Peinture

La peinture alsacienne regorge d’artistes reconnus, tantôt pour leurs productions académiques et bourgeoises, tantôt pour celles plus folkloriques voire purement esthétiques. Même si l’art populaire local reste imprégné par une esthétique germanique, l’assimilation des arts décoratifs français trouve un écho dans les grandes villes.

L’art en Alsace a beaucoup pris sa source dans le secteur industriel, qui a été déterminant. Au XVIIIe siècle le néo-classicisme était à la mode. Une école de peinture de fleurs est d’ailleurs née et a prospéré pendant le XIXe siècle. Durant ce même siècle, le romantisme a été un courant d’art majeur auprès de nombreux artistes locaux. Ce mouvement a particulièrement duré jusqu’à la guerre franco-prussienne. La peinture pompier, académique, réaliste ou d’histoire, typique du Second Empire, s’est avant tout exprimée chez les artistes alsaciens de Paris ! Cette école alsacienne de peinture regroupant, Auguste Bartholdi, Gustave Brion, Théodore Deck, Jean-Jacques Henner, Gustave Jundt, Théodore Lix, Camille-Alfred Pabst, Théophile Schuler, Alfred Schutzenberger… était bien placée auprès du comte Émilien de Nieuwerkerke. Les artistes locaux ont constitué aussi dès le milieu du XIXe siècle une iconographie régionale, qui fera sa renommée et deviendra son image de marque dès 1900, avec pour beaucoup l’imagerie de Jean-Jacques Waltz, alias Hansi ou Oncle Hansi.

La période du Reichsland d’Alsace-Lorraine (1871-1918) a freiné dans un premier temps le développement artistique. Pourtant, très rapidement une nouvelle génération allait émerger, vers 1900, autour de Charles Spindler et Gustave Stoskopf. C’est ici encore l’industrie qui incite les artistes locaux à se développer. Petit à petit, la peinture impressionniste a trouvé dans la région une école autour de l’artiste Lothar von Seebach. L’Art nouveau a également pu s’exprimer par des artistes comme Anton Seder ou Charles Spindler. Plus tardivement, l’expressionnisme allemand, la nouvelle objectivité (Neue Sachlichkeit), avaient trouvé auprès de quelques artistes un fort intérêt.

Sculpture

La statuaire du XIIIe siècle provenant de la cathédrale de Strasbourg constitue l'un des ensembles les plus prestigieux du musée de l’Œuvre Notre-Dame. Les sculptures furent pour la plupart déposées au moment de la Révolution, où un édit imposa la destruction et l'enlèvement de la cathédrale de toute marque extérieure du culte. Elles furent parfois réimplantées sur l'édifice, puis à nouveau déposées au tout début du XXe siècle pour les garantir contre les intempéries et la pollution. Elles sont depuis pour la plupart remplacées sur le monument par des copies.

À cette collection originelle s’ajoute celle de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, qui réunit entre autres un ensemble lapidaire très important depuis l’Antiquité jusqu’aux temps modernes. Provenant d’églises de toute l’Alsace, la série de reliefs, de chapiteaux et de colonnes de la section romane retrace l’épanouissement de la statuaire au XIIe siècle.

La sculpture alsacienne connaîtra son âge d’or au XVe siècle autour d’une figure brillante : Nicolas de Leyde, à découvrir au travers de son sublime Buste d’homme accoudé. Si son influence sur la sculpture strasbourgeoise est décisive, d’autres courants de cette même époque sont cependant observables, en particulier dans les reliefs des retables.

Parmi les sculpteurs célèbres alsaciens, on trouve 4 figures internationalement connues : Gustave Doré (1832-1883), Auguste Bartholdi (1834-1904) créateur de la statue de la Liberté, Hans Peter Wilhelm Arp dit Jean Arp (1886-1966), cofondateur du mouvement dada et proche du surréalisme, Marie Tussaud (1761-1850) créatrice du musée de cire Madame Tussauds à Londres.

Marqueterie

La marqueterie fait partie intégrante du patrimoine alsacien. La marqueterie alsacienne apparaît dès la Renaissance mais son histoire est surtout liée au renouveau culturel de la fin du XIXe siècle et à un homme : Charles Spindler. Grâce à l'Art nouveau et au champ de création initié par Gallé et Majorelle au sein de l'École de Nancy, Charles Spindler a redécouvert la marqueterie quelque peu délaissée à la fin du XIXe siècle et a renouvelé cette pratique en en faisant un art de chevalet. L'artiste n'est pas ébéniste, mais peintre de formation. Sa grande originalité est de concevoir la marqueterie en tableau de bois et de réinventer sa palette en s'inspirant des thèmes de sa région, l'Alsace. Cette mode du tableau est devenue ensuite une « spécialité alsacienne » prolongée et renouvelée par Paul et Jean-Charles Spindler.

Meubles polychromes

Les meubles peints sont traditionnels en Europe centrale depuis le XVIIe siècle. En France, c'est en Alsace que cet art s'est le plus développé. Souvent en bois de sapin, les meubles alsaciens sont ornés de panneaux colorés agrémentés de motifs réalisés au pochoir avec un fond veiné de brun à l'aide d'un peigne ou d'un tampon. Les meubles tiennent une place d'importance dans l'art populaire régional. On pense par exemple aux armoires en bois polychrome du début du XIXe siècle que l'on nomme «Olmer» et que l'on plaçait généralement dans le vestibule de la maison alsacienne ou dans le « Stub » ; à la chaise alsacienne si typique avec ses pieds droits divergents, son assise en bois plein mais surtout par son dossier vertical sculpté et souvent à contours chantournés ; ou encore à ces coffres anciens qui constituaient avec le simple lit bâti de planches, le seul mobilier des paysans.

Faïence de Strasbourg

Le terme faïence de Strasbourg se réfère aux faïences produites par les faïenceries de Strasbourg et de Haguenau à Strasbourg au cours du XVIIIe siècle. Trois générations de la famille Hannong ont fondé et dirigé au cours du XVIIIe siècle (entre 1721 et 1784) les manufactures de faïence de Strasbourg et Haguenau en Alsace, et la manufacture de porcelaine de Frankenthal dans le Palatinat.

Plusieurs types de production, toujours d'une plus grande technicité, peuvent être distingués : les faïences de grand feu bleues, de 1721 à 1730, puis polychromes de 1730 à 1745. L’apparition d’une « technique mixte » de cuisson entre 1735 et 1745 permet de nouveaux décors. Entre 1745 et 1781, les faïences de petit feu décorées au pourpre de Cassius seront enseignées à l’école de peinture de la manufacture. Entre 1765 et 1775 apparaîtront des décors au chinois et des pièces de forme décorative, trompe-l’œil, surtout de table, flambeaux, statuettes. Les Hannong auront fabriqué de la porcelaine dure entre 1752 et 1755 puis de 1774 à 1779.

Street art

Il s’agit de l’ensemble des œuvres (fresques, installations, sculptures…) présentes dans le paysage urbain et public. On le voit souvent comme illégal mais, à Mulhouse ou à Strasbourg, la ville a su travailler main dans la main avec différents artistes. Elle leur a laissé carte blanche pour décorer ses rues, dédie un budget annuel à l’acquisition d’œuvres et encourage les associations et artistes à prendre possession du paysage urbain. À Mulhouse, on découvre quelques-uns des 200 panneaux de signalisation décorés par les stickers de Clet, les boîtes aux lettres investies par C215, les dessins de Zer, les graffitis humoristiques d’Oak Oak, les sculptures en matériaux de récup’ d’Yves Carrey, la licorne colorée de Livia de Poli, les tricots du gang des tricoteuses… À Strasbourg, c’est Dan23 qui est le plus présent. Après 10 ans à peindre illégalement, le premier festival de street art est organisé en 2015 sous l’impulsion de l’hôtel Graffalgar, la Pop Artiserie, les peintres locaux et la mairie du quartier Gare. Dan23 peint alors tous les coffrets Sirac.

Le street art en Alsace est si tendance qu’il a même aujourd’hui un musée : le Mausa, musée des Arts urbains et de Street Art à Neuf-Brisach. Ouvert depuis le 7 juillet 2018 en mode progressif dans les remparts Unesco de la forteresse historique de Neuf-Brisach construite par Vauban entre 1698 et 1704, il propose sur 1 200 m2 à des artistes urbains de renommée internationale de se succéder pour peindre les murs devant les visiteurs.

Affiches et imagerie

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, c'est certainement en Alsace que l'imagerie populaire fut la plus développée. Partout, des peintres-imagiers travaillaient à la demande des habitants qui voulaient conserver le souvenir d'événements importants, gais ou tristes. Qu'elles soient sur vélin ou papier, au dos d'une plaque de verre ou sur un objet, ces représentations de la vie quotidienne nous en apprennent plus sur ceux qui nous ont précédés que bien des livres d'histoire.

Découvrez le musée de l’Image populaire à Pfaffenhoffen. Il propose un discours sobre dans un écrin d'une grande qualité muséographique et offre au visiteur un parcours plein de charme où, au-delà de leur valeur esthétique et de leur charge émotionnelle, ces images nous parlent avec poésie de l'Alsace d'hier et de son goût pour le décorum.

Visitez aussi sur Internet le corpus «Affiches et images d’Alsace» qui rassemble plus de 35 000 images. Cette collection rend accessible une grande part du fonds iconographique alsatique de la Bibliothèque nationale et universitaire, de 1870 à après la Seconde Guerre mondiale. La BNU, en partenariat avec le Cabinet des Estampes et des Dessins de la ville de Strasbourg, la Bibliothèque municipale de Mulhouse, le Musée historique de Mulhouse et la Bibliothèque municipale de Colmar, est à l’origine de ce projet.

L’imagerie alsacienne a aussi été influencée par celle, célèbre, d’Épinal. L'Imagerie d'Épinal est à l'origine une imprimerie fondée en 1796 par Jean-Charles Pellerin et où furent gravées les premières images d'Épinal en série (estampes aux sujets populaires et aux couleurs vives). Vous pourrez aujourd’hui visiter le site qui propose une collection de 1 344 bois gravés faisant l’objet d’un classement au titre des monuments historiques, un très important fonds iconographique de plusieurs centaines de milliers d'images et un peu plus de 6 000 pierres lithographiques des XIXe et XXe siècles.