La scène politique ghanéenne actuelle
Voici en résumé les acteurs de la scène politique ghanéenne. Cinq principaux partis retiennent l'attention du peuple, les deux premiers étant les partis majoritaires :
Le National Democratic Congress (NDC). Ce parti de centre gauche a été fondé par Jerry Rawlings en 1992. Bien que ce dernier soit élu président à deux reprises (1992-2000), le NDC est demeuré parti d'opposition pendant de nombreuses années. Représenté par deux présidents (Atta Mills d'abord, John Dramani Mahama ensuite), le parti obtient à nouveau le pouvoir en 2008 et le garde jusqu'à décembre 2016. En décembre 2024, John Dramani Mahama est à nouveau élu président.
Le National Patriotic Party (NPP). C'est le parti de l'homme fort du début du XXIe siècle, John Kufuor. De centre-droit et essentiellement composé d'hommes d'affaires ashanti, le parti a su, au cours des deux mandats de Kufuor (2000-2008), adapter son horizon politique et s'occuper des laissés-pour-compte de la croissance économique. Le NDC remporte les deux mandats suivants, puis, appuyant sa campagne sur le ralentissement de l'économie, Nana Akufo-Ado remporte les élections en 2016, puis à nouveau en 2020.
Le Conventional People Party (CPP). Créé par Kwame Nkrumah, ce parti n'est plus que l'ombre de lui-même. George Aggudey, ancien chef de file du parti, s'est longuement battu pour ranimer la foi des jeunes en un système communiste ou socialiste, en vain.
Le People National Convention (PNC). Fondé par une faction dissidente du CPP, ce parti populaire est une émanation de la partie Nord du pays, sans réelle représentation politique à l'échelle nationale.
Le Ghana Union Movement (GUM). Créé en 2019, c'est le plus jeune parti ghanéen. Christian Kwabena Andrews, à sa tête, se présente comme « le nouveau Kwame Nkrumah » et a reçu le soutien de la fille du père de la nation, Samia Nkrumah. Lors des élections de 2020, le parti était arrivé en 3e position, avec 0,99 % des votes certes, mais 3e tout de même.
Un démocratie ouest-africaine dynamique
Depuis 1992, la sortie d'un régime militaire autoritaire et la transition démocratique assurée par Jerry Rawlings, le multipartisme au Ghana semble plutôt bien se porter. Cette même année, aussi bien l'adoption d'une nouvelle Constitution que les élections ont lieu dans un climat des plus pacifiques. Dès lors, et les observateurs internationaux s'accordent là-dessus, le fonctionnement étatique du Ghana est considéré comme stable et même comme un exemple africain en termes de pacifisme et de dynamisme politique. Après les deux mandats de Rawlings, on assiste en effet à une alternance parfaite entre les deux principaux partis du pays : deux mandats du NPP (2000-2008), puis deux nouveaux mandats du NDC (2008-2016), puis à nouveau deux mandats du NPP (2016-2024). C'est depuis 2024 le NDC qui est à nouveau au pouvoir.
Lors de sa réélection en 2020, Nana Dankwa Akufo-Addo l'a emporté de très peu sur l'ancien président John Dramani Mahama (2012-2016). Fait intéressant : lors des élections législatives de décembre 2020, qui ont suivi les présidentielles, le nombre de députés NPP est égal celui des députés NDC, forçant les deux partis à débattre et chercher des solutions communes. Lors de la campagne présidentielle de 2024, Nana Dankwa Akufo-Addo étant inéligible en raison de la constitution qui limite les présidents à un maximum de deux mandats successifs, le NPP propose Mahamudu Bawumia comme candidat. Le 7 décembre 2024, l'opposition, incarnée par John Mahama (NDC), l'emporte dès le premier tour des élections.
Une politique extérieure de médiation
Profitant de l'héritage de Kwame Nkrumah, l'un des principaux initiateurs du panafricanisme dans les années 1950, le Ghana a un certain poids politique au sein de l'Union africaine (il en a assuré la présidence en 2007). En un quart de siècle, le Ghana s'est militairement engagé dans de nombreuses opérations de maintien de la paix en Afrique de l'Ouest mais aussi au Liban. Dans les années 1990 déjà, Jerry Rawlings n'avait pas hésité à soutenir les efforts de paix en envoyant des soldats pour alimenter les troupes de casques bleus de l'ONU, afin d'intervenir en Sierra Leone ou au Liberia notamment. Considéré comme un médiateur de première importance en Afrique de l'Ouest, le Ghana, suite à la crise politique ivoirienne de 2003-2004, a reçu plus de 10 000 réfugiés du pays voisin sur son territoire. À nouveau, en 2017-2018, le Ghana d'Akufo-Addo a endossé le rôle de facilitateur dans la crise du Togo. Puis le Ghana a présidé, de l'été 2020 à l'été 2022, la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, en prise avec des coups d'État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, appelant de ses vœux le rétablissement d'un pouvoir civil. Les problèmes sécuritaires, renforcés par la déstabilisation politique de ces pays, sont d'ailleurs l'un des principaux enjeux de la politique extérieure du Ghana. Bien qu'ayant été jusqu'alors épargné par les attaques terroristes, le pays ne peut ignorer le mouvement d'expansion des groupements terroristes du Sahel depuis le Burkina Faso.
