Histoire du Honduras du Honduras
Pendant des milliers d'années, des peuples indigènes ont vécu au Honduras. Les plus importants étaient les Mayas. Le premier Européen à accoster fut Christophe Colomb, le 30 juillet 1502. La conquête du pays a commencé en 1523. Les indigènes ont opposé une résistance acharnée, mais en 1539, les Espagnols prennent le dessus. Le pays obtiendra son indépendance en 1821, mais en 1822, il s'unit au Mexique, au Costa Rica, au Salvador, au Guatemala et au Nicaragua, et ne deviendra pleinement indépendant qu'en 1839.
Au début du XXe siècle, les exportations de bananes ont commencé à dominer l'économie. En 1932, le général Andino est élu président et deviendra un véritable dictateur jusqu'en 1949. Le général López lui succèdera jusqu'en 1974. En 1969, le Honduras entre en guerre avec le Salvador. Un gouvernement civil est rétabli en 1981. Le pays a beaucoup souffert de l'ouragan Mitch en 1998. Cependant, le pays s'est lentement rétabli.
8000 av. J.-C.
Premiers peuplements
Les plus anciennes traces d'occupation humaine sur le sol hondurien remontent à 8 000 ans avant J.-C. Elles ont été laissées par des chasseurs et des cueilleurs nomades et se trouvent sur le site archéologique d'El Gigante, près de La Esperanza.
La principale civilisation précolombienne du Honduras fut le peuple Lenca dont le plus ancien site archéologique est celui de Los Naranjos, au bord du lac Yogoa. Des céramiques datant de 900 à 1000 avant J.-C. y ont été découvertes. La région tropicale, correspondant aujourd'hui à la Moskitia, était peuplée de différentes tribus indigènes, tels que les Miskitos, les Payas et les Sumus. Selon certaines théories, ils seraient probablement originaires du nord de l'Amérique du Sud. Les Tolupanes, appartenant au même groupe, ont occupé une partie du nord-est du pays.
Ier - VIIIe siècles
Arrivée des Mayas et occupation de Copán
Les Mayas, arrivés au Honduras durant le Ier siècle de notre ère, sont une des civilisations les plus remarquables de la Mésoamérique. Ils n’ont cependant occupé qu’une toute petite partie du nord du pays : la vallée du río Copán et le bassin supérieur du río Chamelecón. À leur arrivée sur le site de Copán, des Mixe-Zoque occupent alors la zone, répartis dans de petits villages. Le prince maya Yax Kuk Mo (« Nouveau Quetzal Ara ») arrive en 427 après J.-C., apportant avec lui la civilisation classique des Basses Terres. Il établit une dynastie de rois qui régnèrent ensuite sur Copán pendant 400 ans. Copán entretient alors des rapports commerciaux avec les Lencas, le peuple voisin. La dynastie a compté seize rois (appelés Xul Ahau, « divin seigneur »). Le treizième roi, Uaxaklahun Ubah Kawil (appelé aussi Dix-Huit Lapins), est un grand bâtisseur et conduit Copán à son apogée, mais il connaît une fin tragique : décapité par le roi de Quirigua en 738. Après sa mort, c’est le déclin inéluctable de la ville. Le seizième et dernier roi, Yax Pasah, essaie en vain de freiner ce déclin et de rétablir la grandeur du royaume, mais les rivalités entre factions de la noblesse précipitent au contraire la décadence. Il semblerait que des problèmes de nutrition auraient provoqué une forte mortalité infantile, provoquant à son tour un sérieux problème démographique et une révolte contre l’autorité du roi. Yax Pasah meurt vers 820, et avec lui s’éteint la dynastie fondée par Yax Kuk Mo. Des peuples immigrants du Mexique arrivèrent ensuite, les Chorotegas, vers 800 après J.C.
1502
« Découverte » par les Espagnols
Le Honduras, à l'aube de la Conquête, était une mosaïque de peuples repliés sur eux-mêmes dans une économie d'auto-subsistance, échangeant avec leurs voisins des biens de première nécessité ou des objets pour leurs rituels spirituels.
