Histoire des Alpes-de-Haute-Provence

La présence humaine en Provence remonte au moins à près de 950 000 ans avant J.-C. Avant cela, il est attesté par de riches gisements que les dinosaures foulaient le sol de ce qui allait devenir le territoire aixois. Il y a 27 000 ans, des hommes investissent la grotte Cosquer, dans l'actuel parc national des Calanques, et nommée d'après son découvreur. Aujourd'hui sous-marine, cette cavité ne l'était pas au moment où les premiers artistes provençaux dessinent sur ses parois des représentations animales ainsi qu'une cinquantaine de dessins de mains en négatif. Le climat de la Provence n'a alors rien de ce que l'on connaît aujourd'hui : les dessins attestent de la présence de pingouins sur les côtes.

Le territoire provençal est parsemé d'habitats perchés, appelés Oppida. La population est alors principalement composée de peuplements ligures, d'origine indo-européenne, bien structurés politiquement et en contact commercial régulier avec les civilisations méditerranéennes. Les celtes du nord de l'Europe finissent par s'immiscer en Provence, créant une culture très locale dite celto-ligure.

C'est six siècles avant notre ère que des marins grecs venus de Phocée, en Asie-Mineure, s'établissent le long de la calanque du Lacydon (actuel Vieux-Port). Ils créent Massalia, un port qui deviendra très influent en Méditerranée et changera durablement le cours de l'histoire de la région. Les échanges commerciaux sont alors florissants avec les peuples celto-ligures voisins, comme en attestent les découvertes faites dans différents oppida de la région. L'hellénisme se répand par la création de nouveaux comptoirs phocéens : Olbia (Hyères), Agathè (Agde) ou Nikaïa (Nice). Peuple de tradition maritime, les Massaliotes lancent des expéditions de découverte en Europe du Nord et le long des côtes d'Afrique, un exploit pour l'époque.

Les bonnes relations marseillaises avec les celto-ligures se tendent au fil des siècles. Jugés trop conquérants par les Salyens notamment, établis dans le pays d'Aix, les Marseillais font appel à leurs alliés romains. Les Romains saisissent l'occasion pour s'établir en Provence. Le consul Caius Sextius Calvinus rase l'oppidum d'Entremont, chef-lieu des Salyens, en 122 av. J.-C.,  et crée tout à côté, Aquae Sextiae (Aix-en-Provence), première ville romaine du pays. Dans la foulée de la fondation d'Aix, les Romains investiront une large bande côtière de l'Espagne à l'Italie, désormais appelée Provincia Romana. La sécurité des échanges commerciaux est assurée et Marseille, fidèle alliée, garde son autonomie.

Jules César assiège Marseille qui avait choisi de soutenir Pompée, son rival et ennemi. Toute la région est définitivement romanisée. César choisit alors Arles comme capitale de la Provincia. Arles la romaine se développera brillamment au détriment de Marseille la grecque.

Pendant la période de l'Empire romain, la Pax Romana permet à la Provence de devenir une région de renom. De grandes voies commerciales sont développées tout au long du territoire que l'on appelle désormais Narbonnaise. La fameuse voie Domitia relie Briançon, Sisteron à Ambrussum en passant par Arles. La voie Aurélienne passe par Fréjus, Aix, Arles et Narbonne. La quasi totalité de nos routes et villes actuelles existent du temps des Romains. Le génie civil et politique romain s'exprime et traverse le temps jusqu'à nous : les arènes d'Arles, le site de Glanum (St-Rémy-en-Provence), le théâtre d'Orange ou Vaison-la-Romaine.

La religion chrétienne se développe durant l'Empire Romain. Selon la légende, Marie-Madeleine et Marie-Salomé, toutes deux proches de Jésus, accostent aux Saintes-Maries-de-la-Mer et s'installent en Provence pour fuir les persécutions. L'évangélisation progressive voient des clochers se dresser à St-Maximin où Marie-Madeleine repose, ou encore à Marseille avec la fondation de l'abbaye Saint-Victor au V^e siècle. D'après les textes historiques, un premier évêque était déjà en poste à Arles dès le III^e siècle. Au VI^e siècle, les villes sont définitivement christianisées.

Sous l'égide de Guillaume d'Arles, le premier comté de Provence est créé. Son territoire s'étend du Rhône aux Alpes. La principale menace locale vient des Sarrasins, établis dans le massif des Maures, avec notamment La Garde-Freinet comme base arrière. Les Maures resteront établis en Provence durablement jusqu'en 1197.

De 1309 à 1418, Avignon devient le centre du monde chrétien avec l'établissement des papes au bord du Rhône. Le palais des papes est progressivement bâti. Il est aujourd'hui un magnifique témoignage de cette époque faste.

René d'Anjou est une figure historique primordiale en Provence. Il fut surnommé le bon Roi René, sans doute grâce à une conjoncture bénéfique au niveau économique et politique qui lui attira l'affection de la population. De grands travaux sont entamés. Des constructions importantes sont menées, comme le château de Tarascon où il vécut en 1449. C'est à son initiative que démarre le processus de rattachement de la Provence au royaume de France. Il meurt à Aix-en-Provence en 1480 et sa dépouille est transportée en Anjou, malgré les protestations des Provençaux.

