Musique alsacienne
La musique traditionnelle alsacienne est essentiellement orchestrale, proche de la musique allemande, autrichienne, suisse et tchèque. On pourrait la croire disparue mais elle est pourtant encore bien présente dans chaque fête de village. La plupart des chansons traditionnelles proposent des paroles en dialecte alsacien mais elles sont de plusieurs types.
La Bloosmusik ou Blôsmusik, c'est-à-dire, musique « à souffler », produite par un orchestre d'instruments à vent, proche d'un brass band, avec quinze à trente musiciens (essentiellement cuivres, bois, accordéons et percussions) est la plus connue. Alors que, depuis la dernière guerre, la musique de chambre urbaine a disparu, ce sont les fanfares et les harmonies villageoises qui ont pris le relais, accompagnant souvent les danses folkloriques alsaciennes. Les musiciens sont en général vêtus de gilets rouges, chemises blanches et pantalons noirs typiques. Très populaires, les interprétations sont souvent entrecoupées d'apartés ou de cocasseries dialectales.
Chaque brasseur alsacien (Kronenbourg, Fischer, Meteor, Perle, Ancre, Adelshoffen, etc.) avait il n'y a pas si longtemps encore, son orchestre dédié de Stubenmusik (« musique de taverne »). On trouve aussi la Guggenmusik (fanfares qui font de la musique avec des déguisements) qui intervient notamment dans les carnavals de la région rhénane.
Dès les années 1970, les compositeurs se mettent de plus en plus à composer des chansons en dialecte pour le faire vivre et le rendre plus populaire auprès des jeunes générations. Aujourd’hui, c’est le rock alsacien qui a le vent en poupe et qui rencontre un succès croissant. Parmi les grands chanteurs de variété alsaciens, on peut citer Alain Bashung, Rodolphe Burger, Pierre Dac, Cookie Dingler, Pierre Fresnay, Jacques Higelin, Herbert Léonard, Le Mime Marceau, The Marx Brothers, Jean-Pierre Melville, Matt Pokora…Les orgues
Les Silbermann sont assurément les plus connus des facteurs d'orgues alsaciens. En 80 ans (1703-1783) d'activité à Strasbourg, cette famille a réalisé 91 instruments, d'une qualité bien supérieure aux standards de leurs contemporains. Matériaux de choix, étain « anglais », étude approfondie de la facture, des édifices, de l'acoustique, mais aussi étude sociale de leurs commanditaires : les Silbermann ont assurément su se donner les moyens de produire une œuvre destinée à traverser les siècles. On peut aujourd’hui admirer ces superbes orgues dans de très nombreuses églises alsaciennes mais aussi bien au-delà de nos frontières et les entendre sonner procure un sentiment enchanteur.
Albert Schweitzer, philosophe, médecin, mais aussi musicien, musicologue et organiste, a très tôt été baigné dans la musique d'orgue et s'est concentré sur l'héritage de Jean-Sébastien Bach, tant du point de vue de l'interprétation que de l'analyse (il lui a consacré une monographie). On lui doit aussi la conception d'un système d'orgue nouveau, dont quelques exemplaires sont encore implantés en Alsace. Il donna de très nombreux concerts dans différentes églises et est à ce titre important pour la culture musicale alsacienne.Danse
Il existe des dizaines de danses traditionnelles alsaciennes, une pour chaque village ou presque. Dans la société rurale alsacienne d'avant 1930, les grands travaux agricoles tels que la moisson ou le battage du blé se terminaient toujours par de grands rassemblements populaires. À cette occasion, les communautés villageoises festoyaient autour d’un repas tout en pratiquant diverses danses collectives. Ces danses trouvent leur origine dans les églises où la plupart des fêtes, repas et offices se tenaient. Les rondes étaient alors de rigueur. Les fidèles marquaient le rythme en frappant des mains et des pieds tout en accompagnant par la voix. Ces pratiques sont la survivance de rites païens très anciens. Par la suite, l’Église a interdit progressivement cette habitude.
Au XIVe siècle, les musiciens se développent et la ronde médiévale se transforme en bransle. Cette danse plus complexe mêle déplacements latéraux en cercle et figures (sauts, croisés, tours, piqués, etc.). Chaque contrée avait son bransle, par exemple le bransle gai alsacien « geh mer net ». Progressivement, ces danses s’invitent dans la noblesse dès le XVIe siècle et les cours intègrent des rythmes baroques : l’allemande, la courante, la sarabande, la gigue, le menuet, etc. Les bals des villages s’enrichissent eux aussi et plus encore dès le XIXe siècle : quadrille (anciennement contredanse), polka, mazurka, scottish, valses, expriment la joie du peuple et rythment leur vie.
