Ier siècle av. J.-C.
Les Eravisques en Pannonie
La rive droite du Danube, autour du mont Gellért à Budapest, est habitée par les Eravisques, peuple celte, aux côtés d'autres peuples anciens (Scythes, Thraces, Illyriens). Le bassin des Carpates est un carrefour culturel dès l'Antiquité.
20 apr. J.-C.
Arrivée des Romains et fondation d’Aquincum
Les Romains fondent un camp militaire à Aquincum (actuel Óbuda) sur la rive droite du Danube. Ils établissent aussi Transaquincum et Contra-Aquincum sur la rive gauche. La région devient stratégique pour l'Empire romain et amorce une prospérité durable.
103–107
Division de la Pannonie sous Trajan
L'empereur Trajan divise la province en Pannonie supérieure et inférieure. Aquincum devient capitale de la Pannonie inférieure. Arrabona (Győr) sert alors de frontière dans un premier temps. Le développement romain s'accélère : routes, thermes, villas chauffées, commerces, et une urbanisation remarquable s'étendent.
167–180
Invasions barbares sous Marc Aurèle
Sous le règne de Marc Aurèle, les attaques barbares se multiplient. Aquincum est plusieurs fois dévastée. La stabilité romaine chancelle, bien que la ville reste importante grâce à ses bains réputés et à sa situation stratégique sur le limes romain.
Vers 406
Chute d’Aquincum face aux Huns
Les Huns, venus d'Asie centrale, conquièrent Pest puis Aquincum. Le chef Attila impose sa domination sur un vaste empire qui, après sa mort, se fragmente. Les tribus germaniques reprennent possession du territoire, marquant la fin de l'ère romaine.
520
Installation des Lombards à Óbuda
Après les Vandales, Sarmates et Ostrogoths, les Lombards s'installent à Óbuda. Leur présence reste temporaire car, dès 570, les Avars prennent le pouvoir. Ils fondent un empire durable et se sédentarisent.
791–796
Chute de l’Empire avar
Charlemagne lance une série de campagnes militaires contre les Avars. Leur empire s'effondre face aux forces franques et aux attaques des Bulgares. Avant l'arrivée des Magyars, Francs, Moraves et Bulgares coexistent dans les ruines d'Aquincum.
Fin du IXe siècle
Arrivée des Magyars dans le bassin des Carpates
Sous la conduite d'Árpád et Kurszán, les sept tribus magyares quittent les steppes eurasiennes pour s'établir dans le bassin des Carpates, fuyant les Petchenègues et cherchant de nouvelles terres. Ils s'installent durablement à la fin des années 800, Árpád sur l'île de Csepel, Kurszán à Óbuda. Cette migration marque les débuts de la Hongrie médiévale.
972–997
Géza initie la christianisation du pays
Géza, arrière-petit-fils d'Árpád, ouvre le royaume à la chrétienté occidentale et se fait baptiser. Il autorise l'établissement de missions religieuses et prépare ainsi l'unification religieuse et politique du territoire, amorçant le processus de formation d'un État féodal hongrois aligné sur les structures du Saint Empire romain germanique.
1er janvier 1001
Couronnement d’Étienne Ier, roi chrétien
Étienne Ier, fils du prince Géza, est couronné roi le 1er janvier 1001, avec l'appui du pape Sylvestre II qui lui envoie la Sainte Couronne de Hongrie, devenue depuis un symbole majeur de la royauté hongroise. Par ce couronnement, Étienne fait officiellement de la Hongrie un royaume chrétien d'Occident. Il impose la foi catholique, fonde dix diocèses et institue un clergé organisé, consolidant ainsi son pouvoir central sur les tribus magyares encore partiellement païennes. Il établit sa résidence principale à Székesfehérvár, ville qui devient le centre religieux et politique du royaume, où se dérouleront les futurs couronnements et sépultures des rois.
1172–1196
Béla III ramène la cour à Óbuda
Sous le règne de Béla III, la cour royale retrouve une stabilité en s'installant à Óbuda, après un siècle d'itinérance entre plusieurs centres de pouvoir. Béla III entreprend un important renforcement administratif et culturel du royaume. Il crée une chancellerie royale structurée, inspirée des modèles occidentaux, notamment ceux des rois capétiens, marquant une adoption des usages et institutions occidentaux. Béla III ordonne également la rédaction de la première chronique royale en latin, qui marque le début d'une historiographie officielle.