Près de deux ans après la disparition du Roi René, les États de Provence approuvent la constitution provençale. Louis XI, roi de France, proclame l'union de la France et de la Provence, tout en lui assurant une certaine indépendance morale et nombre de privilèges, notamment fiscaux. En 1501 est créé le premier parlement de Provence.

Bien que rattachée à la couronne de France, la Provence garde un esprit frondeur. Pendant les guerres de Religion, de nombreux réfugiés protestants s'y installent. Dès la fin du XVe siècle d'ailleurs, les Vaudois s'établissent dans de nombreux villages du Luberon. Sévèrement réprimés à maintes reprises du fait de la présence papale toute proche, nombre de protestants sont massacrés ou enfermés au château d'If. L'édit de Nantes permit la construction d'un tout premier temple protestant, à Velaux (Bouches-du-Rhône).

Louis XIV s'efforce à consolider le pouvoir central de la Couronne de France en Provence. Toulon devient un port de guerre de première importance alors que l'arsenal des galères de Marseille tourne à plein régime.

Décimant près de la moitié de la population de la ville, la Peste noire s'abat sur le port de Marseille. La contagion s'étendra également de manière dramatique à la région. C'est d'un navire en provenance du Levant, le Grand-Saint-Antoine, que partit la contamination. Le laxisme et les intérêts personnels de certains édiles auront eu raison des précautions sanitaires.

Pendant la Révolution française, les Provençaux ont la particularité de changer plusieurs fois de fusil d'épaule. Le fait majeur reste cette armée de fédérés marseillais et provençaux qui entra aux Tuileries en entamant un chant, immédiatement qualifié de Marseillaise par les Parisiens et qui deviendra l'hymne national français.

De retour de son exil forcé sur l'île d'Elbe, Bonaparte débarque à Golfe-Juan et chemine sur ce qui est aujourd'hui appelé la route Napoléon. Elle passe notamment par Grasse, Castellane, Sisteron et Digne.

Le développement du chemin de fer permet aux denrées industrielles produites en Provence (savons, huiles d'olives, sucre, tuileries) d'être exportées facilement. Marseille se modernise. On perce la très hausmanienne rue Impériale (actuelle rue de la République). De grands monuments sont érigés comme la cathédrale de la Major, la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, toutes deux de style romano-byzantin. Le majestueux Palais Longchamp est inauguré en grande pompe pour célébrer l'arrivée des eaux de la Durance dans la cité phocéenne. Ces eaux captées dans les Alpes du Sud cheminent notamment via le magistral Aqueduc de Roquefavour (inspiré du Pont du Gard et, encore aujourd'hui plus grand aqueduc en pierre du monde avec ses 400 m de long et ses 83 m de haut !).

Le début du XXe siècle est une période qui voit arriver en Provence, de nombreux immigrants italiens et arméniens. Les premiers viennent trouver du travail et sont rapidement victimes de racisme. Les seconds fuient les persécutions ottomanes. Ces deux communautés deviendront une composante importante de la population régionale.

Le 11 novembre, les Allemands envahissent la Provence, jusqu'alors principale base arrière de la Résistance dans la zone libre (Jean Moulin y fut d'ailleurs parachuté près de Mouriès avant de trouver refuge à Eygalières). L'Occupation durera jusqu'au débarquement en Provence, le 15 août 1944, véritable tournant dans le conflit. Entre temps, elle aura vu des atrocités être commises comme le dynamitage des vieux quartiers de Marseille en 1943 ou la mise en place de camps de transit vers les camps de la mort comme aux Milles, à Signes ou à Sorgues. La Libération de la région s'opérera principalement par voie navale sur les côtes varoises. Forces américaines et françaises d'Afrique du Nord rendront finalement sa liberté à la cité phocéenne et par là-même à la région, fin août 1944.

Malgré une nette amélioration pour certaines communes avec la création du canal de Marseille dans la deuxième partie du XIXe siècle, une grande partie de la Provence souffre de la sècheresse chaque année en ce milieu du XXe siècle. D'immenses travaux sont entamés, des barrages sont bâtis et un réseau de canaux sans précédent arrose la basse Provence, avec un dernier tronçon inauguré dans les années 1980.

Le Port de Marseille intra-muros voit son activité commerciale déplacée à une soixantaine de kilomètres, à Fos-sur-Mer. Le port de la Joliette et d'Arenc continuera jusqu'à aujourd'hui à assurer principalement le transport de personnes, avec des lignes de ferry, ainsi que le développement des croisières qui y font escale.

Avignon, Aix-en-Provence, Miramas et Marseille plus que jamais connectées avec la capitale. Du jamais vu niveau rapidité. Cette ligne TGV apporte de nombreux changements économiques et touristiques pour la région.

Marseille, désignée capitale européenne de la culture, voit son attractivité s'accroître année après année. La ville est mise en lumière. Les regards changent sur une ville devenue innovante. Le Mucem est inauguré. Le quartier de la Joliette, jadis quartier portuaire, est modernisé par les plus grands architectes.

Dans les cadres des Jeux Olympiques 2024 qui se tiennent à Paris, Marseille est mise à l'honneur  en devenant le port d'arrivée de la flamme olympique sur le territoire français le 8 mai 2024, à bord du navire le Belem. Une véritable reconnaissance pour la plus vieille ville de France où se tiennent également les épreuves nautiques au sein de la nouvelle marina olympique, tout proche des plages du Prado.