des activités économiques les plus importantes de la région. À Valbonne, par exemple, près de la moitié des terres arables portaient des oliviers. Entre les arbres, on cultivait la vigne. Puis, affectée par le gel certaines années, par des parasites et la concurrence coloniale (huile d’arachide), l’activité décline. De nos jours, les exploitations professionnelles sont sur les communes de Châteauneuf, Opio, Tourrettes-sur-Loup, Valbonne, Le Bar-sur-Loup, Le Rouret, et Roquefort-les-Pins.

 

La culture de la vigne

Peu gourmande en eau, la vigne peut supporter de fortes températures sans dommages. Elle est donc une plante idéale pour la région. Elle se développe autour de Valbonne et de Tourrettes-sur-Loup. C’est au début du XXe siècle que le cépage servant (ou servan), originaire du Sud-Ouest, est introduit dans la région de Valbonne. D’un meilleur rapport que l’olivier, il y rencontre très vite un grand succès, à tel point qu’en 1929, la production passe de 300 à 400 tonnes. La particularité de ce cépage est qu’il se récolte de mi-octobre à fin novembre, soit après les vendanges traditionnelles. Cette vendange tardive consistait à couper la grappe en conservant une partie du sarment, puis à conserver la grappe dans une chambre fraîche, le sarment trempant dans un bocal d’eau, complété d’un petit morceau de charbon de bois pour éviter que l’eau ne pourrisse. Une méthode de conservation très particulière, qui permettait de laisser le raisin vieillir après la récolte, à condition que la pièce soit aérée, l’eau remplacée régulièrement et que les grains abîmés soient éliminés. Ainsi, le raisin se pare d’une belle couleur dorée, et acquiert une saveur fruitée qui lui est propre. Il était vendu avec son sarment sous le nom de « Servant branché »


La seconde moitié du XXe siècle voit l’abandon de la production du servant. De nos jours, la Vigne Communale, créée par la municipalité de Valbonne en 1995, perpétue tout de même cette tradition. 300 pieds de vigne sont vendangés chaque année par les agents municipaux.