Situé entre Sainte-Lucie, au nord, et Grenade, au sud, cet Etat-archipel offre l'une des plus belles facettes de la Caraïbe. Toutes les images qui s'associent inconsciemment à la région se regroupent ici : un ciel bleu qui règne en maître, des plages au sable velouté, des eaux qui mêlent bleu indigo, turquoise, vert émeraude... Des îles quasi désertes, des cocotiers bercés par un vent régulier, une population souriante, des maisons colorées... Trente-deux îles composent l'archipel et l'île principale est Saint-Vincent. Viennent ensuite Young Island, Bequia (" békoué "), Moustique, Canouan, Mayreau, Union, Palm Island et Petit-Saint-Vincent. Si vous avez le temps et les moyens, nous vous recommandons la formule " croisière en voilier ". C'est incontestablement le meilleur moyen de découvrir les îles une par une. Les amateurs du farniente pur trouveront sur place quelques hôtels, la majorité haut de gamme. Si vous séjournez en Martinique, sachez qu'une excursion à la journée (départ en avion + voilier sur place) est une bonne idée, car elle donne un joli aperçu de l'ensemble. On a même du mal à reprendre l'avion en fin de journée. Renseignez-vous dans les agences de voyages locales.
Histoire
Précolombienne. Etant proche de la célèbre voie trinidadienne, donc du continent (Venezuela), l'histoire de l'archipel est intimement liée à l'apparition des premières peuplades que nos connaissances actuelles nous permettent de dater. Ainsi, on remonte à la période dite méso-indienne (de - 5 000 ans à notre ère) qui se caractérise par l'apparition de groupes de chasseurs-cueilleurs mobiles et ignorant la céramique. Leurs origines se situent au niveau de l'actuel Venezuela (Orénoque), thèse qui fait pratiquement l'unanimité. Ils seront suivis, vers la fin de cette ère, d'une seconde vague qui trouve également ses origines dans la même géographie. Nommée culture saladoïde, en référence au site de Saladero dans l'actuel Venezuela, elle se distingue par la maîtrise de l'artisanat (céramique), de l'agriculture, des techniques de navigation et de la pêche. On ignore les circonstances de leur avancée et de leurs prises de contact avec les éléments antérieurs. Toujours est-il qu'on les distingue sous l'appellation générique d'Arawak, leur point commun étant d'appartenir à une même famille linguistique. Certains y élisent domicile, d'autres continuent leur avancée vers le nord. Insularité aidant, leur culture évolue avec le temps, avec des hauts et des bas, ce qui nous amène au néo-indien (de notre ère à l'arrivée des colons). Tout comme l'ensemble de l'espace caribéen, ici aussi certains changements au niveau des arts et des moeurs vont mener à une troisième vague de peuplade, les Caribs.
Coloniale. C'est la date du 22 janvier 1498 que l'histoire retient comme la " découverte " de Saint-Vincent. Le baptême ne laisse guère planer de doute, tout comme son auteur (Christophe Colomb). Par contre, les indigènes étaient plus inspirés à en croire les récits : ils appelaient l'île Yurumein (arc-en-ciel dans les vallées) ou Hairoun (terre des bénis, bienheureux). La suite aussi est sans surprise. Intéressés principalement par les grands espaces et plus tard par le continent, les Espagnols délaissent la région, à l'image d'autres îles comme la Martinique ou la Guadeloupe. L'arrivée d'autres nations au XVIIe siècle, comme les Français, les Anglais ou les Hollandais, ne change pas réellement la donne à court terme, mais entraîne des répercussions non négligeables sur l'évolution historique. Alors que, dans le Nord et les Grandes Antilles, les populations indigènes disparaissent à une vitesse vertigineuse et que les îles sont âprement disputées entre différentes puissances, l'archipel parvient, tant bien que mal, à se maintenir en dehors de ce contexte agité. De plus, par sa relative accalmie, il attire avec le temps de nombreux fugitifs et rescapés, ce qui constitue un autre fait majeur, accentuant sa spécificité historique. En effet, constitués tout d'abord d'indigènes, les réfugiés afficheront des profils plus variés par la suite, ceux-ci étant