Le cimetière de Kuito, en limite du centre-ville, semble plus grand que ceux d'ailleurs... Les nouveaux logements, genre " ville nouvelle " à droite de la route à quelques kilomètres avant d'arriver par le sud-ouest, semblent plus surréalistes et plus vides qu'ailleurs. L'eucalyptus qui pousse au milieu d'un tank abandonné sur le bord de la route semble aussi plus irréel qu'ailleurs. Le nom " Kuito " évoque cette bataille tristement célèbre, ce siège qui dura de longs mois (en 1993-94), ce choc sanglant entre les armées de l'UNITA et du MPLA, ces bombardements, ces combats de rue, ces ruines, cette population civile (majoritairement Ovimbundu) meurtrie, hagarde... Kuito, ville martyre.

Et pourtant, que Kuito a changé ! Elle n'est plus aujourd'hui cette ville fantôme décrite par tant de journalistes pendant une décennie autour des années 2000. La ville, reconstruite, s'agrandit et se modernise. Disposés adroitement autour de petits jardins très bien entretenus, les bâtiments administratifs datant de l'époque coloniale (quand Kuito s'appelait Silva Porto) sont parfaitement rénovés et gardent toute leur élégance. Deux avenues longilignes et perpendiculaires sont les deux axes principaux qui marquent le centre-ville. L'air est frais à Kuito, dû à l'altitude du haut plateau central que le visiteur oublie aisément dans la douceur du soir. On dit de la province de Bié, dont Kuito est la capitale, qu'elle a la forme d'un coeur qui bat bien au centre du pays !