Au niveau international, le Ghana jouit d'une image positive, renforcée par le passage de Barack Obama en 2009, premier pays africain visité par le président américain après son entrée en fonction. Notons au passage que du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2023, le Ghana siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies, œuvrant, en collaboration avec les autres membres, à la promotion de la paix et de la sécurité internationales. Enfin, signalons que la stabilité du Ghana n'a pas échappé au Président français Emmanuel Macron. Lors d'une visite inédite pour un Président français, en novembre 2017, il avait fait valoir l'intérêt de dépasser les anciens schémas « Afrique anglophone-Afrique francophone ».
Tourisme au Ghana
Si le tourisme n'a pendant très longtemps pas été un secteur qui a particulièrement intéressé les autorités ghanéennes – ce dernier misant surtout sur le cacao et les ressources minières avant tout –, certains efforts allant dans ce sens sont à noter ces dernières années, aussi bien pour le tourisme de vacances que les voyages d’affaires. Si, en comparaison de ceux du Togo ou du Bénin, le parc hôtelier ghanéen est plus que convenable, le pays a également bénéficié d'aides d'institutions internationales pour réhabiliter son patrimoine historique. Ces aides ont en effet permis la réhabilitation des châteaux et des forts du littoral (ceux d'Elmina et de Cape Coast en tête), mais aussi l'ouverture de musées et l’aménagement de parcs naturels. Et ces efforts ont payé ! En 2015, ce sont presque 900 000 touristes qui visitent le Ghana, plaçant le pays à la 5e place des pays les plus visités d'Afrique de l'Ouest. L'industrie touristique a connu un essor important au cours des 15 dernières années, hélas freiné, comme le reste du monde, par la pandémie de Covid-19 qui s'est abattue sur le monde en 2020. Cette même année, le Ghana est tout de même parvenu à générer plus de 165 millions d'euros dans le seul secteur du tourisme, soit 0,25 % de son PIB, mais presque 20 % de l'ensemble des recettes touristiques de Afrique de l'Ouest. Quatre ans plus tard, la situation s'améliorait nettement puisque son secteur historique connaissait un record historique : pas moins d'1,29 million de visiteurs étrangers ont en effet visiter le pays, ce qui a généré un chiffre d'affaires de 4,8 milliards de dollars !
Quelle marge de progression pour le tourisme au Ghana ? Certainement des perspectives prometteuses, axées sur l'éco-tourisme (éventuellement de luxe), le tourisme actif (randonnée, vélo et surf), mais aussi sur un tourisme culturel axé sur le patrimoine artisanal, artistique et spirituel du pays.
Une économie en crise
Si la croissance économique ghanéenne est dans l'ensemble dynamique, l'épidémie de Covid-19 lui a mis un sérieux coup de frein, avec seulement 0,4% de croissance en 2020. La courbe est reparti à la hausse en 2021 (4,7% du PIB) puis faiblit en 2022 (3,4% du PIB) et en 2023 (3,1% du PIB). On peut expliquer ce ralentissement par une hausse du niveau d'inflation et par une crise des finances publiques, secteur qui s'est dégradé dans le sillage de la pandémie et le conflit russo-ukrainien. L'inflation touche les produits d'importation (biens de consommation courants et carburant notamment), dont le Ghana est très dépendant. Notons que si l'inflation a toujours été élevée au Ghana (environ 10% dans les années 2000), elle a atteint des pics record en décembre 2022 : + 60% du prix sur les biens alimentaires ! Parallèlement, le niveau de la monnaie nationale, le Cédi, n'a cessé de chuter par rapport au dollar. Afin de redresser la barre, l'État ghanéen a dû demander au FMI une aide pour pouvoir encaisser ces dépenses supplémentaires, une aide de 3 milliards de dollars de renflouement en décembre 2022. Tant et si bien que la dette publique a atteint 85% du PIB, un « niveau de risque élevé de surendettement » pour le FMI. Les autorités ghanéennes se sont engagées à prendre des mesures pour restructurer au plus vite la dette publique. Hélas, le 18 janvier 2023, le Ghana, juste après la Zambie, devenait le deuxième pays africain depuis le début de l'ère Covid-19 à entrer en défaut de paiement de sa dette.
Jusqu'à l'été 2024, aucune solution n'avait été avancée par les autorités ghanéennes pour dépasser ce défaut de paiement. Une entrave majeure au développement du pays que la pauvreté guette, plus de 30 % de la population étant officiellement en situation de pauvreté dans le pays. Un chiffre qui ne va pas en s'abaissant. Aussi, l'un des enjeux économiques et sociaux du Ghana est certainement l'amoindrissement de cette situation, qui passe par la mise en place d'une politique plus adaptée orientée vers le soutien à la croissance, des dépenses publiques à destination des plus démunis, et la mise en place de programmes pérennes en matière d'éducation, de santé et de développement des infrastructures. À l'été 2024, le Ghana trouvait un accord avec ses créanciers (France et Chine) pour rembourser sa dette extérieure (5,4 milliards de dollars). Un accord salué par la directrice générale du FMI. En 2024, la croissance du Ghana remontait (5,7% du PIB) mais en 2025, l'inflation, bien que moins importante qu'au cours des années précédente, continuait de miner l'économie du pays.