Encierro, la course folle
Pendant une semaine, l'encierro (lâchers de taureaux) sera l’une des deux attractions majeures des fêtes. Viriles et fascinantes, ces courses sont aussi dangereuses : les taureaux sont lancés dans la rue à 8h précises et parcourent à folle allure un trajet de 848 m dans la vieille ville, jusqu'aux arènes où ils combattront dans l'après-midi. Encadrés par des bœufs et précédés par les coureurs vêtus de blanc et du traditionnel foulard rouge (corredores), les taureaux traversent la Cuesta de Santo Domingo, la Plaza del Ayuntamiento, la Calle Mercaderes et la Calle Estafeta en 3 minutes environ. Même les coureurs expérimentés ne sont pas à l'abri d'un accident, le taureau étant un animal puissant et sauvage, il est donc recommandé aux participants d'être extrêmement prudents.
Ce moment de pure adrénaline est suivi avec passion dans toute l'Espagne, où il est retransmis en direct à la télévision. Mais pour se faire une place dans les rues étroites qui forment le parcours de l'encierro, il faut s'armer d'une patience à toute épreuve en arrivant au moins 2 heures avant le début de la course. On peut aussi louer un balcon chez l’habitant, par exemple sur sanferminbylocals.com. Les prix varient beaucoup en fonction de l’emplacement, la visibilité, l’étage. Il faut compter en moyenne de 50 à 150 € par personne, pour la journée. Autre option, on achète une place dans les arènes pour voir l'arrivée des taureaux puis un spectacle de vachettes.
Après ce réveil en fanfare, il est de coutume d'aller manger des churros con chocolate dans les bars de la calle Estafeta ou de la plaza del Castillo. La matinée se poursuit, à partir de 9h30, avec La Comparsa de Gigantes y Cabezudos, le cortège des Géants et des nains à Grosses Têtes, qui partent du Terminus et parcourent les rues du centre historique au son des txistus (typique flûte basque) et des cornemuses. Réalisés en carton-pierre, ces personnages amusent enfants et adultes depuis le XVIe siècle (malgré sa disparition temporaire au XVIIIe siècle). Les Gigantes actuels datent de 1860 et représentent les quatre continents connus à l’époque, Amérique, Afrique, Europe et Asie. Chaque figure pèse environ 60 kg et mesure 4,20 mètres. Quant aux Cabezudos, ils représentent les autorités : le Conseiller municipal, la Grand-Mère, le Maire et le couple de Japonais.
Les corridas quotidiennes
Seconde attraction majeure de la San Fermín, et non des moindres, les corridas quotidiennes. Cette tradition spectaculaire rythme les festivités, instituant l’Encierro comme une introduction, à l’instar d’autres démonstrations comme les mulillas (défilé d’attelages de mulets) ou l’encajonamiento (séparation des taureaux avant la corrida), ou encore la course landaise et la voltige. Finalement, tous les spectacles semblent mener à la corrida. Les matadors les plus talentueux s’exercent alors dans les arènes de Pampelune – qui sont les troisièmes arènes les plus grandes du monde. La corrida est une discipline extrêmement codifiée, qui se déroule en plusieurs phases, notamment les passes des peones, qui permettent au matador d’évaluer le taureau, puis l’intervention du picador qui teste et affaiblit l’animal, et enfin les passes et la mise à mort du matador.
On notera tout de même que si la corrida a longtemps été populaire en Espagne, l'opposition à la tauromachie se fait de plus en plus entendre ces dernières années. Même si, de tout temps, les opposants ont existé : d'abord, on s'émouvait des risques pris par le torero, puis par le cheval (avant l'introduction d'un caparaçon pour le protéger à la fin des années 1920), avant, dans les dernières décennies, de s'indigner des sévices infligés au taureau. Des sévices d'autant plus insupportables pour les opposants, qu'ils se déroulent en public, lors d'une véritable mise en scène de la mort de l'animal.
Cependant, il reste très difficile d'obtenir des places pendant les Sanfermines : 90 % des places sont vendues à l'avance sous forme d'abonnements annuels. Les 10 % restants sont mis en vente aux guichets des arènes à partir de 20h30, la veille de la corrida. Pour ceux qui n'ont pas réussi à obtenir des places, il est également possible de tenter sa chance quelques heures avant le début de la corrida, dans les alentours des arènes, où s'organise la revente (mais en payant généralement le double du prix).
Selon de nombreux habitués, le clou du spectacle est offert par Las Peñas, sortes de fanfares qui ouvrent et ferment les corridas, munies de bouteilles de sangria et de casse-croûte pantagruéliques souvent utilisés comme projectiles. Car le spectacle est autant dans les gradins que dans l'arène ! À l’issue de la corrida, chaque peña quitte les arènes, précédée de sa banderole décorée de caricatures de personnalités ou d’hommes politiques espagnols. Elles rassemblent autour d’elles une foule euphorique de fêtards, qui vont boire et danser toute la nuit. C’est une institution bon enfant, dénuée d’agressivité.
Outre l’Encierro, la Comparsa et la corrida, l’animation de Pampelune est alimentée par une fête foraine, des démonstrations de sport rural, une foire aux bestiaux, des feux d’artifice et une foule de restaurants de plein air. La cérémonie finale du Pobre de Mí (Pauvre de moi) clôt une semaine de marathon festif, le 14 juillet au soir, mais la fête se poursuit bien souvent dans les rues jusque tard dans la nuit.
Une renommée due à Hemingway
Célèbres dans le monde entier, les Sanfermines doivent en partie leur renommée à Hemingway. Prix Nobel de littérature, le célèbre romancier américain était un inconditionnel de Pampelune, et en particulier de ses fêtes. Il assiste pour la première fois aux Sanfermines en 1923, alors âgé de 24 ans, et restera un visiteur assidu jusqu'à l'éclatement de la guerre civile. Son roman Le Soleil se lève aussi, publié en 1926, apporte la gloire à l'écrivain ainsi qu'une renommée internationale aux fêtes de Pampelune. Après la guerre, Hemingway reviendra à deux occasions, en 1953 et en 1959, pouvant s'offrir le luxe d'une chambre à l'hôtel La Perla, sur la Plaza del Castillo. Du balcon de la chambre 217 (actuellement 201), qui donne sur la calle Estafeta, il admirait l'encierro matinal avant de rejoindre les arènes dans l'après-midi, aux côtés de son ami le torero Luis Miguel Dominguin et de l'actrice Ava Gardner. Aujourd'hui encore, le souvenir d'Hemingway demeure inébranlable, tout comme le buste en bronze de l'écrivain qui trône dans les arènes. De nombreuses visites guidées permettent de revenir sur les lieux chers à cet illustre visiteur, qui fit découvrir Pampelune au monde entier.