Un vivier d’artistes peintres

Au XIXe siècle, de nombreux peintres messins se font connaître par le biais de l'École de Metz. Citons d'abord l'un des plus connus d'entre eux, Auguste Migette (1802-1884). Il s'attache à représenter, en peinture, des sujets historiques mais aussi des scènes réalistes et pittoresques de la vie quotidienne, à la manière de ses confrères Pierre Renaud dit Salzard (1801-1855) et Théodore Devilly (1818-1886). Ce dernier peint de nombreux tableaux réalistes représentant le dur labeur des bûcherons, ces Schlitteurs de la forêt vosgienne. Quelques années plus tard naît Émile Friant, une autre figure incontournable, dont l'œuvre est célébrée au musée des Beaux-Arts de Nancy. Ses tableaux sont d'un tel réalisme qu'ils frôlent l'art de la photographie, l'une des grandes découvertes de cette époque ! Les portraits d'hommes et de femmes, les scènes de la vie quotidienne reflètent parfaitement l'âme d'un siècle. Parmi les plus célèbres, citons trois de ses chefs-d'œuvre : La Toussaint, La Douleur (scène d'enterrement rappelant les œuvres de Gustave Courbet) et Les Amoureux. Impossible également de passer à côté de Jules Bastien-Lepage (1848-1884), fils de paysans originaires de Damvillers, qui acquiert rapidement une renommée nationale. Sa peinture est très vite appréciée des cercles mondains parisiens. Ami du sculpteur Rodin et de l'écrivain Zola, il sera d'ailleurs le portraitiste de Sarah Bernhardt ! Tout au long de ses recherches artistiques, il ne cesse d'avoir pour maîtres les peintres Millet et Courbet. Sa représentation du travail aux champs à la campagne est si réelle qu'il s'imposera à son tour comme l'un des chefs de file du naturalisme.

La renaissance de l’art du verre

Les plus grands verriers se concentrent entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Parmi les plus respectés, citons l'incontournable Émile Gallé. Formé par la cristallerie de Meisenthal, il développe certaines techniques qui font de ses œuvres des pièces uniques : gravure dans des couches superposées de verres colorés et attaqués à l'acide ou à la roue pour obtenir des effets de camées. Il ouvre ensuite son premier atelier à Nancy en 1883, qui est alors divisé en quatre parties : verrerie, ébénisterie, faïencerie et création/dessin. Son œuvre artistique est majeure. Il est l'un des verriers qui a le plus innové en la matière. On lui doit de nombreux brevets encore utilisés à ce jour comme la marqueterie sur verre, qui consiste à insérer un décor préalablement réalisé à l'intérieur d'une couche de verre. Émile Gallé forma à son tour des maîtres verriers dont certains sont aussi entrés dans l'histoire, comme les frères Daum. Mais l'art du cristal en Lorraine est également lié à des noms comme le cristal de Saint-Louis, dont les produits d'une grande qualité sont généralement plus abordables financièrement que les œuvres de Gallé ou Daum. La plus grande cristallerie, en plus de celle de Daum, se situe à Baccarat. Au XIXe siècle, la cristallerie connaît un succès total, avec des commandes importantes, venues du monde entier et notamment de la Russie des tsars. Grâce aux expositions universelles, la renommée des chefs-d'œuvre de Baccarat devint internationale. Au-delà de son œuvre artistique, Émile Gallé avait un idéal social qui répondait à la mission fixée par l'Art nouveau : produire plus, à moindre coût, afin d'offrir l'art au plus grand nombre. C'était également un grand scientifique avant d'être un artiste. Il a très tôt compris le rôle des mutations dans l'évolution des espèces. Sa fine observation de la nature et ses préoccupations scientifiques se ressentent dans chacune de ses œuvres. À ses côtés se trouve également Désiré Christian, engagé à l'atelier de décoration de Meisenthal par le père d'Émile Gallé. Après plus de 30 années de collaboration, Désiré Christian s'installe à son propre compte et sera récompensé à l'Exposition universelle de 1900 où il obtient une médaille d'argent. Cette période créatrice foisonnante se caractérise par une volonté de rompre avec les habitudes du passé. En effet, l'Art nouveau, qui pointe le bout de son nez à la fin des années 1890, marque un changement total.

L’École de Nancy, l’Art nouveau comme art de vivre

C'est au tournant du XXe siècle qu'a éclos l'École de Nancy dont la réputation mondiale reste encore aujourd'hui aussi vivante qu'à l'époque. Cette école artistique et caractéristique de l'Art nouveau, est le résultat tant d'une histoire et d'une situation économique que de l'imagination d'une poignée d'hommes à la fibre artistique certaine. Nancy gagne alors son rang de capitale régionale grâce au développement rapide des industries chimiques et sidérurgiques et à la relance des activités plus traditionnelles de la fabrication de la céramique et du verre. Les créateurs de l'École de Nancy veulent sceller l'alliance de l'art et de l'industrie en donnant des qualités artistiques aux objets manufacturés. Le Nancéien Émile Gallé, maître verrier, céramiste et ébéniste de talent, lance le style Art nouveau en incorporant à ses œuvres, notamment ses vases, des formes rondes et des motifs de décoration inspirés de la nature. C'est autour de lui que vont se regrouper des verriers, des ébénistes, des sculpteurs et des architectes. En 1900, ils fondent une association, l'Alliance provinciale des industries d'art, qui deviendra un an plus tard l'École de Nancy. Aujourd'hui, l'École de Nancy et ses principaux artistes, Émile Gallé, Louis Majorelle, les frères Daum, Victor Prouvé, restent des valeurs sûres dans le domaine artistique. De nombreuses œuvres, vases, mobiliers, etc. peuvent être admirées au musée de l'École de Nancy.

