La Côte d'Azur, une invitation au lyrisme

Jules Michelet y effectua un long séjour pendant l’été 1858 durant lequel il découvre la mer et décrit le rivage avec le lyrisme de l’époque : « La mer attire plus puissamment que si l’on était juste au bord. Les sentiers qui y mènent invitent, soit qu’on suive entre les jardins, les haies de jasmin et de myrte, soit qu’en montant quelque peu, on traverse les oliviers et un petit bois mêlé de lauriers et de pins… ».

George Sand décrit les rivages méditerranéens avec sa fougue romantique : « une brume irisée au bord, mais compacte à l’horizon, fait de la Méditerranée une fiction, une sorte de rêve où passent des navires qui semblent flotter dans le vide… Les voix fortes et enjouées des pêcheurs montaient jusqu’à nous comme le rire fantastique des invisibles esprits de la mer ».

Gustave Flaubert s'exclamait en 1845, arrivé sur le site du cimetière de la colline du château à Nice « Quel admirable cimetière en vue de cette mer éternellement jeune ! » et Paul Valéry écrivait quant à lui à propos du même endroit : « Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, composé d'or, de pierre et d'arbres sombres où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres. La mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! ». Dans ce cimetière est enterré Gaston Leroux, l'auteur populaire du Mystère de la chambre jaune, du Fantôme de l'Opéra ou des Aventures de Rouletabille qui séjourna à Nice.

Saint-John-Perse (de son vrai nom Alexis Léger), diplomate et poète, écrivit avec lyrisme : « Je m’enchanterai peut-être un jour de ce beau corps aux fines jointures, à l’ossature très racée qu’est la terre de Provence… Tout ce pays, de nuit comme de jour, sent l’essence, la résine, et ce parfum d’ambre jaune qui s’échauffe le soir au corps des femmes à peau mate. Sa sécheresse est celle d’un archet frotté de colophane pour violon… ».

Une littérature proche du peuple

Alphonse Daudet, Prosper Mérimée, Paul Arène, Jean Aicard avec Maurin des Maures, Henri Bosco avec L'Âne Culotte et Le Mas Théotime font revivre de vieux paysans et bergers des montagnes, aujourd'hui disparus. Jean Giono avec Regain et Le Hussard sur le toit, peint cet univers de petites gens si proches de la nature que l'on sent battre leur cœur avec celui de cette vieille contrée au charme inusable.

Marcel Pagnol est bien entendu une institution presque malgré lui ! Ses souvenirs d'enfance (La Gloire de mon père, Le Château de ma mère...) sont un précieux témoignage sur la vie à Marseille au début du siècle. Jean de Florette et Manon des Sources font de lui une sorte de Zola des petits paysans obsédés par le problème de l'eau commun à toute la Provence où l'attente de la pluie conditionne parfois la prospérité ou la ruine de toute une saison.

Louis Nucéra se fait le chantre du vieux Nice encore si proche de l'empreinte italienne. Il décrit si bien l'enfance pauvre des petits écoliers et les petits métiers dans un monde dont l'horizon se borne parfois à celui de la ville, un monde au rythme lent, ponctué seulement par les travaux des champs, les activités manuelles et la fuite d'un temps beaucoup moins trépidant qu'aujourd'hui.

La Côte d'Azur, un cadre idéal pour les romans

Françoise Sagan plante le décor de la Côte d’Azur dans son premier roman « Bonjour Tristesse » : le soleil brûlant, le rythme de la mer et la succession des voiliers. Le récit d'un drame de vacances qui aura connu, lors de sa publication en 1954, un succès et un scandale foudroyants.

Ernest Hemingway est l’un des premiers à venir profiter de la Côte d’Azur en saison estivale. Entre fêtes et baignades dans les eaux cristallines qui bordent des plages encore sauvages, il profite et développe avec ses pairs américains Francis Scott et Zelda Fitzgerald ainsi que John Dos Passos le « culte du soleil ». Il y écrira notamment « The garden of Eden » ou « Le jardin d’Eden », un roman audacieux et inachevé dont l’histoire se situe sur la Côte d'Azur et qui fera sensation lors de sa publication en 1986.

F. Scott Fitzgerald a passé une grande partie des années 1920 sur la Côte d’Azur avec sa femme Zelda pour fuir la prohibition en Amérique. Connu pour « The great Gatsby » l’auteur y compose « Tender is the Night », un roman lyrique dont l’intrigue se déroule sur la Côte d'Azur. Le roman commence d’ailleurs sur la description d’un palace, qui évoque l’Hôtel du Cap d’Antibes dans lequel il a séjourné : « C’est à mi-chemin de Marseille et de la frontière italienne, un grand hôtel au crépi rose qui se dresse orgueilleusement sur les bords charmants de la Riviera. (…) Un petit clan de gens élégants et célèbres l’a choisi récemment pour y passer l’été. »

Un vivier d'auteurs, natifs ou en séjour

Paul Morand, ce boulimique des voyages, effectua de fréquents séjours sur la Côte d’Azur : il adorait circuler à bord d’une automobile trépidante sur les mauvaises petites routes en observant les pêcheurs manœuvrer leurs madragues, ces grands filets profonds, délaissés aujourd’hui.

Jules Verne séjourna quelques semaines à la pointe du Cap d’Antibes. Non pas pour y profiter de l’agréable climat hivernal de la Côte d'Azur, bien au contraire ! Installé dans la villa « Les Chênes Verts » il y travaille d'arrache-pied.

Jean Cocteau a laissé sa trace sur la Côte d'Azur, de Menton, à Villefranche-sur-Mer en passant par Nice et Monaco où il fit l’acquisition d’un appartement. L’écrivain, artiste, dramaturge, cinéaste écrit, peint une part de son œuvre en tête-à-tête avec la Méditerranée ! « La Côte d'Azur est la serre où poussent les racines. Paris est la boutique où on vend les fleurs. », disait-il.

N'oublions pas de citer d'autres auteurs de renoms nés à Nice, des enfants du pays comme Jean-Marie Gustave Le Clézio (Prix Nobel de Littérature en 2008), Didier Van Cauwelaert (Prix Goncourt en 1994, Prix Marcel Pagnol et Prix Nice Baie des Anges pour Le Père adopté en 2007) et Max Gallo, Membre de l'Académie Française depuis 2007. Daniel Pennac a étudié et enseigné à Nice où il créa la célèbre saga des Malaussène. Il reçut le Prix Renaudot en 2007. Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacewy, passa son adolescence avec sa mère sur la Côte d'Azur. Joseph Kessel et Guillaume Apollinaire furent élèves au Lycée Masséna. Sans oublier les auteurs natifs d'Antibes comme Jacques Audiberti, écrivain, poète et dramaturge français né à Antibes et Guillaume Musso nommé Chevalier de l'Ordre des arts et lettres en 2012 pour l'ensemble de son Œuvre.