Guide du Cameroun : Histoire

Les origines
Le site préhistorique de Bidzar.
Le site préhistorique de Bidzar.

Puisque la notion même d'histoire est intimement liée à l'écriture, on fait généralement démarrer celle du Cameroun au XVe siècle avec l'arrivée des premiers colons. Pourtant, dès le Ve siècle av. J.-C., un texte évoque le mont Cameroun, baptisé alors le " Char des dieux ". Il s'agit d'une inscription gravée dans un temple par le Carthaginois Hannon, qui ne nous apprend malheureusement pas grand-chose. Il faut donc se tourner vers différents vestiges (gravures, monuments, etc.) pour reconstituer une histoire étroitement liée à l'arrivée des différentes vagues de peuplement.

On trouve des traces d'occupation humaine au Cameroun dès le paléolithique, avant que ne commence la migration progressive des populations du nord vers le sud. Au début de notre ère, la zone des Grass Fields voit apparaître les premières implantations bantoues, qui représentent encore aujourd'hui l'un des principaux groupes ethniques du pays. C'est également durant cette période, semble-t-il, que se développe la maîtrise du travail du fer.

En parallèle à cette influence grandissante des peuples bantous au sud du pays, on trouve dans le nord des peuples d'origine soudanaise, arrivés dans cette zone au gré de migrations liées à leur mode de vie (le pastoralisme).

Le Cameroun a donc été très tôt une zone privilégiée de contact entre des civilisations différentes.

Le nord du Cameroun, autour du lac Tchad, a vu se développer successivement d'importantes civilisations soudaniennes, notamment, entre le VIIIe et le XVIe siècle, les empires de Kanem et du Bornou, par lesquels la religion islamique commence à s'étendre dans cette partie du pays.

Chronologie

1472 > Le navigateur portugais Fernando Poó, à l'origine du nom du pays, découvre la région côtière de l'actuel Cameroun au niveau de l'embouchure du Wouri.

1840 > Traité entre le gouvernement anglais et les rois de Douala, Bell et Akwa, interdisant officiellement la traite des esclaves (commencée au XVIIe siècle).

1884 > Pacte germano-douala instaurant le protectorat allemand sur le Cameroun.

1919 > Le traité de Versailles, au lendemain de la première guerre mondiale, partage le pays entre les deux principales puissances coloniales victorieuses ; l'Angleterre reçoit de la SDN le mandat pour administrer le Cameroun occidental, tandis que la France reçoit celui pour administrer le Cameroun oriental.

1946 > La France et l'Angleterre reçoivent des Nations unies la tutelle du Cameroun ; le Cameroun est intégré à l'Union française en tant que " territoire associé ".

1948 > Fondation de l'Union des populations du Cameroun (UPC) par Ruben Um Nyobé, réclamant l'indépendance du pays.

Mai 1955 > Émeutes à Douala, l'UPC est dissoute, Um Nyobé se réfugie dans la clandestinité.

1957 > L'Assemblée législative du Cameroun (ALCAM) choisit les emblèmes nationaux, à savoir un drapeau (vert, rouge avec une étoile dorée, jaune sur le vert), un hymne (Ô Cameroun !) et une devise (Paix, Travail, Patrie).

1957 > André Marie Mbida, président du PDC (Parti démocratique camerounais), est élu Premier ministre du Cameroun autonome.

Il gouvernera pendant 9 mois seulement, de mai 1957 à janvier 1958, avant d'être remercié par un haut-commissaire français.

1958 > Ruben Um Nyobé est assassiné.

1er janvier 1959 > Le gouvernement français accorde l'autonomie interne au Cameroun.

1er janvier 1960 > L'indépendance du pays est proclamée.

5 mai 1960 > Ahmadou Ahidjo devient le premier président de la République.

1er octobre 1961 > Mis à part le Cameroun septentrional, rattaché au Nigeria, les 2 parties, française et anglaise, du Cameroun méridional sont réunifiées en une même République fédérale.

1966 > Création d'un parti d'unité nationale, l'UNC (Union nationale camerounaise).

20 mai 1972 > Naissance de la république unie du Cameroun.

1975 > Paul Biya devient Premier ministre ; le président Ahidjo est réélu.

4 novembre 1982 > Le président Ahmadou Ahidjo démissionne ; 2 jours plus tard, Paul Biya lui succède.

1983 > Paul Biya prend la tête de l'UNC.