Les Espagnols explorent pour la première fois les îles et le Honduras continental lors du quatrième et dernier voyage de Christophe Colomb, qui avait alors 66 ans, le 9 mai 1502, avec quatre caravelles et 150 hommes, emmenant avec lui son frère Bartholomé et son fils Ferdinand. Il baptise cette région Honduras, ce qui signifie « profondeurs » en espagnol, peut-être en raison de la profondeur des eaux près de la côte. Le 30 juillet, Colomb débarque sur l'île de Guanaja, et le 14 août sur le continent hondurien à Punta Castilla dans la baie de Trujillo. Trois jours plus tard, il découvre l'embouchure du fleuve Tinto, où a lieu la cérémonie officielle de prise de possession du territoire hondurien au nom des rois d'Espagne.
1522
Début de la colonisation
En 1522, Gil González Davila et Andrés Niño arrivent à un large golfe qu'ils appellent golfe de Fonseca. En 1524, Davila quitte le port de Santa Domingo, et atteint une baie au nord-ouest de la côte caraïbe du Honduras, qu'il appelle Puerto Caballos, aujourd'hui connu sous le nom de Puerto Cortés, et fonde plus tard la ville de San Gil de Buena Vista.
Hernan Cortés, le conquérant des Aztèques au Mexique, entame la conquête du territoire à partir de 1523. La découverte de l’or ne va pas arranger les affaires des aborigènes : pour s’assurer le contrôle de ce bien précieux, les envahisseurs se lancent dans une lutte fratricide d’intérêts privés sans se soucier de l’intérêt général (une constante par la suite dans la vie politique hondurienne). Cristóbal de Olid est le premier à édifier une bourgade du nom de Triunfo de la Cruz (aujourd'hui le port de Tela.), le 3 mai 1524. Mais on le soupçonne de vouloir usurper l’autorité de ses supérieurs, et Cortés reprend les choses en main. López de Salcedo est alors envoyé d’Espagne et devient le premier gouverneur du Honduras le 24 octobre 1526.
Les autochtones, entre soumission et résistance
Les indigènes du Nouveau Monde seront vite décimés par les conquistadores venus piller leurs richesses et, à cette fin, les transformer en esclaves, au prix de millions de morts (labeur, maladies, exploitation) : les chiffres indiquent entre 500 000 et 800 000 natifs à l’aube du XVIe siècle ; en 1542, des rapports évoquent à peine 8 000 malheureux contrôlés par l’autorité hispanique.
Toutefois, tous les indigènes ne se plient pas à l’étranger blanc. En effet, certains comme le mythique Lempira, un chef lenca, s’acharnent à défendre leur pays contre vents et marées, trahisons et séductions. Malgré tout, Pedro de Alvarado (qui vient de « pacifier » le Guatemala) se rendra maître du territoire en 1539.
Vers 1499-1537
Lempira
Le cacique Lempira, chef de l'ethnie Lenca, est considéré comme un symbole national au Honduras en raison de sa résistance exceptionnelle à la conquête espagnole. Sa figure représente la bravoure, la lutte pour la liberté et la détermination à protéger sa terre et sa culture.
Né vers 1499, il se forme à la lutte dans les montagnes de Cerquín, où il rencontra très jeune les conquistadors qui menaçaient leurs coutumes, violaient leurs femmes et volaient leurs terres. Il apprit rapidement à les combattre et devint un chef guerrier.
Pour tenter de résister à la brutalité des conquistadors, les Indiens Lenca se réfugièrent dans les collines et les montagnes les plus hautes et les plus rocheuses, emmenant avec eux leurs femmes, leurs enfants et leurs provisions. Les Espagnols appelaient ces sites, qui servaient de tranchées aux Indiens, des "peñoles", et Lempira était responsable de celui de Cerquín.
