RITES FUNERAIRES TORAJA
Visite à la découverte des rites funéraires Toraja à Rantepao, une cérémonie très intéressante et se déroule sur plusieurs jours.
Chez les Toraja, la foi chrétienne se mêle à des croyances plus anciennes depuis la fin du XIXe siècle. Ils aspirent au paradis, nommé Puya, mais leur chemin pour y accéder diffère du nôtre.
Pour les Toraja, une personne n'est considérée comme vraiment décédée qu'après la cérémonie funéraire. Jusqu'à ce rituel, le défunt est simplement « malade ».
Le « malade » est momifié et conservé dans un cercueil à domicile, dans un espace dédié. La famille lui rend visite, lui offre des présents comme des cigarettes ou du thé, et lui parle comme s'il était encore vivant. Cette pratique, peut-être étrange pour l'Occident, est en fait un hommage respectueux au défunt. Elle permet aux vivants de faire leur deuil progressivement, de se séparer naturellement et sans précipitation du disparu. Le défunt reste ainsi chez lui jusqu'à ce que la famille ait les moyens d'organiser la cérémonie funéraire, parfois pendant des années. Cette période, appelée "Tamakula", est un moment de transition entre la "maladie" et les adieux officiels.
Le site de la cérémonie funéraire
Une structure temporaire en bambou est construite autour du site de la cérémonie. Dans le cas ou celle-ci aurait lieu dans un village traditionnel, la structure reliera les Tongkonan et les Alang (greniers à riz) pour accueillir les invités. Dès que la famille fixe la date et le nombre d'invités, elle en informe le chef du village, c'est alors lui qui choisit l'emplacement et mobilise des bénévoles locaux pour ériger ce "village éphémère". Habituellement, cette construction prend environ trois mois.
Un sarignan, une sorte de corbillard, sera également fabriqué pour recevoir et transporter le cercueil. Celui-ci ne sera uniquement utilisé que lors de la cérémonie, et sera ensuite laissé à l'abandon.
L'importance et le rôle des animaux dans la culture Toraja
Les animaux jouent un rôle crucial dans la culture Toraja. Leur objectif est d'atteindre les sommets du Puya, le paradis Toraja. Selon leurs croyances, les animaux sacrifiés pendant les cérémonies aident à transporter l'âme du défunt le plus haut possible dans les cieux. Ainsi, plus il y a d'animaux sacrifiés, plus l'âme du défunt s'élèvera.
Le buffle : Celui-ci occupe une place centrale. Il en existe deux sortes : Le buffle classique et le buffle tacheté, ce dernier étant plus rare et plus coûteux avec sa peau rose et ses yeux bleus. Offrir un buffle tacheté est un signe de richesse et de statut social.
Les deux premiers buffles sacrifiés ne sont pas consommés. Ils ont pour rôle d'ouvrir les portes de Puya pour l'âme du défunt.
Le cochon : C'est le second animal offert dans ces cérémonies, aidant également l’âme à s'élever, mais il est plus commun et moins onéreux qu'un buffle.
Par la suite, les autres animaux sacrifiés nourrissent tous ceux qui ont contribué à la cérémonie et les invités. Les cochons, en particulier, sont utilisés pour préparer le Pa’ Piong, un plat savoureux de viande, légumes et riz, mijoté dans du bambou.
La cérémonie (entre 3 et 5 jours parfois pour les plus hautes classes de la société)
Jour 1 : Les invités venus de toute part commencent à arriver. Les hommes finissent les constructions et les femmes s'affairent à la cuisine. Seul le Pa’ Piong sera cuisiné par les hommes. Les invités viennent offrir riz et légumes pour la préparation de ces repas. Le sarignan contenant le cercueil est transporté sur le site, un peu comme si le défunt allait veiller sur ses propres funérailles.
Jour 2 : C'est le jour le plus important de la cérémonie, tous les invités et la famille sont réunis. Ceux-ci se repartissent dans la maison temporaire de bambou construite autour du site. Chacun repère sa place grâce à une organisation millimétrée selon son rang social et son village de provenance, indiqué par des numéros.
Débute alors la cérémonie du Rambu Solo, où un orateur, perché sur le Balakk Kaen, annonce au micro les offrandes des invités. Cela met en lumière la générosité et la richesse de chacun. Après le repas, certains hommes forment une ronde autour du cercueil et entonnent le "Badong", les lamentations en l'honneur du défunt.
S'ensuit une procession où le sarignan, soutenu par de longs bambous, fait le tour du village en guise de dernier hommage. L'atmosphère reste joyeuse, avec interdiction de pleurer. Une trentaine d'hommes portent le sarignan tandis qu'une quarantaine de femmes tiennent une longue traine de tissu rouge accroché derrière celui-ci. Les cris des porteurs encouragent symboliquement le défunt dans son ascension. On monte ensuite le cercueil sur un promontoire plus élevé, le lakkean, orientant la tête du défunt vers le sud. Viennent ensuite les offrandes plus modestes comme les cigarettes, le thé, le café ou le riz.
Jour 3 : C'est le jour du sacrifice des animaux. Ces sacrifices sont essentiels car ils aident l'âme du défunt à atteindre le paradis. La viande est ensuite cuisinée pour nourrir ceux qui ont participé à l'organisation de la cérémonie et les invités venus rendre un dernier hommage. Entre 5 et 120 bêtes peuvent être sacrifiées, créant une scène assez impressionnante. Les cornes des buffles sacrifiés sont conservées et exposées devant le Tongkonan en signe de puissance. On trouve aussi sur les maisons des mâchoires de cochons et parfois des Tuang-Tuang, guirlandes de bambous, accrochées à l'extérieur des maisons, symboles réservés à l'élite.
Jour 4 : Le cercueil est transporté vers son lieu de repos final, traditionnellement creusé dans la roche, qui sert de caveau familial.