6 avril 1984 > Coup d'État (sanglant) manqué contre le régime du président Paul Biya.

1985 > Le parti du président devient le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais).

1989 > Mort d'Ahmadou Ahidjo en exil au Sénégal.

1990 > La liberté d'association et de création de partis politiques (multipartisme) est autorisée.

1992 > Premières élections multipartistes.

1994 > Dévaluation du franc CFA.

18 janvier 1996 > Modification de la constitution prévoyant, entre autres, l'adjonction du Sénat aux côtés de l'Assemblée nationale dans le dispositif législatif, la création de 10 régions administratives (les provinces) et le passage au septennat, avec un mandat renouvelable une fois pour la fonction de président de la République.

Mai 1996 > À l'appel de l'opposition, qui proteste contre la transformation de certaines des villes qu'elle dirige en communes, des grèves et des opérations " ville morte " sont organisées. La grève générale s'étend rapidement à tout le pays, l'économie s'effondre, des économies parallèles se mettent en place et les paysans émigrent massivement vers les villes, en particulier Douala, ce qui donne naissance à de grands bidonvilles à la périphérie de la capitale économique.

12 octobre 1997 > Le président Biya est, une nouvelle fois, largement réélu.

Décembre 1997 > Après des tentatives infructueuses de rapprochement du parti au pouvoir avec les opposants du SDF, un accord est trouvé avec l'UNDP et une des branches de l'UPC pour les faire participer au gouvernement.

Avril 1999 > Éruption du mont Cameroun.

Janvier 2001 > Sommet France-Afrique à Yaoundé.

2001 > Début des travaux effectués par le consortium COTCO pour la construction du pipeline de 1 700 km reliant le Tchad au sud du Cameroun (environs de Kribi).

Juin 2002 > Élections municipales et législatives, la 3e vague électorale multipartite que le pays ait connu.

Septembre 2002 > Visite officielle du Premier ministre chinois Zhu Rongji pour relancer la coopération sino-camerounaise.

Octobre 2004 > Paul Biya est réélu avec 70 % des voix à la tête de la république du Cameroun.

22 juillet 2007 > Élections municipales et législatives du présupposé dernier septennat de Paul Biya.

10 avril 2008 > Paul Biya, désireux de se représenter une énième fois aux élections présidentielles, charge son Assemblée nationale de réviser la Constitution pour lui permettre de briguer un autre mandat à la fin de l'actuel en 2011.

14 juillet 2010 > Le président du Cameroun est convié comme bon nombre de ses confrères africains à la fête nationale française qui coïncide cette année avec les 50 ans de l'indépendance des pays africains. Non sans susciter des critiques, dont voici quelques extraits provenant d'un responsable de l'opposition camerounaise : " C'est une insulte intolérable à la mémoire des héros et martyrs des luttes pour l'indépendance (...). Les peuples d'Afrique n'oublieront jamais les crimes commis par les colonialistes " ; et de la Ligue des droits de l'homme en France : " Ce ne serait pas le moindre des paradoxes qu'à l'occasion de la célébration des valeurs de la République, celles-ci soient bafouées par la présence de tortionnaires, dictateurs et autres prédateurs des droits de l'homme, et qu'en lieu et place de les poursuivre, la France les honore. "

9 octobre 2011 > L'élection présidentielle oppose 23 candidats, sachant que plus d'une cinquantaine de dossiers ont été déposés à ELECAM, l'organe en charge des élections au Cameroun. Parmi les candidats, se trouvent le présidant sortant Paul Biya, John Fru Ndi du Social Democratic Front, et Kah Walla, l'une des trois femmes de la compétition. Plusieurs autres candidats à cette présidentielle étaient déjà présents dans le gouvernement, à savoir Adamou Ndam Njoya de l'Union démocratique du Cameroun, Jean Jacques Ekindi du Mouvement progressiste. Résultat : Paul Biya est réélu pour un mandat de 7 ans, pour la sixième fois de suite.

14 avril 2013 > Premières élections sénatoriales. Le Parlement est désormais composé de deux chambres : l'Assemblée nationale et le Sénat. Ce dernier représente les 10 collectivités territoriales décentralisées. Le 12 juin 2013, Marcel Niat Njifenji est officiellement élu président du Sénat. Les 100 sénateurs (10 par région) ont un mandat de 5 ans, sept sont élus au suffrage universel indirect, trois sont nommés par le président de la République.

De nouveaux arrivants

Entre la civilisation soudanienne du nord et la civilisation bantoue du sud, le XVIIe siècle voit s'implanter les premiers pasteurs peuls (ou foulbés), en provenance de l'actuel Nigeria et de confession islamique.

Ce peuple de cavaliers étend assez rapidement son influence dans la région des monts Mandara et jusqu'à l'Adamaoua, mais il est arrêté au sud par l'épaisse forêt tropicale, peu propice au passage des chevaux et des hommes. De nombreux conflits éclatent dans le nord du pays et, dans la 2e moitié du XIXe siècle, la pression des Foulbés se fait plus forte dans le sud. En revanche, à l'ouest, les Bamouns et les Bamilékés résistent et, peu à peu, les Peuls, divisés en nombreux lamibé (pluriel de lamido, chef musulman), se battent entre eux.

Pendant cette période, les Grass Fields et les montagnes de l'ouest du Cameroun voient aussi s'affirmer des peuples apparentés aux Bantous, tels que les Tikars.

Quant à l'ethnie des Bamilékés, en fait constituée d'une myriade de chefferies, elle noue progressivement des liens avec les Occidentaux qui commencent à s'intéresser au Cameroun. Mais ce sont surtout les Doualas, installés autour de l'embouchure du Wouri au cours du XVIIIe siècle (ils donneront leur nom à la plus importante ville du pays, aujourd'hui capitale économique du Cameroun), qui vont peu à peu ouvrir la porte à la conquête coloniale européenne, à savoir, dans un premier temps, celle des Allemands.

L’origine du nom Cameroun

Le Cameroun entre dans l'histoire occidentale avec l'apparition des premiers explorateurs, puis colons, européens.

En 1472, le navigateur portugais Fernando Poo parvient à l'estuaire de l'actuel Wouri (près de Douala) et le remonte. Frappé par l'abondance de crevettes dans les eaux du fleuve, il le baptise Rio dos Camaroes (littéralement " rivière des crevettes " en portugais), ce qui donnera, avec le temps et après quelques déformations, le nom de Cameroun.

Pourtant, malgré les quelques comptoirs portugais qui y sont installés (où l'on échange du sel, des étoffes, de l'alcool et des armes contre de l'or, de l'ivoire, de l'huile de palme) et le développement des activités peu glorieuses des négriers (le commerce se fait notamment avec les chefs des tribus côtières), le pays intéresse relativement peu les Européens jusqu'au XIXe siècle.

Certes, les Hollandais chassent les Portugais et s'installent en 1641, avant de s'effacer, à partir de 1732, devant les Anglais qui luttent contre la traite des esclaves dans le golfe de Guinée (le premier traité interdisant ce commerce honteux est d'ailleurs signé en 1840 par les rois Akwa et Bell de Douala et le gouvernement anglais), puis les Français.

La colonisation allemande

Les événements se précipitent au cours du XIXe siècle. Le Cameroun connaît d'importants mouvements de population liés aux difficultés des régions voisines (conflits et permanence d'un important trafic d'esclaves), à la pression des peuples peuls au nord et aux querelles incessantes entre les chefs locaux sur la côte. Mais le XIXe siècle marque surtout la mise en place de la colonisation allemande, qui se développe à partir de la côte où les premiers commerçants allemands ont été acceptés par les Doualas (comptoir commercial dès 1868).

En 1884, l'Empire allemand décide de développer ses colonies et profite de ses bonnes relations avec les Doualas, déçus par ailleurs du refus anglais, en 1882, d'assurer le protectorat sur le Cameroun, pour instaurer son propre protectorat (c'est le fameux pacte germano-douala).

À partir d'une première base dans la région du Wouri, les Allemands étendent progressivement leur contrôle sur tout le Cameroun.

Ils établissent tout d'abord leur capitale à Buéa (le palais du gouverneur Von Putkamer est encore là, aujourd'hui, pour en témoigner), fuyant le lourd climat du littoral pour le climat plus doux (mais pas moins humide) des pentes du mont Cameroun.

Toutefois, à la suite de plusieurs tremblements de terre et éruptions volcaniques liés à l'activité de ce dernier, ils se résignent à abandonner Buéa et fondent une nouvelle capitale à Yaoundé. L'Allemagne négocie ensuite avec les Anglais pour conforter leur protectorat sur le Cameroun et échange des territoires supplémentaires avec les Français contre leur non-intervention au Maroc. Cette situation durera jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. À l'issue de celle-ci en effet, l'Empire colonial allemand est démantelé et partagé entre les vainqueurs par le traité de Versailles, en 1919.

C'est ainsi que le Cameroun se trouve partagé en 2 par la Société des Nations, avec d'une part un mandat français sur la partie orientale du pays (en fait les 4/5e du pays) et d'autre part un mandat anglais sur la partie occidentale.

Les 2 occupants, en particulier les Français, poursuivent le développement économique initié par les Allemands, avec la construction d'infrastructures (voies ferrées, routes, missions sanitaires) et la mise en place de grandes plantations (de cacao et de café notamment). Avec l'appui d'importants programmes en matière d'enseignement ou d'amélioration de la santé, ces efforts aboutissent à une homogénéisation progressive des différents territoires : le Cameroun prend forme.

En route vers l’indépendance

La Seconde Guerre mondiale allait permettre aux Alliés d'asseoir leur prédominance sur le pays. Le traité de Versailles avait fixé le partage, mais les Allemands n'avaient pas cédé le terrain de bonne grâce. Un travail en profondeur est accompli par les Français pour " fidéliser " les populations. De grands travaux sont entamés. La principale ligne de chemin de fer du pays, reliant les 2 villes les plus importantes, Yaoundé et Douala, est alors achevée. Dans le domaine social et éducatif, l'enseignement en langue française intervient dès 1923, et le gouvernement fait des problèmes de santé publique l'une de ses priorités.

Petit à petit, les structures, et même les entreprises " germanisées " et pour certaines " germanophiles ", sont progressivement " francisées ". Le travail n'est cependant pas tout à fait achevé à l'aube de la guerre. En août 1940, Douala est prise et occupée militairement par les Alliés. Pourtant, alors que tout semblait rentrer dans l'ordre de la colonisation à la française, les premiers mouvements indépendantistes se font jour dès le lendemain de la guerre, en 1945. C'est en effet à Douala qu'ont lieu les débats, sous forme d'états généraux, sur la structure coloniale du pays. Le fait de proclamer, après ces années de bouleversement de l'ordre mondial, que tout allait rentrer dans l'ordre n'est du goût ni des élites intellectuelles du pays, ni du peuple camerounais qui sent l'opportunité et la légitimité d'une liberté possible, encouragé par les Nations unies nouvellement créées, puis, à partir de 1948, par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Les premiers mouvements contestataires dans le pays se manifestent d'abord par une lutte sociale et syndicale, sur fond de grèves.

La décolonisation

Dès 1946, la lame de fond du mouvement de décolonisation est lancée. Le Cameroun change de statut en passant d'un régime de mandat à un régime de tutelle, premier pas vers une indépendance qui intervient, pour la partie française du Cameroun, le 1er janvier 1960. La transition ne se fait toutefois pas sans heurts. Parti dominé par les Bamilékés, l'UPC (Union des populations du Cameroun), fondée en 1948 et principal acteur de cette indépendance, est dissoute en 1955 suite à des affrontements avec les militaires français (émeutes de Douala et de Yaoundé).

L’UPC et l’indépendance

L'année 1948 voit naître un grand mouvement nationaliste et indépendantiste, l'Union des populations du Cameroun (UPC) fondée par Ruben Um Nyobé, qui sèmera dans les années qui suivront des troubles de plus en plus graves. Pour les Français, la situation devient difficile : de grands travaux sont enclenchés et ils entendent bien en recueillir les fruits. Grèves, manifestations, puis émeutes : le cycle est pourtant devenu inexorable.

À la suite d'affrontements plus durs dans la semaine du 22 au 25 mai 1955 à Douala, l'UPC est dissoute par le gouvernement français, et Um Nyobé doit prendre le maquis, continuant la lutte sous forme d'une guérilla révolutionnaire. Il s'agit au départ davantage d'une mise à l'écart que d'une véritable mise hors-la-loi. Le quartier général du leader est en effet connu des autorités françaises qui ne veulent surtout pas en faire un martyr et qui le laissent donc agir pendant quelque temps, Um Nyobé ayant simplement quitté le devant de la scène. Lorsque les mouvements insurrectionnels se font plus durs et plus précis, il doit s'enfuir à nouveau, vivre et commander son mouvement dans la clandestinité. Il est assassiné en 1958.