essentiellement des esclaves en fuite (nègres marrons). Il s'ensuit un métissage naturel, ce qui donnera naissance aux Garifunas et, par extension, à diverses sous-appellations. Mais la population noire étant de plus en plus nombreuse, surtout aux temps forts de l'esclavage, les origines africaines supplanteront le métissage des premiers temps. On parlera de Caribs noirs et de Caribs jaunes, ce qui fera naître par moments une rivalité néfaste entre les deux groupes. Après des premiers contacts houleux (on pense notamment à l'expédition punitive décidée par Du Parquet en 1654), un traité franco-anglais signé en 1660 reconnaît la propriété des lieux aux locaux, incluant dans la foulée la Dominique. Dans la réalité, ceci n'est pas une pure reconnaissance de la culture locale, loin de là, tout au plus une parenthèse assurant un certain répit. De plus, le farniente n'est pas le souci majeur des colons de l'époque et le côté inhospitalier des lieux n'enflamme pas les passions. Saint-Vincent est très accidentée et les autres îles trop arides. Il n'y a point urgence et le temps viendra. Cependant, la réalité géographique demeure, elle, bien présente, telle une épée de Damoclès. La Martinique n'est pas loin et une fois la présence française consolidée, les échanges deviennent forcément de plus en plus intenses. La présence française impliquant inévitablement celle des Anglais, l'antagonisme chronique ne tarde pas à se décaler, lentement, mais sûrement, vers l'archipel. Les accrochages entre ces deux puissances ne sont pas rares. Mais l'influence française s'accroche, en témoignent les noms toujours utilisés de nos jours. Sa neutralité est réaffirmée par le traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748. La guerre de Sept Ans se termine par le désastreux traité de Paris (1763) qui coûte cher à la France : les Britanniques mettent un pied sur l'île et, avec le traité de Versailles (1782), cela devient définitif, malgré quelques tentatives hasardeuses des Français, comme lors de la Révolution. Mais, contrairement à leurs attentes, la colonisation anglaise ne sera pas de tout repos. Saint-Vincent s'est forgée une âme rebelle avec le temps. Héritière naturelle de la contestation contre le rouleau compresseur de la colonisation, elle donne du fil à retordre aux sujets de Sa Gracieuse Majesté. Ce sera une constante. Périodiquement, les Anglais doivent même faire appel aux grands moyens pour faire régner l'ordre. L'insurrection fomentée par les Français en 1795 en est un bon exemple. Elle est matée en juin 1796 par sir Ralph Abercromby. Il s'ensuit une déportation massive des Caribs noirs. D'abord internés sur l'île de Balliceaux, ils sont déportés ensuite sur l'île de Ruantan, dans la baie du Honduras. Leurs terres sont confisquées au profit de la Couronne et concédées à des particuliers. Les quelques Caribs jaunes restés à Saint-Vincent se replient dans la région inaccessible du nord de l'île, près de Sandy Bay, où leurs descendants vivent aujourd'hui au sein du Black Caribs Community.
Contemporaine. L'abolition de l'esclavage de 1834 ramène l'archipel d'une certaine manière dans le contexte global de la région (liberté, incertitudes économiques, main-d'oeuvre étrangère). A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les événements s'accélèrent et les enjeux d'antan s'effacent. Le début du XXe siècle met Saint-Vincent sur la voie de l'indépendance. Un long chemin naturel qui se concrétise totalement en 1979, date à laquelle le gouvernement de l'archipel est basé sur le système britannique. Le 16 septembre 1980, Saint-Vincent-et-les-Grenadines devient membre de l'ONU et, le 14 janvier 1983, membre de l'Unesco. L'archipel compte aujourd'hui environ 120 000 habitants, soit une densité de 308,02 habitants/km2. La capitale de l'archipel, Kingstown, est située au sud de l'île de Saint-Vincent. L'anglais est parlé - avec un accent vincentian - un peu partout sur les îles. La monnaie usuelle est le East Caribbean Dollar (abrégé en EC$), le PIB est de 528 millions de dollars US (2007), et le PIB par habitant (2009) est de 5 670 US$.