La grotte d'Afqa est l'un des plus beaux sites naturels du Liban. Une immense paroi verticale se dresse vers le ciel. Le paysage est impressionnant. Sur sa partie inférieure, une bouche gargantuesque s'entrouvre et crache un torrent convulsif. La grotte d'Afqa, creusée dans une roche rougeâtre, se situe à quelques centaines de mètres au-dessus d'un petit pont de pierre. La salle voûtée impressionne tant par ses dimensions que l'on se croirait plongé à l'intérieur de la gorge d'un monstre. " L'un des sites les plus beaux du monde " pour Ernest Renan. Au fond, le Nahr Ibrahim (fleuve Adonis) jaillit d'un large orifice taillé dans le roc pour ensuite s'écouler paisiblement dans la vallée. Près du pont, un bassin d'eau claire invite à se rafraîchir pendant les périodes de grosses chaleurs. C'est dans ce cadre majestueux qu'est né, au V^e siècle av. J.-C., le culte d'Adonis, mythe de l'éternel retour.

Pendant l'Antiquité, des fêtes - en l'honneur d'Adonis - étaient célébrées dans un temple élevé près de la grotte (au pied du second pont). Dédié à Aphrodite, le temple était le lieu de multiples scènes de prostitution sacrée. Ces festivités étaient évidemment très mal vues par l'Eglise catholique. A cette époque, un ecclésiastique nommé Eusèbe de Césarée (260-340) s'insurge contre ces pratiques qu'il juge immorales : " Ce temple était dédié à Aphrodite, une déesse infâme. C'était une religion perverse ; toutes personnes dépravées qui avaient usé leurs corps par le péché y trouvaient place. " L'Eglise catholique condamna donc les rites païens et ordonna la disparition de tous les temples au IV^e siècle apr. J.-C. Le plan du temple est plutôt méconnaissable. Une portion de la canalisation d'eau est visible dans les fondations. Détruit par Constantin le Grand (285-337), le temple a été reconstruit sous Julien dit l'Apostat (360-363). On distingue aujourd'hui qu'un vaste champ de pierres de dimensions importantes dispersées.

Malgré ces destructions, les ruines d'Afqa restent un sanctuaire et un lieu de vénération. Le figuier, enraciné dans le mur du temple, est d'ailleurs recouvert de morceaux d'étoffes et d'offrandes diverses. Infirmes, malades et femmes stériles viennent de toutes les régions du Liban implorer la déesse ou la remercier pour ses faveurs.