Mais les choses ont trop changé pour qu'un retour en arrière soit possible. Le processus de démocratisation est déjà dans la tête des Camerounais et, sans doute aussi, dans celle de leurs colons.

L'autonomie est partiellement accordée en 1957, et des élections interviennent rapidement. André Marie Mbida est élu Premier ministre du Cameroun autonome.

Il perdra son poste 9 mois plus tard, en 1958, au profit d'Ahmadou Ahidjo, son Vice-Premier ministre. L'indépendance est proclamée en 1960 et entérinée en 1961, avec le rattachement du Cameroun britannique, hormis la région du nord qui est adjointe au Nigeria. Ahmadou Ahidjo devient, le 5 mai 1960, à 33 ans, le premier président de la république du Cameroun.

Figures historiques

Ruben Um Nyobè, né vers 1913 dans le sud-ouest du Cameroun, est l'un des précurseurs des indépendances en Afrique. Son histoire et son combat pacifiste des années 1950 ne sont connus que par une poignée d'intellectuels et d'écrivains engagés. Surnommé Mpodol en langue Bassa, signifiant " porte-parole ", il fut le secrétaire général du premier parti politique du pays, l'Union des Populations du Cameroun. Lors de ses fonctions, il séjourna maintes fois aux Etats-Unis pour plaider la cause indépendantiste et réunificatrice qu'il a toujours défendue pour son pays. Selon quelques spécialistes de l'histoire camerounaise, comme Yves Mintoogue, cité par Cameroon-info.net, " Um Nyobè aurait dû devenir le permier Président du Cameroun ". Sans conteste, il s'agit là, d'un homme qui a donné sa vie pour un Cameroun indépendant ! Il fut assassiné en septembre 1958 dans son maquis près de Boumnyebel, par la répression française avec la complicité officielle des Camerounais de l'administration coloniale française. Devenu héros national seulement en juin 1991, le devoir de mémoire nous exhorte, même si tout a été fait pour qu'il tombe dans l'oubli, à saluer sa bravoure, son honnêteté, et sa détermination pour un Cameroun juste et unit.

Ahmadou Ahidjo, élu premier président du Cameroun libre en mai 1960. Ce natif de Garoua, dans le nord du pays, travaillait dans l'appareil administratif colonial depuis 1947, en tant que télégraphiste, puis opérateur radio... avant d'être élu conseiller à l'assemblée de l'Union française. Pour l'historien Adel Eyinga, Ahmadou Ahidjo serait également l'un des complices qui ont voulu la mort de Ruben Um Nyobè. Il tient le pays en réprimant sévèrement l'opposition, et va jusqu'à la création du parti unique : l'Union nationale camerounaise, jusqu'en 1982, où il cède la main à Paul Biya. En avril 1984, alors qu'il est en voyage à l'étranger, le gouvernement de Biya l'accuse de coup d'état et le condamne à mort. L'obligeant ainsi à rester en exil, c'est au Sénégal qu'il s'éteint en 1989, laissant pour les jeunes générations, l'image d'un président qui a été bon pour son pays.

Paul Biya arrive au pouvoir en novembre 1982, à la suite de l'annonce surprise d'Ahmadou Ahidjo faisant part à la population de sa démission à la tête de l'état. Alors qu'il exerçait la fonction du Premier Ministre dans le gouvernement, Paul Biya se voit honorer du titre de Président de la République du Cameroun. Né un 13 février 1933, les astres ne pouvaient qu'être de son côté ; il gagne les élections présidentielles, change la constitution et mène la danse du pays. Son épouse, Chantal Vigouroux, née dans l'est du pays, à Dimako en 1970, l'accompagne dans cette grande responsabilité. La première dame fait partie des figures incontournables du Cameroun.

De l’indépendance à nos jours

L'indépendance du pays est proclamée le 1er janvier 1960, mais des détails importants restent encore non résolus, telle que la réunification du Cameroun anglophone et du Cameroun francophone ; il faudait attendre 1961 pour voir les deux parties unifiées en République Fédération, et le 20 mai 1972, pour une république unie du Cameroun, avec une nouvelle constitution, sous l'impulsion d'Amadou Ahidjo, président de la République.

