La faune
Parmi les mammifères les plus exotiques pour un Européen, citons le jaguar, le puma, le fourmilier géant, le capybara, le pécari ou encore le tapir. Ces animaux, souvent discrets, sont difficiles à apercevoir. En revanche, on croise plus facilement un tatou, un agouti ou un coati, curieux et peu farouches. Côté reptiles, le Paraguay abrite iguanes, caméléons, tortues, grenouilles et près d'une centaine d'espèces de serpents, dont le spectaculaire anaconda. Heureusement, seuls onze d'entre eux sont réellement dangereux en cas de morsure venimeuse. Le yacaré, un caïman de taille moyenne (1,30 à 3 mètres), est présent dans tout le pays. Dans le Pantanal, on en compterait plus de 10 millions : la plus grande colonie de crocodiliens au monde ! Il se nourrit de petits vertébrés, d'insectes aquatiques, de piranhas… et parfois de capybaras. Ses principaux prédateurs sont le jaguar, l'anaconda et surtout l'homme, friand de sa peau et de sa chair.
La pêche est autorisée en dehors des mois de veda de pesca (les périodes d'interdiction, pour permettre la reproduction des espèces). Le dorado et le surubí sont prisés des pêcheurs. Piranha, pacú (espèce proche du piranha), mandi'i (bagre), carimbatá (sábalo), manguruju (zungaro) et raies peuplent également les eaux paraguayennes.
Le Paraguay est aussi un paradis pour les birdwatchers. Du ñandu guazú (sorte d'autruche), qui ne vole pas, au picaflor (colibri), qui bat des ailes 80 fois par seconde, de l'aigle majestueux au toucan au long bec coloré, du perroquet qui parle guarani à l'urracá qui imite d'autres oiseaux, en passant par l'oiseau national qui chante comme une cloche, il existe plus de 700 espèces d'oiseaux recensées au Paraguay. Ils sont vraiment omniprésents, y compris en ville, dans les jardins et dans les parcs. Asunción est d'ailleurs l'une des capitales au monde où l'on a recensé le plus d'espèces d'oiseaux, près de la moitié de tous ceux recensées au Paraguay. Enfin, les papillons, innombrables, de toutes les formes et de toutes les couleurs, virevoltent un peu partout : laissez-les se poser sur vous, ça porte bonheur !
La flore
Les Paraguayens connaissent bien les vertus des plantes, notamment celles qu'ils placent dans l'eau glacée de leur thermos pour agrémenter le tereré : les fameux remedios ou yuyos. La végétation est abondante au Paraguay, sauf là où la monoculture de soja est passée… Parmi les arbres les plus emblématiques, on trouve plusieurs espèces de palmiers - karanda'y, pindó et mbokaja (ou cocotero) - ainsi que le lapacho (arbre national aux fleurs roses ou jaunes), le bougainvillier, le ceibo (Erythrina crista-galli), le timbo (Enterolobium contortisiliquum), le jacaranda (flamboyant bleu), l'yvyrapytã (Peltophorum dubium), le tarumá (Vitex cymosa), et le samu'u ou palo borracho, surnommé « l'arbre ivre » à cause de son tronc boursouflé. On y trouve aussi des cèdres, des manguiers, et bien sûr la yerba mate (Ilex paraguariensis), qui, contrairement à ce que son nom suggère, est un arbre… et non une herbe !
Les écorégions
Le Paraguay est à la confluence de plusieurs « écorégions » d'Amérique du Sud. Ces zones écologiques sont des étendues de terre et d'eau aux conditions géologiques, géographiques, climatiques, faunistiques et floristiques, et types d'écosystèmes bien particuliers. Les biologistes et géographes en distinguent généralement six au Paraguay. Une zone géographique se trouve à la confluence de plusieurs d'entre elles, et est parfois aussi considérée comme une écorégion à part entière. Voici brièvement les caractéristiques de chacune.
Le Chaco Humide s'étend le long du Río Paraguay, principalement dans le Bajo Chaco et le Ñeembucú. Il couvre environ un tiers du territoire paraguayen. Cette écorégion se distingue par ses innombrables lagunes, marécages et vastes palmeraies de karanda'y. On y croise fréquemment des jabirus, des ñandúes, des capybaras et de très nombreux yacarés. Parmi les habitants les plus singuliers de ces prairies marécageuses figure l'aguará guazú, ou loup à crinière, le plus grand canidé d'Amérique du Sud. Avec son allure de grand renard perché sur de hautes pattes, il mesure environ 1,30 mètre de haut. Son pelage roux contraste avec l'extrémité blanche de sa queue, ses pattes noires, son museau sombre et sa crinière ébène. Omnivore, il se nourrit de petits rongeurs (agoutis, lapins, tatous), de reptiles, d'oiseaux, d'insectes et de poissons, mais la moitié de son alimentation est constituée de fruits !
Le Chaco Sec couvre à lui seul 42 % du territoire paraguayen. Cette vaste région aride se caractérise par une végétation xérophytique adaptée au manque d'eau : forêts basses d'épineux, savanes arbustives et divers types de cactus. Le quebracho, le samu'u et le palo santo sont les arbres emblématiques du Chaco Seco. Malgré son climat rude, elle accueille de nombreux oiseaux migrateurs qui se rassemblent autour des lagunes d'eau douce ou salée, de grands félins (jaguar, puma, yaguarundi), des tatous, des tapirs et le taguá, espèce emblématique du Parque national Teniente Agripino Enciso.
