Histoire du Nicaragua du Nicaragua

Le pays doit son nom à la tribu amérindienne des Nicaraos, qui habitait le territoire. En 1502, Christophe Colomb aborde la côte mais les Espagnols ne débarquent qu'une vingtaine d'années plus tard. Au XVIIe siècle, des pirates anglais, hollandais et français attaquent la côte atlantique mais seuls les Anglais s'y installent. Le pays obtient son indépendance en 1821. En 1855, l'aventurier américain Walker s'empare du pouvoir mais deux ans plus tard il est renversé. De 1893 à 1979, une longue liste de dictateurs se succèdent à la tête de l'État, entre autres les Somoza, père et fils. Le Front sandiniste de libération nationale est créé au début des années 1960. En 1978, la rébellion s'étend à tout le pays et les sandinistes lancent une offensive généralisée. Ortega est élu président en 1984. En 1990, Violeta Chamorro devient la première femme présidente du pays. Ortega sera réélu en 2006, en 2011, en 2016, et en 2021.

VIIIe - XIIIe siècles

Une population venue du Nord

Les premiers peuplements à arriver en Amérique centrale venaient du Nord. Le groupe Maya-Quiché occupait le Yucatán, le Chiapas et le Guatemala. Les Nahuas se sont installés dans la vallée de l'Anahuac. D'autres tribus ont également peuplé l'Amérique centrale, comme les Caribes et les Chibchas. Les Caribes ont été expulsés de leur territoire par les Mayas et les Quichés au Guatemala et de l'isthme de Rivas au Nicaragua par les Chorotegas.

Les premiers colons étaient nomades, vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette de fruits sauvages. Ils ont fini par apprendre à cultiver la terre et à planter du maïs, des haricots et d'autres plantes. Ils ont commencé à former des villages. Ils sont devenus sédentaires.

Ils croyaient que l'univers avait été créé par les dieux. Ils croyaient que l'homme avait été créé à partir du maïs. Pour satisfaire les dieux, ils leur rendaient différents cultes. La plus importante était le sacrifice humain.

Les Chorotegas, arrivés au VIIIe siècle, peuplèrent la majeure partie de la côte pacifique du Nicaragua.

Les Nahuas ou Nicaraos, arrivés aux XIIe et XIIIe siècles, se sont installés dans les parties nord et sud du Pacifique.

Les Maribios ou Sutiabas, arrivés au XIe siècle et installés à León.

À l'époque de l'arrivée des Espagnols, le Nicaragua était habité par les tribus suivantes :

Nagrandanos, Matagalpas, Ramas, Dirianes, Chontales, Miskitos, Nicaraos et Zumos.

12 septembre 1502

L'arrivée des Espagnols

En 1502, Christophe Colomb entreprend son quatrième et dernier voyage vers les Amériques.

En provenance des côtes du Honduras, défiant les vents et les courants au point de s'exposer au naufrage, les quatre vaisseaux de Colomb réussissent, le 12 septembre de cette année-là, à dépasser un cap. À ce moment, la tempête se calme, et les vents changent en faveur des voiles. Pour cette raison, l'amiral baptise ce cap "Gracias a Dios". C'est ainsi que la première vision du futur Nicaragua s'offre à eux.

Cinq jours plus tard, et soixante-dix lieues au sud, les bateaux atteignent l'embouchure d'une rivière. Colomb envoie un bateau à la recherche d'eau et de bois de chauffage, avec une telle malchance qu'à son retour, le bateau se renverse sur la barre, et ses deux membres d'équipage périssent noyés. Le cours d'eau est baptisé Río del Desastre, aujourd'hui connu sous le nom de Río Grande de Matagalpa. À cette embouchure, se trouvent quatre îlots boisés que l'amiral nomme "Cuatro Temporras", car c'est un samedi 17 septembre, jour d'abstinence sur les quatre imposés par l'Église au début de chaque saison.

À 13 lieues à l'est des îlots, l'Amiral découvre deux îles qu'il baptise Limonares en raison des fruits semblables à des citrons qu'il y trouve. Lors de cette découverte, Colomb est évidemment le premier à observer les deux îles de Corn.

Le 21 septembre, Colomb baptise une rivière du nom de San Mateo en l'honneur du saint du jour. Le 23, il passe au large du fleuve San Juan. Malgré la nécessité de fournir de l'eau et de la nourriture à l'équipage, rien n'indique que Colomb ait débarqué sur la Côte Caraïbe humide et inhospitalière du Nicaragua. Le 25 septembre, Christophe Colomb jette l'ancre dans le Cariay (aujourd'hui Puerto Limón), où il rencontre des indigènes avec qui il peut échanger des friandises contre de l'or. À l'âge de 52 ans et souffrant de la goutte, Christophe Colomb ne marche jamais sur la côte centraméricaine, mission qu'il confie à son frère Bartholomé.