Son Premier ministre, à partir de 1975, est un certain Paul Biya. Il lui succède en 1982 et poursuit alors l'oeuvre entreprise par son prédécesseur : en 1984 en effet, le pays prend le nom de République du Cameroun. Quant à Ahmadou Ahidjo, il est non seulement écarté de tout pouvoir mais accusé de complots (le coup d'Etat manqué d'avril 1984, et celui dénoncé par Holong Etienne, tireur d'élite et garde du corps du président Biya, arguant que Ahidjo l'avait contacté pour abattre le président lors d'un match de football au stade Ahmadou Ahidjo), il doit s'exiler et est condamné à mort par contumace. Il meurt au Sénégal en 1989.

C'est Paul Biya qui a conduit le Cameroun vers la modernité, non sans difficultés, mais aussi vers une certaine stabilité politique et sociale. En 1985, le parti du président devient le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Ce sont surtout les difficultés économiques qui ont amené une certaine perte de crédit. Le gouvernement doit lâcher un peu de lest à une opposition qu'elle avait non seulement bridée, mais étouffée : le multipartisme est reconnu dans la douleur en 1990, et des élections législatives ont lieu 2 ans plus tard. Tout n'est cependant pas si simple puisque, après que John Fru Ndi eut proclamé l'existence d'un parti d'opposition, le Front social démocratique (Social Democratic Front ou SDF), et que le gouvernement eut refusé de le reconnaître, une manifestation fut réprimée dans la violence, faisant 6 morts.

Devant la pression populaire, Paul Biya finit par céder et la liberté d'association fut reconnue en décembre 1990.

Dans les 2 ans qui suivirent, tout en montrant ouvertement des signes de détente, le gouvernement s'attacha néanmoins à surveiller de près ses opposants et, dans la plupart des cas, à les arrêter sous divers prétextes et à les emprisonner. La réponse de la rue ne s'est pas fait attendre : grèves, manifestations, union de toutes les classes sociales pour contraindre le pouvoir à accepter un véritable processus démocratique. Paul Biya nomme alors un Premier ministre, Sadou Hayatou, et annonce les élections législatives de 1992. Une conférence préalable, pour l'organisation de ces élections, se tient en octobre 1991, réunissant le pouvoir en place, l'opposition, dispersée depuis la dissolution de la Coordination nationale des partis de l'opposition et des associations (CNPOA), et des représentants de la société civile.

Les élections de 1992, même si elles sont boycottées par quelques mouvements d'opposition, marquent un véritable signe d'ouverture. Le parti présidentiel, le RPDC, s'allie au MDR (Mouvement pour la défense de la République) pour constituer une majorité forte. Dans la foulée, les élections présidentielles sont organisées. La victoire de Paul Biya est courte, puisqu'il ne l'emporte qu'avec 40 % des suffrages contre 36 % à son principal opposant, John Fru Ndi. Mais les résultats de ces élections ont été sujets à caution de la part non seulement de l'opposition, mais aussi d'observateurs étrangers.

Quelques troubles conduisent ensuite le pouvoir à resserrer l'étau, et John Fru Ndi est placé en résidence surveillée. Paul Biya contrôle avec une efficacité certaine les rouages économiques et législatifs du pays.

De nouvelles élections ont eu lieu en 1997 et Paul Biya a une nouvelle fois été élu, pour 7 ans (conformément à la révision constitutionnelle importante opérée en janvier 1996).

Précisons toutefois que lors de ces élections présidentielles, les partis d'opposition n'ont pas pu obtenir du gouvernement la création d'une commission indépendante de surveillance du scrutin. Moralité, ils les ont pratiquement tous boycottées et un seul adversaire est resté : il a obtenu 2,5 % des voix. Paul Biya a donc été réélu avec 92,5 % des voix. Lors des présidentielles qui ont suivi, en 2004, Paul Biya était, sans surprise, le candidat sortant des urnes.

Aujourd'hui la jeunesse qui n'a connu que Paul Biya, en tant que président du Cameroun (de 1982 à nos jours), réclame vivement un changement politique. Mais, un premier problème se pose, celui des candidats potentiels. Pour l'instant la seule figure qui ose prétendre à la présidence est l'opposant historique, le fondateur et président du parti SDF, John Fru Ndi. Il est le seul à posséder un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, face au parti au pouvoir, le RDPC. Après l'espoir de changement porté sur les élections présidentielles de 2011, qui ont reconduit le président sortant à la tête du pays, la majorité des Camerounais pense toujours à l'après Biya, mais avec maturité, en souhaitant, pour les années à venir, une douce transmission du pouvoir dans la paix et la démocratie.

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