Découvrez Bahreïn : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

S'il a presque troqué sa culture de perles contre sa culture de pétrole, le petit État du Bahreïn s'est forgé une culture bien à lui, en contrepied de ses voisins qui portent d'autres couleurs et d'autres particularités. Si le tourisme est à la traîne comparé au Qatar ou à Dubaï, le Bahreïn est plus authentique, plus vrai, plus naturel, bien que plus enclavé et moins ouvert sur le reste du monde. Il y règne une douceur de vivre appréciée des visiteurs. Ses arts et traditions se reflètent dans la situation du pays : le Bahreïn est innovant tout en portant les traces du passé, le pays est ouvert et moderne, tout en étant coincé entre l'Arabie saoudite et le Qatar… Les infrastructures touristiques et culturelles sont récentes, elles datent d'une poignée d'années seulement. Le patrimoine de spectacle vivant, lui, bien que discret au premier coup d'œil, existe réellement et ne demande qu'à être percé à jour.

Une musique traditionnelle qui rend fier le Bahreïn

Au Bahreïn et dans l'ensemble du Golfe persique, la musique est un marqueur identitaire qui renforce la singularité de chaque communauté. Certains genres de musique ancestraux puisent leur source en Afrique de l'est, et sont toujours joués lors de certains événements. Chaque octobre, à l'occasion de la Journée internationale de la musique de l'Unesco, le Festival international de la musique de Bahreïn a lieu. Il s'est donné pour but de donner une visibilité à toutes les esthétiques, tous les courants dont le pays est fier.

Les grandes villes du Bahreïn sont même réputées pour compter une densité considérable de salles de concert, étonnamment nombreuses comparées à la superficie du territoire.

Que serait la culture du Bahreïn sans sa musique traditionnelle et notamment le Khaliji, mélange entre des influences arabes, perses et indiennes. L'artiste Ali Bahar s'inscrit dans cette esthétique et est sans nul doute l'icône du pays. Ce dernier est non seulement surnommé le « Bob Marley du Golfe », mais aussi le « meilleur musicien de l'histoire du Bahreïn et du monde arabe ». Avec un style polyrythmique emprunté aux musiques africaines, le khaliji reposait, à l'origine, sur des poèmes clamés évoquant l'honneur, l'amour ou les victoires de guerre. La musique traditionnelle convoque des instruments de musique comme le rebab, le oud ou encore le violon, parfois le habbān (cornemuse arabe), le mirwas et le taba (tambours traditionnels), ainsi que le duff drum. Un autre style de musique, élaboré et répétitif, appelé Liwa, est exécuté dans certaines tribus, toujours couplé à une danse, lente, harmonieuse et tournoyante.

Plus populaire, le Swat fait intervenir le mirwas et le ‘ud (flûte). Art typique des pays du Golfe, il est joué lors de réunions ou veillées nocturnes appelées « samra ». L'un des plus prestigieux auteurs de swat fut Muhammad bin Fâris, qui fonda dans les années 1930 la première école destinée à transmettre cette pratique. Introduit par des voix et des instruments, le swat de Bahreïn se poursuit par des chants sérieux qui n'invitent pas à la danse, contrairement aux swat des pays voisins. Le répertoire comprend plusieurs formes de swat : arubi, shami, yamâni, san'âni, hijâzi, etc. Certains swat sont interprétés dans les villages et servent à transmettre des valeurs aux jeunes générations.

Le chant des pêcheurs de perles

Le Bahreïn tire aussi sa puissance de sa production d'huîtres perlières. Jusque dans les années 1940, plusieurs centaines de bateaux embarquaient au large pour pêcher le fameux trésor. Dans chaque bateau, montaient des chanteurs appelés nahham qui avaient pour mission d'encourager les pêcheurs (les ghêis) dans leur périlleuse quête. Leurs chants, perçants, très singuliers, parfois dissonants, ne ressemblent à aucun autre et constituent ainsi un patrimoine d'une grande richesse pour le territoire. Ces chants de travail peuvent être soit des mawwal (des improvisations vocales sur des poèmes), soit des kharrati (les voix sont accompagnées par des tambours).

Aujourd'hui, la pêche aux perles n'est plus. C'est le pétrole qui requiert désormais toute l'attention des chasseurs d'or. Toutefois, la tradition reste ancrée dans l'esprit des habitants de Bahreïn et perdure grâce aux actions de certaines associations.

Du métal et de la musique électronique

Outre les musiques traditionnelles, les musiques actuelles et populaires se répandent de plus en plus au Bahreïn, à commencer par le rock. Des groupes comme Osiris ou Motör Militia sont souvent cités comme pionniers de cette esthétique novatrice car très suivis par les jeunes générations bahreïniennes. Ces groupes empruntent également des accents ou pratiques musicales folkloriques régionales, marquant leur appartenance au pays. Une communauté friande du métal s'est constituée avec le temps, donnant naissance à d'autres groupes ces dernières années, comme Smouldering in Forgotten et Lunacyst, ainsi qu'à de gros événements thématiques comme le Metal fest, festival dédié à ce courant musical.

Dans les années 2000, la scène de musique électronique a également pris forme au Bahreïn. Prenant un peu d'avance sur ses voisins du Golfe, quelques clubs ont émergé, permettant à des artistes locaux de se faire connaître. Parmi ces lieux, on peut citer le Soundscapes, festival devenu incontournable au Bahreïn.