La Lorraine, terre historique de la faïencerie

L’origine de l’engouement pour la faïence se développe à Lunéville puis jusqu’en Moselle, à Sarreguemines et Thionville. Entre 1700 et 1800, les faïenceries s’établissent en réseau serré en Lorraine. Ce n’est donc pas par hasard que Jacques Chambrette (1702-1758) donna son nom à une faïencerie en 1748 qui, née sous Léopold, prospéra comme manufacture royale sous Stanislas. L’époque était favorable à la faïence qui vint remplacer la vaisselle plate (métaux précieux). La vaisselle se couvrit de décors variés et originaux : fleurs, insectes, animaux familiers et chimériques, personnages exotiques et chiens de faïence placés dans les vestibules (d’où découlerait l’expression se regarder en chiens de faïence).

Chambrette installa des faïenceries à Saint-Clément, terre de l’évêque de Metz. Au XIXe siècle, la famille Keller, d’origine allemande, bientôt alliée aux Guérin, redonna vie aux faïenceries en les industrialisant. Ce siècle est la grande époque où Lunéville et les environs fournirent une main-d’œuvre compétente. La faïence devient un véritable art et orne la vaisselle des Lorrains. À la fin du siècle, après 250 ans, on assiste à a consécration d’un véritable savoir-faire, à une passion.

La Seconde Guerre mondiale marqua le déclin de la faïencerie de Lunéville. Dans les bâtiments réhabilités, diverses petites et moyennes entreprises ont, aujourd’hui, trouvé asile. Un magasin d’usine des faïenceries, encore productive à Saint-Clément (sur la route entre Baccarat et Lunéville), attire le touriste qui peut visiter une exposition permanente d’objets anciens sauvés des différentes catastrophes, dont des incendies ravageurs. En plus de celle de Lunéville, la faïencière à Sarreguemines a joué un rôle important en Lorraine. Elle naît en 1790 de la volonté de Nicolas-Henri Jacobi qui s’installe dans les faubourgs de la ville. Pour développer son activité, la faïencerie acquiert plusieurs moulins et construit de nouveaux bâtiments. Dès le milieu du XIXe siècle, les postes sont installés en longues travées suivant le principe du travail à la chaîne. Les productions de faïence de Sarreguemines s’illustrent dans plusieurs domaines. Bien évidemment dans l’art de la table avec des décors qui retracent l’histoire des arts décoratifs : Art nouveau, Art déco, etc. On pense par exemple aux fameux services de table d’Obernai. Mais les usines fabriquent également des carrelages qui serviront de décor à de nombreux bâtiments ou à des poêles.

La Lorraine à l’écran

Le climat rigoureux de la Lorraine n'en a pas fait un lieu de tournage utilisé comme décor pour les films de cinéma. Paradoxalement, le décor lorrain a plutôt servi de toile de fond à des fictions tournées pour la télévision (récemment Ceux de 14, série réalisée par Olivier Schatzky). Néanmoins, quelques grands films ont été réalisés en Lorraine. Le film Les Grandes Gueules réalisé en 1965 par Robert Enrico, avec Bourvil et Lino Ventura, a été tourné dans les Vosges. La région de Thionville, quant à elle, a servi de décor à L'Héritier en 1972, film de Philippe Labro avec Jean-Paul Belmondo et Jean Rochefort. En 2004, Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil jouent Une femme française de Régis Wargnier dans la région de Nancy (dont une scène sur la magnifique place Stanislas). Plus proche de nous, le réalisateur Yves Angelo a tourné en Meurthe-et-Moselle Les Âmes grises avec Jacques Villeret, Jean-Pierre Marielle et Marina Hands en 2005. Philippe Claudel y a tourné Tous les soleils avec Clotilde Courau, en 2011. La Lorraine est également présente dans le milieu du cinéma grâce au Festival international du film Fantastic'Arts de Gérardmer, qui invite chaque année les grands noms du cinéma de genre français et étranger. Et si tout le monde connaît Le Fabuleux Destin d' Amélie Poulain, peu de gens savent que son réalisateur Jean-Pierre Jeunet est originaire de Nancy et que la bande originale du film a été produite par le label indépendant nancéien "Ici, D'ailleurs".

Le street art à la conquête des villes

Les amateurs de street art en trouveront de beaux exemples dans la région ! Terre d’accueil et écrin pour la création artistique contemporaine, la Lorraine affiche son amour du street art dans ses rues. Ses collectivités s’investissent d’ailleurs pour le promouvoir en commandant des œuvres à des artistes renommés. Soyez curieux et levez les yeux pour découvrir, au gré d’une balade, un graff aux lignes pures ou une fresque aux couleurs éclatantes. Mais c’est encore mieux de suivre les œuvres pas à pas pour n’en manquer aucune. Nancy l’a bien compris et a créé son parcours ADN (Art Dans Nancy) : 17 œuvres habillent les rues de la belle Lorraine. Vous craquerez sans doute tout particulièrement pour l’impressionnant Morse Attacks ! Une pratique que l’on retrouve également à Sarreguemines, où l’artiste Philippe Degott a déjà signé deux œuvres en collaboration avec la Ville. Partez donc à la découverte de ces fresques, seul ou guidés par une carte et de nombreux parcours proposés par les villes. Dans un autre style, au cœur de la gare de Metz, le sculpteur allemand Stephan Balkenhol a installé en 2014 sa spectaculaire statue de bronze en hommage à Jean Moulin.