Le ried : des forêts uniques en France !
Le ried est une région naturelle bordée à l’ouest par l’Ill et à l’est par le Rhin. Cette zone fut modelée par les divagations du Rhin dans sa zone d’épandage avant sa canalisation et par les variations de niveau de nappes phréatiques. Ried provient de l’alémanique Reith qui signifie jonc, roseau. À Rhinau, on peut observer le dernier exemple de forêt galerie tempérée d’Europe occidentale. À Erstein, le polder pour réguler les crues du Rhin est classé réserve naturelle et permet de se rendre compte de la diversité biologique des rieds quand le Rhin n’était pas maîtrisé.
Le Petit Ried se situe au nord de Strasbourg et le Grand Ried au sud. On y découvre la Weichholzauenwald, « forêt alluviale à bois tendre », et la Hartholzauenwald, « forêt alluviale à bois dur », dont il ne reste presque plus rien par rapport aux étendues qu’elles occupaient il y a quelques siècles alors qu’elle méritait encore le surnom de jungle rhénane. L’Illwald, forêt de Sélestat, est au centre du ried, de manière générale, qui couvrait autrefois 250 km². Elle est aujourd’hui la plus grande réserve naturelle régionale française avec ses 2 000 ha de prairies de fauche, de roselières, de forêts et de rivières. La flore et la faune spécifiques à cette zone humide y sont extrêmement fragiles. Parmi cette faune, les oiseaux tiennent une place importante car le ried se situe sur un couloir migratoire important et abrite le courlis cendré qu’il a pris pour emblème alors que la diminution drastique de ses effectifs faisait rage. Grâce à des efforts importants, certaines espèces sont de retour : busard des roseaux, hibou des marais, butor étoilé, castor, iris de Sibérie…Le Sundgau : pays des carpes !
Au sud de Mulhouse, jusqu'à la frontière suisse, s'étend le Sundgau, fait de collines douces adossées au Jura alsacien. Sundgau signifie « comté du Sud » en alémanique en référence à sa position de limite sud de l’Alsace. Ce territoire particulier abrite des espèces végétales rares telles la gentiane printanière et la carline acaule. Les espèces animales ne sont pas en reste et c’est dans le Sundgau que les amateurs de photographie animalière trouvent leur bonheur, entre autres auprès des nombreux oiseaux rares d’espèces migratoires qui s’arrêtent ici à l’aller ou au retour.
Les Sundgau présente plusieurs milieux distincts : hêtraies, espaces cultivés et villages où serpentent les rivières de l'Ill et de la Largue. L’incontournable du Sundgau, ce sont les étangs. Ils y sont extrêmement nombreux et la pêche y est élevée au rang de sport local. Ce n’est pas pour rien que la carpe frite ne se déguste qu’ici !Fleuves et rivières, promenades au fil de l’eau
Les cours d'eau alsaciens forment trois grands réseaux : celui de l'Ill qui est le plus important, l'ensemble Moder-Zorn, et le réseau de la Sauer. Tous trois se raccordent au Rhin en aval de Strasbourg. Le Rhin forme une frontière naturelle entre l'Alsace et le Bade-Wurtenberg (Baden-Württemberg en allemand).
Le Rhin est un fleuve d'Europe centrale et de l'Ouest, long de 1 233 km. Son bassin versant, de 198 000 km2, comprend le Liechtenstein, la majeure partie de la Suisse et du Grand-Duché de Luxembourg, une partie de l'Autriche, de l'Italie et de la Belgique, de grandes parties de l'Allemagne et des Pays-Bas et une partie de la France. Il s'agit du plus long fleuve se déversant dans la mer du Nord et de l'une des voies navigables les plus fréquentées du monde.
L'Ill est une rivière qui baigne la plaine d'Alsace. Important affluent gauche du Rhin et principale rivière d'Alsace avec ses 216,7 km, elle prend sa source dans les contreforts nordiques du Jura et coule dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, traversant le centre-ville de Strasbourg. L’Ill bifurque vers le nord et se jette dans le Rhin à Offendorf, en aval de Strasbourg, après le barrage hydro-électrique de Gambsheim. Avant les travaux de rectification du Rhin, l'Ill se jetait dans le Rhin à la hauteur de la Wantzenau.
La Moder, également appelée Motter ou Mottern, tire son nom de Matrae (déesse gauloise des rivières). La Moder prend sa source dans les Vosges du Nord à Zittersheim au lieu dit « Moderfeld ». Elle rejoint le Rhin en rive gauche, au sud de Beinheim, après avoir parcouru 82,1 km. La Zorn quant à elle est un affluent droit de la Moder et sous-affluent du Rhin long de 96,8 km. Enfin, la Sauer, appelée Saarbach en Allemagne dans son cours supérieur, est longue de 70 km.
