Central Business District, Diplomatic Area et le nord

Le nord-est de Manama abrite les tours les plus emblématiques, souvent construites sur des terres artificielles. Le Bahrain Financial Harbour, centre financier du pays, en est l'exemple parfait, avec ses deux tours jumelles de 260 mètres de haut. Juste à l'est, Bahrain Bay – projet toujours en développement – accueille l'hôtel Four Seasons (201 m) et de futurs bureaux et logements. Plus au sud, le Bahrain World Trade Center, reconnaissable à ses trois éoliennes intégrées entre ses deux tours de 240 mètres, est un autre emblème architectural. À l'intérieur : des bureaux, un centre commercial – le Moda Mall, très prisé pour ses boutiques de luxe – et l'hôtel Sheraton.
La Diplomatic Area, construite dans les années 1970, s'est imposée comme un centre névralgique de l'administration bahreïnienne. En plus des ministères, on y trouve le siège de la banque centrale, de nombreuses tours de compagnies d'assurance et surtout une concentration impressionnante d'institutions financières islamiques. Le quartier s'est imposé comme un pôle de la Takaful, cette finance conforme à la loi islamique, où Bahreïn fait figure de pionnier au niveau mondial. Malgré son nom, la Diplomatic Area ne compte que deux ambassades : celles d'Arabie saoudite et du Koweït. Mais elle est en revanche riche en hôtels historiques, à l'image du Diplomat Hotel, surnommé « le Dip », aujourd'hui géré par Radisson. Ouvert il y a plus de 35 ans, il reste l'un des plus connus du royaume.
À quelques rues au sud de la Diplomatic Area s'étend Al Hoora, l'un des plus anciens quartiers de Manama. Il s'organise autour de l'Exhibition Road, longue artère animée bordée de restaurants aux cuisines variées, de bars et d'hôtels abordables. On y trouve une forte population venue du sous-continent indien et d'Asie du Sud-Est, ce qui donne au quartier une ambiance unique. Certaines maisons ont été bâties bien avant l'urbanisation massive des années 1970, ce qui confère à Al Hoora un charme rétro rare à Bahreïn. C'est dans ce quartier qu'on découvre La Fontaine, centre d'art contemporain installé dans une demeure restaurée avec goût, qui abrite aussi un spa et un restaurant français réputé. Autre trésor discret : Beit Al Quran, ou Maison du Coran, musée ouvert en 1990 qui expose une exceptionnelle collection de manuscrits islamiques, certains datant du Moyen Âge.

Manama, le Centre et le Sud

Le souk reste le cœur historique et émotionnel de Manama. Il trouve ses origines dans les modestes villages de pêcheurs qui s'étendaient à cet endroit au XIXe siècle. Les colons britanniques vont en faire un centre commercial. Des quartiers comme Fareej el-Fadhel, Fareej el-Hatab ou Fareej el-Makharqa sont progressivement intégrés dans ce qui devient la ville moderne. Pendant la Première Guerre mondiale, les Anglais y installent une base militaire qui sert d'étape pour les campagnes militaires au Moyen-Orient. L'administration coloniale décide alors de moderniser le souk. Plusieurs bâtiments emblématiques en sortent, comme le bureau des douanes ou Bab Al Bahrain, arche monumentale construite en 1949 et qui marquait alors l'entrée du port. Aujourd'hui, elle est devenue un point de passage incontournable pour tout visiteur.
Le souk lui-même, réhabilité et climatisé, est un savant mélange de tradition et de modernité. On y trouve cafés, bijoutiers, marchands d'épices, boutiques de luxe et artisans. Le restaurant Naseef, connu pour ses glaces depuis 1920, y fait figure d'institution. Juste derrière se trouve Gold City, souk de l'or où s'affichent les plus belles pièces de joaillerie du royaume, souvent serties de perles locales.
C'est aussi le cœur de la communauté indienne de Bahreïn. Le quartier est surnommé Little India, et depuis 2015, il bénéficie d'un programme de protection piloté par l'Autorité pour la culture et les antiquités. Le marché aux épices en est l'un des temps forts, tout comme le temple hindou Sri Krishna, édifié il y a deux siècles à quelques pas d'une mosquée chiite. Ce voisinage paisible illustre l'harmonie religieuse qui règne dans l'archipel.
Longtemps village chiite discret, Juffair est aujourd'hui en plein essor. Des terre-pleins artificiels l'ont agrandi vers l'est. Le quartier attire de nombreux expatriés grâce à ses immeubles modernes, ses commerces et surtout sa vie nocturne. American Alley, axe principal bordé de bars, fast-foods et pubs, doit son nom à la présence depuis 1971 d'une base navale américaine, toujours active. Mais Juffair ne se limite pas à la fête. On y trouve aussi la mosquée Al Fateh, la plus grande du royaume. Elle a été construite en 1988 et peut accueillir jusqu'à 7 000 fidèles. Son immense dôme en fibre de verre – le plus grand du monde – est visible depuis tous les quartiers de la ville. À ses côtés, un centre d'études islamiques attire chercheurs et visiteurs du monde entier.
Un peu plus à l'ouest, Adliya joue une autre partition. Surnommé le Saint-Germain-des-Prés de Manama, ce quartier arty séduit par ses galeries d'art, ses restaurants haut de gamme, ses rooftops et son ambiance détendue. Le block 338, cœur du quartier, attire la jeunesse dorée et les expatriés dans ses cafés branchés et ses ruelles arborées. C'est aussi le quartier où l'on ose, où les femmes sortent coiffées, maquillées, habillées à l'occidentale. La liberté y est palpable.

Seef et l’Ouest

À l'ouest de Manama, Seef incarne la modernité chic. Gratte-ciel luxueux, centres commerciaux, plages privées et résidences sécurisées en font un quartier prisé des expatriés aisés. Le Seef Mall, premier du pays, reste une référence. On y trouve aussi bien des marques internationales que des enseignes locales.
En contrebas, la plage publique de Karbabad est l'une des rares accessibles à tous. Plus loin s'élève l'impressionnante forteresse de Qal'at al-Bahrain, site archéologique majeur inscrit à l'UNESCO, qui témoigne de 6 000 ans d'histoire : des civilisations de Dilmun aux colons portugais. Le musée adjacent expose les trésors exhumés lors des fouilles franco-danoises menées depuis les années 1950.
Au-delà, les banlieues résidentielles s'étendent entre palmeraies et plantations de dattes. Une autre facette de Manama, plus paisible, plus rurale, mais tout aussi essentielle à l'identité du royaume.