Vers 1537, le "soulèvement de Cerquín" a lieu, dirigé par Lempira sur ordre du cacique Entepica, qui cherchait à stopper la pénétration espagnole. Lempira conclut des alliances avec les tribus voisines, même celles avec lesquelles il était en conflit, et organisa une armée de 30 000 hommes issus de 200 villages. Son exemple incite alors d'autres groupes autochtones à prendre les armes dans la vallée de Comayagua. Il combattit les Espagnols pendant six mois jusqu'à sa mort. La dispersion des indigènes qui suivra sa mort permettra la domination territoriale espagnole dans la région occidentale et centrale du Honduras. La première version de la mort de Lempira, décrite par le chroniqueur Antonio de Herrera, dit que Lempira a été tué par traîtrise par les Espagnols d'un coup d'arquebuse alors qu'il discutait de paix avec un émissaire espagnol qui était venu avec un drapeau blanc. La seconde version, écrite par Soldado Rodrigo Ruiz, décrit Lempira comme ayant été tué lors d'un combat au corps à corps avec lui. Lempira a perdu ce duel qu’il n’avait que très peu de chances de remporter : le chef lenca n’avait pas l’habitude de manier l’épée.
Au fil du temps, la figure de Lempira est devenue une figure clé de la nationalité hondurienne. Il est un héros national depuis 1932, date de la dénomination de la monnaie officielle, et chaque 20 juillet est célébrée la journée nationale de Lempira.
Années 1540
La colonisation
Dès 1540, Comayagua devient la capitale de la colonie, divisée en deux provinces : Higueras (Nord et Centre actuels) et Honduras (Mosquitia, Trujillo, Olancho, région de Tegucigalpa et golfe de Fonseca). Des communautés espagnoles s'installent dans les vallées isolées, rendant la construction d'un véritable foyer de peuplement plutôt délicate. De fait, à la fin du XVIIIe siècle, le Honduras est une province rattachée à la capitainerie du Guatemala, et la plupart des habitants se consacrent à la micro-agriculture ou à l'élevage de subsistance. Les métaux ne sont pas aussi abondants qu'au Pérou ou au Mexique, et les terres produisent surtout de l'indigo et permettent l'exportation des têtes de bétail et de la viande, du tabac, du bois, du sucre… contre un peu d'argent. La contrebande y est monnaie courante.
L'exploitation minière donne à Gracias une telle importance qu'en 1543 elle devient la capitale de l'Audiencia de los Confines, couvrant toute l'Amérique centrale. En 1549, la capitale de l'Audience est transférée à Antigua, au Guatemala.
XVIe - XVIIIe siècles
Rivalités avec l'Angleterre
Les Anglais dans le nord constituent un problème majeur. Leurs activités ont débuté au XVIe siècle et se poursuivent jusqu'au XIXe siècle. Au début, ils attaquaient fréquemment les villages des Caraïbes. En 1643, lesAnglais détruisirent la ville de Trujillo, le principal port du Honduras. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans la zone côtière des Caraïbes, d'autres groupes ethniques viennent occuper des territoires : les Garifunas et les Noirs anglophones.
En 1752, le fort de San Fernando de Omoa est construit. En 1780, les Espagnols réoccupent Trujillo et reprennent le contrôle de toute la partie colonisée par les Anglais. La Convention anglo-espagnole de 1786 reconnait la souveraineté espagnole sur la côte caraïbe.
1821-1838
L'indépendance et le rêve de Morazán
Les événements en Europe et les guerres napoléoniennes ont affaibli l'Espagne. La Constitution libérale de Cadix est promulguée en 1812, mettant fin à l'absolutisme de Ferdinand VII.
Au Mexique, Iturbide proclame l'indépendance de l'Amérique centrale le 15 septembre 1821. Le Hondurien Valle est chargé de rédiger l'acte d'indépendance et un gouvernement provisoire est nommé. Comme en France trente ans auparavant (la Révolution française fut largement organisée par la classe montante des bourgeois, commerçants et intellectuels), la lutte hondurienne pour sa souveraineté administrative fut surtout le fait des créoles, ces descendants d'Espagnols nés au Honduras, qui ne supportaient plus que les hautes charges gouvernementales soient dévolues aux fonctionnaires envoyés de Madrid.