Autre voie d’eau d’importance, le canal de la Marne au Rhin, long de 314 km et 178 écluses à l'origine, relie la Marne (à Vitry-le-François) au Rhin (à Strasbourg). Par le canal latéral de la Marne, il est connecté au réseau navigable de la Seine vers l'Île-de-France et la Normandie. Commencé en 1838, le canal fut mis en service en 1853. Le canal franchit les Vosges par la trouée du col de Saverne. Sur toute sa longueur, de nombreuses autres voies navigables sont connectées. L'ouvrage le plus remarquable est le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller mis en service en 1969. Il double et remplace 17 écluses rapprochées. Le canal comporte aussi trois tunnels et plusieurs ponts-canaux dont le pont-canal de La Madeleine. En 2007, les communes du pays de Phalsbourg ont créé la « vallée des éclusiers », un projet de cyclotourisme et randonnée pédestre destiné à rappeler l'importance économique et logistique de la trouée de Saverne, et en particulier les prouesses techniques réalisées au XIXe siècle.Les plaines, paradis de l’agriculture
Entre le Piémont sous-vosgien et le Rhin, la plaine d'Alsace, intensément urbanisée, conserve encore quelques milieux de nature : de beaux massifs forestiers au nord (forêt de Haguenau) et au sud (Hardt et Nonnenbruch), les Ried, et le Jura alsacien. Les plaines d’Alsace présentent différentes natures, souvent riches, et ont ainsi permis aux agriculteurs d’y diversifier leurs productions : blé, maïs, choux, betteraves sucrières, houblon, asperges ou encore tabac sont cultivés sur des terres portées soit par des apports alluviaux anciens, soit par des placages de limon ou de loess, sédiments fins et jaunâtres très fertiles déposés par les vents. C'est le cas à l'Ouest de Strasbourg, dans la plaine du Kochersberg surnommée le « grenier de l'Alsace » en raison de sa fertilité exceptionnelle. Les grandes étendues cultivées y sont rythmées par de rondes collines. À partir d'Osthoffen-Dahlenheim, elles cèdent le pas à la vigne qui s'étire sur les coteaux de la Mossig, sur les flancs du mont Scharrach.
Montagnes et sommets, rêve des randonneurs
Le contact entre la montagne et la plaine se fait par un piémont en pente douce, appelé « collines sous-vosgiennes », mises en place lors de l'effondrement de la plaine d'Alsace. Il s'agit d'une mosaïque de gradins plus ou moins soulevés et bien individualisés par le cours des nombreuses rivières descendant des Vosges pour aller rejoindre l'Ill ou le Rhin. La Zorn, la Bruche, la Fecht ou la Thur en sont des exemples parmi tant d’autres. Les versants de ces collines bien exposées au soleil du matin et souvent constituées de sols calcaires secs, ont été le lieu d’implantation idéal des vignes. Le piémont est l’un des secteurs les plus chauds et secs de la région alsacienne. Grâce à ces caractéristiques climatiques, le site accueille une faune et une flore spécifiques, proches des milieux méditerranéens. On peut par exemple citer les groupements végétaux variés (chênaie, chênaie-charmaie, bétulaie, châtaigneraie, pineraies, pelouses), la mycoflore riche, et la présence du pin sylvestre, l'arbre des sols pauvres. Lui seul pouvait recoloniser ces landes à bruyère sur les versants les plus ensoleillés, presque sur la roche nue.
La chaîne des Vosges est recouverte dans les régions supérieures de forêts de conifères (pin, sapin, épicéa, mélèze) et de forêts de hêtres, de chênes, de charmes et de châtaigniers dans ses parties inférieures. Au-delà de 1 200 m, les sommets ne produisent plus que du gazon formant de vastes et beaux pâturages. Les céréales sont cultivées encore à une altitude de 900 m. Il faut distinguer, dans les Vosges, deux chaînes de montagnes distinctes : celle du Sud, de beaucoup la plus élevée, composée de roches cristallines ; celle du Nord formée de grès.
Les montagnes cristallines du Sud sont composées de montagnes à roches granitiques ou à roches métamorphiques. Les premières s'étendent depuis le Ballon d'Alsace (1 250 m) jusqu'à la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines en formant le Gresson (1 249 m), la Tête du Drumont (1 223 m), le Grand-Ventron (1 204 m), le Rainkopf (1 304 m), le Hohneck (1 362 m, la cime la plus élevée des montagnes granitiques), le Gazon du Faing et le Rocher Belmont (1 303 m et 1 272 m), qui surplombent le lac Noir (960 m) et le lac Blanc (1 054 m), le col du Bonhomme (949 m) et enfin le Brézouard (1 228 m). Plus au nord, une dernière montagne granitique, le massif du Champ du Feu (1 095 m), forme un système à part.
Les Vosges septentrionales, formées du grès forment une vaste bande partant de Phalsbourg, passant par Épinal et s'étendant jusqu'à Luxeuil, Lure et Belfort. Ses principales montagnes sont le Donon (1 009 m), le Hengst (890 m), le Hohneck (1 362 m), Hohkoenigsbourg (807), le Climont (974 m) le plateau de la Bloss avec le Moennelstein (819 m) et Sainte-Odile (764 m).Forêts et bois, l’endroit où se ressourcer
L’Alsace est la 5e région forestière française. Les forêts couvrent les cônes de déjection des rivières descendant des Vosges. Elles sont constituées d'un mélange d’essences variées. En plus des forêts spécifiques aux Rieds, que nous avons déjà évoquées, on trouve les forêts rhénanes très riches sur le plan écologique avec plus de 40 essences d'arbres et d'arbustes et qui bénéficient d'un plan de protection spécifique ; les forêts de colline qui sont très visitées par exemple autour du vignoble et des châteaux forts, les forêts de plaine dont deux comptent parmi les 10 plus grandes forêts publiques françaises et les forêts de montagne boisées à plus de 80 %, qui constituent un patrimoine naturel économique et écologique important.
La plus grande des forêts alsaciennes est celle de Haguenau. Dans la partie Sud on trouve celle de la Hardt, la forêt du Nonnenbruch et celle qui recouvre en partie le Sundgau. Deux parcs naturels régionaux couvrent ces zones.
Le parc naturel régional des Ballons des Vosges du Nord a été créé en juin 1989 à l'initiative de trois anciennes régions : l'Alsace, la Lorraine et la Franche-Comté. Il est à cheval sur quatre départements et ses 3 000 km2 en font l'un des plus vastes de France et l’un des plus peuplés. Le Parc naturel régional des Vosges du Nord a été créé en décembre 1975. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, ce parc n'est pas situé dans le département des Vosges et n'est pas non plus centré sur le massif vosgien. Le parc fait partie de la réserve de biosphère transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald.