Les habitations
Tour d'horizon des différents types d'habitations :
Le mas, petite maison sans étage avec des fenêtres de dimensions modestes permettant de garder le maximum de fraîcheur à l’intérieur.
La bastide ou « maison de maître » est une maison bourgeoise bâtie en pierre de taille. Plus solide et plus luxueuse que le mas, les pierres utilisées pour les façades, invention purement esthétique des résidents secondaires de notre siècle, sont soigneusement crépies afin de les protéger des intempéries, des animaux nuisibles et de la prolifération du lierre. Les bâtiments d’exploitation sont disposés autour de la maison de maître. On trouve aussi des bastidons (des petites maisonnettes) et des cabanons, aujourd’hui détournés de leur vocation première pour devenir une minuscule résidence secondaire en plein champ.
La maison de village située au cœur d'un village fortifié possède des pièces minuscules et comporte quatre ou cinq étages pour hisser ses dernières mansardes au plus près du ciel. Chaque niveau correspond à une fonction précise : la cave, fraîche par définition, contient les réserves alimentaires. Le rez-de-chaussée (de plain-pied) abrite le mulet ou l'âne. L'étage noble au premier niveau est aménagé à l'usage d'habitation. Les étages supérieurs servent de logement pour les domestiques, de garde-manger pour les fruits et les légumes. Enfin, le dernier grenier est bourré de foin que l'on hisse depuis la rue par une poulie pour assurer l'isolation du froid en hiver, de la chaleur en été.
Les maisons des campagnes sont aménagées différemment : au rez-de-chaussée, se trouve le séjour. Au nord, dans la partie la moins exposée au soleil, est construite la cuisine dont la fraîcheur permet de conserver les fruits, légumes et fromages. Les chambres sont au premier étage : elles sont petites et souvent sans couloir pour y accéder. On traverse donc la première chambre pour accéder à la seconde et ainsi de suite. Chaque maison est construite à proximité d'une source ou d'une fontaine. L'eau de source inutilisée se déverse dans une roubine, petit canal d'irrigation qui conduit le précieux liquide jusqu'au potager. Dans la région de Nice et dans son arrière-pays, les toitures à la Niçoise n'ont pas moins de quatre pentes, chacune partant du centre, coiffant l'une des quatre façades. Devant la maison, il y a souvent un petit jardin de quelques mètres de profondeur qui ne remplit qu'un rôle décoratif : le jardin principal, celui où l'on se tient, est toujours bien caché derrière pour protéger l'intimité de la famille. Les sols sont en tomettes hexagonales cirées : en saison chaude, la tomette procure une délicieuse sensation de fraîcheur : il fait bon y marcher pieds nus.
Terrasses, jardins et volets
La terrasse est presque considérée comme une pièce de la maison, en plein air. On passe sans effort de la salle commune à la terrasse, de la terrasse au jardin. L'hiver, on y prend le soleil de plein fouet : il rentre dans les pièces de la maison alors que les branches sont dégarnies de feuilles tandis que l'été, on y prend le frais à l'heure du pastis sous la glycine ou la treille, supportée par des consoles en ferronnerie qui constituent l'aménagement essentiel de la terrasse. Il reste encore un ornement qui fait le charme des maisons provençales : les volets. Souvent bleus, parfois mauves, ils tranchent sur l'ocre des façades. Ils sont en bois massifs, épais, cloutés comme des armures. On les ouvre et on les ferme avec un claquement sec sur le mur. L'été, on les entrebâille au moyen des persiennes ce qui conserve la fraîcheur de la pièce.
Les campaniles
Une autre particularité architecturale de la Provence et de la Côte d'Azur, ce sont les clochers en forme de cages à vent, également baptisés campaniles. Dans sa fonction originelle, le campanile était un simple support permettant de soutenir la cloche. Les campaniles possèdent des structures de ferronnerie en forme de bulbe ou de kiosque, plantées sur la maçonnerie de la tour pour éviter que la toiture ne soit emportée par le mistral. Chaque campanile est constitué de deux parties distinctes : l'embase et le couronnement. L'embase s'inspire le plus souvent d'une forme géométrique simple sur laquelle vient s'emboîter une coupole. Ils possèdent tous une forme particulière : on en dénombre plus de 250 ! Par son esthétisme et son originalité, le campanile provençal est devenu une œuvre d'art. Presque chaque village de la Côte d'Azur possède le sien. Ce témoignage d'un art naïf reste l'un des plus beaux fleurons de l'architecture campagnarde héritée des siècles passés.
Baroque religieux
La Côte d’Azur possède un patrimoine culturel particulièrement riche composé d’un grand nombre d’églises et de chapelles baroques. Soutenu par l'Église catholique romaine dès la fin du XVIe siècle, l’art baroque consacre le triomphe de la ligne courbe après la dictature architecturale de la ligne droite. Tout en dorures, en trompe-l'œil et en faste, on le retrouve dans le vieux Nice avec l'église du « Jésu » imitant l'église du « Gesù » à Rome, l’église Sainte Rita ou encore la cathédrale Sainte-Réparate, un véritable chef-d’œuvre, parmi d’autres. En opposition avec l’austérité du protestantisme, le Baroque s’exprime dans de nombreux bâtiments sur l’ensemble de la Côte d’Azur.
