Père Noël, saint Nicolas et Hans Trapp

Le Père Noël n’a pas toujours été celui que l’on connaît aujourd’hui. Saint Nicolas serait, selon la légende, en grande partie son ancêtre. C’est seulement après la Seconde Guerre mondiale que le vieil homme vêtu de rouge est adopté en Europe, mais en Alsace, il n’a jamais remplacé saint Nicolas, et les enfants alsaciens ont donc le double de cadeaux !

À l’origine de la célébration de Noël, il y a, avant même la naissance de Jésus, la célébration païenne du solstice d’hiver. Déjà à cette époque, les maisons sont décorées, en partie avec des branches de sapin, et mets de fête et cadeaux s’échangent. C’est en 354 que le pape Libère décide de casser ces traditions païennes et fixe la date de la naissance de Jésus au 25 décembre, faisant ainsi du solstice une fête religieuse.

Quelque sept cents ans plus tard, saint Nicolas fait son apparition. Cet évêque ayant vécu au IIIe siècle en Turquie est célèbre dans l’Europe germanique et on lui attribue de nombreuses qualités, dont une extrême générosité et une légende selon laquelle il aurait réalisé le miracle de ressusciter des enfants : perdus, ils avaient cru trouver refuge chez un gentil boucher, mais celui-ci, qui ne l'était pas du tout, les a découpés en petits morceaux et a mis le tout dans un saloir. Bien des années plus tard, saint Nicolas passa par là et après un signe de croix sur les tonneaux, les enfants se réveillèrent... Sa mort est datée du 6 décembre et c’est pourquoi on le fête à cette date en distribuant des cadeaux aux enfants sages pour rendre hommage à sa générosité. Dans plusieurs pays, il arrive dans la nuit avec son âne et passe par les cheminées pour distribuer ses cadeaux tandis que son compagnon profite des carottes et pommes que les enfants laissent en remerciement.

Mais attention, dans la tradition alsacienne, saint Nicolas est souvent accompagné d'un personnage, le Hans Trapp qui est parfois appelé Rüpelz car il est le plus souvent représenté couvert de peaux de bêtes. Hans Trapp est en quelque sorte le contre-point négatif de saint Nicolas : il apparaît pour châtier les enfants qui n'ont pas été sages comme des images et possède même un sac pour les enlever ! À la fin du Moyen Âge, Johann von Drodt était un chevalier brigand du château de Berwartstein situé à 15 km de Wissembourg. Il semait tant la terreur que les habitants en ont fait le personnage de Hans Trapp dans leur légende locale...

Mais comment saint Nicolas a-t-il donné le Père Noël ? Au XIXe siècle, les Hollandais qui s’expatrient aux États-Unis emportent cette tradition avec eux. Ils appellent alors cela Sinterclaes et cela se transformera petit à petit en Santa Claus. En 1823, The Night before Christmas est publié aux États-Unis et raconte la légende de saint Nicolas avec quelques modifications : c’est maintenant un gentil lutin avec un embonpoint qui descend du ciel en traîneau tiré par huit rennes et qui distribue ses cadeaux dans la nuit du 24 au 25 décembre. Progressivement, la légende se modifie selon l’imagination des romanciers et des illustrateurs. En 1885, nouvelle modification d’importance : Santa Claus ne vient plus du ciel mais du Pôle Nord et possède une usine de jouets (on sent ici l’influence de l’ère industrielle). En 1931, Coca-Cola invente, avec son publiciste Haddon Sundblom, la version que l’on connaît du Père Noël, un vieil homme rouge et blanc, aux couleurs de la marque. Ce n’est qu’en 1945 que cette image du Père Noël arrive en Alsace, alors encore très fidèle à saint Nicolas. Refusant de délaisser le premier venu, les Alsaciens fêtent donc les deux sur un pied d’égalité.

La couronne de l'Avent

À l'origine, cela pourrait être une tradition païenne puisque dans l'Empire romain, juste avant le solstice d'hiver, on tressait des couronnes de buis qui symbolisaient la vie, la renaissance végétale après l'hiver. Au XVIe siècle, l’Église aurait intégré cette pratique. Une autre légende raconte que la couronne de l’Avent serait une invention d’un pasteur luthérien Johann Hinrich Wichern, qui s’occupait d’enfants nécessiteux qui lui demandaient toujours quand Noël allait venir et il aurait donc fabriqué cela en guise de décompte.

Aujourd'hui, les couronnes de l'Avent sont faites de branches de sapin parmi lesquelles on place quatre bougies. La période de l'Avent commence quatre semaines avant Noël (date de la naissance de l'Enfant Jésus pour les chrétiens) et, chaque dimanche, on allume une nouvelle bougie en plus des précédentes. La symbolique est encore forte : le monde et ses quatre points cardinaux, l’éternité, la vie, la lumière qui éclaire le monde la nuit de Noël, le pardon, la foi, la joie et la paix.

