Histoire du Haut-Rhin

La riche couverture en loess de l'Alsace a attiré des peuples des régions danubiennes, porteurs des techniques de céramique dites rubanées et poinçonnées.

Des centaines de sépultures sous tumulus du bronze moyen (1500-1200 av. J.-C.) ont été découvertes dans la région de Haguenau. L'Alsace fut ensuite colonisée par les peuples des Champs d'Urnes qui incinéraient leurs morts.

Les tertres funéraires du Hallstattien final (550-480 av. J.-C.) et leurs restes prouvent l’importance des échanges économiques et culturels avec le monde grec.

César chasse Arioviste de la région, intéressante économiquement et géographiquement pour son empire. La grande bataille d'Alsace qui oppose les deux chefs de guerre se déroule à l'ouest de Mulhouse. L'Alsace entre dans le district de Germanie supérieure. À cette époque, la romanisation culturelle s'opère facilement et pacifiquement.

Le limes romain n'arrive pas à empêcher l'incursion fréquente d'Alamans, qui pillent et détruisent tout. À l'aube du V^e siècle, l'Alsace tombe finalement aux mains de ceux-ci.

Charlemagne se rend en Alsace à plusieurs reprises dans la seconde moitié du VIII^e siècle. Lorsqu'il est couronné empereur en 800, la région occupe une place centrale dans cet Empire d'Occident. Les abbayes alsaciennes connaissent alors un âge d'or en obtenant plus de droits, des avantages financiers, une justice indépendante et un important agrandissement de leurs domaines.

Le Saint Empire germanique est créé par Othon I^er : ses limites vont perdurer jusqu'au XVII^e siècle.

Les ducs de Souabe et d'Alsace dominent l'Empire. On retrouve de nombreuses traces de cette lignée un peu partout dans la région. L'Empire est divisé en plusieurs territoires appelés landgraviats qui sont aux mains de grands seigneurs au service de l'Empereur. Les comtes d'Eguisheim et les Habsbourg font partie de ces grandes familles qui ont régné sur ces territoires avant que l'évêque de Strasbourg ne mette la main sur presque toute la région au XIV^e siècle.
L'une des particularités de l'Alsace dès le Moyen Âge est l'importance des villes, entités à part entière qui prennent de plus en plus de pouvoir.

En Alsace naissent plusieurs grandes figures de ce mouvement de pensée : Jean Geiler de Kaysersberg, Jacob Wimpfeling, Sebastian Brant et son chef-d’œuvre, la Nef des fous, Thomas Murner ou encore l'imprimeur Jean Mentel. Avec son école latine au rayonnement intellectuel international, Sélestat est incontournable pour l'humanisme rhénan.

À Strasbourg s'impose la très forte personnalité de Martin Bucer (ancien dominicain converti) : la ville devient officiellement protestante en 1529, et la cathédrale prend alors le statut de temple.

Les frustrations latentes, l'explosion du prix des céréales, l'ingérence et les exactions des seigneurs, conduisent au regroupement en bandes de 30 à 40 000 indignés sur toute l'Alsace, réclamant plus de droits et de justice. Malgré la sympathie des populations locales, la répression très violente est menée par le duc de Lorraine. Un Alsacien sur dix est tué et l'on surnomme cet épisode « la boucherie de l'Alsace ».

L'Alsace sort effondrée de ces trois décennies de guerre quasi constante : la moitié de la population rurale de la région a disparu, ravagée par la famine et la peste. 1648 marque l'arrêt des hostilités avec les traités de Westphalie et le changement de main de la région qui passe du côté français.

Mulhouse s'allie à des cantons suisses après la guerre des Six Deniers de 1466 jusqu'à obtenir le statut de «canton allié» à la Confédération helvétique en 1515 et devient complètement réformée dès 1529. La révolte des Fininger met la ville à feu et à sang entre 1580 et 1590 mais elle est peu touchée par la guerre de Trente Ans. À la suite des traités de Westphalie de 1648, la ville devient une république indépendante avant de demander, le 4 janvier 1798, son rattachement à la France.

C’est l'intégration complète de la province à la nation française. En 1790, la généralité d'Alsace est divisée en deux départements : Bas-Rhin au nord (chef-lieu Strasbourg) et Haut-Rhin au sud (chef-lieu Colmar). En 1815, suite à l'intervention du tsar Alexandre I^er au congrès de Vienne, et malgré les revendications de nombreux nationalistes allemands, l'Alsace est laissée à la France.

La grande industrie textile mécanisée va se développer dans les vallées vosgiennes et dans la plaine de Mulhouse. Toutes les villes de ces vallées possèdent leurs filatures ou leurs tissages et de petites industries villageoises apparaissent. Strasbourg, carrefour de routes depuis l'époque romaine, n'est encore qu'un centre d'industries alimentaires, une ville de garnison et un lieu de transbordement de marchandises.

Les dirigeants français du Second Empire déclarent la guerre à la Prusse en juillet 1870. Mal préparées et mal conduites par les Français, les opérations aboutissent à la capitulation de Napoléon III à Sedan et à la défaite au bout de six mois. L'armistice est signé à Versailles le 18 janvier 1871. La France perd l'Alsace.

En 1911, les revendications de l'autonomisme alsacien semblent satisfaites par une constitution qui accorde au Reichsland un Parlement provincial à deux chambres siégeant à Strasbourg. Le mécontentement persiste et conduit à l'émeute à Saverne en 1913. Pendant cette période, l'Alsace participe à la très forte croissance économique de l'Allemagne. Dès le début du XX^e siècle, l'un des plus grands gisements de potasse au monde est découvert et exploité près de Mulhouse. Strasbourg, bombardée en 1870 est reconstruite dans un style monumental et classique.

L'Allemagne de Guillaume II déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Le conflit voit l'Alsace exposée en première ligne. Ce n'est qu'en novembre 1918, après l'armistice, que les troupes françaises pourront pénétrer en Alsace et à Strasbourg. Par le traité de Versailles de 1919, l'Alsace redevient officiellement française dans les limites de ses deux départements d'avant 1871.

Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne. Dès la défaite française de juin 1940, l'Allemagne annexe de nouveau l'Alsace jusqu’en novembre 1944. L'Alsace est définitivement libérée en mars 1945.

Une loi d'amnistie sera votée pour les Alsaciens ayant revêtu l'uniforme allemand pendant la guerre et en 1986, l'Allemagne accepte de dédommager les familles concernées. L'Alsace dans la paix est devenue le symbole de la réconciliation franco-allemande.

Naissance de la Communauté européenne.

Le cœur politique de l'Union européenne (l'assemblée parlementaire, puis le Parlement) est basé à Strasbourg.

En 2016, le Grand Est marque la réunion des régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne à la suite de la réforme des régions françaises de 2015. En 2021, l’Alsace devient la Collectivité européenne d’Alsace, plus indépendante.