Produits caractéristiques
Bien que Bahreïn soit presque entièrement couvert de désert, il existe quelques terres arables irriguées. Les habitants y cultivent concombres, tomates, oignons, courges, poivrons, etc., bien qu'une vaste majorité de la nourriture reste importée. L'une des rares plantes natives de la région, supportant l'aridité brûlante du pays, est le dattier, et le royaume est même parfois surnommé le « Pays aux millions de palmiers ». Les dattes de Bahreïn comptent en effet parmi les plus réputées. Avec plus d'une centaine de variétés, les Bahreïnis sont passés maîtres dans l'art de les cultiver. À déguster sèches en hiver, ou fraîches en été, à la première bouchée, c'est comme si l'on goûtait à ce fruit pour la toute première fois.
Toutefois le Bahreïn, par son rôle de carrefour commercial, a su, depuis l'Antiquité, incorporer à sa cuisine des ingrédients venus de l'étranger. Les épices viennent d'Inde, dont notamment la cardamome, qui se retrouve dans le café, importé quant à lui de la Corne de l'Afrique et qui est devenu un rite essentiel du quotidien. Le riz reste l'élément de base de tout repas, comme dans beaucoup de pays de la région. On le parfume d'une multitude d'épices : cumin, poivre, curcuma, cannelle, clous de girofle, noix de muscade, safran, piment doux ou encore graines de coriandre et de fenouil. Le citron à l'omanaise ou limou omani est une variété de citron vert séché que l'on emploie largement autour du golfe Persique pour sa saveur à la fois acidulée et fumée. Certains plats sont assaisonnés de mahyawa, une sauce de poisson fermentée originaire d'Iran.
La consommation de viande est importante et bien sûr agneau, mouton et poulet sont les viandes les plus appréciées. Traditionnellement, les dromadaires étaient un moyen de transport, mais ils fournissaient du lait et dans une moindre mesure de la viande, même si elle était réservée aux grands événements. Avant la découverte des hydrocarbures, la bouse de dromadaire séchée servait de combustible. Mais bien sûr, les produits de la mer sont aussi très appréciés. Le roi des poissons bahreïnis, l'hamour – connu plus scientifiquement sous le nom de mérou à taches orange – est présent en abondance le long des côtes de l'archipel. Servi grillé avec riz et légumes, c'est le plat phare de la cuisine locale.
De nos jours, Bahreïn s'inspire toujours d'influences extérieures, ce qui est peu surprenant sachant qu'environ la moitié de la population du royaume est composée de travailleurs immigrés venant principalement d'Asie du Sud, du Moyen-Orient ou d'Afrique de l'Est. La mondialisation a également bouleversé les habitudes alimentaires des Bahreïnis. Les fast-foods, apparus avec les marines américains en poste sur l'archipel, ont envahi les rues de Manama. Mais c'est aussi dans la capitale que vous pourrez apprécier des restaurants du monde entier – restaurants indiens, chinois, japonais, italiens, libanais, français ou perses –, souvent d'excellente facture.
En 2024, le Bahreïn faisait partie du top 20 des pays connaissant le plus fort taux d'obésité, avec environ 36 % de personnes obèses. Vie sédentaire, avec peu de marche à pied ou de sport, et forte demande en fast-food : Bahreïn connaît une véritable épidémie de diabète et de maladies cardio-vasculaires. Alors que leurs ancêtres se nourrissaient de manière plutôt frugale (poissons et riz principalement), les nouvelles générations ont adopté une diététique riche en gras et en sucres. Dans ce pays, l'abondance témoigne du statut social de l'hôte et de son détachement des contingences matérielles. Le royaume essaye toutefois d'enrayer le problème également commun à ses voisins du golfe Persique.
Ramadan, ou « jeûne », est le quatrième pilier de l'islam. Fixé au neuvième mois du calendrier lunaire islamique, il dépend donc des cycles de la lune, ainsi sa date change chaque année. Durant le mois de ramadan, tout musulman en bonne santé est censé jeûner du lever au coucher du soleil. Il doit également s'abstenir de boire, d'inhaler des substances (parfums), d'absorber des médicaments ou nutriments oraux non essentiels et d'avoir des relations sexuelles. Seuls les femmes enceintes, les malades ainsi que les personnes âgées ne sont pas tenus d'observer le jeûne. On rompt le jeûne avec des dattes, de l'eau et du café : la caféine, ainsi que le sucre et le fer contenus dans les dattes, offrent beaucoup d'énergie au jeûneur. Ramadan se termine par l'Aïd al-Fitr qui se caractérise généralement par de copieux banquets. Bahreïn reste toutefois moins rigoriste dans sa pratique de la religion, et même si le jeûne est observé avec beaucoup de ferveur, les touristes pourront s'alimenter sans trop de difficultés pendant la période de ramadan. Il est conseillé, par respect pour les pratiquants, de ne pas manger en public et de prendre les repas à la maison ou dans des zones désignées, telles que des hôtels ou des restaurants proposant des services de livraison ou de plats à emporter.