Le Pantanal est la plus vaste zone inondable d'eau douce de la planète, couvrant plus de 150 000 km² à cheval sur le Brésil, le sud-est de la Bolivie et le nord-est du Paraguay. Une grande partie de cette région reste submergée une bonne partie de l'année. Après les pluies estivales, le niveau de l'eau peut monter de 5 mètres et s'étendre sur 200 km autour du fleuve Paraguay. La végétation, partiellement immergée durant plusieurs mois, s'adapte aux brusques variations du niveau de l'eau. Ce milieu unique abrite l'une des plus grandes biodiversités au monde : un sanctuaire naturel d'une richesse exceptionnelle, aussi fragile que précieux. Malheureusement, le Pantanal paraguayen n'échappe pas aux incendies récurrents qui frappent la région en saison sèche, menaçant gravement ses écosystèmes.
Le Cerrado s'étend dans le nord de la région orientale du Paraguay, notamment dans les départements d'Amambay, Canindeyú et Concepción, ainsi qu'au nord du Chaco Seco. Cette savane est caractérisée par une importante masse végétale à la végétation sèche et la présence de nombreuses broméliacées. La région se distingue aussi par ses innombrables rivières aux eaux cristallines, ses plages de sable blanc et ses formations de roches calcaires. Les environs de Vallemí dans le département de Concepción, séduisent un nombre croissant de visiteurs, attirés par la beauté de ses plages et ses grottes spectaculaires.
Le Bosque Atlántico del Alto Paraná (BAAPA) couvre le sud du Brésil, le nord-est de l'Argentine et l'est du Paraguay. Les paysages vont des prairies humides aux forêts de cordillères hautes et denses. Classée par le WWF parmi les écosystèmes les plus importants du monde sur le plan biologique, elle est pourtant très dégradée : 93 % de sa couverture végétale d'origine ont disparu, et il ne subsisterait qu'environ 400 000 hectares. La Reserva San Rafael et la Reserva Natural Del Bosque Mbaracayú sont les zones les mieux préservées. On y trouve plus de 50 espèces de mammifères (jaguar, puma, ocelot, tapir, capybara…) et 530 espèces d'oiseaux.
Pastizales de Mesopotamia. Dans le prolongement du Chaco Humide, cette écorégion s'étend sur le Ñeembucú, au sud-ouest de la région orientale. Elle se caractérise par de vastes pâturages et zones marécageuses, qui abritent une biodiversité remarquable. Parmi les espèces les plus emblématiques : le palmier jata'i et le cerf des marais.
Paraguay Central. Située au centre et à l'ouest de la région orientale, c'est une zone de transition avec les autres écorégions qui l'entourent. Certains biologistes estiment qu'elle constitue une écorégion à part entière. Sa topographie oscille entre prairies humides, lagunes, forêts denses, ondulations légères et collines rocheuses. On y retrouve des espèces typiques du Bajo Chaco (comme le karanda'y) et du Cerrado. C'est la zone la plus urbanisée du pays, mais c'est aussi là que l'on peut observer le plus grand nombre d'espèces d'oiseaux (594 sur les 725 recensées au Paraguay).
De la nature aux symboles nationaux
Pájaro campana (guyra póng) : l'oiseau national. Si la femelle est complètement muette, le mâle, par son chant musical et résonant, similaire au son d'une cloche, a inspiré le harpiste Félix Pérez Cardozo, auteur de l'un des plus célèbres morceaux de la musique paraguayenne : Guyra campana. Ce chant consiste en une série de « clinc » métalliques puissants, ressemblant aux coups d'un marteau portés sur une enclume. C'est sans doute le son le plus assourdissant émis par un oiseau ! L'espèce est en voie critique d'extinction. On peut l'apercevoir et l'entendre dans les réserves de San Rafael et Mbaracayú.
Lapacho (Handroanthus impetiginosus) : l'arbre national. Cet arbre au tronc solide, d'une trentaine de mètres de hauteur, fait partie de la famille des bignoniacées. Au printemps, il se couvre d'un manteau de fleurs jaunes, roses ou pourpres. Son nom guarani est jajy (« résistant »). Les peuples guaranis utilisent son écorce en décoction depuis des siècles pour soigner l'anémie, les morsures de serpents, les problèmes respiratoires, les rhumatismes… Elle contient en effet du fer, des antibiotiques, des antiseptiques, des antiviraux, des oligo-éléments et de nombreux minéraux.
Flor de mburucuyá : la fleur nationale. Si certains considèrent le jasmin du Paraguay comme la fleur nationale du pays, la version officielle désigne la mburucuyá, ou fleur de la passion (passiflore). Cette plante grimpante, découverte par les Espagnols à leur arrivée en Amérique, fut utilisée par les missionnaires jésuites pour illustrer la Passion du Christ : les pistils symbolisent les clous de la Crucifixion, les pétales et les sépales, les apôtres. Au-delà de sa dimension symbolique, la fleur possède des vertus relaxantes et son fruit, parfumé et acidulé, se savoure en jus, mousses ou glaces.