Pour les amateurs, un circuit spécialement étudié pour eux au départ de Nice est à découvrir. Allant jusqu’à Menton à travers toutes les vallées, il permet de ratisser l’essentiel des œuvres les plus intéressantes de cet art si particulier. Ce parcours trouve son prolongement dans un programme de concerts de musique baroque qui se déroule dans les églises et les chapelles des vallées de la Bévéra et de la Roya de juin à septembre chaque année : les Baroquiales.
Sur les pas de Garnier et d'Eiffel
Deux hommes au talent inégalable ont marqué à jamais de leurs travaux le paysage azuréen : l'architecte Charles Garnier et l'ingénieur industriel Gustave Eiffel. Leurs œuvres sont devenues de véritables symboles d'architecture : de toute beauté, elles traversent les années avec éclat. À l'image des grandes villes internationales, la Côte d'Azur est aussi devenue une terre de prédilection pour ces deux grands bâtisseurs qui y ont laissé leur empreinte : excellemment préservés, certains de leurs édifices peuvent d'ailleurs se visiter.
Charles Garnier. L'Opéra de Monte-Carlo, le Grand Casino de Monte-Carlo et la salle de jeu de Trente-Quarante, l’observatoire de Nice, la villa Eilenroc au cap d’Antibes, les villas Maria Serena et Foucher de Careil à Menton.
Gustave Eiffel. La coupole de l’observatoire de Nice, celle du jardin d’hiver de l’hôtel Hermitage à Monaco, l'escalier de la villa Maria Serena à Menton, la villa Durandy à Beaulieu-sur-Mer et la coupole du Riviera Palace à Beausoleil, sans oublier la charpente de la distillerie Molinard à Grasse.
Architecture militaire
Le long du littoral azuréen ou dans l’arrière-pays niçois, il existe un patrimoine architectural militaire important : des constructions imposantes de type forteresse aux bunkers, plus discrets, voici un petit aperçu de ces trésors que l’on peut visiter.
Le fort du Mont-Alban à Nice, la citadelle Sainte-Elme à Villefranche-sur-Mer et la forteresse Saint-Hospice à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Trois édifices construits à la demande du Duc de Savoie au XVIe siècle qui préfigurent un nouveau type de fortifications bastionnées selon un tracé dit « en étoile » pour répondre aux nouvelles techniques de l’artillerie en usage à l’époque. Parfaitement bien conservés, ils sont l’un des rares vestiges de cette époque existant en France.
Le Château de Nice et la Tour Bellanda sont deux ouvrages fortifiés à vocation militaire. Le château a existé du XIe au XVIIIe siècle sur la colline qui porte aujourd’hui son nom. La vieille ville était entourée d’un mur d’enceinte. Sauf la Tour Bellanda, superbement restaurée et transformée en musée, l’ensemble de ces fortifications fut détruit à l’explosif par Louis XIV en 1706. Tandis qu’il ne reste aucune trace des remparts du vieux-Nice, excepté sur le Cours Saleya, le château demeurera en état de ruines : on peut d’ailleurs visiter le site offrant une vue sur la mer à couper le souffle.
La batterie ou « Fort Tabourde » à Tende date de 1883. Il faisait partie des cinq batteries de protection satellites du fort de barrage de Colle Alto. Conçus pour 120 hommes, le fort et ses bâtiments annexes (corps de garde, poste de télégraphie optique et batterie de mortier) furent désarmés durant la Première Guerre mondiale et laissés à l’abandon.
Perché sur la presqu’île Saint-Roch, le Fort Carré à Antibes domine la Méditerranée. Construit sur ordre du Roi de France Henri II, le site occupe une position stratégique. Jusqu’au XIXe siècle, il servit de sentinelle pour la frontière avec le Comté de Nice et de poste de défense pour Antibes. Lorsque Nice fut rattachée à la France en 1860 et que la frontière recula, il fut déclassé militairement. Cédé par l’Armée au ministère des Sports en 1967, le Fort est racheté par la Ville d’Antibes en 1997, qui y organise des visites guidées.
Le Fort Royal de l’île Sainte-Marguerite édifié en 1617 par le Duc de Guise avait pour mission de verrouiller l’accès à Cannes par la mer. La bâtisse fut quelques années plus tard, agrémentée d’autres constructions, lui donnant sa forme actuelle de pentagone (Vauban). À l’intérieur de l’enceinte subsistent une chapelle et plusieurs hangars affectés à l’hébergement des troupes et aux magasins d’artillerie. On y aménagea plusieurs cellules : l’ouvrage devînt une prison d’État et le célèbre, mais inconnu « Masque de Fer » y fut détenu pendant 11 ans de 1687 à 1698. Le fort, qui aurait besoin d’être restauré, est néanmoins sécurisé, permettant d’être visité.
La ligne fortifiée du Paillon : les communes de Levens, l’Escarène et Conte de l’arrière-pays niçois à environ 800 m d’altitude, forment par leur géographie, un obstacle naturel aux invasions du ponant ainsi qu’un couloir de circulation entre Nice et la vallée de la Vésubie.