15 juin 1524

Fondation de León

La première expédition espagnole par voie terrestre fut effectuée par Gil González Dávila et Andrés Niño, qui arrivèrent au Nicaragua en provenance du Panama en 1522. González entre en contact avec les caciques et établit de bonnes relations avec le cacique Nicarao mais doit échapper aux attaques du chef Diriangén, initiant la conquête et la colonisation du territoire.

En 1524, Francisco Hernández de Córdoba, envoyé par le gouverneur de Castilla del Oro Pedrarias Dávila, fonda les deux premières villes : Granada et León qui devint la première capitale du pays. La ville de León est fondée le 15 juin 1524 sur un site que les autochtones appelaient « Nagrando ». Elle est construite sur une plaine légèrement surélevée sur la côte nord-ouest du lac Xolotlan et à proximité du volcan Momotombo.

Des villes coloniales se sont établies comme centres de gouvernement, de commerce et de religion, et ont joué un rôle clé dans le développement économique et social du Nicaragua pendant la période coloniale.

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XVIe - XVIIIe siècles

Colonisation et résistance autochtone

La conquête du Nicaragua ne s'est pas faite sans conflit ni résistance de la part des populations autochtones. Des chefs tels que le cacique Diriangén ont mené des rébellions contre les Espagnols, défendant leurs terres et leur culture.

Ce sont les courageux Caciques Diriangén et Nicarao qui ont affronté l'équipage de Gil González, ce qui a donné lieu à un violent processus de conquête. Diriangén a affronté les Espagnols en organisant la résistance de plus de 4 000 guerriers. Pour se défendre, les Indiens utilisaient les cris, les tambours et les chants pour transmettre la peur à leurs ennemis. Le rejet par les autochtones de l'esclavage et du vol s'est transformé en rébellion et la réponse a été une répression accrue.
En 1725, un autre soulèvement notable a lieu dans les villes de Sutiaba et de León ; la raison de ce soulèvement était la saisie de leurs récoltes de maïs et d'autres produits par les Espagnols. Les rebelles ont résisté pendant un mois et demi avant d'être massacrés par les colons.

Début XIXe

Les désirs d'indépendance

Au début du XIXe siècle, le Nicaragua commence à connaître des mouvements de résistance et de mécontentement envers la domination espagnole. En 1811, des tentatives de soulèvements indépendantistes ont lieu à León et à Grenade, menées par des figures telles que Miguel Larreynaga et Juan de la Cruz Murgeón, mais elles sont écrasées par les forces espagnoles.

Juste avant le soulèvement de León, la nouvelle classe sociale dominante au Salvador, les criollos (créoles descendants d'Espagnols nés aux Amériques et grands propriétaires fonciers) avaient décidé de se substituer à tous les Espagnols du gouvernement. Le peuple nicaraguayen réclame alors la création d'une nouvelle structure politique locale, détachée de la métropole, ainsi que l'abolition de taxes douanières pour produire du tabac ou des liqueurs. Ces exigences seront satisfaites. Quand le Mexique déclare son indépendance en septembre 1821, les autres pays d'Amérique centrale lui emboîtent le pas.

15 septembre 1821

Indépendance

Le Nicaragua proclame son indépendance depuis León le 15 septembre 1821 et rejoint le Premier Empire mexicain sous Agustín de Iturbide. En 1823, il devient membre de la Fédération des Provinces unies d'Amérique centrale (sous la houlette du Hondurien Francisco Morazán), se dégageant de la tutelle du Mexique jusqu'au 30 avril 1838. Cette fédération comprenait le Guatemala, El Salvador, le Honduras et le Costa Rica et visait à unir les États d'Amérique centrale sous un seul gouvernement.

Cependant, la fédération doit faire face à des difficultés en raison de rivalités régionales et de luttes politiques internes.

1824-1838

Troubles internes et rivalités internationales

L'émiettement de la structure coloniale aura des effets désastreux sur le pays, profondément divisé entre deux clans politiques : les libéraux (León) et les conservateurs (Granada). Dès 1824 (les deux villes se proclament capitales du territoire, bientôt suivies par Managua !), la situation intérieure s'envenime ; une guerre civile éclate même en 1827, pacifiée par le Guatemala où se trouve le gouvernement fédéral ; après l'éclatement de la Fédération, on assiste à un véritable ballet des présidents et des gouvernements et à ce qu'il faut bien appeler une « guerre civile »

Au cours des années 1830, le Nicaragua connaît aussi des conflits récurrents avec le Honduras concernant des différends territoriaux et politiques.

