SAN FERNANDO HILL

San Fernando Hill, officiellement Naparima Hill, est une petite montagne qui ne fait que 180 mètres de hauteur, mais offre une vue magnifique sur les plaines des alentours ainsi que sur San Fernando. La ville de San Fernando s'est développée à ses pieds au fil du temps et l'encercle complètement de nos jours. Il est comme un îlot de nature au cœur de la ville. Mais cette petite montagne a surtout une importance symbolique sacrée pour les Amérindiens qui peuplaient cette région avant la colonisation. Selon la tradition Warao en effet, le héros mythique Haburi et sa mère ont dû fuir la vindicte de la femme grenouille en cherchant refuge dans le delta de l’Orénoque. Mais, parvenus à Trinidad, ils furent transformés en montagne : celle d’Anaparima, la montagne du monde.

Ce mythe, très populaire chez les Warao ainsi que chez d’autres tribus amérindiennes d’Amérique du Sud, est à l’origine d’une tradition de pèlerinage qui a survécu pendant des millénaires, remontant à au moins - 6500 av. J.-C., pour finalement disparaître vers 1900. Jusqu’à cette époque, des Amérindiens ou leurs descendants en provenance de toute la région sud des Caraïbes et de l’Amérique du Sud avaient coutume de couvrir de longues distances, en bateau et à pied, pour venir rendre hommage à la montagne d'Anaparima. Certains chefs de tribus traversaient même en canoë depuis le delta d'Orinoco en Amérique du Sud jusqu'à Icacos, Quinam, Erin et Moruga, et marchaient jusqu'à San Fernando pour des réunions de sages. Ils croyaient que cette colline était la maison d'un esprit suprême et un ancêtre héroïque, inventeur du premier canoë et sa mère, une ancêtre divine. En 1920, les indiens de la tribu Gwaranao traversaient toujours pour ce rendez-vous sacré éternel, et selon les archives de l'Angostura Historical Digest ils provoquèrent un scandale dans la ville de San Fernando car ils passèrent... tous nus ! Malheureusement, les croyances sacrées des Amérindiens n'ont pas été respectées par les colons qui n'hésitèrent pas à utiliser les pierres de la colline pendant plus de 200 ans pour construire des maisons et des bâtiments, à tel point que la montagne a été réduite de près d'un tiers de son volume. Après des protestations populaires qui durèrent plusieurs décennies, l'exploitation de la carrière et le classement de la colline en zone protégée furent décrétés en 1980. Désormais c'est une aire récréative et un projet de reforestation est en cours. On peut pique-niquer dans la forêt en se servant de barbecues à disposition et en profitant de la vue sur les alentours.