Début du XIIIe siècle
Essor de Pest grâce aux marchands étrangers
La ville de Pest, jusqu'alors modeste, voit arriver des commerçants juifs et allemands. Leur installation relance l'activité économique de la rive gauche du Danube. Ce développement urbain reste toutefois fragile et sera brutalement stoppé par les invasions mongoles deux décennies plus tard.
Mars 1241
Invasion mongole, dévastation de Pest et Óbuda
Les armées mongoles de Batu Khan envahissent la Hongrie et détruisent Pest. Óbuda est temporairement épargnée grâce au débordement printanier du Danube, mais en 1242, les eaux gelées permettent aux Mongols de traverser le fleuve. La Hongrie est ravagée : villes rasées, populations massacrées, structures étatiques désorganisées.
Après 1242
Repeuplement et fortification du royaume
Suite aux ravages mongols, des villes fortifiées sont édifiées, souvent avec l'aide de populations germaniques invitées par le roi. Béla IV accorde des privilèges aux nouveaux habitants. C'est aussi à cette époque que les Cumans, peuple turc venu avec les Mongols, sont autorisés à rester en Hongrie. Leur assimilation est progressive, et leur présence reste visible dans les toponymes comme « Kunság ».
1247–1265
Construction du palais royal de Buda sous Béla IV
Après la destruction, Béla IV lance une vaste reconstruction. Il fait bâtir le château royal sur la colline de Buda, qui devient le nouveau centre du pouvoir royal. Cette reconstruction marque un tournant : pour la première fois, l'État encourage activement la construction de fortifications et invite des colons étrangers pour repeupler le pays.
1286
Retour des Tatars, repoussés par les Hongrois
Les Mongols tentent une nouvelle incursion, mais cette fois, les Hongrois, mieux préparés, parviennent à les repousser. Les efforts de fortification et l'intégration de nouveaux groupes ethniques ont permis de renforcer la résilience militaire et démographique du royaume.
1301
Mort d’André III, fin de la dynastie des Árpádiens
André III meurt sans héritier direct, marquant la fin de la lignée fondatrice de la Hongrie. La succession au trône devient une affaire internationale : plusieurs maisons étrangères revendiquent la couronne, ouvrant une période d'instabilité dynastique et de luttes féodales.
1310
Charles Ier d’Anjou est élu roi de Hongrie
Issu d'une lignée apparentée aux Árpádiens, Charles Ier monte sur le trône après une période de luttes de succession. Son règne inaugure la dynastie des Angevins en Hongrie. Il renforce le pouvoir royal, centralise l'administration et stimule l'économie grâce à l'exploitation des mines d'or et d'argent, faisant de la Hongrie un royaume prospère.
1342–1382
Règne de Louis Ier le Grand
Fils de Charles Ier, Louis Ier mène une politique ambitieuse : conquête de la Dalmatie, soumission de la Bosnie, de la Valachie et de la Moldavie comme territoires vassaux. En 1370, il devient également roi de Pologne, unifiant les deux couronnes. En 1367, il fonde la première université du pays à Pécs. Son règne marque l'apogée territorial et politique du royaume.
1387
Sigismond de Luxembourg accède au trône
Marié à Marie d'Anjou, fille de Louis Ier, Sigismond de Luxembourg devient roi de Hongrie. Son long règne est marqué par des conflits internes et externes, mais aussi par d'importants travaux à Buda. Il entreprend l'agrandissement du palais royal en 1418, qui devient progressivement le cœur du pouvoir.
Début XVe siècle
Croissance de Buda face à Pest
Grâce à la présence royale et à la sécurité qu'offre le palais fortifié, Buda attire habitants et artisans. La ville compte environ 15 000 âmes, contre 10 000 à Pest. L'architecture évolue : on abandonne le bois pour la pierre. Le nom d'Óbuda (« Vieux-Buda ») désigne désormais l'ancien site romain d'Aquincum, tandis que la « nouvelle » Buda s'impose comme capitale.
1456
Victoire de János Hunyadi à Nándorfehérvár (Belgrade)
János Hunyadi, voïvode de Transylvanie, héros national et stratège remarquable, défait les Ottomans à Belgrade, empêchant leur avancée vers le cœur de l'Europe. Cette victoire offre à la Hongrie un répit de 70 ans face à la menace turque. Hunyadi gagne en prestige et devient régent du royaume, préparant la voie à son fils, Matthias (Mátyás en hongrois).