La guerre de la Ligue d'Amérique centrale (1826-1829) voit plusieurs nations d'Amérique centrale s'affronter dans une lutte pour le pouvoir et les territoires.

La guerre de Cinq Ans (1836-1840) implique le Nicaragua dans un conflit régional plus vaste. Cette guerre, qui a engagé plusieurs États d'Amérique centrale, fut en grande partie une lutte pour le contrôle politique et territorial.

30 avril 1838

Le Nicaragua, un état souverain

Le Nicaragua quitte les Provinces-Unies d'Amérique centrale, et devient une république indépendante et souveraine le 30 avril 1838.

À ce stade, le Nicaragua doit faire face à plusieurs défis internes et externes qui visaient à établir et à renforcer la nouvelle nation. L'un des aspects les plus importants est la construction d'une identité nationale et le renforcement des institutions gouvernementales.

L'économie joue aussi un rôle essentiel dans ce processus de consolidation. Le Nicaragua dépendait principalement de la production agricole, en particulier de l'exportation de café et de bananes. Ces exportations stimulent la croissance économique et permettent des investissements dans des infrastructures telles que les routes, les ports et les chemins de fer.

En outre, d'importantes réformes sociales et politiques sont entreprises au cours de cette période. Des mesures sont prises pour promouvoir l'éducation, améliorer les conditions de travail et garantir les droits civils et politiques des citoyens.

Au cours de cette période, le pays a réussi à établir une identité nationale, à renforcer ses institutions gouvernementales et à faire face aux défis internes et externes qui ont surgi sur la voie de la consolidation.

Années 1840

Une situation géostratégique convoitée

La situation géographique du Nicaragua allait en outre le placer au centre des géostratégies contemporaines. La découverte de gisements d'or en Californie en 1848 provoqua l'une des plus importantes transhumances du siècle, et comme il n'existait pas encore de chemin de fer entre les deux côtes des États-Unis, les seuls moyens de rallier les deux océans étaient de passer par le Panamá (train, baudet, etc.) ou… par le détroit de Magellan, tout au sud de la Patagonie et de l'Amérique du Sud. La position du Nicaragua et ses voies d'eau (le río San Juan surtout) attisent donc les appétits des puissances coloniales de l'époque : France, Grande-Bretagne ainsi que les États-Unis, qui commencent déjà à envisager l'Amérique latine comme leur « chasse gardée ». Le financier américain Cornelius Vanderbilt fait ainsi construire une route transcontinentale de New York à San Francisco en passant par le río San Juan : les bateaux parvenaient à San Juan del Norte (alors appelé Greytown par les Anglais), il fallait ensuite passer les rapides du fleuve (changement de bâtiments parfois), puis on gagnait le lac Nicaragua et l'on débarquait à La Virgen, avant de gagner San Juan del Sur sur la côte Pacifique, d'où un autre navire appareillait pour la Californie et le « rêve américain ».

Les projets français de construire un canal interocéanique, dont Napoléon III se fit le chantre, n'aboutirent pas. Les Britanniques usèrent d'une autre tactique et établirent un véritable protectorat sur la côte Atlantique entre 1845 et 1894. Inquiets de voir ce puissant empire s'installer en Amérique centrale, les États-Unis critiquèrent ce monopole et les deux pays anglo-saxons signèrent le traité Clayton-Bulwer, en 1850, écartant toute prétention territoriale sur l'Amérique centrale mais qui, en substance, établissait leur autorité sur cette région du monde.

1855-1856

William Walker, un flibustier au pouvoir

L'un des moments les plus controversés de l'histoire du Nicaragua fut l'invasion de William Walker, un aventurier américain qui s'est brièvement emparé du Nicaragua et s'est autoproclamé président. Sa tentative d'établir un empire en Amérique centrale a été éphémère mais a laissé une profonde impression dans l'histoire nicaraguayenne.

Tandis que les « grands » du monde bataillaient pour s'assurer le contrôle du pays, alors que le pays ne parvenait pas à s'extirper du chaos civil (conflits de pouvoir incessants entre León et Granada, soit entre les deux figures Máximo Jerez et Fruto Chamorro), un mercenaire américain nommé William Walker envahit le pays, avec l'approbation des libéraux, en 1855. Avec une soixantaine de mercenaires, il débarque à San Juan del Sur le 4 mai 1855 et investit Granada. Le 13 octobre, il fait nommer Patricio Rivas président par intérim, mais c'est lui qui tire les ficelles. En même temps, il devient le commandant en chef des armées nicaraguayennes. Walker souhaite instaurer une république esclavagiste et fait de l'anglais la langue officielle. En juin 1856, Walker s'autoproclame président après avoir organisé un simulacre d'élection, et les États-Unis reconnaissent son élection.