La musique classique en reine

Enfin, la musique classique a une place de choix dans les pratiques culturelles du Bahreïn. Dans un élan venu indéniablement d'Occident, les formations orchestrales se sont répandues ces dernières années. L'orchestre philharmonique de Bahreïn, premier du Royaume, est né dans les années 2010. Il est devenu une référence importante au sein de la scène culturelle du Bahreïn. Il présente de la musique orchestrale bahreïnienne, ainsi que des œuvres qui fusionnent la musique classique internationale avec des pièces originales de la musique arabe.

Côté infrastructures, les artistes locaux et internationaux de ce genre musical se produisent dans des institutions de musique comme le Bahreïn Music Institute. Au-delà d'être des lieux de diffusion, ces dernières délivrent des cours de musique depuis un peu plus de vingt ans et organisent des workshops, invitant ainsi de grands noms de la musique classique internationale à enseigner leurs savoir-faire.

La danse traditionnelle

Tout aussi importante que la musique traditionnelle, la danse folklorique a également une place de choix dans la culture du Bahreïn. La plus connue est sans doute l'Ardha, danse masculine à l'épée, qui évolue là encore sur des percussions et sur les paroles d'un poète. Liée à la guerre, l'ardha est assimilée à une parade qui donne de la force aux soldats. C'est aussi l'art de manier l'épée, de montrer sa ferveur, sa souplesse et sa force de défense. L'ardha serait née dans la région de Nadjd, et plus précisément chez les tribus des Anza, les plus anciennes du golfe. Grâce à la migration des populations, l'ardha s'est ensuite répandue d'une région à l'autre, ainsi qu'au Koweït et au Qatar. L'exécution de cette danse se déroule encore lors des célébrations. Les hommes se font alors face en deux rangées. Ils récitent un poème et manient des armes.

L'Almizmar (ou encore Mizmar) vient de la communauté hedjazie. C'est une danse pratiquée par de nombreux hommes. Ces derniers font tournoyer des cannes en bambou, battent des tambours et frappent des mains. L'inspiration n'est autre que la chevalerie, l'héroïsme ou l'éloge. Certains y voient un lien avec la danse Tahtib, venue du Soudan ou de l'Égypte. Le mot « mizmar » vient du mot flûte, alors qu'en réalité, cette chorégraphie traditionnelle ne fait appel qu'au tambour et au chant. Les danseurs, vêtus de longues robes blanches, se font face en deux rangées, comme dans l'ardha, et jouent de leurs morceaux de bambou en récitant des chants ou poèmes. Les femmes, à qui l'on doit les costumes, sont les grandes absentes de ces danses traditionnelles quand celles-ci s'exécutent en public. Des réflexions ont toutefois émergé ces dernières années, remettant doucement ce principe en question…

Parmi les autres danses traditionnelles, la Khigga rassemble des danseurs qui se tiennent par la main et forment ensemble une ligne courbe. Les pieds sont en mouvement et le rythme est marqué par le son d'instruments comme la zurna (une sorte de flûte) et le davul (un tambour). La khigga est interprétée dans des cérémonies de vie joyeuses et il n'est pas rare qu'elle se déroule sur une musique populaire et relativement actuelle. Simple et très accessible, cette danse peut durer des heures !

En ce qui concerne la danse de l'Ayyala, des hommes en kandoura blanche se balancent d'un pied sur l'autre au rythme des percussions. Ils tiennent dans leurs mains des bâtons et, là encore, un chant poétique guide leurs pas. Similaire à l'ayyala, la Yollah est une autre danse comprenant une arme (fusil, poignard ou sabre). Enfin, impossible de passer à côté de la Fijiri, la danse des pêcheurs de perles. Historiquement, ces rituels chorégraphiques suivaient les pêches qui étaient animées par les chants polyphoniques. Rejoint par les tambours, le chant s'accompagnait de danses transcendantes.

Actuellement, de nombreuses danses internationales ont fait leur apparition dans le quotidien des Bahreïniens. Le territoire regorge notamment de cours liés à la danse Bollywood, l'influence de la culture indienne étant omniprésente dans le pays.

Le théâtre

Développé tardivement et issu d'une culture occidentale parvenue soudainement au Bahreïn, le théâtre prend une dimension plus importante lorsque des infrastructures apparaissent dans le paysage culturel local. Celles-ci présentent des architectures remarquables : par exemple, le Théâtre national du Bahreïn, inauguré en 2012, a été conçu par les mêmes architectes que l'Institut du Monde arabe, à Paris. Il suffit d'assister à une représentation pour prendre la mesure de l'édifice. L'auditorium, de forme arabisante, compte plus de 1001 places. Le bâtiment est construit à l'endroit même où, autrefois, les pêcheurs de perle larguaient les amarres pour partir en mer.

Les compagnies qui se saisissent des diverses salles de spectacles sont notamment l'Awal Theatre, ou encore l'Al Sawari Theatre, spécialisé dans les performances expérimentales. Les arts de la poésie et du conte sont très répandus au Bahreïn et sont souvent adaptés aux grandes assemblées. Découlant de cette tradition orale, des lectures du Coran réunissent aussi les foules et font office de spectacles. Elles sont accompagnées d'un peu de musique (essentiellement jouée aux tambours), de danses rituelles et de quelques légendes portant sur le sujet abordé.

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