1458
Élection de Mátyás Corvin à 15 ans
Après des conflits sanglants pour la succession, Mátyás Hunyadi, dit Corvin, est élu roi. À seulement 15 ans, il incarne une nouvelle ère. Intelligent, polyglotte, fin stratège, il réorganise l'armée (la fameuse « armée noire »), modernise l'administration et renforce la monarchie face aux nobles, érigeant une royauté puissante et efficace.
1476
Béatrice d’Aragon introduit la Renaissance en Hongrie
Épousée par Mátyás, Béatrice d'Aragon apporte avec elle la culture de la Renaissance italienne. Le roi devient un grand mécène : arts, lettres, sciences, tout est encouragé. La cour hongroise rivalise avec les plus grandes d'Europe. Des artistes comme Lippi et Botticelli collaborent à distance, et un atelier est même fondé à Florence pour répondre à ses commandes.
Bibliotheca Corviniana : un trésor de la Renaissance
Sous Mátyás Corvin, la Hongrie se dote de l'une des plus grandes bibliothèques d'Europe, la Bibliotheca Corviniana, riche de 3 000 volumes manuscrits. Elle témoigne de l'humanisme du roi et de son rayonnement intellectuel. Dispersée après l'invasion ottomane, elle est aujourd'hui partagée entre plusieurs bibliothèques européennes.
1490
Mort de Mátyás Corvin, fin d’un âge d’or
Le décès de Mátyás marque la fin d'une période faste. La Hongrie, modernisée, respectée, dotée d'une armée puissante et d'une culture florissante, entre cependant dans une ère de déclin relatif, minée par les ambitions féodales et la pression croissante des Ottomans.
1526
Défaite hongroise à la bataille de Mohács
Cette bataille, remportée par Soliman le Magnifique, marque un tournant historique. L'armée hongroise est écrasée, et le roi Louis II meurt noyé en tentant de fuir. Mohács symbolise l'effondrement du royaume médiéval hongrois et ouvre la voie à la domination ottomane. L'Europe chrétienne perd un rempart essentiel face à l'Empire ottoman.
1541
Prise de Buda par Soliman le Magnifique
Profitant de l'instabilité politique qui suit Mohács, les Ottomans occupent Buda sans grande résistance. La ville devient une garnison et un centre administratif ottoman. C'est la fin de Buda comme capitale chrétienne : l'Empire ottoman y installe des fonctionnaires, des soldats et des imams. Pest et Óbuda déclinent sous l'effet des destructions et du dépeuplement.
Deuxième moitié du XVIe siècle
Tripartition du royaume
La Hongrie se retrouve divisée en trois entités : à l'ouest, les Habsbourg dominent une partie du territoire, avec Vienne pour centre du pouvoir royal ; au centre, l'Empire ottoman occupe Buda et une grande partie du pays ; à l'est, la Transylvanie reste une principauté autonome, parfois vassale des Turcs, parfois alliée aux Habsbourg, selon les circonstances politiques.
1566
Construction des bains ottomans à Budapest
Le pacha Mustafa Sokollu initie la construction de plusieurs bains publics dans la capitale occupée. Héritiers des thermes romains et inspirés de la tradition islamique, ces bains (Rácz, Rudas, Császár, Király) marquent une influence culturelle durable. La pratique des bains thermaux, abandonnée depuis l'Antiquité, renaît grâce aux Ottomans.
XVIe–XVIIe siècles
Mosquées, minarets et mausolées
Bien que les Ottomans restent près de 150 ans, peu de bâtiments subsistent en dehors de quelques mosquées (notamment à Pécs et Siklós), de minarets rares (comme celui d'Eger) et de mausolées, dont celui de Gül Baba à Budapest. L'héritage architectural reste limité, mais il témoigne de l'empreinte spirituelle et urbaine de l'occupation.
XVIIe siècle
Déclin d’Óbuda
Sous domination ottomane, Óbuda, autrefois centre politique et administratif important, est réduit à un simple village. Les vagues d'invasions, les massacres et l'instabilité ont gravement affaibli la ville, qui ne retrouvera son importance qu'au XVIIIe siècle, après la reconquête par les Habsbourg.
1686
Reprise de Buda par les Habsbourg
Profitant de l'échec des Ottomans devant Vienne (1683), les troupes de l'Empire des Habsbourg menées par Eugène de Savoie reprennent Buda. Les Turcs sont définitivement chassés. Le château, ruiné par le siège, est reconstruit. La période ottomane est effacée autant architecturalement que culturellement : peu de traces ottomanes sont conservées.