S'ensuit alors une guerre nationale de libération (toute l'Amérique centrale marche contre l'envahisseur yankee), qui connaît une bataille décisive le 14 septembre (aujourd'hui jour férié) 1856, à San Jacinto.

Contraint de quitter le pays en mai 1857, il tentera d'envahir à nouveau le Nicaragua mais sera finalement capturé et exécuté en 1860 à Trujillo, au Honduras.

Le Nicaragua a finalement obtenu son indépendance définitive en 1857.

Les libéraux vont perdre de leur superbe après ce terrible épisode et les conservateurs s'emparent du pouvoir jusqu'en 1893 : c'est à cette époque que Granada, leur fief traditionnel, s'embellit considérablement. La capitale du pays est déplacée de León à Managua. De nombreuses terres sont vendues (ou plutôt extorquées aux autochtones) à des colons (notamment allemands) qui commencent à développer la culture du café.

1893-1909

Le mandat de José Santos Zelaya

En 1893, le libéral José Santo Zelaya prend la tête du gouvernement et s'affirme comme un véritable homme d'État nationaliste. Le nouveau président contribue au développement du pays comme aucun autre auparavant (nouvelle Constitution, séparation de l'Église et de l'État, mariage civil, divorce, abolition de la peine de mort, liberté d'expression). La région de la Moskitia est enfin incorporée au pays ; les Britanniques quittent définitivement le Nicaragua en 1894, abandonnant le royaume miskito aux légendes à venir.

Zelaya n'apprécie pas du tout la nouvelle politique nord-américaine décrétée par Theodore Roosevelt contre le Nicaragua en 1901 (celle du big stick ou « gros bâton »). En effet, les États-Unis n'ont pas abandonné l'idée de dominer l'Amérique centrale et profitent des dissensions entre les diverses factions libérales et conservatrices pour infiltrer la vie politique du pays.

1909-1933

Interventions américaines et régimes autoritaires

En 1909, un coup d'État appuyé par Washington redonne le pouvoir aux conservateurs.

De fait, trois ans plus tard, le Nicaragua devient une véritable colonie nord-américaine, tandis que le libéral nationaliste Benjamín Zeledón échoue dans sa tentative de reprendre le pouvoir (il sera exécuté et on traînera son corps dans les rues de Niquinohomo) : le traité Bryan-Chamorro signé en 1913 permet aux « yankees » de contrôler les douanes et les chemins de fer et concède des droits de concession inaliénables pour la construction d'un canal dans le pays (le canal de Panamá étant inauguré en 1914, l'idée était davantage de s'assurer qu'aucune autre puissance ne vienne mettre son grain de sel). Des troupes militaires sont stationnées en permanence dans le pays jusqu'en 1925, après quoi elles reviennent dès l'année suivante en raison de nouveaux troubles fomentés par les libéraux.

1927-1933

Guerilla et fin de l'occupation américaine

Cette présence commence à peser lourd pour certains esprits libertaires. Le 23 mai 1927, le rebelle libéral Moncada signe à Tipitapa le « Pacto del Espino Negro », ainsi nommé en l'honneur de l'arbre sous lequel il fut parachevé ; ce traité reconnaît la présidence d'Adolfo Díaz (conservateur) en échange de diverses prébendes accordées aux chefs insurgés, de la pacification du pays et de la création d'une garde nationale. Tous les caudillos acceptent le traité… à l'exception du modeste Augusto César Sandino (élevé au rang de général pendant la guerre constitutionnaliste de 1926), qui refuse de se laisser faire et entame une véritable guérilla contre les intérêts étatsuniens (peut-être la première historiquement), soutenu par un important contingent paysan. Sandino avait travaillé dans les plantations de bananes et de canne à sucre du Honduras et du Guatemala. Il forme une petite armée et dresse son camp à Las Segovias, afin de lutter contre l'occupation yankee. De terribles combats secouent alors le nord du pays ; cependant, les marines ne peuvent se défaire de Sandino, malgré leur équipement moderne (premiers bombardements aériens de l'histoire). L'occupation nord-américaine prend fin le 2 janvier 1933, lors de la prise de pouvoir du nouveau président Sacasa, et Sandino dépose les armes en échange de certains compromis (amnistie et travail pour les ex-rebelles notamment), sous condition que l'indépendance politique et économique du Nicaragua soit maintenue.

1934-1937

Arrivée de Somoza au pouvoir

Le pays va-t-il enfin connaître la paix ? Nenni. L'année suivante, Somoza, chef de la garde nationale, ourdit un complot et fait assassiner Sandino d'une balle dans le dos au cours de négociations. En 1936, il déboute le président Sacasa et se proclame président après des élections frauduleuses, en 1937.