L'indépendance fut de courte durée. Le 28 novembre 1821, Iturbide propose que l'Amérique centrale forme un grand empire avec le Mexique. Ce dernier envoie des troupes mexicaines. Cependant, l'annexion est de courte durée. Le Honduras intègre d'abord l'empire mexicain d'Iturbide dans la division la plus totale, puisqu'une partie du territoire suit Comayagua dans l'empire, quand l'autre fait jeu à part avec Tegucigalpa ! Les deux parties se réunissent cependant dès 1822, avant d'être incorporées à la Fédération des Provinces Unies d'Amérique centrale, entre 1824 et 1838. Les idées républicaines gagnant du terrain au Mexique, cela avait conduit à l'abdication de l'empereur Iturbide en mars 1823. Le Hondurien Francisco Morazán est président de la Fédération des Provinces Unies d'Amérique centrale de 1829 à 1838.
1792-1842
Francisco Morazán
Francisco Morazán, l’initiateur de ce projet grandiose d’union centre-américaine dirigée par des aristocrates créoles (et président de 1829 à 1838), est hondurien ; on le compare souvent à un Simón Bolivar ou à un George Washington de l’Amérique centrale. Libéral convaincu, Morazán déjoue les plans des conservateurs cléricaux et impose des lois contre l’Eglise. Puis il gagne le Pérou en 1840 (exil), alors que la Fédération bat de l’aile (éternels conflits entre les conservateurs et les libéraux), revient deux ans plus tard au Costa Rica dans l’idée de réunir de nouveau les petits pays du sous-continent, avant de perdre une bataille décisive face aux conservateurs et d’être exécuté le 15 septembre 1842. Un bien triste destin pour celui qui est chanté aujourd’hui comme l’un des pères de l’Amérique centrale !
XIXe siècle
Une longue période de troubles
Lors de la dislocation des Provinces unies en 1838, le pays sombre dans l’anarchie, comme tous ses voisins. Une constitution est bien votée l’année qui suit, mais la vie politique locale reste quotidiennement influencée par les voisins, le puissant Guatemala au nord et le Nicaragua au sud. Jusque dans les années 1870, une multitude de révolutions portent au pouvoir des caudillos (petits chefs), de véritables dictateurs nationalistes et conservateurs qui rendent tout progrès social et économique difficiles.
Sur la côte caraïbe, les Anglais instituent un véritable royaume miskito. Les trois îles de la Baie deviennent même des colonies de la Couronne britannique en 1852. Le président Juan Santos Guardiola signe finalement un traité avec les Anglais en 1859 (traité Wyke-Cruz), enjoignant à ceux-ci de plier bagages… En échange, il s’engage à ce que la liberté de culte soit respectée sur les îles.
Ce même président hondurien envoie des soldats pour aider le Nicaragua à s’extirper de l’affaire « Walker », l’intrigant nord-américain qui rêvait de conquérir le Nicaragua et d’en faire une république esclavagiste. Malgré tout, Guardiola est assassiné en 1862. Vingt chefs d’État lui succèdent en dix ans, et pas moins de six constitutions sont promulguées entre 1865 et 1924 !
Puis les libéraux entrent en scène à partir de 1876… tout aussi tyranniques dans leur approche du pouvoir. Cependant, tout comme au Nicaragua, le développement économique du pays devient une priorité ; la découverte et l’exploitation de mines d’argent près du hameau de Tegucigalpa fait que cette localité remplace alors Comayagua comme capitale du pays en 1880, sous la présidence de Marco Aurelio Soto (qui sépare l’Église de l’État, développe le système scolaire et améliore les services publics). D’importants investissements étrangers s’engagent au Honduras, notamment nord-américains, s’infiltrant dans la vie politique et sociale locale et modifiant une nouvelle fois le destin de ce petit pays.
A cette époque, le Honduras est considéré comme le pays le moins avancé d’Amérique centrale, et les présidents sont faits et défaits tantôt par le Guatemala (invasion en 1906), tantôt par le Nicaragua (l’année suivante), tantôt par les États-Unis (toutes les années qui suivirent !).
