La calligraphie
Les premières peintures sont essentiellement murales. Jusqu'à la fin de la dynastie Han, l'art magique ou mystique, c'est-à-dire, destiné à communiquer avec l'invisible, est considéré comme la base de l'art chinois traditionnel. On trouve son équivalent dans la plupart des cultures, notamment dans les grottes préhistoriques.
L'émergence de la peinture chinoise découle de l'écriture. La calligraphie, présente dans la vie quotidienne, constitue avec la peinture traditionnelle le cœur des arts asiatiques. Empereurs et sujets collectionnaient les œuvres d'art calligraphiques. Ces œuvres sont réalisées à l'aide des "quatre trésors du cabinet de travail du lettré" (wen fang szu pao) : le pinceau, l'encre, le papier et la pierre à encre. Les calligraphies sont encollées sur des rouleaux ou encadrées et accrochées dans les salons et les cabinets de travail. On les trouve partout : sur les enseignes des magasins et des bâtiments administratifs, sur les monuments et les stèles.
Les premières créations illustrent la vie à la cour. En parallèle, quelques démarches individuelles se démarquent comme celle de Gu Kaizhi (Gù Kǎizhī) vers 344-406 sous la dynastie des Jin orientaux. Reconnu comme le premier grand peintre sur rouleau, il rédige Notes sur la peinture du mont de la Terrasse des nuages, le traité à l'origine de la peinture de paysage. Il fonde ainsi la tradition lettrée où les sentiments occupent une place essentielle. À Canton, le Guangzhou Museum of Art (Yuexiu Park) propose un vaste aperçu de l'art régional, de la calligraphie à la sculpture.
Evolution de la peinture chinoise
Sous la dynastie Ming (1368-1644), le style des peintres de l'école de Wu intègre plus d'expressivité. Sous la dynastie Qing (1644-1912), trois groupes coexistent : ceux qui transcendent la tradition en développant un style individuel, les traditionalistes qui réinterprètent les modèles ancestraux, et les artistes de cour. À partir du XVIIIe siècle, les échanges commerciaux facilitent les échanges culturels avec l'Amérique et l'Europe.
Le concept « d'art actif » coïncide avec la fin de la dynastie des Han (220) et le début de la dynastie des Jin occidentaux (IIIe-Ve siècles). Il est déclenché par les apports étrangers, en particulier avec l'influence du bouddhisme venu d'Inde. Ces échanges bouleversent la philosophie chinoise, sans avoir d'impact majeur sur l'art chinois. Le concept « d'art actif » se développe lentement. Au lieu d'exprimer les connaissances ou la croyance, il s'enracine dans la nature et ne répond à aucune fonction utilitaire.
Ces caractéristiques sont fondamentales pour comprendre l'histoire de l'art chinois, et son lien intrinsèque avec la calligraphie ou la peinture à l'encre. Les plus grands chefs-d'œuvre de l'art chinois sont des calligraphies. Aujourd'hui, comme par le passé, les calligraphes sont à la fois des lettrés et des artistes. Leurs œuvres regroupent leurs propres écrits, poèmes ou correspondance.
Statut du peintre chinois
Deux catégories de peintres se distinguent : le professionnel et le lettré.
Dès l'origine et jusqu'à l'époque des Tang (618-907), le peintre professionnel se rapproche de l'artisan. Moine ou membre de l'aristocratie, il répond aux besoins de l'empire. Il fournit des cadeaux et des objets destinés aux rites.
La peinture stylisée est réalisée à l'encre noire. Elle se caractérise par la précision du trait et les longues courbes dynamiques. S'inspirant de l'étude de la nature et des animaux, elle préfère les couleurs vives.
À partir du Xe siècle, le peintre lettré acquiert une place essentielle. Certains lettrés vivent de leur art comme le peintre de paysage Jing Hao (v. 870-v. 930) et Fan Kuan au XIe siècle, qui vit en ermite dans les montagnes.