1936-1956

La première dictature de Somoza

À partir de cette date fatidique et pendant quatre décennies, la famille Somoza va présider d'une main ferme et impitoyable à la destinée du Nicaragua. En quelques années, elle pille sans vergogne les richesses du pays, s'emparant de nombreuses industries (les plus riches et les plus productives du pays) et faisant régner la loi du népotisme et de la corruption généralisée. Rapidement, la fortune personnelle d'Anastasio Somoza García Somoza dépasse les millions de dollars, tandis que le pays s'enfonce dans une crise sociale sans précédent.

La Constitution est réformée, les États-Unis sont recherchés comme alliés, fournissant un appui de circonstance au régime dictatorial.

Somoza sera assassiné en 1956 par Rigoberto López Pérez, un poète nationaliste, lors d'une réception organisée en l'honneur du président. Ce meurtre sera suivi par une vague de répressions sans précédent ; de nombreux opposants sont emprisonnés, torturés, assassinés.

1956-1979

Les héritiers Somoza

Le fils aîné du dictateur disparu, Luis Somoza Debayle, prend alors le contrôle du gouvernement jusqu'en 1957 (terme du mandat de son père). Lors des élections présidentielles qui s'ensuivent, comme par hasard, il est élu.

En 1963, pour faire bonne figure, René Schick Gutiérrez prend les rênes du pouvoir. C'est un ardent défenseur de la famille Somoza, qui continue à tirer les ficelles derrière les rideaux.

Dès 1967, c'est au tour du petit frère, Anastasio Somoza Debayle, dit « Tachito », ancien commandant de la garde nationale, d'être élu président (les fraudes électorales sont une institution depuis les années 1930). Alors que le premier Anastasio aura introduit quelque développement industriel et économique, alors que Luis aura essayé de conserver un semblant de démocratie pour éviter une révolte sociale (réforme agraire en 1963), le cadet va avoir la main moins légère et son régime va se montrer le plus dictatorial de tous. Sa fortune personnelle est alors invraisemblable (on estime que la famille Somoza possédait près de 65 % du PIB national quand survint la révolution de 1979). Quand les fonds envoyés par la communauté internationale lors du tremblement de terre du 22 décembre 1972 (qui détruit Managua aux trois quarts) sont détournés, un fort sentiment d'hostilité s'empare enfin de la population et le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), fondé en 1961 en hommage à César Sandino, commence à séduire les foules. En 1974, le groupe prend en otage des partisans du régime et obtient la libération des prisonniers politiques sandinistes. Les classes moyennes ne soutiennent plus la politique de « Tachito », qui en a décidément trop fait.

1979

Révolution sandiniste

En 1977, la liberté de la presse est de nouveau accordée, plus pour satisfaire une communauté internationale de plus en plus inquiète que par bon cœur. Mais quand le directeur du journal d'opposition La Prensa, Pedro Joaquín Chamorro, est assassiné en 1978, la révolution est prête à éclater. L'opposition se regroupe (groupe intellectuel dit de « Los Doce », des douze), une grève générale paralyse le pays tandis que l'Église complote contre le régime.

En août 1978, les sandinistes du commandant Edén Pastora prennent d'assaut le Palais national à Managua. Cette prise d'otage spectaculaire attire l'attention du monde entier, tandis que des revendications sont acceptées par le gouvernement (les sandinistes peuvent enfin diffuser leur message par radio ou presse écrite). Dans les mois qui suivent, néanmoins, la répression est terrible. Dès les premiers mois de 1979, la guérilla se fait plus pressante.

Le climat social est insupportable. Le 17 juillet, enfin, Somoza s'enfuit aux États-Unis avant de s'exiler au Paraguay, où il sera abattu par un groupe argentin de gauche un an plus tard. Le 19 juillet, la garde nationale dépose les armes et les troupes sandinistes libératrices entrent à Managua, constituant une Junte de gouvernement de la reconstruction nationale (JGRN). Dès le 25 juillet, quelque 2 000 coopérants cubains débarquent dans le pays pour remettre la machine en route. On suppose qu'au moins 50 000 personnes ont perdu la vie au cours des combats.

Mise en place d'un gouvernement sandiniste

La junte est composée de trois sandinistes (dont Daniel Ortega) et de deux membres de la société civile. Aussitôt, le gouvernement sandiniste entreprend un programme économique d'inspiration socialiste. De nombreuses entreprises sont nationalisées, la Constitution de 1974 est suspendue, une réforme agraire en vue de l'équitable répartition des richesses est engagée.