1703–1711
Guerre d’indépendance de Ferenc Rákóczi II
La guerre d'indépendance de 1703-1711, dirigée par Ferenc Rákóczi II, marque une tentative de soulèvement des Hongrois contre la domination des Habsbourg. Ce mouvement naît du mécontentement croissant face aux lourdes taxes et aux restrictions imposées par la monarchie autrichienne après la reconquête de Buda en 1686. Soutenu par la noblesse et une partie des paysans, Rákóczi parvient à mobiliser une armée, remportant plusieurs victoires contre les troupes impériales.
Cependant, le soulèvement s'essouffle progressivement. La guerre de Succession d'Espagne, qui occupe l'Autriche, ralentit initialement la riposte des Habsbourg, mais une fois ce conflit résolu, Vienne reprend l'avantage. En 1711, le traité de Szatmár met fin à la révolte : en échange de certaines garanties sur les libertés hongroises, les insurgés doivent déposer les armes. Rákóczi, refusant de se soumettre, choisit l'exil et finit sa vie en Turquie.
Durant cette période, Budapest reste marquée par les destructions laissées par les conflits précédents.
1740–1780
Règne de Marie-Thérèse d’Autriche
Le règne de Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) en Hongrie commence dans un climat de tension. Son père, Charles VI, avait instauré la Pragmatique Sanction (1713) pour permettre à une femme d'hériter des terres des Habsbourg, y compris la Hongrie. Cependant, plusieurs puissances européennes contestent son droit au trône, ce qui déclenche la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748).
Pour assurer son pouvoir, elle se tourne vers la noblesse hongroise et convoque la Diète de Hongrie (l'Assemblée nationale) en 1741. Dans un célèbre discours, elle demande leur soutien, et en échange, elle promet de respecter leurs privilèges. Grâce à cette alliance, elle parvient à stabiliser son règne.
Une fois en paix, Marie-Thérèse entreprend des réformes pour moderniser la Hongrie. Elle améliore l'administration, développe l'économie et met en place un système scolaire avec le Ratio Educationis (1777). En 1771, elle ordonne la reconstruction du palais royal de Buda, marquant le début du renouveau de Budapest. Son règne renforce la place de la Hongrie au sein de l'Empire des Habsbourg, tout en maintenant un équilibre entre Vienne et la noblesse hongroise.
1808
Création de la Commission d’embellissement de Pest
Début d'une modernisation urbaine importante avec l'élargissement des rues, l'aménagement du plan de la ville et la construction d'édifices publics, sous influence viennoise.
1825-1848
Réformes de modernisation sous István Széchenyi
Période clé du renouveau hongrois et de la modernisation de Budapest et du pays menée par le comte István Széchenyi, considéré comme « le plus grand des Hongrois ». C'est à lui que revient la création de l'Académie hongroise des sciences, la construction du tunnel qui passe sous le château, ainsi que le pont des Chaînes (premier pont permanent reliant Pest à Buda).
1830-1848
Montée du nationalisme et révolution hongroise
Entre les années 1830 et 1848, le nationalisme hongrois connaît une montée progressive, accompagnée d'une agitation politique croissante. L'élite hongroise réclame une plus grande autonomie vis-à-vis de Vienne, tandis que la ville de Pest devient un centre névralgique des revendications libérales et nationales. En mars 1848, dans le contexte des révolutions européennes, la Hongrie entre à son tour en révolte. Le poète national Sándor Petőfi publie alors les « Douze Points », un manifeste emblématique qui exige des libertés civiles, l'indépendance nationale et d'importantes réformes politiques. Cette révolution permet à la Hongrie d'obtenir une autonomie constitutionnelle temporaire. Toutefois, cette avancée provoque une réaction de l'Empire d'Autriche, qui pousse le ban de Croatie, Jelačić, à attaquer la Hongrie, déclenchant ainsi une guerre d'indépendance.
1847-1848
Le « chemin de la liberté »
Depuis la place Széna jusqu'au Musée national, le trajet des députés de l'opposition, suivi en 1848 par Petőfi et ses compagnons, devient un symbole de la lutte nationale. Cette route entre dans la mémoire hongroise comme l'expression du patriotisme.
