Histoire Histoire

Bien que Bahreïn soit un petit pays, son histoire est aussi vaste que les empires qui l'ont traversé. Carrefour des civilisations, au cœur des routes maritimes du Golfe, il a été tour à tour royaume mythique, bastion hellénistique, repaire chrétien, puis archipel convoité par les empires perses, arabes et européens. Encore aujourd'hui, Bahreïn fascine les archéologues du monde entier : les différentes civilisations qui ont occupé l'archipel ont laissé de vestiges antiques et médiévaux remarquables. De Dilmun à l'indépendance, en passant par la conquête d'Ahmed al-Fateh, la ruée vers les perles et les soubresauts politiques du XXIe siècle, l'île est à l'image de l'Histoire de la région : riche, parfois violente, toujours fascinante… Voyager à Bahreïn revient à découvrir cinq millénaires d'histoire, des débuts de l'humanité à la pétromonarchie actuelle. Une histoire où la mer, la religion et les luttes d'influences entre grandes puissances jouent une place prédominante.

3500 av. J.-C. à 2000 av. J.-C.

Première mention de Dilmun, nom ancien de Bahreïn, sur une tablette d'argile retrouvée à Uruk, cité mésopotamienne. Dilmun est décrit dans les épopées sumériennes comme une terre sacrée. C'est le début de l'âge du bronze dans l'archipel. Le pouvoir politique et économique de la civilisation se développe.

2000–1900 av. J.-C.

Âge d’or de Dilmun

Cette période marque l'apogée religieuse et architecturale de la civilisation de Dilmun, avec la construction successive des trois temples de Barbar, aujourd'hui considérés comme les vestiges les plus emblématiques de l'âge du bronze dans le Golfe. Édifiés à proximité d'une source d'eau douce, ces temples révèlent une profonde symbolique rituelle et une organisation sociale avancée. Les fouilles ont mis au jour des bassins, autels, escaliers monumentaux, et objets votifs comme des figurines animales, des sceaux et des céramiques importées de Mésopotamie ou de la vallée de l'Indus. Ces découvertes suggèrent non seulement l'existence d'un clergé structuré et d'un panthéon local influencé par les dieux mésopotamiens, mais aussi l'intégration de Dilmun dans un vaste réseau d'échanges commerciaux.

1751 à 544 av. J.-C.

Après une courte période de déclin, le deuxième âge d'or de Dilmun commence, grâce au développement de son réseau maritime entre la Mésopotamie et l'Inde. En 1475 avant notre ère, l'archipel passe sous domination babylonienne. C'est à cette époque que l'irrigation apparaît à Bahreïn, avec l'introduction du falaj, un ingénieux système de canaux souterrains. Au même moment, le dromadaire est domestiqué dans la péninsule arabique.

1100 à 330 av. J.-C.

La civilisation de Dilmun entame un déclin progressif, sans rupture brutale. L'archipel reste habité, mais perd son rôle central de carrefour commercial. En 544 avant notre ère, Bahreïn est envahi par les Achéménides et est intégré à l'Empire perse.

330 av. J.-C. à 622 apr. J.-C.

Époque hellénistique. Les conquêtes d'Alexandre le Grand bouleversent les équilibres politiques de la région. Le conquérant de l'Empire perse lance une expédition vers Tylos, nouveau nom de l'archipel. Ses soldats y établissent une petite communauté grecque. Les Parthes, les nouveaux maîtres de la Perse, reprennent le contrôle de l'île en -129.

100 av. J.-C. – 200 apr. J.-C.

Apogée de la culture gréco-arabe dans l’archipel

Le port de Qal'at accueille des commerçants venus de tout le monde antique, tandis que les habitants adoptent largement la langue grecque. L'historien Pline l'Ancien évoque une société prospère, tournée vers la production et le négoce de perles, réputées dans tout l'Empire romain. La médecine locale, influencée par l'école d'Hippocrate, attire les élites régionales. Mais l'invasion de l'archipel en 250 par les Sassanides, successeurs des Parthes, marque le début d'un long déclin.

622

L'année de l'Hégire, le départ du Prophète Mohammed et de ses compagnons vers Médine, marque l'an 1 du calendrier musulman. Bahreïn s'est presque immédiatement converti à cette nouvelle religion (dès 629). Le pays était alors dominé par la tribu arabe des Manadhira ; leur roi Al Mundhir Ibn Sawi Al Timimia a été l'un des premiers fidèles de Mohammed hors de la péninsule arabique. Signe de cette conversion rapide, la mosquée Al Khamis, l'une des premières construites dans le monde, a été édifiée en 692.

900

Au début du Xe siècle, un mystique ismaélien, une branche du chiisme, va créer la « république » des Qarmates, dont le gouvernement est centré sur la raison et l'égalité. Profitant de leur position stratégique sur la route de la Mecque, les Qarmates vont devenir célèbres pour attaquer les caravanes de pèlerins. En 930, ils pillent la Mecque. Au passage, ils s'emparent de la pierre noire sacrée de la Kaaba. Ils demandent alors une rançon faramineuse au calife abbasside, qui ne sera jamais payée. La pierre noire est rendue mystérieusement 22 ans plus tard. Battus par les Abbassides en 976, puis lentement affaiblis, les Qarmates sont renversés en 1058.

