Découvrez le Paraguay : Architecture (et design)

À la différence d'autres civilisations précolombiennes comme les Aztèques, les Mayas ou les Incas, les peuples guaranis et les autres groupes amérindiens de la région n'ont pas laissé de temples ou de constructions en pierre. Leur mode de vie nomade ne favorisait pas l'édification de monuments durables. L'architecture proprement dite ne commence qu'avec l'arrivée des Espagnols, au XVIe siècle. Le travail accompli par les Jésuites dans les missions guaranis, dont il ne subsiste aujourd'hui que des ruines, est remarquable : certaines ont d'ailleurs été inscrites au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Aux XIXe et XXe siècles, l'architecture paraguayenne se teinte à nouveau d'influences européennes, notamment italiennes, donnant naissance à un paysage urbain assez éclectique. Entre la simplicité pleine de charme de ses villes et les vestiges monumentaux des missions jésuites, le Paraguay recèle de véritables trésors.

L'héritage coloniale

L'architecture au Paraguay commence véritablement avec l'arrivée des colons espagnols, notamment dans la région de l'actuelle Asunción, sur les rives du Río Paraguay. Aux premières fortifications succède rapidement une ville structurée, la première d'une longue lignée, où sont érigées des églises en brique, des palais et des maisons inspirés du style européen.

L'architecture coloniale paraguayenne puise largement dans les traditions espagnoles, notamment avec les galeries extérieures et les balcons, tout en intégrant des techniques de construction amérindiennes, adaptées aux réalités du pays. À l'origine, la maison coloniale n'avait rien à voir avec les constructions de pierre que l'on associe souvent à cette époque : les premières édifications étaient bâties avec des murs en palmes et en terre, consolidés avec du sang animal (murs en estaqueado), et couvertes de toits faits de paille ou de palmes.

Il faut attendre le milieu du XVIe siècle pour voir apparaître les premières maisons aux murs en adobe, protégées par des toits en tuile. Aujourd'hui, en se promenant dans la capitale Asunción, plusieurs bâtiments témoignent encore de ce patrimoine architectural : la Casa de la Independencia, construite au milieu des années 1770, la Casa Castelvi et ses jardins, et l'ensemble de la Manzana de la Rivera, un groupe de maisons restaurées qui accueille désormais des musées et des espaces culturels.

De l'architecture coloniale, on retient aussi la volonté de faire de la couleur un élément essentiel de certaines habitations. De nombreuses maisons arborent encore des tons pastel, roses, bleus, verts ou jaunes, appliqués sur des murs en brique ou en stuc, avec des fenêtres protégées par de fines grilles de fer.

Les missions jésuites et franciscaines

L'histoire du Paraguay est marquée par un épisode singulier : entre 1609 et 1767, la Compagnie de Jésus établit dans les missions jésuites guaranis une forme d'État théocratique fondé sur une organisation communautaire. Au sein de ces « réductions », les populations indigènes bénéficient d'une protection et de droits comparables à ceux des colons espagnols, tout en étant initiées aux arts venus d'Europe - musique, sculpture, architecture, entre autres. Les Jésuites introduisent alors l'usage de la pierre et du bois pour ériger arcades, portiques et façades aux lignes inspirées des modèles européens. Parmi la trentaine de missions créées dans le bassin du Río de la Plata, les vestiges les mieux conservés sont ceux de Santísima Trinidad de Paraná et de Jesús de Tavarangue, classés au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1993. On y retrouve des fresques et des sculptures en relief, reflet des codes esthétiques de l'iconographie missionnaire. Si les styles évoluent selon les époques, toutes les missions présentent un mélange original d'éléments autochtones et chrétiens, dans un symbolisme empruntant aux influences baroques, romanes et grecques. Malgré leur valeur patrimoniale exceptionnelle, les missions jésuites de Trinidad et de Jesús restent encore peu fréquentées. À l'inverse, l'architecture des anciennes missions franciscaines, antérieures à celles des Jésuites, est plus dépouillée. Peu de bâtiments en subsistent aujourd'hui, à l'exception de quelques églises soigneusement restaurées. L'exemple le plus marquant est l'église de Yaguarón, construite entre 1755 et 1772. Sobre à l'extérieur, avec des lignes épurées, elle offre à l'intérieur une richesse décorative remarquable, typique du style dit « baroque guarani ».

Architecture des XIXe et XXe siècles

C'est sous les présidences des López, de 1840 et 1865, que les premiers changements sont apparus dans l'architecture paraguayenne, notamment à Asunción. Le gouvernement fait alors appel à des architectes européens pour moderniser la capitale. En parcourant son centre historique, on peut admirer les réalisations de l'Italien Alejandro Ravizza, surnommé « l'architecte des López », à qui l'on doit des monuments emblématiques comme le Panteón Nacional, le Palacio de López, La Recova de la Aduana ou encore le Cabildo, tous marqués par un style néoclassique à forte influence italianisante. D'autres bâtiments importants, comme la gare centrale ou l'arsenal, sont l'œuvre de l'Anglais Alonso Taylor.

Après la guerre de la Triple Alliance, à partir de 1870, ce sont de nouveau des architectes européens qui vont œuvrer pour la reconstruction. L'architecture prend alors ses distances avec l'académisme des années López. Des bâtiments comme la Casa Massi, la Casa Fratta ou l'ancien Gran Hotel Hispania adoptent un style Art nouveau, porté notamment par l'ingénieur catalan Enrique Clari. D'autres figures marquantes du renouveau architectural apparaissent : Juan Colombo, José Peris, Carlos Offer, Sebastián Grassi, Matéo Talia, ainsi que des architectes paraguayens tels qu'Ángel Alfaro et Tomás Remeiro Pereira. La faculté d'architecture est créée sous la dictature de Stroessner, où se développent des modèles dictés par le fonctionnalisme moderne et l'esthétique fasciste, laissant peu de place à l'originalité. Certains architectes parviennent toutefois à s'en démarquer, comme Jenaro Pindú ou Carlos Colombino. La nouvelle génération est constituée d'architectes voulant sortir des vieux schémas de la dictature. On peut citer Juan José Giancreco, Pedro Barrail, Solano Benítez ou Javier Corvalán, portés aujourd'hui par une architecture novatrice.

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