Début XXe
La république bananière
Le XXe siècle naît avec le boom de la banane, une industrie florissante pour les compagnies étrangères mais qui bouleverse l'écosystème de la côte nord, au mépris des cultures locales et sans souci des conséquences sociales.
La United Fruit Company, Cuyamel (rachetée par la première en 1929) et la Standard Fruit Company font la pluie et le beau temps dans un pays toujours menacé de guerre civile (d'autant que Sandino menace les intérêts nord-américains de l'autre côté de la frontière, au Nicaragua) : en 1914, on suppose qu'elles détiennent environ 80 % des échanges commerciaux du pays. Cette entreprise lucrative (bien plus puissante que le gouvernement en place) donne naissance au concept de « république bananière » dont le Honduras sera le parangon le plus malheureux du XXe siècle. En 1935, les plantations de bananes employaient un peu plus de 17 000 travailleurs ; à la fin des années 1940, un peu plus de 38 000 employés.
Le pays augmente ses exportations, développe ses ports dans les Caraïbes et San Pedro Sula devient le principal centre de population de toute la plaine caribéenne et le véritable centre commercial du Honduras, détrônant Tegucigalpa qui, bien que capitale de fait, va peu à peu s'endormir dans la torpeur des hautes terres tropicales. Toutefois, la quasi-totalité des bénéfices revenant aux sociétés fruitières américaines, la majeure partie du pays est restée peu peuplée et analphabète.
Les compagnies bananières portent au pouvoir le conservateur Tiburcio Carías Andino en 1933, qui règne en dictateur jusqu'en 1948 : on enterre la liberté d'expression et on libère au maximum les profits de la compagnie bananière. Son successeur, Juan Manuel Gálvez, s'avère très pro-américain aidant même la CIA à chasser le socialiste Arbenz du Guatemala. Dans le même temps, il modernise le pays mais sa politique provoque une grève générale des ouvriers des plantations bananières en 1954, et quelques-unes de leurs revendications sont accordées (comme une double paie les dimanches) : le déclin de la puissante United Fruit Company est alors amorcé.
1957-1963
Une courte page démocratique
Un régime démocratique est ensuite mis en place par l’Assemblée constituante sous l’égide du libéral Ramón Villeda Morales, en 1957. Une réforme agraire et des projets éducatifs sont engagés. Une sécurité sociale est instaurée. Le Honduras adhère au Marché commun centre-américain (MCCA). La paix, enfin ? Que nenni ! L’oncle Sam ne l’entend pas de cette oreille, et organise un coup d’Etat en 1963, conduit par le colonel Osvaldo López Arellano, qui plonge le pays dans une catastrophe sur tous les plans.
du 14 au 18 juillet 1969
La guerre du football
Le Honduras et le Salvador se livrent du 14 au 18 juillet 1969 à “la guerre des 100 heures” ou la “guerre du football”, appelée ainsi parce que la tension entre les deux pays a coïncidé avec un match de football entre les 2 équipes nationales, en juin 1969, lors des éliminatoires de la Coupe du monde de 1970.
La situation sociale dans les deux pays était explosive. Les propriétaires d'haciendas contrôlaient la plupart des terres arables au Salvador. Cette situation avait entraîné l'émigration constante de paysans pauvres vers les régions du Honduras proches de la frontière ; plus de 300 000 Salvadoriens s'y étaient installés. En 1969, le Honduras décide de procéder à une réforme agraire, par laquelle il exproprie et expulse les Salvadoriens, dont certains sont propriétaires terriens. Un escadron paramilitaire clandestin hondurien appelé "Mancha Brava" terrorise les 300 000 Salvadoriens (assassinats, emprisonnements). Cette escalade de la tension a été utilisée par les gouvernements des deux pays pour détourner l'attention de leurs populations des problèmes politiques internes. Les médias ont joué un rôle important en encourageant la haine entre Honduriens et Salvadoriens. Les conservateurs au pouvoir au Salvador décident d'attaquer militairement le Honduras le 14 juillet 1969. L'armée salvadorienne réussit à s'approcher de la capitale hondurienne, tandis que le Honduras bombarde les réserves de carburant de son voisin.