Comme dans le reste du monde arabe, on mange ici avec la main droite traditionnellement, la gauche étant considérée comme impure.
Les classiques de la cuisine bahreïnie
Parmi les spécialités locales les plus fameuses, on retrouve de nombreuses recettes à base de riz, comme le plat national, le machboos à base de mouton, de poulet ou de poisson, servi sur du riz parfumé cuit dans un bouillon de poulet ou de mouton richement épicé, le tout garni de coriandre. Originaire d'Asie du Sud, le biryani est également très répandu et se compose de couches de riz épicé et de viande, généreusement garnies de fruits secs, d'amandes, de pistaches et d'herbes fraîches. Le mumawwash se compose de riz garni de lentilles et de crevettes alors que le fi ga'atah mélange riz, pommes de terre et volaille. Le classique quzi ou ghoozi est un plat d'agneau rôti garni de riz, d'œufs durs, d'herbes et d'épices. Enfin, le muhammar est un riz garni de dattes et servi avec du poisson.
Recette majeure lors du Ramadan mais également pour les grands événements comme les mariages, l'harees est une purée de blé et de viande (généralement du poulet) parfumée à la cannelle. Assez proche, le jireesh contient également du riz ou de l'orge et a une consistance plus proche d'une soupe. Largement répandu dans le monde arabe, le foul est un ragoût de fèves cuites servi avec de l'huile d'olive, du persil, de l'ail, de l'oignon et du cumin. Originaire du Levant, les falafels – ces boulettes de pois chiches croustillantes – sont souvent fourrés dans un pain plat avec des crudités et une sauce au yaourt. Le malgoum est l'équivalent local du shawarma (un sandwich au poulet épicé et aux crudités), que l'on sert ici dans un pain plat indien avec du fromage, des frites et diverses sauces.
Desserts et boissons
On retrouvera des desserts typiquement orientaux avec par exemple les ghuraiba, de petits biscuits croquants parfumés à la cardamome, généralement servis avec du café, à moins de préférer les luqaimat, de petits beignets ronds imbibés de sirop au safran, de miel ou de mélasse de dattes. Les khanfaroosh sont des pancakes épais, généralement servis au petit-déjeuner avec du thé ou du café. Le jalebi est une spirale de pâte frite imbibée d'un épais sirop au safran ; pour les accros au sucre uniquement. Enfin, la khabeesa est une pâte plus ou moins souple ou friable à base de farine, de sucre et d'huile, servie au petit-déjeuner notamment pendant l'Aïd al-Fitr. Avec les grandes chaleurs d'été, les Bahreïnis ont développé un goût certain pour les crèmes glacées. Pour trouver les meilleures directions, rendez-vous au Naseef, le plus vieux café de la ville, ouvert en 1920. Mention spéciale pour la glace à la mangue.
Le qahwah – ou café arabe – est la boisson nationale. Sa préparation est tout un rituel et les grains sont délicatement torréfiés et finement moulus avant d'être infusés dans de l'eau bouillante avec de la cardamome, voire parfois du safran, de la cannelle ou des clous de girofle. D'autres boissons populaires incluent le laban, une boisson rafraîchissante au lait caillé, ou le sharbat, à base de lait ou d'eau, souvent parfumé à la rose et servi glacé.
Le Bahreïn est l'un des pays les plus permissifs de la région concernant la vente d'alcool. La plupart des restaurants possèdent une licence, tout comme la plupart des hôtels. Certains établissements refusent tout de même d'en servir, selon les désirs de leur propriétaire. Ce n'est donc pas surprenant que de nombreux touristes venus des pays voisins viennent passer le week-end à Manama pour profiter d'une atmosphère plus décomplexée. On n'oubliera toutefois pas que Bahreïn reste un pays musulman pratiquant, et que si consommation d'alcool il y a, elle doit se faire avec modération et discrétion.