1849
Répression austro-russe
L'alliance des Habsbourg et du tsar Nicolas Ier écrase la révolte. Une armée de 200 000 hommes traverse les Carpates pour vaincre les rebelles à Világos (Roumanie actuelle). La répression est sévère, amorçant une nouvelle phase de germanisation et de centralisation.
1867
Compromis austro-hongrois
Le compromis austro-hongrois de 1867 constitue un tournant majeur dans l'histoire de l'Empire d'Autriche, qui se transforme alors en une double monarchie : l'Empire austro-hongrois. Face aux revendications persistantes de l'élite hongroise, et dans un contexte de fragilité politique accentué par la défaite autrichienne face à la Prusse en 1866, l'empereur François-Joseph accepte de reconnaître l'autonomie du royaume de Hongrie. Ce compromis établit une organisation duale : d'un côté, la Cisleithanie, correspondant aux territoires autrichiens ; de l'autre, la Transleithanie, correspondant à la Hongrie. Chaque moitié de l'Empire dispose désormais de son propre parlement et de son propre gouvernement.
Cependant, pour maintenir l'unité impériale, trois ministères restent communs aux deux entités : ceux de la Guerre, des Finances (liées aux affaires communes) et des Affaires étrangères. La coopération économique entre l'Autriche et la Hongrie est régie par des accords renouvelables tous les dix ans. Ce système permet à la Hongrie de retrouver une large autonomie, tout en restant intégrée à l'ensemble impérial des Habsbourg.
Le 8 juin 1867, François-Joseph et son épouse Élisabeth, plus connue sous le nom de Sissi, sont solennellement couronnés roi et reine de Hongrie lors d'une cérémonie fastueuse en l'église Mathias, à Buda. En remerciement, la noblesse hongroise leur offre le château de Gödöllő, qui deviendra l'un des lieux de séjour favoris de l'impératrice.
Ce compromis, s'il apaise durablement les tensions entre Vienne et Budapest, ne règle pas la question des autres nationalités présentes au sein de l'Empire. Les Slaves, en particulier, se sentent marginalisés par cet arrangement bipolaire, ce qui contribuera à alimenter un climat de frustrations et d'instabilité politique dans les décennies suivantes.
1873
Unification officielle de Buda, Pest et Óbuda
Le 1er janvier 1873, la loi d'unification acte la fusion administrative de Buda, Pest et Óbuda, donnant naissance à Budapest, capitale unifiée de la Hongrie. Cette décision met fin à l'inefficacité du système de double capitale instauré en 1867.
Fin XIXe siècle
Essor économique et transformation urbaine
La révolution industrielle accélère le développement économique de la Hongrie. Le revenu national triple et la population urbaine passe de 10 % à près d'un tiers du total. Budapest approche du million d'habitants et se modernise rapidement : construction d'un quartier juif dynamique et de faubourgs ouvriers ; Lipótváros devient le centre administratif ; édification d'infrastructures emblématiques comme plusieurs ponts sur le Danube, l'Opéra national, la Basilique Saint-Étienne, le Parlement hongrois et la place de la Liberté.
1896
Budapest en pleine gloire avec les fêtes du Millénaire
Les célébrations du millénaire de l'arrivée des tribus magyares dans le bassin des Carpates marquent un moment fondateur pour la Hongrie moderne.
Grâce à une loi spécifique garantissant financement et organisation, Budapest bénéficie d'une vague de constructions prestigieuses qui symbolisent la puissance et la fierté nationale : Musée hongrois des Arts décoratifs ; Musée des Beaux-Arts ; Műcsarnok (Palais des Expositions) ; Pont Ferenc József (aujourd'hui pont de la Liberté).
Ce grand chantier urbain inclut aussi l'inauguration de la première ligne de métro souterraine d'Europe continentale (ligne M1), qui circule sur l'avenue Andrássy. Le château de Vajdahunyad dans le parc Városliget et la rénovation du Bastion des Pêcheurs sur la colline du château illustrent le renouveau architectural magyaro-national. Cet événement propulse Budapest à son apogée, incarnant la prospérité et la fierté hongroises au sein de l'Empire austro-hongrois.
1914–1918
La Première Guerre mondiale et ses conséquences
Engagée aux côtés de l'Autriche-Hongrie, la Hongrie subit les conséquences désastreuses de la guerre : défaite militaire ; grave crise économique ; montée des mouvements révolutionnaires.