Les danses traditionnelles régionales ne sont pas oubliées pour autant et l’Alsace dispose aujourd’hui d’un riche répertoire. Citons la champêtre sur un air de mazurka, la valse des roses « Rosenwalzer » connue pour ces changements de partenaires, la ronde des cigognes « Rheinländer » et bien d’autres. Les groupes folkloriques, vêtus en costumes traditionnels, continuent de présenter ces danses alsaciennes à chaque fois que l’occasion se présente !Théâtre
Le théâtre populaire alsacien est une des plus intéressantes et des plus créatives formes d'expression de l'alsacien et de la culture alsacienne. Influencé bien sûr par le théâtre français aussi bien que le théâtre allemand, il a pourtant ses propres racines culturelles, qui sont profondes, avec ses références propres, son langage, ses expressions et aussi sa forme d'humour si particulière.
Le théâtre alsacien récent a largement été influencé par Germain Muller et Roger Siffer. En 1946, Germain Muller fonde un cabaret satirique bilingue alsacien, « De Barabli ». Pendant la Première Guerre mondiale, les prisonniers alsaciens ou allemands n’avaient pas le même statut. Pour les distinguer, le chanoine Émile Wetterlé, ardent patriote, avait mis au point un test à sa façon. Il brandissait un parapluie en demandant : « Wass esch dess ? » (« Qu’est-ce que c’est ? »), et les Alsaciens répondaient « s’isch a Barabli » comme on dit en alsacien, alors que les Allemands disaient « ein Regenschirm ». C'est ainsi que le Barabli est devenu l’emblème de l’authenticité alsacienne. Dans la troupe du Barabli des débuts, on comptait Jacques Martin…
Roger Siffer est quant à lui un ancien élève de Germain Muller et fut directeur du restaurant-cabaret et salle de spectacle La Choucrouterie. Haut lieu emblématique du renouveau du cabaret alsacien de la fin des années 1980, La Chouc' fut un incontournable lieu de spectacles satiriques en français et en alsacien, il fut aussi celui d'une émission radiophonique régulièrement retransmise en direct sur la station locale de France Bleu Alsace.
Parmi les compagnies actuelles qui ont le vent en poupe, on trouve « Le Kafteur théâtre d’humour », spécialisée dans les formes humoristiques, créé en 1993. Plus de 40 créations différentes dans des registres très variés ont permis au Kafteur de marquer le paysage culturel de la région : comédie, pièce visuelle burlesque, théâtre musical, drame contemporain, one man show, music-hall, jeune public… Citons aussi Les Improvisateurs, fondée en 2000, qui propose des spectacles pour le public dans toute l’Alsace, mais aussi une école où tout improvisateur du débutant à l’expert pourra trouver sa place en fonction de ses souhaits d’évolution et de perfectionnement. Forte de ses 400 000 spectateurs depuis sa création et de son école qui compte plus de 200 élèves, la compagnie les Improvisateurs est l’une des plus importantes du Grand Est.Grandes scènes actuelles
Les grandes scènes actuelles en Alsace sont nombreuses. On y trouve bien sûr les classiques comme l’Opéra national du Rhin ou le Théâtre national de Strasbourg, mais aussi des lieux ouverts à de nombreuses disciplines autant que sur le monde. L’Alsace, si elle est attachée à ses traditions, est aussi une terre ouverte sur l’actualité et de nombreuses grandes salles ou scènes font régulièrement venir des artistes à la renommée internationale.
La Filature de Mulhouse est un lieu pluridisciplinaire ouvert à la création contemporaine française et internationale. Sa programmation est composée de théâtre, d'opéra, de danse, de musique, de nouveau cirque, de performances, de ciné-concerts, mais aussi de spectacles jeune public. On peut aussi citer à Mulhouse le Noumatrouff, labellisé Scène de musiques actuelles depuis 1998, doté de deux salles de concert de 600 et 300 places, lieu de diffusion mais aussi structure d’accompagnement des pratiques musicales, via ses 6 locaux de répétition équipés et son Centre de ressources. Mentionnons aussi le Squ’art, association pour la promotion des musiques actuelles qui offre un lieu de création mais aussi un lieu d’échange de savoir et d’expérience.