L'Organisation des États Américains parvient à négocier un cessez-le-feu. Un traité de paix est signé à Lima, en octobre 1980, en vertu duquel le différend frontalier sera résolu par la Cour Internationale de Justice. Mais la rancœur perdurera longtemps et ce conflit vide définitivement les caisses de l'État.
Années 1970
Une vraie réforme agraire
Sur le plan politique intérieur, rien de nouveau sous le soleil. Les années 1970 sont tristes en Amérique latine : la « menace communiste », comme aime à dire la CIA, plane sur le continent et effraie les riches conservateurs, l’Eglise et l’armée. Celle-ci tient toujours les rênes du pouvoir, soutient le colonel Juan Alberto Melgar Castro en 1975, mais celui-ci est évincé par le colonel Policarpo Paz García en 1978. Il est à noter que les militaires au Honduras n’atteignirent jamais les extrémités de leurs compères voisins : le gouvernement de López Arellano entreprit même une indispensable réforme agraire à partir de 1973, allouant 144 000 ha de terre à quelque 31 000 familles. En réalité, l’absence d’une figure emblématique empêcha l’installation dans ce pays d’un véritable dictateur… Et tant mieux !
Années 1980
Sombre décennie 1980
En 1981, le libéral Roberto Suazo Córdova remporte les élections : les civils reviennent enfin au pouvoir, une nouvelle constitution est établie pour restaurer un État de droit. Pour le pire, curieusement : le pays devient en effet une véritable base pour l’armée américaine qui entraîne les fameux « contras » (financements de mouvements contre-révolutionnaires) dans leur lutte contre le régime sandiniste du Nicaragua, lequel vient de renverser quarante ans de dictature somoziste.
C’est une époque très sombre pour le pays ; le commandant en chef des forces armées, le général Gustavo Alvarez Martínez, se lance dans une politique de « nettoyage intérieur », emprisonnant, torturant et assassinant des activistes syndicaux et des opposants, flanqué du terrible escadron « Bataillon 3-16 ». Alvarez sera chassé par les officiers de l’armée en 1984.
En 1985, le libéral José Simón Azcona Hoyo devient président, après des élections un peu fantoches ; le conservateur Rafael Leonardo Callejas lui succède en 1989. L’économie est déliquescente. La chute des sandinistes au Nicaragua implique le désarmement des contras et donc moins de subventions militaires accordées par les États-Unis au Honduras en échange du droit d’établir des bases dans le pays. Les prix du café sont bas, ceux des produits manufacturés importés grimpent sans cesse. La corruption est partout. Les grèves se multiplient.
1993
Modernisation et privatisation
Le libéral Carlos Roberto Reina est ainsi élu en 1993 dans l’espoir général, et engage des réformes austères pour redresser l’économie. Pour la première fois peut-être depuis longtemps, un chef d’État au sens classique du terme tient les commandes de cette nation en perdition. Il modernise la police (qui prend enfin la place des militaires, le service militaire étant supprimé en 1995) et entame la privatisation des compagnies nationales du téléphone (sans succès) et de l’électricité.
1997
Encore des privations
Les élections de 1997 voient l’élection du libéral Carlos Flores Facussé (propriétaire du journal La Tribuna). Ce dernier se décide à obéir aux injonctions du FMI (Fonds monétaire international) et privatise les aéroports.
1998
Ouragan Mitch
L’ouragan Mitch, qui dévaste complètement le pays en octobre 1998, ne favorise pas le mandat de Carlos Flores Facussé et casse l’ambiance optimiste qui peu à peu avait gagné la population. Mitch cause des milliers de victimes et des millions de dollars de dommages structurels. Des accusations sérieuses de corruption touchent de nombreux hommes politiques, concernant l’aide internationale déployée après cette catastrophe naturelle.
Années 2000
Le champion du libre-échange
Des incidents éclatent en 2001 à la frontière avec le Nicaragua, quand le Honduras reconnaît la souveraineté colombienne sur les îles de la mer des Caraïbes, revendiquées par le Nicaragua.