Le gouvernement de Sándor Wekerle démissionne en 1918, cédant sa place à Mihály Károlyi, figure du Parti de l'indépendance et de 1848. Il proclame la République démocratique de Hongrie et installe son Conseil à l'hôtel Astoria à Budapest.
1919-1920
La République des conseils et l’épisode communiste
Dans un contexte de chaos et de pression extérieure, Mihály Károlyi fusionne son parti avec les communistes. Béla Kun, influencé par la révolution bolchevique russe, prend le pouvoir et instaure la République des conseils, un régime communiste autoritaire. Cette période est marquée par la Terreur rouge, une répression violente des opposants, une radicalisation politique profonde, une guerre civile larvée et des tensions internationales avec la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Roumanie, Yougoslavie). La chute du régime bolchevique est provoquée par l'intervention militaire roumaine et tchèque, qui occupent Budapest et renversent Béla Kun.
Une résistance antibolchevique s'organise, menée par Gyula Andrássy (fils de celui du Compromis de 1867), et surtout Miklós Horthy, ancien amiral de la flotte austro-hongroise.
La chute du régime bolchevique de Béla Kun est provoquée non pas tant par la contre-révolution interne que par l'intervention des troupes roumaines et tchèques, qui occupent Budapest.
Après une brève occupation roumaine, les élections de 1920 portent Miklós Horthy au pouvoir en tant que régent du royaume de Hongrie (le trône restant officiellement vacant).
La Terreur blanche succède à la Terreur rouge : persécutions politiques, purges et chasse aux communistes.
4 juin 1920
Le traité de Trianon
Le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920 dans le palais du Grand Trianon à Versailles, scelle le sort de la Hongrie à la suite de la Première Guerre mondiale et de l'effondrement de l'Empire austro-hongrois. Imposé par les puissances alliées, ce traité redessine radicalement les frontières de la Hongrie, désormais considérée comme seule responsable, aux yeux des vainqueurs, de sa propre destinée impériale déchue.
Par ce traité, la Hongrie perd environ 72 % de son territoire historique et plus de 60 % de sa population. Environ 3,3 millions de Hongrois se retrouvent brutalement minoritaires dans des États voisins nouvellement constitués ou agrandis : la Roumanie reçoit la Transylvanie et une partie du Banat, la Tchécoslovaquie s'empare de la Slovaquie et de la Ruthénie subcarpathique, tandis que la Voïvodine et une autre partie du Banat reviennent au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, futur Royaume de Yougoslavie. L'Autriche, quant à elle, récupère le Burgenland.
Au-delà de ces pertes territoriales, la Hongrie doit également accepter d'importantes restrictions militaires et le paiement de réparations de guerre. Le traité désarme la Hongrie, limite drastiquement la taille de son armée et affaiblit profondément son économie, déjà fragilisée par les bouleversements de l'après-guerre.
Dans la mémoire collective hongroise, Trianon est rapidement devenu un traumatisme national. Il marque la fin de la Hongrie millénaire et alimente un profond sentiment d'injustice et d'humiliation. Le redécoupage imposé est perçu non seulement comme une punition injuste, mais aussi comme une négation de l'identité nationale hongroise. Ce sentiment de dépossession va nourrir un révisionnisme puissant au sein de la société et de la classe politique hongroise durant toute la période de l'entre-deux-guerres.
Fin des années 1920
Après les traumatismes profonds causés par la Première Guerre mondiale et le traité de Trianon, la Hongrie parvient à une stabilisation politique relative et à une modeste reprise économique. Cette période est cependant fragile, marquée par des tensions sociales et la reconstruction d'un pays amputé de deux tiers de son territoire. Malgré ce contexte difficile, les institutions cherchent à se consolider.
Début des années 1930
La crise économique mondiale frappe durement la Hongrie. Le chômage augmente, la pauvreté s'étend, et la population subit les effets du ralentissement économique. Les dirigeants hongrois attribuent ces difficultés à la perte de territoires imposée par le traité de Trianon et accusent les puissances occidentales, notamment les Alliés, de les avoir trahis. Ce sentiment de revanche pousse la Hongrie à renforcer ses liens avec les régimes autoritaires montants d'Europe, l'Italie fasciste de Mussolini et l'Allemagne nazie d'Hitler, dans l'espoir de récupérer des terres perdues.
