Guide de voyage Mucuchíes

La route monte encore, le fond de l’air devient plus frisquet. Mucuchíes approche. Les maisons ne rougissent pas d’être roses, jaunes et toujours dans des tons pastel. Ces teintes, alliées à la réverbération, réveillent ces maisons de santons édifiées à 2 983 m. C’est chou, l’atmosphère est reposante et saine. Les autochtones sont posés, comme policés par le froid. On se croirait presque au Pérou. Les poupons que les femmes portent sur le dos ont les joues rouges, hémoglobine quand tu nous tiens… Moins de métissage ici. Vous êtes dans un haut lieu de la résistance indienne aux conquistadores. En 1586, Bartolomé Gil Naranjo essuie un échec, suivi par Pedro de Menas Alias y Toledo, qui ne réussira guère mieux. C’est plus tard que le frère Bartolomé Díaz Menacho fondera définitivement Santa Lucía de Mucuchíes (« le lieu des eaux » en indien), en 1596. Le 29 décembre, ne pas manquer la procession de San Benito qui commence dès le matin. A noter une « anomalie » unique au Venezuela : sur la (jolie) plaza Bolívar trône bien sûr Simón, mais accompagné d’un enfant indien (Tinjaca) et du chien (appelé Névado, « Neigeux ») qui furent offerts au Libertador lors de sa halte dans la petite ville au cours d’une de ses campagnes, en 1813. L’un et l’autre lui sont restés fidèles jusqu’à leur mort, lors de la bataille de Boyacá. Dans ce coin partagé par le río Chama, se succèdent des fermes et leur moulin qui attestent de la grande activité agricole des lieux. Près de 4 500 personnes vivent à Mucuchíes. Aux abords de la route, les échoppes des artisans attirent vraiment l’œil. Attention, assurez-vous que vous achetez de l’artisanat du cru, car quelques commerçants osent vendre des objets fabriqués à l’étranger.