La garde nationale est remplacée par un corps civil, tandis que Carter aux États-Unis s'engage à verser 75 millions de dollars au pays. Une campagne d'alphabétisation est lancée : on dit que plus de 50 % des Nicaraguayens ne savaient ni lire ni écrire en 1979 ; ils ne seront plus que 15 % en 1990 (l'une des avancées les plus significatives du régime).

Contexte de la guerre froide

Cuba et l'URSS deviennent peu à peu des alliés de circonstance, ce qui n'est pas pour plaire à l'oncle Sam. Parallèlement, les deux membres de la société civile de la junte, Violeta Barrios de Chamorro (veuve du journaliste assassiné) et Alfonso Robelo, critiquent la politique des sandinistes et démissionnent. Bien sûr, leurs intérêts se portaient davantage sur la classe aisée et non sur les « menus » problèmes des paysans ; mais, d'un autre côté, le régime ne semble pas prêt à faire la moindre concession.

Dès 1981 et l'arrivée au pouvoir du gouvernement républicain Reagan, l'aide financière nord-américaine est suspendue. Pire : les États-Unis financent alors un mouvement contre-révolutionnaire (les « contras ») pour chasser la « menace communiste » hors du continent américain. Certains dirigeants sandinistes comme le commandant Edén Pastora reprennent les armes, s'opposant à la « soviétisation » de l'économie et à une politique sévère envers les indigènes Miskitos (dépossédés de leur terre à des fins de contrôle militaire du nord du pays). Le groupe des « contras », mené par Brooklyn Rivera et Steadman Fagoth, et composé principalement d'anciens membres de la garde nationale, entame une guérilla qui va peu à peu paralyser le pays et le mener à l'asphyxie. Des bases militaires de fortune sont organisées au nord du pays, près de la frontière avec le Honduras, ou au Costa Rica. Pour se défendre, le gouvernement sandiniste organise le service militaire obligatoire en 1983. De fait, le pays tout entier se militarise, pour ou contre les sandinistes. Le budget national alloue alors une part démesurée à la défense nationale, pénalisant les autres secteurs comme l'éducation ou la culture, et remettant les nécessaires réformes sociales aux calendes grecques. Des violations des droits de l'homme sont patentes (sensiblement moins nombreuses toutefois que ce qu'en disent les États-Unis). La liberté d'expression est restreinte.

Peu à peu, la lassitude gagne les Nicaraguayens. L'Église s'oppose ouvertement au nouveau régime, tout comme les conservateurs et les classes moyennes et aisées. Parallèlement, la politique de contrôle des prix agricoles est un échec, provoquant une famine terrible parmi les pauvres paysans, alliés traditionnels du mouvement sandiniste.

1984

La première élection d'Ortega

En 1984, Ortega remporte pourtant les élections avec 67 % des voix (sans fraudes, d'après la communauté internationale présente sur place, totalement truquées d'après les opposants et le géant nord-américain). Le rêve s'effrite mais certains continuent d'y croire. Quand les États-Unis décrètent un embargo commercial contre le Nicaragua en 1985, l'économie plonge dans le chaos.

1986

L'affaire « Iran-Contra »

En novembre 1986 éclate aux États-Unis l'affaire « Iran-Contra » (ou « Irangate ») : l'argent versé aux contras vient de ventes d'armes à l'Iran, alors en guerre contre l'Irak (en dépit du blocus total décrété par les Nations unies !). Mais l'heure n'est pas encore à la méfiance envers la politique yankee et la communauté internationale choisit de ne pas aider l'effort sandiniste, même si de féroces critiques se font entendre aux États-Unis au sujet de la politique du gouvernement en Amérique centrale. Une nouvelle Constitution voit le jour en janvier 1987. Des négociations sont engagées entre sandinistes et contras, sous l'égide du président costaricien Óscar Arias Sánchez. Le gouvernement consent ainsi à organiser des élections libres en 1990, en contrepartie du désarmement du groupe contre-révolutionnaire.

1990

Le retour à la paix

Lors des élections présidentielles de 1990, Daniel Ortega est battu et Violeta Barrios de Chamorro est élue présidente, soutenue par une coalition conservatrice, l'Union nationale de l'opposition (UNO), et par les États-Unis bien sûr. Ceux-ci décident de mettre un terme à l'embargo, de rétablir l'aide financière et de désarmer les contras. Ce dernier point est le plus fragile ; des combats se poursuivent inlassablement entre partisans sandinistes et contre-révolutionnaires. On considère qu'en 1992 la plupart des contras étaient désarmés, mais des tensions persistent encore et toujours entre les ex-contras (recontras), les ex-sandinistes (recompas) et un mélange des deux (revueltos).

