Proche du Liberia voisin, cet ancien comptoir dont les vestiges sont aujourd'hui difficilement identifiables est surtout réputé pour son phare, qui fut le premier de Côte d'Ivoire. Mais aussi pour avoir volé la vedette à la déclinante Sassandra, devenant en 1971 le deuxième port en eau profonde du pays, et de facto son second pôle économique. Sa vocation initiale était l'exportation du bois ; c'est aujourd'hui le premier port cacaoyer du monde. Modeste localité côtière comptant en tout et pour tout une soixantaine d'occupants au début du XXe siècle, San Pedro totalisait en 2024 près de 400 000 habitants issus de toutes les ethnies du pays, mais aussi du Burkina, du Mali, du Ghana, de Guinée, du Nigeria, du Niger, de Mauritanie, du Liban, du Liberia et de Sierra Leone, pour les principales composantes de la population.
L'ambiance de San Pedro est à la fois industrielle, assez superficielle et plutôt caliente, les dures heures de labeur quotidien trouvant compensation dans les bars et dancings de bord de mer et du centre-ville, peuplés d'hommes mués en aventuriers solitaires le temps d'une mission ou d'une affectation provisoire, et de filles des régions et pays environnants venues tenter leur chance dans cette ville où l'argent ne dort jamais, en particulier quand le cacao et les billes de bois convergent vers le port. À tel point que les Ivoiriens eux-mêmes n'hésitent pas à dire que le diable en personne aurait sa résidence secondaire à San Pedro, ville de tous les vices et de toutes les tentations, mais aux attraits ô combien doux...
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