Il convient de mentionner l'Académie, formée au début de la dynastie des Tang. Établie à Bianling par les Song du Nord, puis à Hangzhou, sous les Song du Sud, l'Académie est maintenue jusqu'à la fin de la dynastie Qing.
Bouddhisme dans l’art
L'art bouddhique constitue une part majeure du patrimoine artistique chinois. Il s'exprime très tôt, dans l'art rupestre.
Le bouddhisme est adopté par les lettrés dès son introduction dans le pays. Les préceptes bouddhistes sont diffusés par la Route de la Soie, par l'intermédiaire des marchands, des moines et des ambassadeurs à partir du second siècle avant notre ère, sous la dynastie des Han. Les bouleversements politiques favorisent l'expansion du bouddhisme. Au Nord, le royaume des Wei l'intronise religion d'État. En Chine du Sud, le peuple en proie à la misère se réfugie dans une quête spirituelle. Les conversions au bouddhisme se font en masse, l'empereur Mingdi étant le premier souverain converti. L'Âge d'or du bouddhisme s'échelonne du VIIe siècle à 845. Les milliers de monastères qui sont bâtis font débat à cause des richesses qu'ils abritent et des frais engendrés par leur entretien. En 845, l'empereur Wuzong bannit toute religion étrangère.
Lieu historique, le Temple Guangxiao à Guangzhou fait office d'escale pour les missionnaires, jouant un rôle central dans la vulgarisation des éléments du bouddhisme. En sculpture, les artistes puisent dans l'iconographie et les codes de l'art indien, dont l'école de Gandhara, elle-même influencée par les canons de la sculpture grecque. Les postures et les vêtements sont traités avec réalisme. Puis, à partir du Ve siècle, la sculpture chinoise s'allonge et devient plus stylisée. Dans le Nord, la quête de l'illumination se traduit par une tendance au symbolisme et à l'abstraction.
Le Musée provincial du Yunnan ainsi que le Musée de Shanghaï abritent de somptueuses collections de sculpture bouddhique.
Dong Qichang (1555-1636)
Peintre et calligraphe de la fin de la période Ming, Dong Qichang naît dans le district de Songjiang. Artiste précoce, il réussit l'examen du service civil mais n'a de cesse de parfaire sa calligraphie. Au mépris des codes, il développe un style basé sur l'expressivité plutôt que sur la ressemblance naturaliste. Dans ses Huit scènes d'automne de 1620, son usage des couleurs et des zones blanches défie les conventions. Pour certains, c'est un génie, pour d'autres, un dessinateur maladroit.
Dong Qichang est aussi théoricien de l'art. Son analyse révolutionnaire ne repose pas sur l'histoire mais sur des critères puisés dans le bouddhisme. Pour lui, ce qui est descriptif correspond à l'école du Nord ; ce qui relève de l'expression personnelle, de la rêverie, appartient à l'École du Sud. Bien que cette classification fasse débat, son impact sur la production picturale en Chine et au Japon dure plusieurs siècles.
Avec la fin de l'empire, l'art moderne chinois s'affirme.
Virage moderne
La gravure se développe au XIXe siècle au contact des méthodes venues d'Occident. Au XXe siècle, la gravure sur bois, la peinture à l'huile et le cinéma adoptent un réalisme qui ouvre la voie au modernisme. Deng Xiaoping annonce en 1961 l'ouverture de la Chine vers le monde occidental. Cela implique de bâtir des musées et d'enrichir les collections d'œuvres d'art.