La transition s'est plutôt bien passée, le nouveau gouvernement s'engageant à respecter la Constitution et à maintenir la réforme agraire. Humberto Ortega, frère de Daniel, est reconduit dans ses fonctions de commandant en chef des armées. Mais malgré les efforts de Violeta Chamorro, la situation économique reste précaire. Les grèves sont nombreuses. La politique économique du pays suit les directives du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, privatisant plusieurs entreprises et réduisant les dépenses sociales. Rien n'y fait, bien au contraire : si une certaine classe favorisée s'en satisfait, la grande majorité du peuple est contrainte de se serrer encore plus la ceinture.

1996

Néolibéralisme

En octobre 1996, la coalition gouvernementale perd les élections contre Arnoldo Alemán du Parti libéral constitutionnel (PLC), une droite franchement libérale et sans scrupules économiques.

Les cinq années du gouvernement Alemán jusqu'en janvier 2002 ont été marquées par une constante : la « dé-sandinisation » totale du pays et la libéralisation tout aussi totale de l'économie.

De grands travaux ont été entrepris (construction d'immeubles, de routes…), donnant l'impression d'un certain essor économique. Mais il est encore à noter que les salariés n'en ont pas vu la couleur. La santé et l'éducation n'étaient assurément pas des priorités pour Alemán. De plus, de nombreux scandales de corruption ont commencé à éclater.

1998

Ouragan Mitch

Ce terrible ouragan (l'un des pires du siècle dernier) a ravagé le pays en octobre 1998, causant des millions de dollars de dégâts, et l'on rapporte qu'une partie de l'aide envoyée par la communauté internationale a terminé dans les poches du président, dont la fortune s'est amplifiée à cette époque d'une manière étrange. L'organisation Transparency International classe même le président Alemán dans la liste des dix dirigeants les plus corrompus des deux cents dernières années.

2002

Gouvernement intègre et efficace

En 2002, Enrique Bolaños, vice-président sous le gouvernement d'Alemán et candidat du PLC, emprisonné à plusieurs reprises sous le régime sandiniste, est élu, Daniel Ortega arrivant second. Son premier geste est de condamner la corruption du mandat précédent, tandis que les sandinistes ne font pas d'étincelles et appellent à une « opposition critique mais constructive ».

Le gouvernement de Bolaños a été indiscutablement le plus intègre et d'une certaine façon le plus efficace des dernières décennies. Le tourisme est devenu une priorité, et si les projets semblaient parfois brouillons, les intentions y étaient.

2006

Retour au pouvoir d'Ortega

Lors de l'élection présidentielle de 2006, Daniel Ortega remporte les élections. Il s'agit de la première fois depuis 1990 que le FSLN reprend le pouvoir. Une majorité de la population était d'abord très enthousiaste à la suite des promesses faites par le président, mais en 2010 les avis sont déjà plus mitigés. Cela n'empêche pas Daniel Ortega d'être réélu pour un second mandat aux élections de 2011.

2013

Un projet pharaonique contesté

Le projet d'un canal maritime destiné à relier la mer des Caraïbes à l'océan Pacifique en passant par le territoire du Nicaragua (également connu sous le nom de canal interocéanique) est approuvé par le gouvernement nicaraguayen. L'estimation du coût total est de 50 milliards de dollars et les travaux devaient durer 5 ans. Selon les données officielles, le méga-projet doit avoir une capacité pour recevoir 5 100 navires par an, et voir transiter 5 % du commerce mondial total, doit doubler le produit intérieur brut du pays et générer environ 250 000 emplois, directs et indirects. Le canal doit traverser le pays d'est en ouest par l'isthme de Rivas, sur une longueur totale de 260 kilomètres. Le canal est composé de trois sections, du Pacifique à l'Atlantique : le canal Ouest, du port de Brito sur l'océan Pacifique au lac Nicaragua (25,9 km) ; le tronçon du lac Nicaragua (106,8 km), entre les villes de San Jorge et San Miguelito ; le canal Est (126,7 km), du lac Nicaragua aux Caraïbes en passant par le lac Altlanta. Les canaux Ouest et Est comporteraient chacun une écluse à trois chambres consécutives pour égaliser le niveau d'eau des deux océans avec celui du lac, qui se trouve à une altitude moyenne de 33 mètres au-dessus du niveau de la mer. La taille des deux écluses et la profondeur du canal permettraient le transit de navires plus grands que ceux qui naviguent sur le canal de Panama.