Le Pays des Mystères

Entre Haguenau, Wissembourg et Betschorf, ce pays de Noël est celui des plus belles maisons traditionnelles (Seebach, Hoffen et Hunspach sont classés parmi les plus beaux villages de France). Le Pays des Mystères est celui du Hans Trapp. Le quatrième dimanche de l'Avent, tous les marchés de ce secteur, en particulier celui de Wissembourg, sont nimbés d'un halo de mystère à l'occasion du cortège du Hans Trapp... Le Pays des Mystères est aussi celui des potiers et les marchés dédiés à ces productions traditionnelles ou aux crèches artisanales sont nombreux. De l’Avent à l’Épiphanie, prenez part à de captivantes chasses aux trésors et plongez de manière originale dans l'ambiance des villes et villages participants. Une activité idéale pour compléter une visite sur un marché de Noël !

Le Pays des Lumières

Ce Pays de Noël blotti entre collines et montagnes autour de Saverne englobe également Wasselonne, La Petite Pierre, Marmoutier et Wangenbourg-Engenthal. Il est traversé par le Parc naturel régional des Vosges du Nord. Ici, on fête surtout la légende de Christkindel (l’enfant Jésus personnifié par une jeune fille toute de blanc vêtue et coiffée d’un voile qui apparaît le soir de Noël), symbole de lumière ! Dès la fin du mois de novembre, villes et villages brillent de mille feux. De l'éclat des verreries de Wingen-sur-Moder aux fenêtres illuminées de Wangenbourg-Engenthal, c'est ici que vous trouverez les meilleures décorations, car particuliers, entreprises ou encore associations réinventent chaque année avec une implication rare les décors féeriques des rues. Le marché de Noël de Bouxwiller est le plus grand du Pays des Lumières. Il a lieu durant un seul week-end de décembre et la foule y vient nombreuse. Passez aussi voir le musée des Arts et Traditions populaires de La Petite Pierre, entièrement dédié aux springerle, biscuits traditionnels alsaciens à l’anis, décorés d’un motif en relief et pouvant être mangés mais aussi servir de décorations pour le sapin de Noël.

Le Pays des Étoiles

C'est le plus étendu des sept «Pays de Noël», puisqu'il regroupe Colmar, Kaysersberg, Éguisheim, Turckheim, Munster, Riquewihr, Ribeauvillé, Neuf-Brisach, Rouffach... Munster met en avant le thème des bredalas (petits gâteaux de Noël) et une soupe au munster est également distribuée par la Confrérie Saint-Grégoire ; Turckheim transforme les volets de ses maisons en calendrier de l'Avent géant et un volet du calendrier est ouvert chaque soir. Ne manquez pas non plus la ronde du Veilleur de nuit à 22h à Éguisheim. À Rouffach, c’est l'artisanat traditionnel qui est mis en avant, tout comme à Kaysersberg. À Ribeauvillé, le marché de Noël joue à fond la carte médiévale et à Neuf-Brisach, c’est Vauban que l’on met à l’honneur, avec personnages costumés à la mode du XVIIe siècle. Le label « Villes et villages de Noël » distingue les villes et villages tels que Colmar, Éguisheim, Kaysersberg, Munster, Ribeauvillé et Riquewihr qui proposent des animations d’envergure et de qualité durant toute la période de l’Avent.

Le Pays des Saveurs

Il s'agit de Strasbourg et de sa région qui revendique le titre de « capitale de Noël ». Le Christkindelsmärik y a été fondé en 1570 pour remplacer le marché de la Saint-Nicolas. Vous admirerez à Strasbourg l'incroyable sapin de la place Kléber qui fait la fierté des habitants. Dominant le centre-ville du haut de ses quelque 30 mètres, c'est, avec ses 7,5 tonnes (en moyenne), l'un des plus imposants sapins naturels décorés en Europe. Chaque année, la ville organise le lancement des illuminations avec un grand événement qui fait venir des artistes internationaux !

Le Pays des chants et des étoffes

Il regroupe la zone des « Ballons », Mulhouse, Thann, Saint-Louis, Altkirch et le Sundgau. Emblème de son passé industriel, l'étoffe se décline ici sur les différents marchés de Noël, les façades de la cathédrale de Mulhouse, au musée de l'Impression sur étoffes... Mais le Pays des étoffes est aussi celui des chants : chorales, ensembles musicaux, instrumentaux, concerts de l'Avent et chants participatifs vous feront revivre la tradition de Noël en Alsace. Le marché de Noël d'Altkirch, dit aussi « la capitale des légendes du Sundgau », vous étonnera avec sa forêt enchantée et sa grotte aux lucioles.

Le Pays des sapins

Au travers de promenades autour de Sélestat, Obernai, Barr, Gertwiller, Rosheim, Molsheim et Grendelbruch, vous pourrez découvrir différentes manières, parfois originales, de parer votre sapin ! C'est à Sélestat qu'on trouve les premières mentions écrites en 1521 (le texte original est conservé à la très réputée Bibliothèque humaniste sélestadienne) de la première vente de sapin de Noël, les décorations (rubans, friandises, pommes...) viendront par la suite.

Le Pays des veillées

C'est un peu le jardin secret de la région... implanté à l'Écomusée d'Ungersheim. Plus de soixante-dix bâtiments traditionnels (maisons, échoppes ou ateliers) se côtoient ici dans un espace de 25 hectares aménagé de manière traditionnelle (champs, rues...). Pendant les quatre semaines de l'Avent, l'Écomusée propose diverses activités et animations autour de l'esprit de Noël : fabrication de petits objets (en bois, en acier ou en terre), confection de Winachsbredala, exposition de sapins de Noël, contes et veillées villageoises...