En novembre 2001, Ricardo Maduro, du Parti national (conservateur), est élu président. Cet économiste formé aux États-Unis est l’ancien président de la Banque centrale du Honduras : autant dire que son programme économique et social est tout tracé. La lutte contre l’insécurité devient une priorité (le fils du président a été kidnappé et tué en 1997) : les « maras » ou gangs foisonnent en effet, notamment à San Pedro Sula, après leur éviction des États-Unis où ils étaient tous plus ou moins illégaux durant les années Clinton (à partir de 1992-1995). La police est ainsi beaucoup plus présente qu’avant… une aubaine pour les touristes dans certaines zones comme Tela, par exemple, aujourd’hui beaucoup plus sûre.
Le libre-échange devient aussi une priorité. De nombreuses franchises nord-américaines se voient octroyer une licence pour investir en ne payant pas d’impôts pendant trente ans… tandis que près de 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que le pays n’en finit pas de payer les intérêts de sa dette auprès des bailleurs de fonds internationaux.
2005-2009
Encore un coup d'état
En novembre 2005, Manuel Zelaya, très libéral, est élu à la présidence du Honduras. Et – surprise ! – il lance une politique sociale qui rencontre un écho favorable dans l’opinion publique, contrairement à l’oligarchie hondurienne et aux multinationales présentes dans le pays qui voient leurs intérêts menacés. Mais à six mois de l’échéance de son mandat, le président Zelaya envisage de se représenter en violation de la Constitution. L’armée qui se considère comme l’ultime garante de l’intérêt général décide de déposer Zelaya et de l’expulser du pays le 28 juin 2009. Le pays connaît ensuite d’importantes mobilisations populaires. De nouvelles élections organisées avec la bienveillance des États-Unis ont lieu en 2009, remportées par Porfiro Lobo Sosa, du parti national et conservateur de centre-droit. L'UE, Le Mercosur et la plupart des pays latino-américains ne reconnaissent pas la légitimité de cette élection, qualifiée de coup d'Etat.
2013
JOH au pouvoir
Lors des élections présidentielles de novembre 2013, c’est Juan Orlando Hernandez, avocat et président du Congrès national depuis 2010, qui est élu à la tête de l’État. L’un de ses chantiers prioritaires est la lutte contre la criminalité et la corruption dans ce pays gangréné par les gangs (maras) et les narcotrafiquants, et devenu l’un des plus violents du sous-continent. L’assassinat très médiatisé en novembre 2014 de Maria José Alvarado, Miss Honduras 2014, et de sa soeur, ont pointé du doigt une nouvelle fois cette insécurité qui ronge la société hondurienne. En mettant en place une police militaire pour pallier les défaillances et la corruption largement répandues au sein de la police nationale, le gouvernement a réussi en trois ans à diviser par deux les morts violentes, tout en mettant en place une politique d’épuration drastique, à tous les niveaux, au sein de la police nationale accompagnée d’un recrutement renouvelé et de formations plus longues de ces mêmes recrues.
Le 27 janvier 2022
Des lueurs d'espoir pour le Honduras
Xiomara Castro, du parti Libertad y Refundación (Libre) et épouse de l'ancien président Manuel Zelaya, remporte les élections au Honduras et devient non seulement la première femme à gouverner le pays, mais elle met également fin à 12 ans de régime conservateur en ramenant la gauche hondurienne au pouvoir pour la première fois depuis la destitution de Zelaya par un coup d'État en 2009.
Depuis son investiture en 2021, les subventions appliquées à l'électricité et au carburant ont eu un impact majeur sur le portefeuille des Honduriens. La première a eu un impact sur plus de 850 000 familles. La seconde a plus qu'amorti la hausse des prix internationaux. Par ailleurs, 343 000 emplois ont été créés dans le secteur productif et des milliers de producteurs agricoles ont reçu des primes. Mais la situation sociale reste complexe et difficile.
La lutte contre la corruption et contre les maras restent des enjeux majeurs pour la présidente. Sa politique de lutte contre le trafic de drogue porte ses premiers fruits. On constate une légère diminution des crimes et délits.