1920-1938
Instauration de lois antijuives
Dès 1920, la Hongrie instaure un numerus clausus, une limitation discriminatoire du nombre d'étudiants juifs admis dans les universités. C'est la première loi de ce type en Europe. Ce dispositif symbolise le début d'une politique d'exclusion et de marginalisation des juifs, qui s'intensifie au fil des années. En 1938, la première loi antijuive est adoptée, restreignant les droits civiques et économiques de la communauté juive. D'autres lois similaires suivront, accentuant la persécution.
1941
Entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne
Sous la régence de Miklós Horthy, la Hongrie s'engage officiellement dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne nazie, principalement contre l'Union soviétique. Horthy espère ainsi récupérer les territoires perdus après la Première Guerre mondiale. Cependant, la bataille de Stalingrad en 1943, qui tourne en défaveur des Allemands, pousse le régent à une stratégie ambivalente. Il essaie de ménager les Alliés occidentaux en promettant d'empêcher les déportations massives de juifs, tout en poursuivant l'alliance militaire avec Hitler pour combattre l'URSS.
1944
Occupation allemande et montée de la terreur
Devant les hésitations de Horthy, les nazis occupent Budapest en mars 1944 et contraignent le régent à abdiquer. Ils placent à la tête du gouvernement Ferenc Szálasi, chef du parti fasciste des Croix-Fléchées, un régime collaborationniste et extrémiste. La communauté juive de Budapest, qui représente alors environ 20 % de la population, est enfermée dans un ghetto délimité par les rues Dohány, Király et le boulevard Károly. Dans tout le pays, les déportations vers les camps d'extermination s'accélèrent. Au total, environ 565 000 juifs hongrois sont assassinés durant la Shoah.
Janvier-février 1945
Libération de Budapest
L'Armée rouge franchit les frontières hongroises en janvier 1945. Après un siège sanglant et de violents combats, Budapest est libérée le 13 février 1945. La ville est dévastée : tous ses ponts ont été détruits, le château est en ruines, trois quarts des bâtiments publics sont endommagés, et la majorité des immeubles sont inhabitables. La Hongrie, elle, a perdu près de la moitié de son infrastructure industrielle et ferroviaire, plongeant le pays dans une crise économique majeure.
1945-1949
Instauration progressive du régime communiste
Au lendemain de la guerre, les communistes hongrois, soutenus par l'Union soviétique, utilisent une tactique appelée « la méthode du salami » pour éliminer progressivement leurs opposants politiques, tranche par tranche. Malgré la victoire aux élections de novembre 1945 du parti des petits propriétaires, les communistes s'imposent de plus en plus. En 1949, ils prennent le contrôle exclusif du pouvoir, installant un régime autoritaire.
1949-1955
La période stalinienne sous Mátyás Rákosi
La Hongrie connaît une période sombre sous le régime de Mátyás Rákosi, fidèle à Staline. Le pays est soumis à une répression brutale : pénuries alimentaires, crises du logement, censure sévère, arrestations massives, exils forcés et assassinats politiques caractérisent ces années. La population vit dans la peur et la privation, tandis que l'économie est entièrement dirigée par l'État.
1953
Mort de Staline et tentative de réformes avec Imre Nagy
Après la mort de Staline, une période de dégel politique s'amorce. Imre Nagy est nommé Premier ministre et engage une série de réformes progressistes : baisse des prix, réouverture des petits commerces et libération de nombreux prisonniers politiques. Ces mesures visent à améliorer la vie quotidienne et à desserrer l'étau du stalinisme. Toutefois, ces réformes inquiètent Moscou, qui finit par rappeler Rákosi au pouvoir.
Octobre 1956
Révolte populaire et invasion soviétique
Inspirés par le mouvement étudiant polonais et exaspérés par le retour de Rákosi, des milliers de Hongrois manifestent à Budapest en octobre 1956. L'insurrection éclate le 23 octobre, et la population réclame la fin du régime communiste et plus de liberté. L'Armée rouge intervient rapidement et violemment pour écraser la révolte. Environ 2 000 insurgés sont tués. Imre Nagy, qui avait repris le pouvoir, est capturé puis exécuté en 1958.
Après 1956
Le régime de János Kádár
János Kádár, fidèle à Moscou, est installé à la tête du gouvernement. Il dirige la Hongrie avec fermeté, mais dès la fin des années 1960, son régime évolue vers une forme de « dictature molle ». L'économie est assouplie, le régime politique s'ouvre partiellement, ce qui vaut à la Hongrie le surnom ironique de « la baraque la plus gaie du camp soviétique ». Cette période relative de stabilité et de libéralisation modérée contraste avec les régimes plus durs des pays voisins.