L'un des principaux arguments contre la construction du canal du Nicaragua, outre son financement difficile, est le possible impact environnemental négatif sur les écosystèmes de la région, en particulier sur les eaux du lac Cocibolca. Les paysans du sud du Nicaragua se sont organisés pour s'opposer à la décision prise par les autorités sans consulter les habitants de la région, y compris les peuples autochtones. Les critiques ont porté sur l'expropriation de terres et l'impact environnemental majeur. En outre, un certain nombre d'organisations qui se sont opposées au projet, notamment en raison de son impact sur l'environnement, ont été fermées ou menacées ces dernières années ; plus de 3 000 organisations ont été fermées au Nicaragua simplement parce qu'elles critiquaient le projet de canal et la corruption qui gangrène le projet dès son lancement.

2014

Une réforme de la constitution est votée en janvier 2014, permettant au Président de se représenter à vie.

2016

Autres réélections d'Ortega

C'est avec une opposition quasi inexistante (car neutralisée juridiquement) que Daniel Ortega est réélu avec 72 % des suffrages le 6 novembre 2016. Son épouse, Rosario Murillo, devient officiellement vice-présidente en janvier 2017. Le couple Ortega contrôle l'ensemble des pouvoirs de l'État (législatif, judiciaire, électoral). Ce modèle, qui n'est pas sans rappeler les régimes de l'avant-Révolution, est considéré comme autoritaire par l'opposition et la société civile.

2018

Un vent de révolte

La crise politique au Nicaragua a été marquée par des manifestations violentes et des marches massives contre le gouvernement qui ont débuté le 18 avril. Le rejet de la réforme de la sécurité sociale a fait place à une demande de démocratie, d'État de droit et de liberté de la part de la population.

Tout a commencé lorsque le gouvernement du président Daniel Ortega et de sa vice-présidente, qui est aussi son épouse Rosario Murillo, après que le gouvernement a annoncé une série de modifications à la réforme de l'Institut nicaraguayen de sécurité sociale, ont cherché à imposer une contribution de 6,25 % à 7 %. La répression exercée par le gouvernement et la police nationale lors des manifestations antigouvernementales a fait quelque 325 morts et plus de 1 200 blessés. Le président a ordonné la censure des médias d'opposition qui ont rendu compte des manifestations. Un projet de loi a également été présenté à l'Assemblée nationale et adopté en tant que « loi antiterroriste » afin d'interdire les manifestations.

Des organisations internationales telles que l'Organisation des États américains, le HCDH, le Groupe de Lima et l'Union européenne ont condamné les événements et appelé à un dialogue pour la paix sociale.

2018

Le canal au point mort

Le projet initial du canal interocéanique prévoyait un partenariat entre le gouvernement nicaraguayen et un groupe de capital-investissement de Hong Kong. La Chine s'était engagée à financer dans sa grande partie les travaux du canal, mais en juin 2018, elle renoue ses relations diplomatiques avec Pamana et ne trouve plus l'utilité de ce projet. Malgré cela, le gouvernement nicaraguayen maintient son intention de poursuivre la construction du canal, bien qu'il n'y ait pas de date cible à moyen terme pour son achèvement. Le Nicaragua n'ayant ni les moyens financiers ni les moyens techniques pour continuer seul, le projet est au point mort.

5 novembre 2021

Pour la quatrième fois

Le 5 novembre 2021, Daniel Ortega est élu pour la quatrième fois, la troisième consécutivement, lors d'un scrutin non reconnu par la communauté internationale et que l'opposition qualifie de « farce ». Alors que tous ses opposants sont emprisonnés, que la majeure partie de l'opposition est en exil ou dans la clandestinité, que les médias sont absents et que les élections se sont déroulées sans concurrence, le puissant président du Nicaragua, Daniel Ortega a obtenu 75 % des voix, selon le Conseil suprême électoral, avec un faible taux de participation.

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Découvrez Nicaragua

Posé entre la côte caraïbe et l'océan Pacifique, le Nicaragua est un pays aux nombreuses richesses naturelles : terre de volcans, de lacs et de jungle, les amoureux de la nature seront ravis de découvrir ce pays, où la faune est également nombreuse. On y dénombre par exemple plus de 700 espèces d'oiseaux !

Ce pays est également passionnant à découvrir pour son histoire et sa culture. Nombre de régions sont encore marquées par les troubles de l'histoire récente, et le devoir de mémoire est important. Apprenez quelques mots d'espagnols pour pouvoir converser plus facilement avec les habitants, et goûtez les plats de la cuisine locale, qui varient en fonction des endroits.

Notez que, depuis peu, il est nécessaire de remplir un formulaire en ligne 3 jours avant son arrivée au Nicaragua, pour recevoir un laissez-passer qui vous permettra de franchir la frontière. N'oubliez pas, sans quoi vous pourriez vous en voir refuser l'accès.

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