Marqué par le régime maoïste, l'art contemporain est longtemps qualifié de « dégénéré ». Selon la tradition, l'art doit être au service de l'État ou du peuple chinois, et censé se soumettre au pouvoir politique. Lors de la Révolution culturelle, à la fin des années 1970, le groupe d'artistes Xingpai (Étoiles) organise à Pékin des expositions d'art contestataire. Dans leur lignée, 2 250 artistes se rassemblent sous le nom de Nouvelle Vague 85. En 1989, l'exposition China/Avant-garde symbolise cette phase de liberté, qui décline quelques mois plus tard, à la suite des événements de Tian'anmen. L'événement pose les jalons du « réalisme cynique », porte-voix du désenchantement face aux bouleversements engendrés par la mondialisation.
La même année, la première exposition d'artistes chinois en Occident a lieu en France. L'exposition « Magiciens de la terre » au Centre Pompidou modifie notre vision de l'art oriental.
Échanges et célébrité
Les artistes réfugiés en Occident, à Hong Kong et à Taïwan, notamment après la révolution culturelle (1966-1976), expérimentent de nouvelles pratiques. La nature même des œuvres évolue. Ceux qui rentrent en Chine accèdent à de nouveaux moyens de diffuser leur art dans leur pays et en dehors. En Chine, pas moins de 1 500 musées sont construits.
Dans les années 1990, des figures emblématiques s'imposent dans le milieu de l'art contemporain : Zhang Xiaogang, Yue Minjun, Huang Yong Ping et Fang Lijun participent tous à la Biennale de Venise. Faute de pouvoir exprimer leur créativité dans leur pays, les artistes chinois internationalement reconnus comme Ai Weiwei, Yue Minjun, Zhang Xiaogang, Wang Guangyi, Fang Lijun ou Zeng Fanzhi se sont exilés dans leur jeunesse vers les pays occidentaux. Nombreux sont ceux qui vivent en France comme Huang Yong Ping, Shen Yuan, Wang Keping ou Li Chevalier.
Les galeries d'art et les foires d'art contemporain comme la Shanghai Art Fair puis la Hong Kong Art Fair se multiplient. Désormais, les nouvelles fortunes chinoises investissent dans l'art contemporain.
À partir des années 2000, la tendance s'inverse. Les premières vedettes de l'art chinois font leur apparition. La Cène de Zeng Fanzhi est adjugée à Hong Kong à 40,9 millions de dollars, un record absolu pour une œuvre d'art asiatique. De nombreux jeunes artistes restent en Chine mais sont renommés à l'étranger. Liu Bolin, né en 1973, dit « l'homme invisible », est particulièrement reconnu en France. Liu Wei, né en 1972, s'intéresse à la notion de pouvoir et de mémoire à travers l'histoire récente de la Chine. Née en 1978 à Guangzhou, Cao Fei traite dans ses films et ses installations du rapide changement de la société chinoise. Ren Ri est admiré pour ses sculptures fabriquées avec l'aide d'abeilles.
Les escales culturelles de la Chine du Sud
A côté des géants Hong-Kong et Shanghai, la province du Zhejiang et sa capitale Hangzhou comptent parmi les plus riches du pays. Le lac Xihu demeure un haut-lieu de contemplation pour les peintres et les poètes.
Depuis l'Antiquité, Canton (Guangzhou) sert de point de contact entre la Chine et l'extérieur. Même à l'époque où le pays se ferme au commerce étranger, le port de Canton reste ouvert. De nos jours, son dynamisme lui vaut le surnom de « Berlin chinois ».
Le Guangdong Museum of Art offre un panorama très complet de la culture cantonaise. L'art contemporain chinois est mis à l'honneur dans les salles et le jardin des sculptures. Dans le centre, l'Arts district célèbre la culture le premier vendredi de chaque mois. Street-art et galeries sont disséminés dans plusieurs zones, de Liwan à Haizhu ; au bord du Zhu Jiang (Rivière des Perles), sur l'Ile de Ersha ; au nord, dans l'ancien quartier colonial Dong Shan Kou ; à l'est de Yuexiu, autour du carrefour de Thianhe Road et de l'avenue de Guangzhou. Et au nord-est de Yuexiu, Baiyun regorge de parcs et de musées historiques.