ÉGLISE SAINT-SAUVEUR DE SKOPJE

Située en bordure de Stara Čaršija, sous la forteresse de Skopje, cette église orthodoxe (Црква Свети Спас/Crkva Sveti Spas, Kisha e Shën Sotirit) et son complexe abritent l’une des plus belles iconostases du pays ainsi que la tombe du révolutionnaire bulgare de Macédoine Goce Delčev (1872-1903). Datant de la fin du XVII^e siècle ou du début du XVIII^e siècle, elle est dédiée à l’Ascension du Christ et au Christ Sauveur : le terme Spas désigne aussi bien l’Ascension du Christ (quarante jours après Pâques) que Jésus lui-même. La proximité de la mosquée Mustafa-Pacha explique l’architecture discrète du complexe. Vue de l’extérieur, l’église ne laisse paraître que son toit de tuiles et son campanile en poutres noires. Une fois dans la cour, on découvre le sarcophage où repose Goce Delčev, considéré comme un héros en Macédoine du Nord et en Bulgarie. Il fut offert par la Bulgarie à la Yougoslavie en 1946 sous la pression de Moscou, peu avant la rupture entre Tito et Staline, en 1948. Il faut ensuite descendre quelques marches pour atteindre l’église.

Iconostase. Dans l’église, l’iconostase est entièrement taillée dans du noyer. Elle mesure 10 m de largeur et près de 7 m de hauteur. Elle a été réalisée entre 1817 et 1824 par les frères Marko et Petar Filipovski et par Makarie Frčkovski, un trio à qui l'on doit aussi l'iconostase du monastère Saint-Jean Bigorvski, dans le parc national de Mavrovo. Tous trois appartiennent à la minorité macédonienne des Mijaks, réputée pour ses artisans graveurs et peintres. Divisée en cinq zones horizontales, l’iconostase ne compte que deux registres d’icônes, elles aussi réalisées par des artisans mijaks, dont les plus grandes ont été ajoutées en 1864. Mais c’est surtout le travail du bois qui est remarquable. Les doubles colonnes torsadées qui supportent les différents éléments sont taillées dans un seul bloc de bois. Les panneaux, quant à eux, fourmillent de détails finement sculptés : motifs végétaux, ville fortifiée, animaux, monstres, personnages humains, etc. Remarquez le groupe de trois hommes qui représente les trois artisans en train de travailler le bois, outils en main. Ou encore, la scène biblique du festin d’Hérode où Salomé, pour charmer le roi de Judée et se faire livrer la tête de saint Jean-Baptiste, danse… dans un costume traditionnel mijak. Enfin, au plafond, il faut noter les fresques : elles datent du XVII^e siècle et ont été redécouvertes lors de travaux de restauration en 1964.