Années 1980
Déclin et fin du régime communiste
Dans les années 1980, la stagnation économique, l'endettement croissant et la perte de légitimité idéologique affaiblissent le régime de Kádár. Ce dernier, âgé et malade, est écarté du pouvoir en 1989. Ses successeurs engagent alors un processus de transition démocratique. En octobre 1989, la République populaire de Hongrie est officiellement dissoute, et le pays devient la République de Hongrie. En avril 1990, les premières élections libres depuis la Seconde Guerre mondiale sont organisées, marquant la fin définitive du régime communiste. Le 12 mars 1999, la Hongrie entre dans l'OTAN.
2002
élections législatives record et victoire de la gauche
En avril 2002, les élections législatives en Hongrie enregistrent un taux de participation exceptionnel, le plus élevé depuis les premières élections libres de 1990 : 70,43 % au premier tour, puis 73,47 % au second tour.
La coalition de gauche, menée par Péter Medgyessy, remporte la victoire en obtenant 198 sièges sur 386 au Parlement, dont 178 pour le MSZP (Parti socialiste hongrois) et 20 pour le SZDSZ (Alliance des démocrates libres).
2004
Entrée dans l’Union européenne
En mai 2004, la Hongrie devient officiellement membre de l'Union européenne.
Quelques mois plus tard, en septembre, Ferenc Gyurcsány, membre du MSZP, succède à Péter Medgyessy au poste de Premier ministre. La gouvernance de Gyurcsány sera marquée par des réformes et des tensions politiques croissantes, bien qu'en 2006 la coalition de centre-gauche remporte à nouveau la majorité au Parlement, confirmant la confiance relative du pays en ce leadership.
2008
Intégration à l’espace Schengen
Le 1er janvier 2008, la Hongrie intègre l'espace Schengen, supprimant ainsi les contrôles aux frontières terrestres avec les autres pays membres. Cette avancée facilite la libre circulation des personnes et consolide la participation du pays aux mécanismes européens d'intégration.
2010
Retour au pouvoir du Fidesz et prise de Budapest par la droite
Aux élections législatives d'avril 2010, le Fidesz remporte une victoire écrasante, obtenant une majorité des deux tiers au Parlement. Viktor Orbán redevient Premier ministre.
Les élections municipales d'octobre confirment la progression du Fidesz, qui s'empare pour la première fois depuis 1990 de Budapest, élisant István Tarlós comme maire, marquant une bascule politique significative dans la capitale.
2012
Nouvelle constitution
Le 1er janvier 2012, la Hongrie adopte une nouvelle constitution, vivement critiquée en raison de son orientation conservatrice et nationaliste, ainsi que des réformes qu'elle instaure concernant la justice, les médias et d'autres institutions. Ces changements déclenchent des tensions croissantes avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), suscitant des inquiétudes sur le respect de l'État de droit et des valeurs démocratiques.
2014
Confirmation du pouvoir du Fidesz
En avril 2014, le Fidesz remporte à nouveau les élections législatives avec une majorité des deux tiers, consolidant la position de Viktor Orbán à la tête du gouvernement.
2018
Victoire électorale du Fidesz et procédure européenne
En avril 2018, le Fidesz remporte une nouvelle fois les élections législatives, renforçant sa majorité au Parlement. Viktor Orbán entame son troisième mandat consécutif. Sa coalition au pouvoir dispose à nouveau des deux tiers au Parlement.
2022
En avril 2022, pour la première fois depuis 2010, Viktor Orbán a affronté une opposition unie dans les urnes qui a tenté de lui ravir sa quatrième élection consécutive. Pourtant, son parti a remporté à 54 % les élections législatives.
2023
Cent cinquante ans d’unification
L'année 2023 marque les 150 ans de l'unification de Buda, Óbuda et Pest. À cette occasion, près de 100 événements sont organisés et s'étendent jusqu'en 2024. Par exemple, le pont des chaînes rouvre à l'automne 2023, le marathon de Budapest accueille les coureurs du monde entier en octobre, le musée d'Histoire propose une nouvelle exposition, des hôtels rouvrent ou sont inaugurés…
2024
La Hongrie a pris la présidence du Conseil de l'UE du 1er juillet au 31 décembre.