1521–1602

Début de la colonisation européenne

L'Empire portugais s'empare de Bahreïn pour contrôler les voies commerciales du Golfe et sécuriser ses liaisons maritimes avec l'Inde. Les colons édifient plusieurs forteresses. Le pouvoir lusitanien pèse lourdement sur les populations locales, qui subissent des pressions fiscales et une répression religieuse. Les tensions avec les Arabes chiites de l'île s'intensifient, jusqu'à ce que la dynastie perse des Safavides chasse définitivement les Portugais en 1602. Cet empire contrôle l'archipel jusqu'à la conquête arabe de 1783.

1783

Fondation du Bahreïn moderne

Le cheikh Ahmed al-Fateh, chef de la tribu sunnite des Al Khalifa, défait les Perses lors de la bataille de Zubarah. Il prend le contrôle de l'archipel et fonde une dynastie qui règne encore aujourd'hui. Sous son autorité, Manama devient la capitale politique, tandis que Muharraq reste un centre culturel et religieux. Cette conquête marque le début d'un nouvel ordre tribal, avec des alliances conclues entre tribus sunnites, marchands locaux et puissances extérieures comme la Grande-Bretagne. La minorité chiite, elle, reste marginalisée.

XVIIIe (?) - 1795

Ahmed Al-Fateh Al Khalifa

Surnommé « Ahmed le Conquérant », Ahmed Al-Fateh Al Khalifa est considéré comme le père fondateur du pays. En 1783, à la tête des tribus Al Khalifa venues du Koweït, il chasse les Perses de l'île et établit sa domination sur l'archipel. Il installe sa résidence à Al Zubarah, au Qatar, tout en assurant le contrôle effectif de Bahreïn. Sa prise de pouvoir jette les bases de l'actuelle monarchie bahreïnienne. Encore aujourd'hui, son nom est omniprésent dans l'espace public – une mosquée, une avenue et plusieurs institutions nationales portent son nom en hommage à son rôle fondateur.

1820 - 1971

Protectorat britannique à Bahreïn. Après un conflit avec les Omanais, les Al Khalifa s'emparent définitivement du pouvoir en 1811. Mais pour le consolider, ils décident de s'allier aux Britanniques. En 1820, un traité est signé. Les Al Khalifa s'engagent à ne plus commettre d'actes de piraterie dans le golfe Persique. En échange, le Royaume-Uni reconnaît cette dynastie comme les seuls souverains légitimes de Bahreïn.

1870 - 1932

L’économie de la perle et la modernisation du pays

Les Al-Khalifa veulent transformer radicalement l'économie de l'Archipel. Le pays compte surtout sur les revenus de l'industrie perlière, dont les nacres sont exportées à Paris ou à Bombay. Grâce à cette manne financière, Bahreïn se dote en 1896 d'une police et en 1900 du premier hôpital de l'Archipel. En 1924, le premier aérodrome du monde arabe ouvre ses portes à Manama. La concurrence des perles japonaises et le krach boursier de 1929 provoquent un fort déclin de l'industrie perlière… Mais en 1932, du pétrole est découvert dans le désert de Bahreïn, assurant la richesse du royaume.

1950–1971

Après la Seconde Guerre mondiale, toute la région s'embrase. À Bahreïn, des mouvements populaires réclament l'indépendance et dénoncent les discriminations sociales. Il faudra attendre 1971 et la déclaration d'indépendance pour marquer officiellement le départ des Britanniques. Le Royaume devient un État souverain, une monarchie parlementaire dirigée par l'émir Isa bin Salman Al Khalifa.

Années 1990

Période de forte instabilité intérieure. La majorité chiite multiplie les manifestations pour réclamer une constitution, des élections libres et la fin des discriminations économiques. Les autorités répondent par une répression sévère : détentions arbitraires, tortures, fermeture de journaux. C'est dans ce contexte qu'émerge un discours réformateur chez le prince héritier Hamad, qui promet un dialogue national.

1999 - 2011

Après la mort de l'émir Isa en 1999, son fils Hamad bin Isa Al Khalifa lui succède. Il entreprend de réformer la constitution du pays pour en moderniser les institutions. En 2002, l'émirat devient une monarchie constitutionnelle. Hamad prend le titre de roi. En 2009, Bahreïn supprime la kafala, système de parrainage des travailleurs étrangers. Une première dans la région.

2011

Les conséquences du Printemps arabe

Le mouvement révolutionnaire touche Bahreïn dès février. Des dizaines de milliers de manifestants, majoritairement chiites mais aussi sunnites, se rassemblent à la place de la Perle pour demander des réformes démocratiques et une meilleure répartition des richesses. Le gouvernement déploie l'armée, appuyée par des troupes saoudiennes et émiraties. Les manifestations sont violemment réprimées : plusieurs dizaines de morts, des centaines d'arrestations, dissolution des partis d'opposition. La place de la Perle est fermée, devenant un symbole du retour à l'ordre.

2017 - 2025

La réouverture de la place de la Perle marque la fin du Printemps arabe à Bahreïn. La monarchie a timidement cherché à réformer les institutions, tout en accentuant son emprise sur le pays. Les élections de 2018 sont boycottées par l'opposition, mais le roi peut compter sur le soutien de l'allié américain : en 2020, Bahreïn signe les accords d'Abraham et normalise ses relations avec Israël. En 2022, le prince héritier devient premier ministre. Le pays retrouve la croissance, 2,9 % en 2024, tirée par la finance islamique et le tourisme.

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